Ouagadougou - "Timbuktu", film vedette décrivant la vie dans le nord du Mali sous les jihadistes, sera projeté jeudi soir dans le cadre d’un festival du cinéma africain placé sous haute protection après que le gouvernement du Burkina Faso eut un temps envisagé sa déprogrammation pour des raisons de sécurité.
Patrouilles aux abords de la manifestation, fouille minutieuse des spectateurs, portiques détectant les métaux : le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), pour sa 24e édition, est encadré par un dispositif de sécurité inédit.
"Il y a pas mal de problèmes sécuritaires qui se posent" autour de "Timbuktu", confiait le ministre de la Culture Jean-Claude Dioma jeudi dernier, deux jours avant l’ouverture du festival, l’un des principaux consacrés au film africain.
Le gouvernement, bien que n’ayant reçu aucune "menace sur le Burkina", pays du Sahel voisin du Mali, du fait du film aux 7 Césars (l’équivalent français des Oscars américains), selon le ministre, avait envisagé de le retirer de la programmation.
Le tollé causé par ces hésitations, assorti d’un "renforcement" de la sécurité ont finalement convaincu les autorités. Le réalisateur du film, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, s’était notamment dit "consterné" par la perspective d’un retrait de son film.
"Quelque chose qui pourrait m’inciter à aller avec vous dans les salles de cinéma ces jours-ci, c’est si vous me promettez que vous allez diffuser le film +Timbuktu+", avait déclaré le président burkinabé Michel Kafando, lui apportant son soutien alors que la polémique faisait rage.
La présence du chef de l’Etat n’avait pas encore été confirmée pour la projection, qui se tiendra jeudi à 18H30 (locales et GMT) au ciné Burkina, l’une des plus vieilles salles de la capitale, aux quelques centaines de sièges.
Abderrahmane Sissako est arrivé avec son film mercredi soir à Ouagadougou, a-t-on appris auprès de l’organisation.
- ’Barbarie’ -
"Timbuktu" raconte la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes qui l’ont contrôlé plusieurs mois en 2012. A Bamako, où il a été projeté une fois, le film n’a pas fait l’unanimité, certains lui reprochant d’édulcorer la réalité.
"Les jihadistes-terroristes ont coupé des mains et des femmes ont été violées. C’était la barbarie. On ne voit pas ça clairement dans le film", avait déclaré mi-février à l’AFP un enseignant de Tombouctou.
Faute de pouvoir le voir chez lui, Moustaph Touré, boubou bleu et toque blanche vissée sur le chef, affirme être arrivé mercredi à Ouagadougou en provenance de Tombouctou, à plus de 500 km au nord, "dans l’intention de voir +Timbuktu+".
La fiction, sélectionnée aux Oscars dans la catégorie "Meilleur film étranger", a été l’objet d’une intense polémique en France. Le statut d’Abderrahmane Sissako, conseiller culturel du président Mohamed Ould Abdel Aziz, y a été vivement critiqué.
Fondé en 1969, le Fespaco se tient tous les deux ans au Burkina Faso, pays pauvre dont il constitue la carte de visite à l’international.
L’édition 2015 est la première depuis la chute du président Blaise Compaoré à la suite d’une révolte populaire fin octobre.
Au moins 12.000 festivaliers, dont 5.000 étrangers, étaient attendus pour cette manifestation populaire où le public se mêle aux réalisateurs, comédiens et acheteurs.
D’une durée d’une semaine, le Fespaco se conclura samedi où le jury présidé par le réalisateur ghanéen Kwaw Ansah, lauréat en 1989, remettra l’Etalon d’or de Yennenga, la distinction la plus prestigieuse, à l’un des dix-neuf films, en provenance de seize pays, en compétition.
La manifestation est "une photographie de la situation de l’Afrique au cours de ces deux dernières années", affirme Ardiouma Soma, son délégué général. "Il y a des films sur la guerre, sur les problèmes religieux, politiques..."
roh-jf/jlb
Patrouilles aux abords de la manifestation, fouille minutieuse des spectateurs, portiques détectant les métaux : le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), pour sa 24e édition, est encadré par un dispositif de sécurité inédit.
"Il y a pas mal de problèmes sécuritaires qui se posent" autour de "Timbuktu", confiait le ministre de la Culture Jean-Claude Dioma jeudi dernier, deux jours avant l’ouverture du festival, l’un des principaux consacrés au film africain.
Le gouvernement, bien que n’ayant reçu aucune "menace sur le Burkina", pays du Sahel voisin du Mali, du fait du film aux 7 Césars (l’équivalent français des Oscars américains), selon le ministre, avait envisagé de le retirer de la programmation.
Le tollé causé par ces hésitations, assorti d’un "renforcement" de la sécurité ont finalement convaincu les autorités. Le réalisateur du film, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, s’était notamment dit "consterné" par la perspective d’un retrait de son film.
"Quelque chose qui pourrait m’inciter à aller avec vous dans les salles de cinéma ces jours-ci, c’est si vous me promettez que vous allez diffuser le film +Timbuktu+", avait déclaré le président burkinabé Michel Kafando, lui apportant son soutien alors que la polémique faisait rage.
La présence du chef de l’Etat n’avait pas encore été confirmée pour la projection, qui se tiendra jeudi à 18H30 (locales et GMT) au ciné Burkina, l’une des plus vieilles salles de la capitale, aux quelques centaines de sièges.
Abderrahmane Sissako est arrivé avec son film mercredi soir à Ouagadougou, a-t-on appris auprès de l’organisation.
- ’Barbarie’ -
"Timbuktu" raconte la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes qui l’ont contrôlé plusieurs mois en 2012. A Bamako, où il a été projeté une fois, le film n’a pas fait l’unanimité, certains lui reprochant d’édulcorer la réalité.
"Les jihadistes-terroristes ont coupé des mains et des femmes ont été violées. C’était la barbarie. On ne voit pas ça clairement dans le film", avait déclaré mi-février à l’AFP un enseignant de Tombouctou.
Faute de pouvoir le voir chez lui, Moustaph Touré, boubou bleu et toque blanche vissée sur le chef, affirme être arrivé mercredi à Ouagadougou en provenance de Tombouctou, à plus de 500 km au nord, "dans l’intention de voir +Timbuktu+".
La fiction, sélectionnée aux Oscars dans la catégorie "Meilleur film étranger", a été l’objet d’une intense polémique en France. Le statut d’Abderrahmane Sissako, conseiller culturel du président Mohamed Ould Abdel Aziz, y a été vivement critiqué.
Fondé en 1969, le Fespaco se tient tous les deux ans au Burkina Faso, pays pauvre dont il constitue la carte de visite à l’international.
L’édition 2015 est la première depuis la chute du président Blaise Compaoré à la suite d’une révolte populaire fin octobre.
Au moins 12.000 festivaliers, dont 5.000 étrangers, étaient attendus pour cette manifestation populaire où le public se mêle aux réalisateurs, comédiens et acheteurs.
D’une durée d’une semaine, le Fespaco se conclura samedi où le jury présidé par le réalisateur ghanéen Kwaw Ansah, lauréat en 1989, remettra l’Etalon d’or de Yennenga, la distinction la plus prestigieuse, à l’un des dix-neuf films, en provenance de seize pays, en compétition.
La manifestation est "une photographie de la situation de l’Afrique au cours de ces deux dernières années", affirme Ardiouma Soma, son délégué général. "Il y a des films sur la guerre, sur les problèmes religieux, politiques..."
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