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Société Publié le jeudi 2 octobre 2014 | Treichville Notre Cité

Zohoré Lassane DP de Gbich Magazine : « A Treichville, il y avait un esprit de lutte pour réussir »

Zohoré Lassane, actuellement directeur de publication du périodique satirique Gbich, fait partie des nombreux enfants de Treichville qui ont réussi. Il se souvient des biens faits des cours communes et autre vie communautaire qui ont stimulé la réussite des enfants de son époque.

Présentez-vous et veuillez-nous parler de votre enfance à Treichville ?

C’est Zohoré Lassane, Directeur de publication de Gbich. Je suis un enfant de Treichville. J’y suis né et j’y ai grandi plus précisément à l’Avenue 18, Rue 14 barrée. Relaté mes souvenir de Treichville, c’est tout un programme. Ce serait difficile de prendre seulement un pan et en parler. Mais je voudrais dire que j’ai fréquenté l’école Habitat ensuite j’étais au collège moderne de Treichville. C’est de Treichville que je partais à l’Ecole à l’Institut national des arts. J’ai, vraiment, tout fait à Treichville.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué lors de cette enfance ?

J’ai grandi dans une cour commune à Treichville. Et dans cette cour, on retrouvait des gens de divers horizons. Et les enfants appartenaient à tous les parents de la cour. Cela veut dire que je pouvais faire une bêtise et le père de mon ami qui était de l’autre côté, dans une autre maison, pouvait me corriger sans que mon père ne bronche. Nous avons donc vécu en parfaite symbiose. Pour dire que Treichville est vraiment le creuset de l’intégration. Nous avons grandi avec des nigérians, des burkinabé, des maliens, et autres mais, c’est à l’âge adulte que nous avons pu faire la différence. Je pense qu’à partir de Treichville nous avons compris l’importance des cours communes. Treichville, c’est comme une famille. Il m’est arrivé d’aller en Europe et de croiser des natifs de Treichville à qui je n’avais jamais parlé. Mais quand nous nous rencontrons, ils vous disent que nous vous avons connu à Treichville.

Qu’est-ce que cela vous fait en tant que fils de Treichville de voir que vous avez professionnellement réussi ?

C’est une fierté. Quand on s’engage dans la vie professionnelle, et qu’on a, en quelque sorte une réussite, on a d’abord une satisfaction morale et on espère transmettre ce qu’on sait à d’autres. C’est un peu ce qui se passe ici à Gbich qui est devenu une institution. Il n’y a pas mal de jeunes qui passent ici pour se former. Ma politique, c’est avant tout d’aider ceux qui veulent faire quelque chose. Ce que je déplore, c’est ceux qui restent les bras croisés sans rien faire et attendent que tout leur tombe du ciel. Aujourd’hui, nous nous sommes battus pour réussir au moins quelque chose. Je pense qu’à Treichville, il y avait quand même cet esprit là. On pensait prendre la relève des parents, pouvoir s’occuper d’eux. Et cela nous a responsabilisés très tôt. Petits, nous vendions de la ferraille pour nous faire de l’argent de poche. Tout cela constitue de très bons souvenirs que nous avons gardés.

Quels souvenirs gardez-vous de Treichville d’hier par rapport à celle d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui, Treichville reste ce qu’elle était. Mais je constate simplement que la plupart des personnes qui habitaient cette commune sont parties ailleurs. J’avoue que quand je reviens dans cette commune et dans des quartiers, je suis chargé d’émotions. Je connais tous les quartiers de Treichville parce que c’était mon terrain de jeu.

Mais qu’est-ce qui a changé ?

Treichville est devenue un peu plus aérée, un peu plus propre. Mais j’avoue que je garde encore de très bons souvenirs du passé, tels que la Rue 12 avec les étals des Sénégalais et les jours de ‘’La semaine commerciale’’. Franchement, cela est inoubliable. Du coup quand je passe à la Rue 12, je suis très nostalgique. Mais les choses avancent quand même dans le bon sens. De ce fait, je salue les services du Maire Amichia. Ce que par contre je déplore, c’est le désordre au Rond point de la Rue 12. Avant, il y avait un jardin public. Ce qui rendait le quartier très beau. Mais avec ce que je vois aujourd’hui, je peux dire qu’il faut l’utiliser mieux.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes de Treichville afin de suivre votre exemple ?

Je leur demande de travailler. On remarque qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes s’adonnent au broutage. Ce n’est vraiment pas la solution qui peut les mener à la réussite. Il faut que ces jeunes sachent que seul le travail paie. Et quand on parle de travail, je veux dire que ‘’Travail’’ et ‘’travaillement’’ ce n’est pas la même chose. Le travail, c’est celui qui sue pour satisfaire ses besoins. Et cela finit par payer un jour. C’est donc la seule vertu qui peut amener quelqu’un à se construire.

Nous fêtons le premier anniversaire de parution de notre mensuel ‘’Treichville notre cité’’, quels conseils pourriez-vous prodiguer aux animateurs de ce jeune bébé ?

Déjà félicitation et joyeux anniversaire pour la première bougie, car elle est toujours la plus importante. Parce qu’on fait le bilan des 12 mois écoulés, et on voit le parcours. C’est très important. Ce que je peux vous donner comme conseils, c’est de ne pas s’arrêter en si bon chemin même si vous rencontrez quelque fois des difficultés. Tous autant que nous sommes, nous sommes appelés à relever des défis. Donc il ne faut pas vous laissez emporter par le découragement. Faire un journal, ce n’est pas facile, j’en sais quelque chose. Déjà à ce niveau, je vous tire mon chapeau. Sans vous rendre compte, vous êtes en train de construire la Société. J’estime donc que c’est quelque chose de noble que vous faites. Je vous demande beaucoup de courage et une remise en question de façon permanente en vue de vous améliorer. Allez un peu plus loin que ce que vous voudriez faire. C’est vrai que Treichville est un quartier chargé d’histoire, mais il y a également des suggestions à faire. Il faut être aussi le porte-voix des populations dans la mesure où le Maire, de par sa position, n’a pas trop de retour. Votre journal peut-être un bon baromètre pour lui.
Réalisée par :
Benoît Kadjo
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