Dans la soirée du dimanche 25 mars 2012, entre 19h et 20h, des éléments des Frci encasernés à la place de la Liberté à Yopougon, ont fait une descente musclée et armée à la rue des princes et ses environs, au quartier Yopougon-Selmer. Trois morts dont un agent de la Société Ivoirienne de Banque (Sib) répondant au nom de N’Zi Kouamé. Des magasins, des maquis et des boutiques ont été pillés. Ces soldats arrachaient aux passants, bijoux, argent, téléphones portables, chaussures etc. Pis, ils avaient violé des femmes en pleine rue contre toute décence. Plus de trois ans après, les auteurs de ces actes ignobles ne sont toujours pas inquiétés. Les victimes souhaitent que justice soit faite. A cet effet, elles se sont regroupés au sein d’une association dénommée le Collectif des victimes de la rue des princes (Cvrp) dirigée par Bogouhi Guy Simplice. Selon lui, après la plainte des victimes, le 16e arrondissement du commissariat de police de Yopougon avait ouvert leurs auditions pour l’enquête d’usage. Ainsi, durant une semaine, l’officier de police, chargé de cette affaire, a entendu chaque victime sur procès verbal (PV). Le président dudit collectif ne voyant rien pointer à l’horizon, s’était rendu au commissariat pour s’enquérir de l’avancée de la procédure. Grande fut sa stupéfaction d’apprendre que sur plus de 50 personnes auditionnées, seulement 13 ont signé leur PV. Il s’interroge sur les raisons qui ont occasionné cette situation. Le dossier a-t-il été classé ou est-ce une simple lenteur administrative ? Le commissaire du gouvernement, Ange Kessy Bernard s’était rendu à Yopougon-Selmer le mercredi 28 mars 2012 pour ouvrir une enquête sur cette affaire. Il avait interrogé plusieurs personnes qui ont donné des informations relatives à cet évènement douloureux. Des témoins et des victimes ont échangé avec le procureur militaire. Depuis lors, l’attente des victimes devient longue et le doute commence à s’installer dans leur esprit. Aujourd’hui, le temps leur donne raison. Plusieurs faits viennent étayer cette inquiétude des victimes. Le premier réside dans la suspension subite de l’enquête menée par la police. Il y a également que les investigations d’Ange Kessy sont sans suite. Pis, toutes les démarches effectuées par les victimes auprès des autorités judiciaires et militaires, se sont avérées vaines. « Nous avons tout perdu. Le préjudice subi dans cette descente meurtrière et barbare s’élève à plus d’une centaine de millions de nos francs. Nous attendons l’exécution de la promesse du commissaire du gouvernement, Monsieur Ange Kessy qui avait déclaré que l’affaire ne restera pas impunie », confie Bogouhi Guy Simplice. Sous le régime d’Alassane Ouattara, l’impunité est une règle d’or. Et pourtant, le chef de l’Etat n’avait cesse de déclarer qu’aucun crime ne restera impuni. Les ivoiriens ne veulent plus de discours utopique.
HENRI MEDI
medihenri@yahoo.fr
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