Daoukro (Côte d’Ivoire) - Le président Alassane Ouattara a remporté mercredi une première victoire d’importance en vue de la présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire, l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, l’autre poids lourd de la majorité, ayant appelé à se ranger derrière
lui.
"Devant la nation rassemblée, sans détour, (...) je donne des orientations
fermes pour soutenir ta candidature à l’élection prochaine", a déclaré M.
Bédié depuis son fief de Daoukro (centre) au président ivoirien, présent à ses
côtés.
Cette déclaration, faite devant une foule considérable, était très attendue
à treize mois du scrutin.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), deuxième force de la
majorité, que dirige M. Bédié, se montrait divisé entre les partisans d’un
soutien au chef de l’Etat, candidat à sa propre succession en 2015, et les
tenants d’une candidature PDCI.
Le pouvoir se présentera donc en rang serré derrière son leader dans un
scrutin crucial pour l’apaisement du pays, après une décennie de crise
politico-militaire et la présidentielle sanglante de 2010, ponctuée par plus
de 3.000 morts.
Reste à savoir contre qui il concourra. Le principal parti d’opposition, le
Front populaire ivoirien (FPI) semble très timoré à l’idée de participer à
l’élection quand son leader, l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, est
emprisonné depuis trois ans à La Haye en attente d’un procès devant la Cour
pénale internationale.
"Tu seras le candidat unique" de la majorité "pour l’élection
présidentielle", "sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se
présenter en leurs noms propres", a affirmé Henri Konan Bédié à Alassane
Ouattara lors d’une réunion publique.
L’annonce a provoqué les cris de joie des milliers de personnes présentes.
Après avoir brièvement enlacé M. Bédié, le président ivoirien lui a longuement
tenu la main, avant de remercier son "cher grand frère", un aîné qu’il vouvoie
et qualifie de "modèle", pour "ce que les Ivoiriens retiendront comme l’appel
de Daoukro".
Henri Konan Bédié, président de la République de 1993 jusqu’au putsch de
1999, surnommé "le sphinx de Daoukro", est un partenaire-clé du chef de
l’Etat, dont la formation avait permis l’élection en 2010 à la faveur d’une
alliance de second tour.
- ’Hommage’ -
Alassane Ouattara s’est souvenu mercredi qu’"homme de parole", Henri Konan
Bédié avait notamment réuni en novembre 2010 les chefs traditionnels du centre
du pays "pour leur demander de soutenir (sa) candidature", ce qui s’était
révélé décisif pour sa victoire.
L’annonce de M. Bédié intervient au terme d’une tournée dans sa région du
président ivoirien, perçue comme stratégique à l’orée d’une année
pré-électorale.
Dès son arrivée dimanche, le chef de l’Etat avait ainsi rendu "hommage" au
"président" Bédié, qui l’a "toujours choyé" et "pris comme son jeune frère"
alors que lui n’avait que "20 ans".
"Je n’oublierai jamais les journées passées à l’hôtel du Golf", avait-il
poursuivi, en référence aux quatre mois passés par le camp Ouattara dans ce
luxueux complexe abidjanais devenu base retranchée au plus fort des violences
postélectorales.
Dominique (Ouattara, épouse du président) "et moi-même n’oublierons jamais
votre présence", a répété le chef de l’Etat mercredi.
D’après une source ministérielle, 30 milliards de francs CFA (environ 46
millions d’euros) avaient été dépensés dans la réfection d’infrastructures en
amont de la venue présidentielle.
L’"opération de charme", selon un analyste, visait à "renforcer les liens
entre les deux poids lourds" et permettre les "réglages nécessaires" en vue de
2015, avait décrypté Niamien N’Goran, vice-président du PDCI et président du
comité d’organisation de la visite.
En octobre dernier, l’ancien parti unique, par la voix de M. Bédié, avait
pourtant appelé à présenter un candidat issu de ses rangs en 2015. Le PDCI
devait tenir un nouveau congrès à ce sujet à l’automne.
En s’effaçant au profit du président Ouattara, le patron du PDCI a assuré
poursuivre un objectif double : "assurer le succès" de la coalition au pouvoir
en 2015 mais surtout créer un parti "unifié" pour "gouverner" le pays, "étant
entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir
dès 2020".
Avant cela, l’élection de 2015 devra être exemplaire, ce qui suppose la
présence au scrutin du parti pro-Gbagbo. Le retrait récent du FPI de la
Commission électorale indépendante (organisatrice du processus) résonne en ce
sens comme de bien mauvais augure.
str-jf/sd
lui.
"Devant la nation rassemblée, sans détour, (...) je donne des orientations
fermes pour soutenir ta candidature à l’élection prochaine", a déclaré M.
Bédié depuis son fief de Daoukro (centre) au président ivoirien, présent à ses
côtés.
Cette déclaration, faite devant une foule considérable, était très attendue
à treize mois du scrutin.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), deuxième force de la
majorité, que dirige M. Bédié, se montrait divisé entre les partisans d’un
soutien au chef de l’Etat, candidat à sa propre succession en 2015, et les
tenants d’une candidature PDCI.
Le pouvoir se présentera donc en rang serré derrière son leader dans un
scrutin crucial pour l’apaisement du pays, après une décennie de crise
politico-militaire et la présidentielle sanglante de 2010, ponctuée par plus
de 3.000 morts.
Reste à savoir contre qui il concourra. Le principal parti d’opposition, le
Front populaire ivoirien (FPI) semble très timoré à l’idée de participer à
l’élection quand son leader, l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, est
emprisonné depuis trois ans à La Haye en attente d’un procès devant la Cour
pénale internationale.
"Tu seras le candidat unique" de la majorité "pour l’élection
présidentielle", "sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se
présenter en leurs noms propres", a affirmé Henri Konan Bédié à Alassane
Ouattara lors d’une réunion publique.
L’annonce a provoqué les cris de joie des milliers de personnes présentes.
Après avoir brièvement enlacé M. Bédié, le président ivoirien lui a longuement
tenu la main, avant de remercier son "cher grand frère", un aîné qu’il vouvoie
et qualifie de "modèle", pour "ce que les Ivoiriens retiendront comme l’appel
de Daoukro".
Henri Konan Bédié, président de la République de 1993 jusqu’au putsch de
1999, surnommé "le sphinx de Daoukro", est un partenaire-clé du chef de
l’Etat, dont la formation avait permis l’élection en 2010 à la faveur d’une
alliance de second tour.
- ’Hommage’ -
Alassane Ouattara s’est souvenu mercredi qu’"homme de parole", Henri Konan
Bédié avait notamment réuni en novembre 2010 les chefs traditionnels du centre
du pays "pour leur demander de soutenir (sa) candidature", ce qui s’était
révélé décisif pour sa victoire.
L’annonce de M. Bédié intervient au terme d’une tournée dans sa région du
président ivoirien, perçue comme stratégique à l’orée d’une année
pré-électorale.
Dès son arrivée dimanche, le chef de l’Etat avait ainsi rendu "hommage" au
"président" Bédié, qui l’a "toujours choyé" et "pris comme son jeune frère"
alors que lui n’avait que "20 ans".
"Je n’oublierai jamais les journées passées à l’hôtel du Golf", avait-il
poursuivi, en référence aux quatre mois passés par le camp Ouattara dans ce
luxueux complexe abidjanais devenu base retranchée au plus fort des violences
postélectorales.
Dominique (Ouattara, épouse du président) "et moi-même n’oublierons jamais
votre présence", a répété le chef de l’Etat mercredi.
D’après une source ministérielle, 30 milliards de francs CFA (environ 46
millions d’euros) avaient été dépensés dans la réfection d’infrastructures en
amont de la venue présidentielle.
L’"opération de charme", selon un analyste, visait à "renforcer les liens
entre les deux poids lourds" et permettre les "réglages nécessaires" en vue de
2015, avait décrypté Niamien N’Goran, vice-président du PDCI et président du
comité d’organisation de la visite.
En octobre dernier, l’ancien parti unique, par la voix de M. Bédié, avait
pourtant appelé à présenter un candidat issu de ses rangs en 2015. Le PDCI
devait tenir un nouveau congrès à ce sujet à l’automne.
En s’effaçant au profit du président Ouattara, le patron du PDCI a assuré
poursuivre un objectif double : "assurer le succès" de la coalition au pouvoir
en 2015 mais surtout créer un parti "unifié" pour "gouverner" le pays, "étant
entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir
dès 2020".
Avant cela, l’élection de 2015 devra être exemplaire, ce qui suppose la
présence au scrutin du parti pro-Gbagbo. Le retrait récent du FPI de la
Commission électorale indépendante (organisatrice du processus) résonne en ce
sens comme de bien mauvais augure.
str-jf/sd