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Afrique Publié le lundi 7 septembre 2015 |

Interview du président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara / Flux migratoires : "Des mesures doivent être prises"

© Par DR
Cérémonie d`ouverture de la 4ème édition du NYFA
Vendredi 28 août 2015. Stade de l`Amitié Sino-Gabonaise de Libreville. le chef de l`Etat Alassane Ouattara à Libreville pour prendre par à la 4ème édition du NYFA.(photo)
Au cours de l’interview exclusive accordée à notre rédaction, Alassane Ouattara a abordé le drame de la crise migratoire dans la Méditerranée, le NYFA, les élections présidentielles dans son pays, le bilan de son mandat, Laurent Gbagbo, et l’état de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Gabon.
L’Union : Excellence, Monsieur le président, vous venez de prendre partaux assises du New-York Forum Africa (NYFA). Quelle appréciation avez-vous de cette plate-forme réunissant les investisseurs du monde entier?

Alassane Ouattara : Je disais au président Ali Bongo Ondimba qu’en réalité, nous avons battu tous les records parce que, Madame Dominique Ouattara, la première dame de Côte d’Ivoire, a assisté au premier New York Forum Africa. Moi-même, je suis à ma deuxième participation. Ensemble, nous avons participé à trois forums. Cela montre l’intérêt que le NYFA représente pour nous. D’abord, parce que c’est au Gabon, ensuite, parce que c’est une plate-forme de rencontres et d’échanges de personnalités et d’investisseurs. (...) Cela nous apporte beaucoup.(...) Nous étudions également la possibilité d’inviter ces investisseurs à venir dans notre pays. Je remercie le président Ali Bongo Ondimba de nous offrir cette opportunité. (...)

C’est également l’occasion de vous demander l’état de la coopération entre le Gabon et votre pays, la Côte d’Ivoire.

Les rapports entre les deux pays sont excellents. (...) Le Gabon et la Côte-d’Ivoire ont une grande estime l’un pour l’autre. Nous avons toujours senti quand nous sommes au Gabon que nous étions chez nous : l’hospitalité, la chaleur, les dispositions qui sont souvent prises, les prévenances des uns et des autres. (...)

Le 25 octobre prochain vous remettez en jeu votre mandat, après cinq ans à la tête de la Côte d’Ivoire. Quelles sont les forces en présence ?

(...) L’élection présidentielle sera totalement démocratique. Pour preuve, en matière de candidatures, nous sommes 33 prétendants. 30 hommes et 3 femmes. Peut-être qu’il n’y a pas encore assez de femmes, mais c’est déjà cela. (...) Parmi les candidats, si ma mémoire est bonne, nous avons deux anciens Premiers ministres, un ancien président de l’Assemblée nationale, un ancien secrétaire général de l’Union africaine et deux députés. Il y a tout de même une bonne participation. Tous les partis politiques traditionnels sont également représentés (...)

En l’absence de votre adversaire traditionnel, Laurent Gbagbo, cette élection ne parait-elle pas à votre portée ?

Il y a eu une situation de crise où il a refusé de reconnaître les résultats certifiés par les Nations unies (...). Effectivement, Laurent Gbagbo est absent de Côte d’Ivoire. Il est à La Haye aux Pays-Bas. Mais ceci étant, son parti politique demeure, il a un candidat. (...)

Après cinq ans passés à la tête de la Côte d’Ivoire, qu’est-ce que les Ivoiriens peuvent retenir de votre magistrature ?

Quand je suis arrivé aux affaires, le pays vivait dans une situation catastrophique. (...) En deuxième lieu, la crise post-électorale a entraîné quasiment l’asphyxie de l’économie (...). Nous avons donc pris un pays en totale déliquescence (...) Depuis 2012, nous avons commencé la reconstruction du pays...

Après un début de mandat plutôt difficile, n’avez-vous pas l’impression que le temps est passé trop vite?

Bien-sûr, le temps est court. En trois ans, nous avons quand même fait des choses qui sont remarquées par tous. La Côte d’Ivoire a connu un taux moyen annuel de croissance de 9%, un des plus élevés au monde. Malgré les difficultés, nous avons réussi à réduire le déficit budgétaire d’environ 30%. Nous avons réduit la dette. Nous avons investi dans le domaine des infrastructures. Mais surtout, nous avons mis l’accent sur le social. Concernant l’eau potable à Abidjan, nous donnons en cinq ans autant d’eau que les cinquante précédentes années (...).

Nous sommes le pays qui a le moins de coupures d’électricité en Afrique. Nous avons moins de quarante heures de coupure d’électricité par an. (...) Notre ambition d’ici fin 2016 est d’électrifier tous les villages de plus de cinq cent habitants sur l’ensemble du territoire national. (...) Mais nous irons plus loin, en faisant en sorte que toutes les localités qui ont plus de 300 habitants aient de l’eau et de l’électricité...

D’autres réalisations sociales ?

Nous avons construit plus de 17.000 classes. (...) Pour les plus démunis, la scolarité sera gratuite… Nous avons construit de nombreux centres de santé, nous avons réhabilité tous les CHU (Centre hospitalier universitaire, Ndlr), CHR (Centre hospitalier régional, Ndlr), les trois universités. (...) Tout cela concourt à améliorer le quotidien des ivoiriens. Nous avons comme politique d’améliorer le bien-être, l’environnement. C’est dans cette lancée que nous avons augmenté les salaires des fonctionnaires. Des augmentations qui dépassent les 20%. Alors que pendant plus de vingt-sept ans, ces salaires n’avaient pas connu d’évolution. Nous avons augmenté de plus de 50% les revenus des paysans, des producteurs de café, de cacao, de coton, etc. (...) Et un travail important de rassemblement des ivoiriens a été fait, en mettant l’accent sur la réconciliation. Savez-vous que nous avons mis en place une commission dont le travail continue avec la Commission nationale de réconciliation et d’indemnisation des victimes ? L’indemnisation des victimes a déjà commencé.

Vous l’avez récemment dit, la Méditerranée est en passe de devenir un vaste cimetière de migrants à cause du phénomène des flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe. La responsabilité n’incombe-t-elle pas d’abord aux dirigeants africains dont vous faites partie?

Ce qui se passe en Méditerranée est dramatique. (...) Des mesures doivent être prises à la racine, c’est-à-dire dans nos pays africains. La gouvernance doit permettre à nos jeunes de rester sur place. Ceci se matérialise par la mise en place d’un ministère chargé de la diaspora. Lequel travaille pour favoriser le retour des jeunes dans notre pays, afin que ceux qui sont sur place puissent avoir des opportunités de créer des entreprises, la micro-finance en substance. Si tout cela se faisait dans de nombreux pays, nous éviterions ce genre de spectacle (...).

De l’autre côté, les pays européens doivent aussi s’ouvrir pour offrir des opportunités aux gens qui veulent aller chez eux. Ils doivent respecter la réciprocité. Nous, nous accueillons les Européens qui viennent pour le tourisme et les affaires. Nous avons l’obligation de faire en sorte que cette réciprocité se fasse dans de bonnes conditions. (...)

Interview en intégralité dans le quotidien



Entretien réalisé par Jonas OSSOMBEY
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