‘’Couverture maladie universelle, rôle des mutuelles sociales’’, tel est le thème de la conférence publique animée hier, à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, par Thierry Beaudet, président de la Mutuelle générale de l’Education nationale de France et 1er vice-président de la Fédération nationale de la mutualité française. Un véritable cours sur la mutualité sociale auquel les invités de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci) ont eu droit. Abordant le cas de la mise en place de la Couverture maladie universelle, le conférencier a relevé les « éléments plus ou moins favorables ». Pour les ‘’éléments favorables’, il a mis en exergue la volonté affichée par le chef de l’Etat de permettre aux populations d’avoir accès à des soins de santé. Pour les ‘’éléments moins favorables’’, M. Beaudet a relevé entre autres ‘’le secteur informel très important et difficile à maîtriser, la faible bancarisation des populations, le taux élevé de la pauvreté au sein de la population, le réseau de soin insuffisant à travers le pays, etc.’’. Pour le président de la Mutuelle générale de l’éducation nationale de France, la Cmu nécessite un cahier de soins adapté aux populations et des tarifs négociables. Il garde espoir dans sa mise en œuvre avec l’expérience des 40 ans de la Mugefci. « L’expérience de la Mugefci en 40 ans sera un élément décisif pour appuyer la caisse dans le processus d’extension de la Cmu. La Cmu ne pourra pas répondre à l’ensemble des besoins de la population. Donc la responsabilité reviendra aux mutuelles de développer des offres qui ne se superposent pas au panier de soins de la Cmu mais qui le complètent afin de renforcer la protection des population », a prévenu le conférencier, non sans expliquer l’apport des systèmes mutuels dans la mise en place de la Cmu. A l’occasion, le conférencier est parti de l’exemple français pour démontrer leur complémentarité. « Comme on le constate en France, on ne peut pas couvrir tous les besoins de santé des populations. Et les mutuelles sociales doivent apporter les services complémentaires pour que les populations, dans une large proportion, aient des soins de santé de qualité dans des conditions financières supportables », a expliqué l’expert de la mutualité. Selon lui, les mutuelles sont des structures de proximité par leur maillage du territoire, ‘’et cela est un atout pour l’enrôlement des populations dans le cadre de la Cmu’’. A l’occasion, M. Beaudet a invité les mouvements mutualistes à s’unir pour une meilleure protection des populations. Pour lui, la santé est le bien le plus précieux et à la fois une aspiration individuelle et un défi collectif. « Garantir la santé pour tous permet de lutter contre la pauvreté et prévenir l’exclusion. C’est vrai levier de développement économique », a expliqué le conférencier. A l’en croire, la mutuelle permet de faire ce qu’on ne peut pas faire individuellement à travers la solidarité. Pour lui, l’un des fondamentaux de la mutuelle, c’est sa non lucrativité. « Son but n’est pas la recherche du profit. La santé n’est pas une marchandise. Elle ne doit pas être considérée comme un commerce », a prévenu, M. Beaudet. Pour lui, les cotisations des mutuelles doivent être supportables par tous. Le président du conseil d’administration de la Mugefci, Soro Mamadou, par ailleurs président du bureau ouest-africain de l’Union africaine de la mutualité (Uam-Afro), a expliqué que cette conférence était l’occasion pour les mutuelles de mutualiser leurs expériences. «C’est un espace de dialogue et de coopération dans notre objectif de couvrir 45 % de nos populations », a dit Soro. Thierry Beaudet est l’hôte de la Mugefci du 23 au 27 février 2015. Et ce dans le cadre de la convention cadre du partenariat.
A. Traoré
A. Traoré