Il n’est pas rare de voir dans les étals de certains magasins des boîtes de lait concentré sucré sous l’étiquette de «Caolin», «Arafat» etc. Selon des acteurs du secteur du lait rencontrés, hier matin à la zone industrielle de Yopougon, ce sont des produits laitiers issus de la contrebande qui ont inondé le marché local et menacent en ce moment l’existence des industries locales, ainsi que les emplois. «La contrebande des produits laitiers impacte le marché local à hauteur de 25 à 30%. Et ce sont près de 1000 emplois directs qui sont menacés de disparition. Si le gouvernement n’intervient pas de manière vigoureuse par le contrôle strict des documents et des marchandises d’importation, la bonne gouvernance des services des Douanes, du commerce et de police, nos usines vont mettre la clé sous le paillasson. Avec des chefs de familles jetés dans la rue», se plaint un responsable syndical de travailleurs sous le sceau de l’anonymat. Un autre acteur ajoute que ce fléau trouve ses origines dans la scission du pays par la rébellion armée. «La crise a fait apparaître dans la partie septentrionale du pays, principalement à Bouaké, des boîtes de lait concentré sucré en provenance du Togo, du Ghana, du Bénin, du Burkina-Faso avec les étiquettes des vieilles usines de la Hollande. Ce fléau s’est accru en ce moment tant à Abidjan qu’à San Pedro, Man, Korhogo et Bondoukou. Soit par des sous-déclarations aux postes-frontières de Ouangolodougou, Noé et Man, soit par des pistes. Ces contrebandiers font entrer ces produits laitiers en Côte d’Ivoire vendus à 19.000 FCFA le carton de boîtes de lait concentré sucré et l’unité à 900 FCFA. Contrairement à la production locale qui écoule difficilement 25.000 cartons par mois à 1200 FCFA la boîte. Cette concurrence locale orchestrée par les contrebandiers va précipiter la fermeture des quatre usines de fabrication de lait», a averti notre interlocuteur.
Didier KéI
Didier KéI