Le piratage des produits musicaux est un véritable fléau qui gangrène l’industrie musicale et met au goût du jour, les limites des stratégies de lutte déployées par la tutelle ministérielle.
Egalement appelée industrie du disque, l’industrie musicale désigne, selon les précisions faites par le moteur de recherche Wikipédia, les activités qui contribuent à l’offre des produits musicaux (en général, le disque) obtenus par un processus industriel de reproduction. Le terme fait référence plus explicitement à la filière de l'édition phonographique. L’industrie musicale regroupe toutes les activités de reproduction de la musique, par le processus industriel (produit physique) ou par le numérique (produit dématérialisé). De ce fait, on y englobe généralement l'édition musicale et même la facture instrumentale (voire aujourd'hui les logiciels de composition et de musique de synthèse).
Les actions de lutte menées par les ministres depuis 2000
A l’aube des années 2000, l’industrie musicale prend un sérieux coup en raison des différentes crises connues par la Côte d’Ivoire. Le piratage des œuvres de l’esprit se professionnalise au détriment des structures de distribution légale. Showbiz, Music Plus, Ivoir Top Music, Musicolor, SS Prod… mettent la clé sous le paillasson, laissant ainsi la production à grande échelle de Disques compacts (Cd) de mauvaise qualité. Ces Cd inondent les rues et les foyers en Côte d’Ivoire. Le piratage a pignon sur rue. Les politiques mises en place pour mettre fin au fléau, n’ont pas toujours eu raison des producteurs phonographiques de l’ombre. De Théodore Mel Eg à Maurice Bandama en passant par Dramane Koné, Mme Messou Malan, Augustin Kouadio Komoé ou Moutayé Anzoumana, les priorités n’ont toujours pas été les mêmes pour les ministres. Au point que ce qui deviendra une filière du piratage est devenu une nébuleuse, un nœud gordien. Pendant la crise des années 2000, un foyer de reproduction illégale d’œuvres de l’esprit avait même été découvert sur le Campus de l’université de Cocody. Un accord de partenariat signé entre le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) et la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour une meilleure sensibilisation suivie d’une promesse d’installation de box pour la vente de Cd stickés, s’était limité à la seule cérémonie qui avait été présidée par le ministre d’alors, Augustin Kouadio Komoé.
Les limites de la loi en vigueur
Dans les communes du District d’Abidjan, du jour au lendemain, les foyers de production de Cd illégaux s’enracinent au su et au vu des autorités et la brigade de lutte contre ce fléau. N’existant pour l’heure que de nom, celle-ci, même si elle peut être efficace, n’a pas les moyens pour réussir la mission à elle confiée.
En témoigne l’application des différents textes de loi pour réguler le secteur. D’où principalement celle (loi) du 25 juillet 1996, portant protection des œuvres de l'esprit et aux droits d'auteurs des artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes et vidéogrammes.
D’autres lois existent. A titre d’exemple, la loi n°78-634 du 1978 portant protection des œuvres de l'esprit ; le décret n°81232 du 15/04/1981, portant attribution du Burida ; la circulaire N° 461 du 9 mars 1984 du ministère de l'Économie et des finances donnant la position tarifaire douanière N° 92-12-29 aux vidéocassettes, etc. Leur application faisant défaut, les problèmes en surface comme la lutte contre la piraterie deviennent des programmes pour certains ministres pour mener des actions d’éclats.
S’il est parvenu depuis sa nomination à instaurer un calme dans la maison Burida, le ministre Maurice Bandama, lui-même sociétaire de ladite structure, essaye tant bien que mal à réussir la mission que lui a confiée le Président Alassane Ouattara. C’est-à-dire, « faire des arts et la culture un des bâillements essentiel» de la croissance et de l’émergence de la Côte d’Ivoire.
Beaucoup de promesses et d’engagements sont pris. Peu de personnes voient des résultats satisfaisants. Pour ce qui est de la lutte contre la piraterie, le projet «Point Info Culture» annoncé en 2013 n’est pas allé au-delà de l’inauguration des dix (10) premiers kiosques de distribution de proximité des œuvres musicales, littéraires et cinématographiques. Deux ans après, ces boxes ne sont pas encore opérationnels, même si certains sont visibles (comme projet pilote) dans des communes du District d’Abidjan. Notamment sur le Boulevard Carde au Plateau ou à la gare d’Abobo, considérée comme le nid des «pirates». Aujourd’hui, en raison des difficultés de redéploiement desdits box, a-t-on appris de la direction de la communication du ministère de la Culture et de la Francophonie, ledit projet a été arrêté le temps d’une «nouvelle étude pour reconstruire le projet». Artiste engagé, Spyrow auteur de «Jusqu’au bout», milite pour un changement. «Il faut que les choses changent», soutient le chanteur. Et d’ajouter : «Il était évident qu’il n’y ait pas de suite quand il faut installer des box dans une zone où la piraterie est légalisée (Ndlr, Abobo). Qui alimentera ces box et qui ira acheter un Cd au prix de 3000 Fcfa pendant qu'à côté, on continue de vendre les mêmes Cd à 600 ou 1000 Fcfa. Cela n’a pas de sens. Je l’avoue, il (le ministre) n’a pas employé la bonne méthode. Il faut qu’il consulte aussi les maisons de distribution qui ont plus d'expérience sur le terrain. Leurs idées peuvent aussi apporter un plus».
Usine de pressage de Cd et Dvd, la solution ?
Cette action qui a germé sans donner de fruits, comme d’autres, ne met pas pour autant fin aux promesses du ministre Maurice Bandama qui maintient l’espoir dans la famille des créateurs d’œuvres musicales. Aussi annonçait-il lors du lancement en avril dernier de l’édition 2016 du Marché des arts du spectacle africain, la création d’une usine de pressage de Cd et Dvd.
«Pour ce qui concerne la musique, nous avons pris la décision de créer dans les semaines et mois à venir une usine de pressage de Cd et de Dvd. Ceci pour éradiquer totalement le phénomène de piratage et de mettre à la disposition des ivoiriens des Cd de qualité à mille (1000) Francs. Ceci pour totalement finir avec le piratage et sortir nos artistes de la précarité et de la pauvreté et vous pouvez compter sur nous», dixit Maurice Bandama. En attendant que cette usine ne voie le jour «pour sortir les artistes de la précarité», le secteur de la distribution et la production miné par les «pirates» attendent leur organisation véritable. Depuis Grenoble où il se trouve, l’artiste Sahui Bertin dit Waipa Saberty responsable de Wakapa Production dont la philosophie, l’engagement et le slogan sont entièrement inspirés de la lutte contre la piraterie, partage sa réflexion. «Des usines existent depuis longtemps. Le gros problème se trouve dans la capacité de faire disparaître les contrefacteurs du marché parallèle. Et je pense que cela est le travail des opérateurs privés. Maintenant, si le ministre se trouve des compétences de reproducteur mécanique (usine), nous attardons de voir son efficacité à faire disparaître les pirates», a dit Waipa Saberty, initiateur du premier Festival de lutte contre la piraterie en 2014. Pour Waipa, «une usine de pressage n'est pas un moyen d’éradication mais plutôt un moyen pour faire de l’argent et promouvoir les œuvres». «Quant à la question de savoir si l’usine peut faire disparaître les faussaires, je ne sais pas en quoi cela peut être efficace s’il n'y a pas de prise de décisions efficaces et une réelle volonté politique de répression du marché noir des supports audiovisuels», a admis l’artiste. Son conseil : «Il faut avant tout chasser les contrebandiers avant de construire l’usine, sinon elle ne marchera. Chaque production de cette usine ne sera que relayée automatiquement par les pirates».
A quand la règlementation du secteur ?
D’ici à trois mois, avait-il annoncé en avril dernier, le ministre de la Culture et de la francophonie, Maurice Bandama entend «boucler la règlementation du secteur» avec à la clé, le vote de la loi sur les droits d’auteurs et la copie privée. Le compte à rebours a commencé et les créateurs regardent l’horizon. Pour minimiser la piraterie, dit Waipa, la priorité doit être le vote de la loi sur la copie privée. «Il faut, soutient-il, la rendre effective dans son application et surtout que tous les producteurs passent à la vente en ligne. Ce qui fera efficacement disparaître les pirates, parce que ils n'auront plus les moyens de vendre, dès l’instant où toutes les ventes et productions seront soumises à conditions et contrôlées par l 'Etat via Artci qui est le régulateur dudit secteur. Dès qu'on passera à la vente en ligne, on évaluera les effets positifs ou négatifs de cette opération», a-t-il soutenu. Comme Waipa, Spyrow «veut voir pour croire» à un renouveau. «Il est bon de faire signer les décrets ou voter des lois. Mais, il faut les appliquer avec rigueur, se résout Spyrow. Ils ont interdit la cigarette et le téléphone au volant qui ont eu à 70%, des effets positifs. Cela peut réussir pour les Cd piratés. Il n’y a que la sanction qui fera changer les choses. Les gens ont trop faim pour lire ou entendre s’il s’agit de parler ou faire une campagne d’affichage». Le constat est que depuis 2000, les priorités d’actions des ministres en charge de la Culture et de la francophonie, ont été différentes quand tous s’accordent à dire que le sinistre de l’industrie culturelle (musique, cinéma, etc.) est causé par le piratage. En attendant la panacée, les artistes toujours rongés par le piratage.
Koné Saydoo
Egalement appelée industrie du disque, l’industrie musicale désigne, selon les précisions faites par le moteur de recherche Wikipédia, les activités qui contribuent à l’offre des produits musicaux (en général, le disque) obtenus par un processus industriel de reproduction. Le terme fait référence plus explicitement à la filière de l'édition phonographique. L’industrie musicale regroupe toutes les activités de reproduction de la musique, par le processus industriel (produit physique) ou par le numérique (produit dématérialisé). De ce fait, on y englobe généralement l'édition musicale et même la facture instrumentale (voire aujourd'hui les logiciels de composition et de musique de synthèse).
Les actions de lutte menées par les ministres depuis 2000
A l’aube des années 2000, l’industrie musicale prend un sérieux coup en raison des différentes crises connues par la Côte d’Ivoire. Le piratage des œuvres de l’esprit se professionnalise au détriment des structures de distribution légale. Showbiz, Music Plus, Ivoir Top Music, Musicolor, SS Prod… mettent la clé sous le paillasson, laissant ainsi la production à grande échelle de Disques compacts (Cd) de mauvaise qualité. Ces Cd inondent les rues et les foyers en Côte d’Ivoire. Le piratage a pignon sur rue. Les politiques mises en place pour mettre fin au fléau, n’ont pas toujours eu raison des producteurs phonographiques de l’ombre. De Théodore Mel Eg à Maurice Bandama en passant par Dramane Koné, Mme Messou Malan, Augustin Kouadio Komoé ou Moutayé Anzoumana, les priorités n’ont toujours pas été les mêmes pour les ministres. Au point que ce qui deviendra une filière du piratage est devenu une nébuleuse, un nœud gordien. Pendant la crise des années 2000, un foyer de reproduction illégale d’œuvres de l’esprit avait même été découvert sur le Campus de l’université de Cocody. Un accord de partenariat signé entre le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) et la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour une meilleure sensibilisation suivie d’une promesse d’installation de box pour la vente de Cd stickés, s’était limité à la seule cérémonie qui avait été présidée par le ministre d’alors, Augustin Kouadio Komoé.
Les limites de la loi en vigueur
Dans les communes du District d’Abidjan, du jour au lendemain, les foyers de production de Cd illégaux s’enracinent au su et au vu des autorités et la brigade de lutte contre ce fléau. N’existant pour l’heure que de nom, celle-ci, même si elle peut être efficace, n’a pas les moyens pour réussir la mission à elle confiée.
En témoigne l’application des différents textes de loi pour réguler le secteur. D’où principalement celle (loi) du 25 juillet 1996, portant protection des œuvres de l'esprit et aux droits d'auteurs des artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes et vidéogrammes.
D’autres lois existent. A titre d’exemple, la loi n°78-634 du 1978 portant protection des œuvres de l'esprit ; le décret n°81232 du 15/04/1981, portant attribution du Burida ; la circulaire N° 461 du 9 mars 1984 du ministère de l'Économie et des finances donnant la position tarifaire douanière N° 92-12-29 aux vidéocassettes, etc. Leur application faisant défaut, les problèmes en surface comme la lutte contre la piraterie deviennent des programmes pour certains ministres pour mener des actions d’éclats.
S’il est parvenu depuis sa nomination à instaurer un calme dans la maison Burida, le ministre Maurice Bandama, lui-même sociétaire de ladite structure, essaye tant bien que mal à réussir la mission que lui a confiée le Président Alassane Ouattara. C’est-à-dire, « faire des arts et la culture un des bâillements essentiel» de la croissance et de l’émergence de la Côte d’Ivoire.
Beaucoup de promesses et d’engagements sont pris. Peu de personnes voient des résultats satisfaisants. Pour ce qui est de la lutte contre la piraterie, le projet «Point Info Culture» annoncé en 2013 n’est pas allé au-delà de l’inauguration des dix (10) premiers kiosques de distribution de proximité des œuvres musicales, littéraires et cinématographiques. Deux ans après, ces boxes ne sont pas encore opérationnels, même si certains sont visibles (comme projet pilote) dans des communes du District d’Abidjan. Notamment sur le Boulevard Carde au Plateau ou à la gare d’Abobo, considérée comme le nid des «pirates». Aujourd’hui, en raison des difficultés de redéploiement desdits box, a-t-on appris de la direction de la communication du ministère de la Culture et de la Francophonie, ledit projet a été arrêté le temps d’une «nouvelle étude pour reconstruire le projet». Artiste engagé, Spyrow auteur de «Jusqu’au bout», milite pour un changement. «Il faut que les choses changent», soutient le chanteur. Et d’ajouter : «Il était évident qu’il n’y ait pas de suite quand il faut installer des box dans une zone où la piraterie est légalisée (Ndlr, Abobo). Qui alimentera ces box et qui ira acheter un Cd au prix de 3000 Fcfa pendant qu'à côté, on continue de vendre les mêmes Cd à 600 ou 1000 Fcfa. Cela n’a pas de sens. Je l’avoue, il (le ministre) n’a pas employé la bonne méthode. Il faut qu’il consulte aussi les maisons de distribution qui ont plus d'expérience sur le terrain. Leurs idées peuvent aussi apporter un plus».
Usine de pressage de Cd et Dvd, la solution ?
Cette action qui a germé sans donner de fruits, comme d’autres, ne met pas pour autant fin aux promesses du ministre Maurice Bandama qui maintient l’espoir dans la famille des créateurs d’œuvres musicales. Aussi annonçait-il lors du lancement en avril dernier de l’édition 2016 du Marché des arts du spectacle africain, la création d’une usine de pressage de Cd et Dvd.
«Pour ce qui concerne la musique, nous avons pris la décision de créer dans les semaines et mois à venir une usine de pressage de Cd et de Dvd. Ceci pour éradiquer totalement le phénomène de piratage et de mettre à la disposition des ivoiriens des Cd de qualité à mille (1000) Francs. Ceci pour totalement finir avec le piratage et sortir nos artistes de la précarité et de la pauvreté et vous pouvez compter sur nous», dixit Maurice Bandama. En attendant que cette usine ne voie le jour «pour sortir les artistes de la précarité», le secteur de la distribution et la production miné par les «pirates» attendent leur organisation véritable. Depuis Grenoble où il se trouve, l’artiste Sahui Bertin dit Waipa Saberty responsable de Wakapa Production dont la philosophie, l’engagement et le slogan sont entièrement inspirés de la lutte contre la piraterie, partage sa réflexion. «Des usines existent depuis longtemps. Le gros problème se trouve dans la capacité de faire disparaître les contrefacteurs du marché parallèle. Et je pense que cela est le travail des opérateurs privés. Maintenant, si le ministre se trouve des compétences de reproducteur mécanique (usine), nous attardons de voir son efficacité à faire disparaître les pirates», a dit Waipa Saberty, initiateur du premier Festival de lutte contre la piraterie en 2014. Pour Waipa, «une usine de pressage n'est pas un moyen d’éradication mais plutôt un moyen pour faire de l’argent et promouvoir les œuvres». «Quant à la question de savoir si l’usine peut faire disparaître les faussaires, je ne sais pas en quoi cela peut être efficace s’il n'y a pas de prise de décisions efficaces et une réelle volonté politique de répression du marché noir des supports audiovisuels», a admis l’artiste. Son conseil : «Il faut avant tout chasser les contrebandiers avant de construire l’usine, sinon elle ne marchera. Chaque production de cette usine ne sera que relayée automatiquement par les pirates».
A quand la règlementation du secteur ?
D’ici à trois mois, avait-il annoncé en avril dernier, le ministre de la Culture et de la francophonie, Maurice Bandama entend «boucler la règlementation du secteur» avec à la clé, le vote de la loi sur les droits d’auteurs et la copie privée. Le compte à rebours a commencé et les créateurs regardent l’horizon. Pour minimiser la piraterie, dit Waipa, la priorité doit être le vote de la loi sur la copie privée. «Il faut, soutient-il, la rendre effective dans son application et surtout que tous les producteurs passent à la vente en ligne. Ce qui fera efficacement disparaître les pirates, parce que ils n'auront plus les moyens de vendre, dès l’instant où toutes les ventes et productions seront soumises à conditions et contrôlées par l 'Etat via Artci qui est le régulateur dudit secteur. Dès qu'on passera à la vente en ligne, on évaluera les effets positifs ou négatifs de cette opération», a-t-il soutenu. Comme Waipa, Spyrow «veut voir pour croire» à un renouveau. «Il est bon de faire signer les décrets ou voter des lois. Mais, il faut les appliquer avec rigueur, se résout Spyrow. Ils ont interdit la cigarette et le téléphone au volant qui ont eu à 70%, des effets positifs. Cela peut réussir pour les Cd piratés. Il n’y a que la sanction qui fera changer les choses. Les gens ont trop faim pour lire ou entendre s’il s’agit de parler ou faire une campagne d’affichage». Le constat est que depuis 2000, les priorités d’actions des ministres en charge de la Culture et de la francophonie, ont été différentes quand tous s’accordent à dire que le sinistre de l’industrie culturelle (musique, cinéma, etc.) est causé par le piratage. En attendant la panacée, les artistes toujours rongés par le piratage.
Koné Saydoo