La pluie qui s’est abattue dimanche sur la commune n’a pas réussi à effacer les traces de l’horreur. Senteur de fumée de bois mêlée au caoutchouc, des murs noircis, des tôles disposées en vrac, des meubles et vêtements irrécupérables, mine défaite des riverains, c’est la consternation totale au quartier Sicobois à Yopougon. Il est 13 heures ce lundi 13 octobre quand nous arrivons devant la ‘’Basilique’’ l’une des grandes cours commune de ce quartier précaire avec 15 appartements en bois qui ne sont plus qu’un tas de cendre. Les uns et les autres n’arrivent pas à accepter cette nuit dramatique qui a arraché la vie à leurs voisins le couple Hamed Gnahoré (50 ans) et son épouse Nazata Ouattara (la trentaine). Tout est parti d’une coupure d’électricité samedi dans le quartier, selon Ballé Sanogo, le gérant de la concession que nous avons rencontré sur place. La jeune dame est allée acheter une bougie aux environs de 22 heures pour éclairer la maisonnée de deux pièces en bois, se souvient-il. C’est cette bougie qui serait à l’origine de l’incendie selon notre interlocuteur. Le feu s’est déclenché toujours selon ses dires vers minuit. Le couple qui dormait a été alerté par les passants. La porte étant obstruée par des affaires, elle fera sortir son bébé de 5 mois par la fenêtre minuscule dans un matelas et son autre fille de 12 ans. M. Gnahoré qui a pu sortir de la maisonnée a dû de nouveau affronter les flammes pour tenter de sauver sa femme restée coincée à l’intérieur. Malheureusement leur bouteille de gaz B12 a explosé et les deux n’ont pas survécu. Il a fallu les voisins et des jeunes gens de « Nouveau quartier », témoigne Dja N’Goran habitant du quartier pour circonscrire les flammes avant l’arrivée des sapeurs-pompiers vers 3 heures du matin. Les flammes ont continué leur course jusqu’à atteindre les autres appartements. « Tout s’est passé tellement vite que je ne sais quoi dire », se résigne Ramata Ahou Ouattara, la sœur cadette de la défunte. Elle précise que leur famille « est en train de se concerter » pour les obsèques. Marina Okou, résidant également dans quartier, pointe du doigt le domicile de sa tante. « Voici, rien n’est resté. Tout est parti en fumée », geint-t-elle les yeux englués. Tous déplorent la mort du couple qui laisse derrière lui cinq orphelins dont un bébé de cinq mois.
Danielle Tagro
Danielle Tagro