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Société Publié le dimanche 19 octobre 2014 | Xinhua

Côte d’Ivoire : une opération de déguerpissement d’orpailleurs divise un village

Le déguerpissement le 3 octobre de plusieurs milliers d'orpailleurs clandestins de la localité aurifère d'Abouakakro II, située à 54 km de la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, dans le centre de la Côte d'Ivoire, est diversement apprécié par les habitants, a-t-on constaté sur place vendredi.
A première vue, le village présente encore un visage de localité assiégée.

ABOUAKAKRO COMME UN VILLAGE ASSIEGE
Des immondices de sacs synthétiques ayant servi à transporter du gravier supposé contenir de l'or mais aussi de plastiques noirs ayant servi à isoler des enclos et à couvrir les toitures d' ateliers et d'habitations de fortune, des branchages éparpillés que les habitants rassemblent pour les incinérer, de nombreux sacs de graviers non exploités, des carcasses de plusieurs machines broyeuses de gravier sont encore perceptibles partout dans le villages avec des fumées se dégageant des décombres, le tout donnant à Abouakakro II l'air d'un village ayant subi une attaque armée.
Les forces de gendarmerie commises au déguerpissement, notamment, les escadrons de Dimbokro et de Yamoussoukro ainsi que la brigade de Djékanou et une unité d'intervention de la gendarmerie nationale y maintiennent encore des éléments.
Selon le porte-parole du chef du village, Maurice Lamtou N'dri, "la présence de ces orpailleurs, hormis le désordre et leur impressionnant nombre, environ 10.000 personnes, était quelque part salutaire pour le village d'Abouakakro II" plus connu sous l' appellation de Groudji.

LES ORPAILLEURS CLANDESTINS, UN MAL NECESSAIRE ?
"Dans le village, la vie était dure. Il était difficile de scolariser les enfants faute de moyens. L'école du village était incomplète. Avec l'arrivée de ces orpailleurs et les locations de parcelles de terre pour mener leurs recherches d'or, on a eu d' importantes sommes d'argent pour ceux qui cédaient des parcelles, pour l'école, pour la scolarisation des enfants", tente de justifier le porte-parole du chef de village.
Poursuivant, M. Lamtou révèle que beaucoup de jeunes du village sont "employés" et "avec leurs revenus, ils ont commencé à ouvrir de petites boutiques, à s'acheter des motos, ce qui facilite le déplacement" vers le chef-lieu de sous-préfecture et de département.
"Grâce aux orpailleurs, les travaux de l'école sont achevés. Ils ont offert trois millions de francs CFA pour permettre l' adduction d'eau potable en cours dans le village", poursuit M. Lamtou avant de s'interroger : "les autorités ont ordonné leur déguerpissement mais que font-elles, ces autorités pour notre quotidien, pour la vie du village, pour la résolution de toutes nos difficultés ?".
Selon M. Lamtou, c'est "la mort dans l'âme" que le village a assisté au déguerpissement des orpailleurs clandestins.
"On aurait pu recenser ces gens, les regrouper sur un site et énoncer des conditions pour leur installation et leur nombre afin d'éviter des conflits", suggère-t-il.
Les assertions de M. Lamtou ne sont pas partagées par Jean Yao, enseignant et notable du village.
"C'est suite à une rencontre de 24 villages de la zone que les autorités locales ont saisi le préfet de région puis le gouvernement qui a dépêché le ministre de la Défense pour constater que c'étaient tous des clandestins sans autorisation aucune. Un délai d'une semaine leur a été accordé pour plier bagage et quitter les différents sites et le village", relate Jean Yao.
A l'en croire, "plus de 10.000 orpailleurs clandestins ressortissants du Burkina Faso risquaient de phagocyter les 1.200 autochtones avec des risques de conflits intercommunautaires inévitables".
"Nous nous réjouissons de leur départ. La vie était devenue insupportable dans le village où ils s'installaient partout, n' importe comment sans le moindre avis d'un villageois", fait savoir Jean Yao.
"Le gouvernement, avec grande fermeté a libéré le village, nous saluons cet acte", se félicite-t-il.
Des témoignages concordants indiquent que la ruée vers l'or à Abouakakro fait suite à la découverte de pépites d'or par un ressortissant burkinabè dans la plantation d'un autochtone.
De bouche à oreille, la nouvelle de présence d'or dans le village s'est répandue comme une traînée de poudre, provoquant un afflux de plusieurs milliers d'orpailleurs clandestins dans la petite localité.
Très vite, des commerces de tous genres ont été ouverts avec en prime des filles de joie et autres vendeurs de drogue.
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