Les 26 et 27 Mai 2014, s’est tenue à l’Hôtel Belle Côte à Abidjan, l’atelier du séminaire de sensibilisation sur la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS).
Organisé par le Secrétariat du Conseil National de Sécurité (CNS) et la ComNat-ALPC en collaboration avec l’ONUCI. Cet atelier s’inscrit dans le cadre de l’exécution des missions de sensibilisation pour l’année 2014 avec l’ONUCI. Il a été cofinancé par le Secrétariat du Conseil de Sécurité (CNS), l’ONUCI et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Cet atelier a regroupé autour des organisateurs 70 participants, en l’occurrence les Autorités administratives, les forces de défense et de sécurité, les chefs traditionnels et religieux, les représentants de la société civile, les associations des jeunes et des femmes, les media.
L’objectif principal était de favoriser l’appropriation et le renforcement du partenariat avec la société civile, les media ainsi que les structures centrales et locales de mise en œuvre de la RSS.
Les travaux se sont déroulés selon les étapes suivantes :
1. cérémonie d’ouverture ;
2. communications en plénière, suivies d’échanges ;
3. travaux en groupes, suivis des restitutions en plénière ;
4. formulation des recommandations et l’adoption du communiqué final ;
1. Cérémonie d’ouverture
Elle a été présidée par le Préfet de Région, Préfet des Lagunes M. DIAKITE ISSA. Dans son allocution d’ouverture, il a souhaité la bienvenue à tous les participants à cet important atelier. Après avoir félicité le Conseil National de Sécurité (CNS) pour cette initiative qui vise une large diffusion des actions du gouvernement ivoirien en matière de sécurité, il a souligné les espoirs fondés sur la tenue des travaux dont les résultats contribueront à l’optimisation de la lutte contre l’insécurité et la criminalité. Remerciant l’ONUCI et le PNUD, pour leur appui constant, il a déclaré ouvert les travaux de l’atelier.
2. Communications en plénière, suivies d’échanges
Suite à une présentation introductive des termes de référence du séminaire qui a permis au facilitateur de rappeler les objectifs, les résultats attendus et le programme du séminaire, quatre (04) présentations en session plénière ont été proposées aux participants.
La première communication présentée par M. KOUASSI Lenoir, Expert en Sécurité au Secrétariat du CNS, a porté sur la stratégie ivoirienne en matière de RSS. Dans son propos, il a rappelé les fondements et les objectifs de la RSS en Côte d’Ivoire, ainsi que le rôle des différents acteurs concernés. On retiendra que la réforme du secteur de la sécurité est l’ensemble des mesures prises par l’autorité politique en vue de transformer tous les acteurs et institutions en charge de la sécurité. Elle redéfinit leurs rôles, leurs responsabilités, leurs actions et les amène à accomplir leurs missions dans un cadre respectant les normes démocratiques et les principes de bonne gouvernance.
Selon lui, cette réforme est le cadre du développement et du renforcement du concept de la sécurité humaine, fondée sur la logique de développement humain durable. Ainsi, les différents acteurs de la société civile doivent s’imprégner de leurs responsabilités ainsi que celles des autres acteurs en vue de contrôler et vérifier la conformité des actions menées sur le terrain.
Mme Shahrahzad CHIDA, Responsable communication à la division RSS de l’ONUCI a permis aux participants de s’informer sur l’appui de l’ONUCI à la RSS en Côte d’Ivoire conformément à la résolution 2112 (2013). Dans son intervention, elle a souligné que la résolution 2112 (2013) met l’accent sur la protection des civils, le DDR et la RSS. Spécifiquement en matière de RSS, l’ONUCI accompagne l’Etat dans sa mise en œuvre à travers un appui technique. L’approche RSS de l’ONUCI est axée sur des plans stratégiques et géographiques permettant de renforcer l’appropriation nationale et locale, les capacités des institutions nationals et le contrôle démocratique du secteur de la sécurité. Mais bien plus de former les composantes de l’ONUCI en RSS, continuer la collaboration avec les FRCI et soutenir les dynamiques régionales de la RSS.
M. Anzian KOUADJA, Secrétaire Exécutif Adjoint de la ComNat-ALPC, a présenté les réformes en matière de lutte contre la prolifération des Armes légères et de petit calibre. Précisant les fondements de la ComNat-ALPC, il a souligné que la principale mission de celle ci est d’assister le gouvernement de Côte d’Ivoire dans la conception et la mise en œuvre de sa politique nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicite et l’usage abusif des armes légères et de petit calibre. Ainsi, cette mission essentielle est mise en œuvre à travers une stratégie axée sur un dispositif de sécurité communautaire. Il a indiqué que l’objectif global de cette stratégie est de fédérer les interventions locales pour une meilleure efficacité dans les interventions en faveur de la sécurité communautaire. Ce dispositif s’appuie sur un ensemble d’acteurs et d’infrastructures dans les localités qui sont entre autres le comité de veille et de réconciliation, le Comité Communal de Sécurité (CCS), le Comité Local de Sécurité (CLS) et les organisations de la société civile. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, plusieurs activités de sensibilisation et d’opérations de collecte d’armes à feu ont été réalisées. Aussi, il a insisté sur les trois types des mesures d’accompagnement et d’incitation au dépôt volontaire, qui sont entre autres les projets d’intérêt communautaire, les projets collectifs et les mesures individuelles.
La dernière communication a été faite par les Experts en Sécurité Urbaine Messieurs ASSALE Kabran Jules et Adama WAGUE, respectivement Coordonnateur de Sécurité de la Commune de Port-Bouët et d’Abobo. M. ASSALE a présenté les bonnes pratiques dans la responsabilisation des populations civiles en matière de gestion de la sécurité, selon le modèle du Comité Communal de Sécurité (CCS). Se basant sur une stratégie municipale de prévention de l’insécurité, élaborée après une enquête sociale, le CCS intervient dans quatre (4) axes principaux en l’occurrence la prévention sociale à traves le soutien aux populations vulnérables, l’aménagement sécuritaire, la concertation et la gouvernance locale, l’appui et le soutien aux acteurs essentiels de la sécurité. Selon lui, le CCS à travers ses organes a des missions d’étude, d’analyse et d’exécution sur le terrain des actions concrètes pour répondre à la demande sociale en matière de prévention de l’insécurité.
Le coordonnateur d’Abobo a quant a lui présenté les actions menées contre le phénomène des microbes dans sa commune. Dans son propos, il a précisé que les microbes sont des enfants âgés de 9 à 16 ans qui opèrent en groupe avec des armes blanches, armes à feu et gourdins, dépouillant et administrant des coups et blessures à leurs victimes. Les actions menées, essentiellement préventives ont permis de sensibiliser les populations, ainsi que les auteurs à travers des activités récréatives. Certaines actions ont permis à la Police Nationale d’interpeller un certain nombre. Selon lui, la complexité des actions provient de ce que les microbes, sont pour la plupart des mineurs donc, pénalement irresponsables.
Les discussions entre les participants et les panélistes qui ont suivi les communications ont fait ressortir des préoccupations suivantes :
- La problématique de la transformation de la police municipale en une véritable police locale avec tous ses attributs sous la responsabilité des Maires ;
- Les dispositions prises par le CNS pour l’effectivité d’un contrôle démocratique efficace;
- La problématique des Dozos, chefs de guerre, milices et autres acteurs non étatiques, intervenant encore dans les opérations de sécurisation ;
- La problématique de la sécurisation des frontières et de l’octroi des armes aux acteurs essentiels de la sécurité que sont la police et la gendarmerie ;
- L’insuffisance de sensibilisation à grande échelle à travers les media d’Etat en l’occurrence la Télévision et la Radio nationale ;
- Le cadre de collaboration des comités de sécurité déjà existants (Comité Communal de Sécurité, Comité Local de Sécurité, Comité Départemental de Sécurité) et les nouveaux Comités Régionaux de Sécurité pour la mise en œuvre de la RSS ;
- La place de l’aumônerie militaire dans la mise en œuvre RSS ;
- La problématique de la résistance de la RSS face à l’alternance politique vu qu’elle découle d’une volonté politique ;
- La difficile collaboration avec les organisations de la société civile ;
- La problématique de la cybercriminalité et du phénomène des microbes qui deviennent préoccupantes ;
- Le fondement, le cadre de collaboration et les actions concrètes de l’ONUCI pour la réussite de la RSS en Côte d’Ivoire ;
- La problématique du désarmement à quelques mois des élections présidentielles de 2015, véritable opportunité de restauration de l’autorité de l’Etat ;
- L’implication des acteurs politiques (Maires, Député, Conseillers Régionaux) dans la sensibilisation au dépôt volontaire des armes à feu ;
- Les limites des ressources financières des organisations de la société civile dans la mise en œuvre des actions au plan local.
3. Travaux en groupes suivis des restitutions en plénière
Au cours des deux journées, les débats ont fait ressortir des sujets de réflexion majeurs relatifs aux propositions pour la mise en œuvre de la RSS dans le District d’Abidjan.
Les réflexions du premier groupe ont porté sur les propositions d’organisation et d’action pour une mise en œuvre efficace de la RSS au plan local. Le deuxième groupe, quant à lui a planché sur le cas spécifique du phénomène des microbes. Les travaux en groupes ont permis le deuxième jour, de formuler des propositions d’actions concrètes pour répondre aux défis à venir en matière de sécurité.
4. Recommandations formulées
Suite aux nombreux échanges lors des restitutions des deux groupes de travail, les participants ont formulé les principales recommandations suivantes :
Recommandations du groupe 1 :
Réactiver et uniformiser les comités de quartier au niveau National par une décision gouvernementale avec des missions précises ;
Organiser des Campagne de sensibilisation, de formation et d’éducation civique des populations ;
Mener des actions efficace de lutte contre l’impunité ;
Prendre des mesures de coercition pour l’application effective de la loi ;
Vulgariser les textes de lois.
Recommandation du groupe 2 :
Les réponses retenues pour la réduction voire l’éradication du phénomène des microbes sont les suivantes :
Impliquer les parents dans la recherche de solution au problème des microbes ;
Renforcer les capacités opérationnelles des forces de sécurité sur le terrain ;
Réformer de l’appareil judiciaire sur les procédures des mineurs ;
Mener une vaste actions concrètes de démantèlement des fumoirs ;
Sensibiliser les OSC, chefs religieux, chefs coutumiers, population ;
Renforcer la collaboration entre les forces de sécurité, la population et les leaders communautaires ;
Mettre en place des opérations discrètes sur le terrain visant les microbes, leurs parents et la communauté ;
Mener des programmes d’éducation et de formation des microbes ;
Sensibiliser à travers les médias audio-visuels ;
Mener des actions visant l’identification et l’arrestation les parrains des microbes.
Fait à Abidjan, le mardi 27 Mai 2014
Pour l’atelier
Le Comité Scientifique