Abbé Norbert Abékan (Curé de la paroisse Notre Dame de la Tendresse de la Riviera Golf): “Il faut déguerpir pour sauver des vies”

Je voudrais d’abord présenter mes condoléances aux familles des victimes de la pluie. Ce phénomène est un problème d’ensemble et un problème social, parce que ce sont des hommes, des familles entières, qui vivent dans les quartiers où les drames se produisent. Mon souhait aujourd’hui, c’est qu’il y ait un déguerpissement total et définitif pour sauver des vies. Ce travail aurait pu être fait par anticipation, auquel cas nous n’aurions pas encore à déplorer des dégâts. L’Organisation des secours (Plan Orsec), existe depuis plusieurs années. A quoi a servi ce programme? Il ne faut pas toujours attendre la saison des pluies pour agir. Ces familles en danger, on les loge ou on les déguerpit. Aujourd’hui, chacun doit faire son mea-culpa. Les voisins des sites à risques ne font rien pour interpeller ou dénoncer ceux qui s’installent et qui meurent sous leurs yeux. Les habitants des endroits dangereux, eux-mêmes, refusent de partir. Les immeubles qui se sont écroulés dans des quartiers lotis devraient alerter tout le monde. Ce n’est pas seulement cette année qu’il y a eu des éboulements et des morts. Chaque année, c’est la même chose. Cela devrait être des signes pour nous. Il est donc temps qu’on déguerpisse pour sauver des vies. Ce n’est pas pour les punir, mais sauver des vies. Car ce qui arrive est vraiment déplorable. Ce ne sont pas les maisons seulement qui tombent, mais ce sont des familles qui sont englouties et décimées, c’est douloureux et le pays souffre de ces pertes en vie humaine. J’interpelle maintenant le gouvernement parce que ce sont eux les premiers responsables qui devraient jouer pleinement leur partition pour faire un plan durable. Ce plan, pour moi, c’est un déguerpissement rapide. La vie d’une personne humaine est plus chère que tout. Après le déguerpissement, les autorités doivent faire en sorte que les mêmes personnes ne viennent plus se réinstaller. Ensuite, il faut qu’on trouve le moyen de les reloger. Je l’ai dit, la vie n’a pas de prix. Ce sont des êtres humains et non des animaux. Il est important de trouver un site pour eux, cela va coûter cher, mais je préfère qu’on dépense de l’argent pour sauver des vies que d’être toujours en train de pleurer et d’enterrer nos concitoyens.