Résidant dans le petit village de Bimbresso (situé à 20 km d’Abidjan sur la route de Dabou ) , Abogny Kouadio Jean Claude (60 ans), a accepté de nous recevoir et parler à afrkipresse.fr. Fonctionnaire de police à la retraite , il crie sa douleur et lance un appel…
Quelques jours après la tragique disparition de votre fille, comment vous sentez-vous ?
Je me sens très mal ! Ma fille (Abogny Claude Larissa, 23 ans : Ndlr) était inscrite pour les examens du BTS cette année. Vous êtes chez nous à la maison, et vous constatez que nous sommes en banlieue. Vous avez remarqué comment l’accès est difficile. Donc, pour sa période d’examen, elle a décidé de déménager chez l’une de mes filles adoptives qui n’habite pas loin du lieu où elle a été tuée. Les deux premiers jours de l’examen, elle est arrivée en retard, précisément à 9 heures. Il a fallu faire le pied de grue et demander pardon aux professeurs pour qu’on l’accepte en classe afin qu’elle puisse composer. Et le troisième jour, elle a donc décidé d’aller plutôt et c’est là qu’elle a été attaquée entre la station Lubafrique et la pharmacie Maty. Elle est tombée sur la voie publique, sans secours, et jusqu’à ce que les gens arrivent, ma fille avait déjà perdu la vie.
Son centre d’examen était situé où et votre fille adoptive habitait exactement vers où ?
Son centre d’examen était situé au Plateau et ma fille adoptive habite à la ‘’Cité Bracodi’’, non loin de la station Lubafrique.
Selon la police, le corps a été découvert à 3h 17 mn du matin ?
Elle s’est rendue plus tôt à l’arrêt parce que les premiers autobus passent à 04 heures, par-là. Elle s’est dit, ‘’aujourd’hui, il faut que je parte tôt même s’il faut que j’attente devant la salle d’examen’’.
Après le drame, avez-vous eu la réaction de votre fille adoptive ?
Le jour de mon arrivée à Abidjan, ma fille adoptive est passée à la maison mais j’étais à la morgue. Depuis, je ne l’ai plus revue.
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Dès que j’ai fait valoir mes droits à la retraite, je me suis reconverti à autre chose. Etant moi-même issu de parents paysans, je suis retourné à la terre. Je me suis installé au village , à Daoukro (220 km d’Abidjan), où j’entretiens ma plantation d’hévéa. Ma plantation étant loin du village , il était difficile de me joindre parce que j’étais hors réseau. Maintenant vers 17 heurs, de retour de la plantation, je vois ma cour bondée de monde ; des pleurs par-ci, des cris par-là, etc..., et c’est là qu’on m’annonce que ma fille a été assassinée à Abidjan ; ‘’elle partait à l’examen et les bandits l’on tuée’’, m’a-t-on dit. Vraiment ! (il marque une pause et fait un grand soupir : Ndlr) Je ne sais même pas. C’était comme si la terre s’écroulait sous mes pieds. Sans voiture, Daoukro située à 220 km d’Abidjan, que dois-je faire ? J’ai donc presque veillé et très tôt le matin, j’ai pris la route en direction d’Abidjan. Je suis donc arrivé ici hier (jeudi, 13 août 2015 : Ndlr), vers 10 heures du matin, chez moi à la maison. Et c’est vers 16 heures que je me suis rendu à la morgue où j’ai été confronté à la terrible réalité avec le corps de ma fille tailladée à la machette. C’est après que j’ai porté plainte contre ‘’inconnu’’, à la police.
Quelles sont selon les informations en votre possession, notamment les conditions de son décès ?
Lorsqu’elle est arrivée au niveau de la station, elle a commencé à être poursuivie par des gens armés de machettes. D’ailleurs, lorsque je suis allé à la morgue, j’ai constaté qu’elle a une large ouverture au niveau de la cage thoracique. C’est là qu’elle a abondamment perdu de sang.
Vous avez occupé votre dernier poste au 17ème Arrondissement de police de Yopougon, avant de faire valoir vos droits à la retraite, en 2010. C’est donc vos anciens collègues qui sont chargés de l’enquête relative à la mort de votre fille. Avez-vous une idée du stade de la procédure ?
Vous savez, chacun a sa conscience. En Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, c’est un peu le désordre ! Ça, il faut avoir le courage de le dire. La déontologie qui nous lie au métier (de police : Ndlr), personne ne la respecte. Dommage ! Chacun en fait à sa tête. Un officier de police lorsque vous avez un tel cas, qu’est-ce que vous faites ? On tente naturellement de rentrer en contact avec les parents de la victime. Moi-même, lorsque je suis arrivé à la Police, c’est là qu’on m’a dit : ‘’Ah.. Abony c’est toi, c’est ta fille ? On a pensé à toi etc.’’. Ils ont essayé de se justifier. Je leur ai répondu : ‘’vous me connaissez, on a travaillé ensemble…’’, et j’ai demandé de passer l’éponge. En fait, il y a un suivi qui n’a pas été bien fait.
Devant la situation de peine, quel appel pouvez-vous lancer ?
En tant qu’un père meurtri, j’en appelle aux médias afin qu’une forte communication soit faite autour du meurtre de ma fille pour qu’on découvre les coupables. (…) Aujourd’hui, nous sommes confrontés aux ‘’magnans’’ et aux ‘’microbes’’. Des enfants de rien du tout devant lesquels même les forces de l’ordre sont impuissantes. N’y a-t-il pas de justice dans ce pays pour les enfants ? Il faut que le gouvernement en place trouve une décision devant ce phénomène parce que nous n’en pouvons plus. Que nos gouvernants mettent fin à cette insécurité galopante.
Claude Dassé pour Afrikipresse.fr
Quelques jours après la tragique disparition de votre fille, comment vous sentez-vous ?
Je me sens très mal ! Ma fille (Abogny Claude Larissa, 23 ans : Ndlr) était inscrite pour les examens du BTS cette année. Vous êtes chez nous à la maison, et vous constatez que nous sommes en banlieue. Vous avez remarqué comment l’accès est difficile. Donc, pour sa période d’examen, elle a décidé de déménager chez l’une de mes filles adoptives qui n’habite pas loin du lieu où elle a été tuée. Les deux premiers jours de l’examen, elle est arrivée en retard, précisément à 9 heures. Il a fallu faire le pied de grue et demander pardon aux professeurs pour qu’on l’accepte en classe afin qu’elle puisse composer. Et le troisième jour, elle a donc décidé d’aller plutôt et c’est là qu’elle a été attaquée entre la station Lubafrique et la pharmacie Maty. Elle est tombée sur la voie publique, sans secours, et jusqu’à ce que les gens arrivent, ma fille avait déjà perdu la vie.
Son centre d’examen était situé où et votre fille adoptive habitait exactement vers où ?
Son centre d’examen était situé au Plateau et ma fille adoptive habite à la ‘’Cité Bracodi’’, non loin de la station Lubafrique.
Selon la police, le corps a été découvert à 3h 17 mn du matin ?
Elle s’est rendue plus tôt à l’arrêt parce que les premiers autobus passent à 04 heures, par-là. Elle s’est dit, ‘’aujourd’hui, il faut que je parte tôt même s’il faut que j’attente devant la salle d’examen’’.
Après le drame, avez-vous eu la réaction de votre fille adoptive ?
Le jour de mon arrivée à Abidjan, ma fille adoptive est passée à la maison mais j’étais à la morgue. Depuis, je ne l’ai plus revue.
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Dès que j’ai fait valoir mes droits à la retraite, je me suis reconverti à autre chose. Etant moi-même issu de parents paysans, je suis retourné à la terre. Je me suis installé au village , à Daoukro (220 km d’Abidjan), où j’entretiens ma plantation d’hévéa. Ma plantation étant loin du village , il était difficile de me joindre parce que j’étais hors réseau. Maintenant vers 17 heurs, de retour de la plantation, je vois ma cour bondée de monde ; des pleurs par-ci, des cris par-là, etc..., et c’est là qu’on m’annonce que ma fille a été assassinée à Abidjan ; ‘’elle partait à l’examen et les bandits l’on tuée’’, m’a-t-on dit. Vraiment ! (il marque une pause et fait un grand soupir : Ndlr) Je ne sais même pas. C’était comme si la terre s’écroulait sous mes pieds. Sans voiture, Daoukro située à 220 km d’Abidjan, que dois-je faire ? J’ai donc presque veillé et très tôt le matin, j’ai pris la route en direction d’Abidjan. Je suis donc arrivé ici hier (jeudi, 13 août 2015 : Ndlr), vers 10 heures du matin, chez moi à la maison. Et c’est vers 16 heures que je me suis rendu à la morgue où j’ai été confronté à la terrible réalité avec le corps de ma fille tailladée à la machette. C’est après que j’ai porté plainte contre ‘’inconnu’’, à la police.
Quelles sont selon les informations en votre possession, notamment les conditions de son décès ?
Lorsqu’elle est arrivée au niveau de la station, elle a commencé à être poursuivie par des gens armés de machettes. D’ailleurs, lorsque je suis allé à la morgue, j’ai constaté qu’elle a une large ouverture au niveau de la cage thoracique. C’est là qu’elle a abondamment perdu de sang.
Vous avez occupé votre dernier poste au 17ème Arrondissement de police de Yopougon, avant de faire valoir vos droits à la retraite, en 2010. C’est donc vos anciens collègues qui sont chargés de l’enquête relative à la mort de votre fille. Avez-vous une idée du stade de la procédure ?
Vous savez, chacun a sa conscience. En Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, c’est un peu le désordre ! Ça, il faut avoir le courage de le dire. La déontologie qui nous lie au métier (de police : Ndlr), personne ne la respecte. Dommage ! Chacun en fait à sa tête. Un officier de police lorsque vous avez un tel cas, qu’est-ce que vous faites ? On tente naturellement de rentrer en contact avec les parents de la victime. Moi-même, lorsque je suis arrivé à la Police, c’est là qu’on m’a dit : ‘’Ah.. Abony c’est toi, c’est ta fille ? On a pensé à toi etc.’’. Ils ont essayé de se justifier. Je leur ai répondu : ‘’vous me connaissez, on a travaillé ensemble…’’, et j’ai demandé de passer l’éponge. En fait, il y a un suivi qui n’a pas été bien fait.
Devant la situation de peine, quel appel pouvez-vous lancer ?
En tant qu’un père meurtri, j’en appelle aux médias afin qu’une forte communication soit faite autour du meurtre de ma fille pour qu’on découvre les coupables. (…) Aujourd’hui, nous sommes confrontés aux ‘’magnans’’ et aux ‘’microbes’’. Des enfants de rien du tout devant lesquels même les forces de l’ordre sont impuissantes. N’y a-t-il pas de justice dans ce pays pour les enfants ? Il faut que le gouvernement en place trouve une décision devant ce phénomène parce que nous n’en pouvons plus. Que nos gouvernants mettent fin à cette insécurité galopante.
Claude Dassé pour Afrikipresse.fr