Lundi 8 juin 2015, Gnépa Dougboyou Lopez (35 ans), victime de la crise postélectorale, souffrant d’une putréfaction du pied gauche, est transféré d’urgence au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville. Manque d’oxygène. Tel est le motif invoqué sur son bulletin d’évacuation, signé à l’hôpital militaire d’Abidjan (Hma). « Mon fils avait du mal à respirer, la veille. J’ai dû recourir à une association des victimes de guerre. C’est elle qui assure les premiers soins », révèle son père Gnépa Bernard Julien, fonctionnaire à la retraite. Avant de retracer les faits. A l’en croire, c’est le 11 avril 2011, date de l’arrestation de Laurent Gbagbo, que son fils, apprenti électricien bâtiment, a reçu une balle dans le pied gauche, alors qu’il se rendait à son lieu de travail, à Abobo. La situation délétère qui prévaut dans le pays ne permet pas à son géniteur de le conduire dans un centre de santé. Le blessé devra se contenter d’un traitement de fortune. A cela s’ajoute le manque de moyens financiers. Ainsi, c’est à des guérisseurs traditionnels, à Adjamé, puis à Tabou, qu’il confie le sort de son fils. Pendant ce temps, le père, informé de l’existence des associations des victimes de guerre, mène les démarches aux fins de bénéficier d’une prise en charge, en vain. Pendant ce temps, la situation de son fils s’aggrave. Tel un cancer, le mal se propage dans son corps.
Quatre ans plus tard, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Vomissements et diarrhée l’empêchent de s’alimenter. Son père se souvient qu’un médecin lui avait dit que son père mourrait, s’il n’était pas amputé à temps. Il succombera finalement à ses douleurs, mercredi 10 juin 2015. Son cas est identique à celui de Sawadogo Lamine (45 ans), vigile au quartier Terminus 40 (Yopougon), qui a reçu une balle dans le pied. Grâce à un collègue, il est transporté au quartier Guatanamo, au domicile de son beau-frère Moussa. Qui l’aide à trouver un refuge. Un mois plus tard, après la fin des hostilités, les deux hommes se rendent au Centre hospitalier universitaire de Yopougon. Il leur est demandé de s’inscrire sur une longue liste de victimes. La négligence les pousse, selon Moussa, à se diriger vers d’autres lieux de santé. L’analyse révèle une dilation du ventricule gauche. Démunie, la famille s’en remet à des médicaments génériques pour atténuer la douleur. Jusqu’au mardi 9 juin où il tirera sa révérence, sous le poids de la douleur.
Le ministère de la solidarité indexé
Comme Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo, six autres victimes sont passées de vie à trépas. Ce sont Kéita Fanta, Traoré Fanta, Koné Kady, Koné Yacouba, Traoré Yekpmayo et Cissé Sekou. Les familles s’accordent à pointer du doigt les autorités administratives et politiques, notamment le ministère de la Solidarité, de la Famille, de la femme et de l’enfant.
Selon eux, cette structure de tutelle peine à dispenser les soins appropriés aux victimes. « Quelqu’un est resté là avec une fracture ouverte, sans traitement depuis 2011, tout le monde sait à quoi s’attendre. C’est le résultat qui est là aujourd’hui. C’est la mauvaise foi. C’est mon enfant qui devait m’enterrer, et c’est moi qui l’enterre. Qui va m’enterrer?», s’est lamentée Gnépa Bernard, père du défunt Gnépa Lopez. Et pourtant, des instructions ont bel et bien été données au ministère de tutelle pour s’occuper des victimes les plus urgentes. Comme l’indique le courrier n°329 du 14 février 2014 de la Primature, relativement à des demandes de prises en charge de 59 victimes. Aujourd’hui, ce sont 186 cas urgents qui sont recensés parmi lesquels la structure faîtière a choisi 20 cas. Lesquels sont évacués à l’Hôpital militaire d’Abidjan. Hélas, Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo figurent au nombre de ces 20 cas les plus urgents dont le ministère devait s’occuper. «C’est de la négligence. Ils n’ont pas fait leur devoir et c’est méchant », réplique Gnépa Bernard. De nombreuses victimes qui sont dans l’expectative d’une indemnisation, invoquent tous les saints pour ne pas connaître la triste fin de Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo.
Cyrille NAHIN
Quatre ans plus tard, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Vomissements et diarrhée l’empêchent de s’alimenter. Son père se souvient qu’un médecin lui avait dit que son père mourrait, s’il n’était pas amputé à temps. Il succombera finalement à ses douleurs, mercredi 10 juin 2015. Son cas est identique à celui de Sawadogo Lamine (45 ans), vigile au quartier Terminus 40 (Yopougon), qui a reçu une balle dans le pied. Grâce à un collègue, il est transporté au quartier Guatanamo, au domicile de son beau-frère Moussa. Qui l’aide à trouver un refuge. Un mois plus tard, après la fin des hostilités, les deux hommes se rendent au Centre hospitalier universitaire de Yopougon. Il leur est demandé de s’inscrire sur une longue liste de victimes. La négligence les pousse, selon Moussa, à se diriger vers d’autres lieux de santé. L’analyse révèle une dilation du ventricule gauche. Démunie, la famille s’en remet à des médicaments génériques pour atténuer la douleur. Jusqu’au mardi 9 juin où il tirera sa révérence, sous le poids de la douleur.
Le ministère de la solidarité indexé
Comme Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo, six autres victimes sont passées de vie à trépas. Ce sont Kéita Fanta, Traoré Fanta, Koné Kady, Koné Yacouba, Traoré Yekpmayo et Cissé Sekou. Les familles s’accordent à pointer du doigt les autorités administratives et politiques, notamment le ministère de la Solidarité, de la Famille, de la femme et de l’enfant.
Selon eux, cette structure de tutelle peine à dispenser les soins appropriés aux victimes. « Quelqu’un est resté là avec une fracture ouverte, sans traitement depuis 2011, tout le monde sait à quoi s’attendre. C’est le résultat qui est là aujourd’hui. C’est la mauvaise foi. C’est mon enfant qui devait m’enterrer, et c’est moi qui l’enterre. Qui va m’enterrer?», s’est lamentée Gnépa Bernard, père du défunt Gnépa Lopez. Et pourtant, des instructions ont bel et bien été données au ministère de tutelle pour s’occuper des victimes les plus urgentes. Comme l’indique le courrier n°329 du 14 février 2014 de la Primature, relativement à des demandes de prises en charge de 59 victimes. Aujourd’hui, ce sont 186 cas urgents qui sont recensés parmi lesquels la structure faîtière a choisi 20 cas. Lesquels sont évacués à l’Hôpital militaire d’Abidjan. Hélas, Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo figurent au nombre de ces 20 cas les plus urgents dont le ministère devait s’occuper. «C’est de la négligence. Ils n’ont pas fait leur devoir et c’est méchant », réplique Gnépa Bernard. De nombreuses victimes qui sont dans l’expectative d’une indemnisation, invoquent tous les saints pour ne pas connaître la triste fin de Gnépa Lopez et Lamine Sawadogo.
Cyrille NAHIN