Les commerçants ambulants de pain continuent d’exercer leur métier malgré l’interdiction qui les frappe.
Début janvier 2015, le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, a pris une mesure d’interdiction de la vente ambulante de pain en Côte d’Ivoire. Onze mois après sa date de mise en vigueur, ces dispositions ne sont pas respectées. Jean-Louis Billon semble avoir abandonné la lutte. Dans tous les quartiers du district d’Abidjan et d’autres localités de l’intérieur du pays, il existe des commerçants ambulants de pain et des boutiquiers qui vendent cette denrée. Or, il était dit que les conditions de distribution de vente de pain dans les quartiers devraient changer à partir de janvier 2015. La vente, à en croire le gouvernement, devrait être soumise à des conditions hygiéniques plus strictes. C’est ce qui ressort d’un arrêté signé le 1er juillet 2014 par le ministre du Commerce, Jean Louis Billon. Depuis janvier 2015, la vente informelle du pain sur toute l’étendue du territoire ivoirien est interdite. Si les nouvelles dispositions prises par le ministre de tutelle visent à préserver les conditions hygiéniques des Ivoiriens, force est de constater que les commerçants n’ont pas accepté, à ce jour, les dispositions prises par le gouvernement vu qu’ils veulent protéger leurs petits emplois. Car l’application de la loi Billon va indiscutablement créer le chômage dans le milieu de la jeunesse ivoirienne qui exerce dans l’informel, selon des vendeurs. Les articles 20 et 21 de l’arrêté pris en son temps par le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des Pme n’est pas en adéquation avec la politique de l’emploi-jeune du gouvernement, dénonce un parent de vendeur de pain dans la commune d’Adjamé. Selon l’article 20, le transport du pain, de la boulangerie à tout point de livraison doit se faire dans des conditions hygiéniques dans des véhicules appropriés et spécialement affectés à cette activité. Est interdit le transport du pain dans des charrettes, les véhicules de transport en commun et la distribution ambulante. Selon l’article 21, les ventes dans les boutiques de quartier, la vente ambulante et la vente au porte-à-porte du pain sont proscrites. Dans les communes populaires d’Adjamé et d’Abobo, les petits vendeurs ambulants de pain se multiplient contrairement à cette mesure gouvernementale. Les jeunes gens trouvent cependant que c’est le métier qui revêt aujourd’hui un double avantage. Le premier consiste à assurer leurs besoins pécuniaires et l’autre leur permettant la consommation de cette denrée. « Le pain nous permet de nourrir nos familles. Il serait difficile d’abandonner mon petit métier », indique Ali Touré, ex-combattant ayant très tôt déposé les armes après la crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts dans le pays. Pour André Goli, la quinzaine révolue, vendeur ambulant de pain à Yopougon Niangon, ce petit métier lui permet de payer ses cours du soir. « Depuis que je suis arrivé chez mon oncle à Abidjan, j’ai décidé de vendre le pain pour assurer mes cours. Actuellement, je suis en classe de 4ème. Et j’espère qu’avec la vente de pain, j’obtiendrai mon Bepc qui m’ouvrira les portes des concours. Car je veux être un corps habillé », note-t-il. Issouf Kouadio, couturier dans la même commune, ne perd pas de vue les limites des nouvelles mesures gouvernementales. « Chaque matin, Jean Noël, le petit vendeur de pain, nous livre les baguettes dans des conditions acceptables. L’arrêt de son commerce allait non seulement nous créer des préjudices mais il serait contraint à l’oisiveté. Un jeune homme qui est oisif devient un bandit de grand chemin comme une jeune fille oisive devient une prostituée », fait-il remarquer. Avant d’ajouter : « Il n’est pas question de supprimer leurs petites activités mais il faut plutôt leur permettre de travailler dans des conditions hygiéniques », propose notre interlocuteur.
LA MESURE PAS SUIVIE SUR LE TERRAIN
Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui sur le terrain, c’est que le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, n’a pas pu en réalité atteindre son ambition. Sur le terrain, cette loi n’est pas suivie. Selon les termes de l’article 24, les boulangers déjà en activité disposaient seulement de quelques jours depuis le 1er janvier 2015 pour se conformer aux dispositions relatives aux règles d’hygiène prévues. La distribution du pain devra se faire soit par vente directe au fournil soit par livraison directe aux collectivités ou par des supermarchés, des superettes et croissanterie-pâtisserie. Le prix et le poids de la baguette de pain devraient faire l’objet d’un affichage dans toutes les boulangeries et tous lieux de vente, sur un panneau et de façon lisible. Cette disposition n’est non plus pas respectée. Car en Côte d’Ivoire, les commerçants n’ont pas l’habitude d’afficher les prix de leurs marchandises. Le pain vendu sous forme conditionnée ne peut l’être que dans des papiers biodégradables avec des écritures, logos ou slogan imprimés à l’encre alimentaire, ne présentant aucun danger pour le consommateur selon Jean Louis Billon. Toutes ces conditions ne sont pas respectées sur l’entièreté du pays, parce que les autorités savent prendre des mesures mais ne savent pas les faire appliquer.
Romaric Sako
Début janvier 2015, le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, a pris une mesure d’interdiction de la vente ambulante de pain en Côte d’Ivoire. Onze mois après sa date de mise en vigueur, ces dispositions ne sont pas respectées. Jean-Louis Billon semble avoir abandonné la lutte. Dans tous les quartiers du district d’Abidjan et d’autres localités de l’intérieur du pays, il existe des commerçants ambulants de pain et des boutiquiers qui vendent cette denrée. Or, il était dit que les conditions de distribution de vente de pain dans les quartiers devraient changer à partir de janvier 2015. La vente, à en croire le gouvernement, devrait être soumise à des conditions hygiéniques plus strictes. C’est ce qui ressort d’un arrêté signé le 1er juillet 2014 par le ministre du Commerce, Jean Louis Billon. Depuis janvier 2015, la vente informelle du pain sur toute l’étendue du territoire ivoirien est interdite. Si les nouvelles dispositions prises par le ministre de tutelle visent à préserver les conditions hygiéniques des Ivoiriens, force est de constater que les commerçants n’ont pas accepté, à ce jour, les dispositions prises par le gouvernement vu qu’ils veulent protéger leurs petits emplois. Car l’application de la loi Billon va indiscutablement créer le chômage dans le milieu de la jeunesse ivoirienne qui exerce dans l’informel, selon des vendeurs. Les articles 20 et 21 de l’arrêté pris en son temps par le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des Pme n’est pas en adéquation avec la politique de l’emploi-jeune du gouvernement, dénonce un parent de vendeur de pain dans la commune d’Adjamé. Selon l’article 20, le transport du pain, de la boulangerie à tout point de livraison doit se faire dans des conditions hygiéniques dans des véhicules appropriés et spécialement affectés à cette activité. Est interdit le transport du pain dans des charrettes, les véhicules de transport en commun et la distribution ambulante. Selon l’article 21, les ventes dans les boutiques de quartier, la vente ambulante et la vente au porte-à-porte du pain sont proscrites. Dans les communes populaires d’Adjamé et d’Abobo, les petits vendeurs ambulants de pain se multiplient contrairement à cette mesure gouvernementale. Les jeunes gens trouvent cependant que c’est le métier qui revêt aujourd’hui un double avantage. Le premier consiste à assurer leurs besoins pécuniaires et l’autre leur permettant la consommation de cette denrée. « Le pain nous permet de nourrir nos familles. Il serait difficile d’abandonner mon petit métier », indique Ali Touré, ex-combattant ayant très tôt déposé les armes après la crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts dans le pays. Pour André Goli, la quinzaine révolue, vendeur ambulant de pain à Yopougon Niangon, ce petit métier lui permet de payer ses cours du soir. « Depuis que je suis arrivé chez mon oncle à Abidjan, j’ai décidé de vendre le pain pour assurer mes cours. Actuellement, je suis en classe de 4ème. Et j’espère qu’avec la vente de pain, j’obtiendrai mon Bepc qui m’ouvrira les portes des concours. Car je veux être un corps habillé », note-t-il. Issouf Kouadio, couturier dans la même commune, ne perd pas de vue les limites des nouvelles mesures gouvernementales. « Chaque matin, Jean Noël, le petit vendeur de pain, nous livre les baguettes dans des conditions acceptables. L’arrêt de son commerce allait non seulement nous créer des préjudices mais il serait contraint à l’oisiveté. Un jeune homme qui est oisif devient un bandit de grand chemin comme une jeune fille oisive devient une prostituée », fait-il remarquer. Avant d’ajouter : « Il n’est pas question de supprimer leurs petites activités mais il faut plutôt leur permettre de travailler dans des conditions hygiéniques », propose notre interlocuteur.
LA MESURE PAS SUIVIE SUR LE TERRAIN
Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui sur le terrain, c’est que le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, n’a pas pu en réalité atteindre son ambition. Sur le terrain, cette loi n’est pas suivie. Selon les termes de l’article 24, les boulangers déjà en activité disposaient seulement de quelques jours depuis le 1er janvier 2015 pour se conformer aux dispositions relatives aux règles d’hygiène prévues. La distribution du pain devra se faire soit par vente directe au fournil soit par livraison directe aux collectivités ou par des supermarchés, des superettes et croissanterie-pâtisserie. Le prix et le poids de la baguette de pain devraient faire l’objet d’un affichage dans toutes les boulangeries et tous lieux de vente, sur un panneau et de façon lisible. Cette disposition n’est non plus pas respectée. Car en Côte d’Ivoire, les commerçants n’ont pas l’habitude d’afficher les prix de leurs marchandises. Le pain vendu sous forme conditionnée ne peut l’être que dans des papiers biodégradables avec des écritures, logos ou slogan imprimés à l’encre alimentaire, ne présentant aucun danger pour le consommateur selon Jean Louis Billon. Toutes ces conditions ne sont pas respectées sur l’entièreté du pays, parce que les autorités savent prendre des mesures mais ne savent pas les faire appliquer.
Romaric Sako