Jeudi 23 juillet, il est 14h20. Il y a 20 mn que la Mercedes faisant office de véhicule de commandement d’Alassane Ouattara, président de la République, a traversé le carrefour de la mosquée Warabia de Séguéla. Assise sur une chaise de fortune, dame Bakayoko Awa, la soixantaine révolue, a du mal à regagner sa résidence située à quelques encablures de la voie. La voix à peine audible, avec ses dernières forces, elle continue de chanter «ADO, ADO, ADO». C’est presque en larmes qu’elle finit pas lâcher : «Je peux repartir tranquillement auprès de mes ancêtres. Mon vœu de voir Alassane Ouattara président s’est réalisé. Je viens de le voir en sa qualité de président de la République». Une déclaration qui arrache des acclamations à ses fils et petits-fils qui l’entourent. Ainsi, comme annoncé, le couple présidentiel a foulé, hier, le sol de Séguéla, capitale du Worodougou. Flash back sur une journée qui fera date dans l’histoire du Woroba. Jeudi dernier, Séguéla s’est réveillée sous un temps clément. La forte pluie qui s’est abattue sur la ville la veille y a fortement contribué. Sur la voie principale qui part de la résidence du président de la République au carrefour du centre culturel, des jeunes filles s’attèlent au nettoyage de la rue. D’autres les imitent en divers endroits, principalement sur l’itinéraire que doit emprunter le président de la République. A moto ou à pied, des jeunes, mégaphones ou sifflet à la bouche, appellent à la mobilisation. Le temps s’écoule. Les populations de Séguéla ont les yeux tournés vers Touba où le chef de l’Etat tient son dernier meeting dans la capitale du Bafing. Pendant ce temps, l’aérodrome affiche complet. Sous le coup de 11h, devant la forte affluence, les forces de l’ordre décident d’empêcher la population d’y avoir accès. Celle-ci rembourse chemin. Vêtus de tee-shirts et pagnes à l’effigie du couple présidentiel les habitants de Séguéla, comme s’ils s’étaient passé le mot, envahissent les lieux stratégiques de la ville. Au carrefour de l’hôtel Worodougou, de la mairie ou du centre culturel, les rangs se gonflent au fur et à mesure que les minutes s’égrènent. Les plus âgés et les femmes enceintes, pour éviter d’éventuels bousculades, se positionnent le long du passage du couple présidentiel. 13h10, les vrombissements de trois hélicoptères déchirent l’air de Séguéla. Sentant que l’hôte attendu n’est plus loin, les groupes d’animation, placés en divers endroits de la ville, rivalisent d’ardeur. Chacun essaie de passer un coup de fil à un frère ou un ami qui a pu accéder à l’aéroport pour avoir les échos de ce qui s’y passe. Le rang des populations grossit de plus en plus. Des hommes âgés jouent des coudes pour se faire une place dans le rang mais ils n’y parviennent pas. De guerre lasse, ils décident de quitter les lieux chauds. Entre-temps, le mercure monte. Les cris de joie sont de plus en plus intenses. Les commerçants s’invitent aussi à la fête. Tous ont baissé le rideau. «C’est un grand jour qu’il ne faut pas manquer», justifie un boutiquier situé dans les environs du marché. Au carrefour de l’hôtel Warabia, un jeune s’écrie : «Il arrive !». La foule exulte. A pas de tortue, le cortège présidentiel avance. La foule crie à tue-tête « Prési, Agnan président » (notre président en langue locale). Les jeunes se joignent à leurs camarades qui, depuis plusieurs mètres, accompagnaient le cortège. Le chef de l’Etat, debout dans son véhicule de commandement, ne cache pas sa joie. On le voit distribuer des baisers par la main, mais aussi des applaudissements, comme pour communier avec son peuple. Le long cortège s’ébranle lentement vers la résidence du président de la République au quartier résidentiel. «Cette visite sera inoubliable», lâche Mlle Diomandé Mariam, essoufflée après avoir couru sur plusieurs mètres. Le coordonnateur de la visite, Amadou Soumahoro, avait prédit une visite passionnelle. Les faits viennent de lui donner raison. En attendant le meeting de clôture de ce dimanche, le Worodougou vient de démontrer son attachement au président de la République. Deux heures après le passage du président de la République, un millier de femmes et de jeunes gens continuaient de maintenir l’ambiance devant la préfecture de Séguéla, non loin de la résidence présidentielle. Ils ont dansé et chanté jusqu’à ce que les forces de l’ordre les prient de regagner leur domicile respectif. Aux différents carrefours, dans les « grins » et autres lieux de rencontres, les causeries tournaient autour de cette visite
TL
TL