Alors qu’il a fait appel de sa suspension et annonce maintenir sa candidature coûte que coûte, l’ancien capitaine et sélectionneur de l’Equipe de France a fait, hier, le grand déballage dans une interview accordée au journal Le Monde.
« J’avais de l’estime, de l’amitié. Oui, j’admirais le politique. Il a beaucoup de charme et je peux dire qu’il m’avait d’une certaine façon envoûté. Même s’il veut me tuer politiquement, je garde un peu d’affection pour ce que nous avons vécu ensemble. » a affirmé Michel Platini dans l’interview accordée au journal Le Monde dans sa parution d’hier. Le président suspendu de l’Union européenne de football associations (Uefa) aurait voulu définitivement prendre ses distances avec Joseph Blatter, dont l’amitié passée est devenue pour lui un vrai boulet sur la route de la Fifa, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. En tout cas, depuis l’éclatement de l’affaire dite du ‘’paiement déloyal’’, dans laquelle la justice suisse estime que Michel Platini aura indûment touché 2 millions de frs suisses (plus de 600 millions des frs cfa) versés par Joseph Blatter, suivie de leur suspension de 90 jours de toute activité liée au football, prononcée par la puissante Commission d’Ethique de la Fifa, c’est la première fois que l’ancien numéro est entré dans les détails. Tentant ainsi de dédouaner dans une affaire qui pourrait lui être fatale, en tant candidat à la présidence de la Fifa. D’ailleurs, malgré la suspension, Michel Platini n’entend pas abandonner aussi facilement. Sa seule crainte, c’est qu’il ne subisse pas la même chose que le Qatari Bin Hamman. « (…) Je trouve honteux d’être traîné dans la boue. Pour le reste, mes avocats suivent les procédures FIFA et saisiront le Tribunal arbitral du sport si nécessaire. J’espère que tout cela va aller vite. Je ne voudrais pas être dans la situation de Mohamed Bin Hammam qui, en 2011, s’est retrouvé suspendu avant les élections à la tête de la FIFA puis blanchi… trop tard, une fois la réélection de Blatter réglée » a-t-il lâché d’entrée de jeu. Avant de revenir sur l’histoire du versement controversé des fameux 2 millions des frs suisses. A en croire Michel Platini, tout commence alors qu’il se trouve à Singapour en 1998, en sa qualité de président du comité d’organisation de la Coupe du Monde de la même année en France. A l’en croire, Blatter, alors secrétaire général de la Fifa, demande à le voir dans sa chambre d’hôtel. Il est alors question de succession de Joao Havelange, le président sortant de la Fifa, qui ne se représente plus. Selon le Français, le Suisse lui aurait dit qu’il était le choix du Brésilien, mais qu’il aurait repondu cela ne l’intéressait pas. Mais Blatter, lui, décide de se présenter et lui demande de le soutenir. Platini révèle ensuite que Blatter et lui se sont revus deux mois après et c’est là que celui-ci lui aurait demandé d’être son conseiller foot. Après qu’il ait répondu par l’affirmatif, ils seraient tombés d’accord sur un salaire de 1 million de frs suisses par an. Avec le recul et les proportions prises par ce contrat tacite, Platini précise qu’il n’a pas voulu prendre de dispositions particulières parce qu’il n’est pas un homme d’argent, mais aussi parce qu’il n’avait plus depuis longtemps d’agent et d’avocat pour traiter ce genre de dossier. « De toute manière, j’ai appris depuis qu’en droit suisse, un contrat oral vaut comme un contrat écrit » glisse cependant celui qui dit avoir travaillé sur la réforme du calendrier international des compétitions, sur le projet goal tout en accompagnant Blatter dans ses voyages.
Un travailleur qui avait oublié de réclamer sa paie ?
Abondant la question que tout se monde se pose sur la planète foot, à savoir pourquoi il n’aura encaissé qu’en 2011 un travail effectué entre 1998 et 2002, l’ancien numéro dix répond que c’est parce que Blatter s’est rendu compte qu’il était allé un peu vite en besogne. « En fait, je travaille plusieurs mois sans rien toucher. Au bout d’un moment, je vais voir Blatter :’’ Tu as un problème pour me payer ?’’ Il me dit :’’ Oui. Je ne peux pas te payer 1 million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors, on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard.’’ C’est ce qui s’est passé. Seulement, le plus tard n’est jamais venu » a-t-il argué. Assurant qu’il a bel et bien payé les impôts sur cette somme. Non sans avouer d’un même mouvement que la Fifa avait bel et bien la possibilité de refuser de payer, puisqu’il y aurait prescription au bout de cinq ans. Quant aux supputations laissant croire que le vieux Suisse a manigancé tout cela pour entrainer le Français dans sa chute, celui-ci semble avoir sa petite idée là-dessus. « Je ne sais pas. Disons que j’ai des doutes. En tout cas, tout ça est sorti à partir du moment où j’ai demandé sa démission et où j’ai été candidat. Je suis le seul à pouvoir faire en sorte que la FIFA redevienne la maison du foot mais chaque fois que je me rapproche du soleil, comme Icare, ça brûle de partout» a-t-il soutenu. Non sans jeter un gros pavé dans la cour de ses contempteurs. « J’espère seulement que l’on ne va pas m’empêcher de me présenter. Ça les énerve que ce soit un footballeur et pas un pur politique qui veuille diriger. Mais je n’aime pas perdre. Surtout pour une affaire qui n’en est pas une » a-t-il martélé en guise de conclusion. Si cette première grande sortie médiatique du candidat ne balaie pas les soupçons qui pèsent sur lui, il éclaire au moins d’un jour nouveau une affaire qui n’a pas encore fini de faire jaser.
Patrice BEKET
« J’avais de l’estime, de l’amitié. Oui, j’admirais le politique. Il a beaucoup de charme et je peux dire qu’il m’avait d’une certaine façon envoûté. Même s’il veut me tuer politiquement, je garde un peu d’affection pour ce que nous avons vécu ensemble. » a affirmé Michel Platini dans l’interview accordée au journal Le Monde dans sa parution d’hier. Le président suspendu de l’Union européenne de football associations (Uefa) aurait voulu définitivement prendre ses distances avec Joseph Blatter, dont l’amitié passée est devenue pour lui un vrai boulet sur la route de la Fifa, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. En tout cas, depuis l’éclatement de l’affaire dite du ‘’paiement déloyal’’, dans laquelle la justice suisse estime que Michel Platini aura indûment touché 2 millions de frs suisses (plus de 600 millions des frs cfa) versés par Joseph Blatter, suivie de leur suspension de 90 jours de toute activité liée au football, prononcée par la puissante Commission d’Ethique de la Fifa, c’est la première fois que l’ancien numéro est entré dans les détails. Tentant ainsi de dédouaner dans une affaire qui pourrait lui être fatale, en tant candidat à la présidence de la Fifa. D’ailleurs, malgré la suspension, Michel Platini n’entend pas abandonner aussi facilement. Sa seule crainte, c’est qu’il ne subisse pas la même chose que le Qatari Bin Hamman. « (…) Je trouve honteux d’être traîné dans la boue. Pour le reste, mes avocats suivent les procédures FIFA et saisiront le Tribunal arbitral du sport si nécessaire. J’espère que tout cela va aller vite. Je ne voudrais pas être dans la situation de Mohamed Bin Hammam qui, en 2011, s’est retrouvé suspendu avant les élections à la tête de la FIFA puis blanchi… trop tard, une fois la réélection de Blatter réglée » a-t-il lâché d’entrée de jeu. Avant de revenir sur l’histoire du versement controversé des fameux 2 millions des frs suisses. A en croire Michel Platini, tout commence alors qu’il se trouve à Singapour en 1998, en sa qualité de président du comité d’organisation de la Coupe du Monde de la même année en France. A l’en croire, Blatter, alors secrétaire général de la Fifa, demande à le voir dans sa chambre d’hôtel. Il est alors question de succession de Joao Havelange, le président sortant de la Fifa, qui ne se représente plus. Selon le Français, le Suisse lui aurait dit qu’il était le choix du Brésilien, mais qu’il aurait repondu cela ne l’intéressait pas. Mais Blatter, lui, décide de se présenter et lui demande de le soutenir. Platini révèle ensuite que Blatter et lui se sont revus deux mois après et c’est là que celui-ci lui aurait demandé d’être son conseiller foot. Après qu’il ait répondu par l’affirmatif, ils seraient tombés d’accord sur un salaire de 1 million de frs suisses par an. Avec le recul et les proportions prises par ce contrat tacite, Platini précise qu’il n’a pas voulu prendre de dispositions particulières parce qu’il n’est pas un homme d’argent, mais aussi parce qu’il n’avait plus depuis longtemps d’agent et d’avocat pour traiter ce genre de dossier. « De toute manière, j’ai appris depuis qu’en droit suisse, un contrat oral vaut comme un contrat écrit » glisse cependant celui qui dit avoir travaillé sur la réforme du calendrier international des compétitions, sur le projet goal tout en accompagnant Blatter dans ses voyages.
Un travailleur qui avait oublié de réclamer sa paie ?
Abondant la question que tout se monde se pose sur la planète foot, à savoir pourquoi il n’aura encaissé qu’en 2011 un travail effectué entre 1998 et 2002, l’ancien numéro dix répond que c’est parce que Blatter s’est rendu compte qu’il était allé un peu vite en besogne. « En fait, je travaille plusieurs mois sans rien toucher. Au bout d’un moment, je vais voir Blatter :’’ Tu as un problème pour me payer ?’’ Il me dit :’’ Oui. Je ne peux pas te payer 1 million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors, on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard.’’ C’est ce qui s’est passé. Seulement, le plus tard n’est jamais venu » a-t-il argué. Assurant qu’il a bel et bien payé les impôts sur cette somme. Non sans avouer d’un même mouvement que la Fifa avait bel et bien la possibilité de refuser de payer, puisqu’il y aurait prescription au bout de cinq ans. Quant aux supputations laissant croire que le vieux Suisse a manigancé tout cela pour entrainer le Français dans sa chute, celui-ci semble avoir sa petite idée là-dessus. « Je ne sais pas. Disons que j’ai des doutes. En tout cas, tout ça est sorti à partir du moment où j’ai demandé sa démission et où j’ai été candidat. Je suis le seul à pouvoir faire en sorte que la FIFA redevienne la maison du foot mais chaque fois que je me rapproche du soleil, comme Icare, ça brûle de partout» a-t-il soutenu. Non sans jeter un gros pavé dans la cour de ses contempteurs. « J’espère seulement que l’on ne va pas m’empêcher de me présenter. Ça les énerve que ce soit un footballeur et pas un pur politique qui veuille diriger. Mais je n’aime pas perdre. Surtout pour une affaire qui n’en est pas une » a-t-il martélé en guise de conclusion. Si cette première grande sortie médiatique du candidat ne balaie pas les soupçons qui pèsent sur lui, il éclaire au moins d’un jour nouveau une affaire qui n’a pas encore fini de faire jaser.
Patrice BEKET