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Faits Divers Publié le vendredi 16 janvier 2015 | Fraternité Matin

Disparitions d’enfants à Abidjan: les trois propositions d’André Silver Konan



C’est un fait. De nombreux enfants disparaissent depuis des mois à Abidjan, et cela commence à bien faire. Depuis quelques semaines, je suis personnellement certaines affaires et je suis arrivé à une conclusion implacable: il existe à Abidjan un véritable réseau de pervers et de sadiques, qui menacent la sécurité de nos enfants, mais pas seulement. Dans ces affaires de disparition, nous les parents, sommes responsables, dans de nombreux cas. Explications et propositions.
Il y a quelques semaines, j’ai été saisi du cas d’un enfant disparu à Marcory. Avec des amis, nous avons mené une campagne sur les réseaux sociaux. Très vite, cette campagne a payé. Une dame qui avait recueilli le gamin, la veille, a vu les publications et a juste appelé le numéro affiché. L’enfant qui connaissait à peine son nom, encore moins celui de ses parents et leur lieu d’habitation, a pu ainsi retrouver les siens. Des explications fournies par la mère, il ressort que la veille, celui-ci avait suivi des élèves, à la sortie de l’école. Conclusion ? Les parents de l’enfant ont manqué de vigilance, puisque celui-ci n’aurait pas suivi d’autres élèves, si un adulte l’attendait à la sortie de l’école.

De la responsabilité des parents
Les histoires de ce genre sont légion, dans le cadre des disparitions d’enfants. La rubrique créée, il y a quatre ou cinq ans par la télévision ivoirienne (Rti), sur les enfants disparus qui recherchaient leurs parents, est l’une des preuves que les parents ont une nette responsabilité dans la disparition de leurs enfants. De mémoire de défenseur des droits des enfants, je n’ai pas encore eu connaissance d’un enfant enlevé alors qu’il était accompagné par un adulte.
Les parents doivent donc changer radicalement de comportement, et surveiller permanemment leurs enfants, comme cela se fait en Europe, sans toutefois verser dans la paranoïa. Oublions notre bonne vieille culture africaine de respect, à la limite mystique, pour “l’étranger”, et ne donnons l’occasion à personne de s’approcher de nos enfants. Bref. N’envoyons plus nos enfants acheter seuls de l’huile à la boutique, ne les laissons plus aller seuls à l’école ou jouer dans la rue... Surveillons nos enfants tout le temps et en tout lieu.

De la responsabilité de l’Etat
Ne nous y méprenons pas. Le phénomène de disparition des enfants ne date pas d’aujourd’hui. Si nous nous en émouvons aujourd’hui, c’est parce que les nouveaux médias offrent la possibilité à de nombreuses personnes d’être alertées. Cependant, le phénomène devient de plus en plus sérieux, surtout quand on reçoit des images insoutenables d’enfants atrocement mutilés, par des criminels obscurantistes (cybercriminels ou “brouteurs”, marabouts, trafiquants d’organes humains, etc.) La responsabilité de l’Etat est donc grande. Voilà pourquoi je fais ces trois propositions.

Proposition 1
Le ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l'Enfant pourrait initier une grande campagne de sensibilisation, à l’endroit des parents et des enfants. Cette campagne tournerait autour de la vigilance et de la responsabilité des parents, ainsi que de la prudence des enfants.
Proposition 2
Le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité pourrait créer une unité spéciale de police chargée d’enquêter exclusivement sur les crimes contre les enfants, y compris les crimes sexuels contre mineurs. En France, il existe un Office central pour la répression des violences aux personnes (Ocrvp), chargé, entre autres, d’enquêter sur les violences sexuelles, les séquestrations et enlèvements.
En Côte d’Ivoire, une Unité spéciale de répression des violences aux enfants, pourrait être créée. Elle serait composée de policiers, de psychologues, de sociologues et d’assistants sociaux, qui enquêteraient sur les cas de disparition d’enfants. Il n’y a que des enquêtes coordonnées par des experts, qui pourraient très vite identifier les réseaux criminels qui sévissent en toute impunité.
Proposition 3
Le ministère de la Justice, des Droits de l'homme et des Libertés publiques pourrait spécialement confier la gestion des affaires de ce genre à des juges d’instruction et des procureurs formés dans ce sens. Le rôle de ces derniers ne se limiterait pas à la poursuite des criminels, ils devraient aussi poursuivre les parents d’enfants perdus (retrouvés ou non), coupables de négligence.
Il est vraiment temps que l’Etat affronte les criminels qui enlèvent et mutilent nos enfants dans son devoir régalien, mais il est aussi temps que nous, parents d’enfants, assumions notre responsabilité sociétale. Trop c’est trop !

André Silver Konan
Journaliste-écrivain
Source: Fraternité Matin
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