Le secrétaire général par intérim du RDR a fini par mettre les pieds dans le plat du débat sur le parti unifié qui fait en ce moment rage au sein de l’alliance du RHDP. Dans l’interview qu’il nous accorde ici, Amadou Soumahoro, dans une démarche pédagogique, explique pourquoi son parti, le RDR, ne peut pas accepter l’appel du Président Bédié aux autres membres du RHDP de se fondre dans le PDCI-RDA.
Le Patriote : Monsieur le ministre, votre formation politique, le RDR, a tenu mardi dernier, une réunion politique au cours de laquelle elle a donné sa position sur l’appel du Président Bédié. A en croire le communiqué final qui a sanctionné cette réunion, le RDR ne retournera pas au PDCI. Qu’est-ce qui explique cette décision ? Amadou Soumahoro : Je voudrais vous remercier de me donner l’occasion d’apporter des précisions sur la démarche du Bureau politique. Il n’a jamais été question d’un accord tacite, encore moins écrit d’un retour du RDR au PDCI, et vice versa. Lorsque pendant près de dix ans, la Côte d’Ivoire était en crise, une crise entretenue par la refondation, les Présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, tous deux héritiers du Président Félix Houphouët-Boigny, ont estimé qu’il fallait, face à l’histoire, prendre des initiatives très fortes. Je me rappelle que c’est à Accra, quand nous étions allés pour les négociations, que le président Ouattara a approché son aîné, pour lui dire : «Monsieur le président Bédié, vous êtes notre aîné. Il est temps que vous nous rassembliez, nous les enfants d’Houphouët, pour qu’ensemble nous puissions sortir le pays de cette crise. » Voilà d’où tout est parti. Je saisis donc cette occasion pour rendre un hommage au président Alassane Ouattara pour cette initiative, que nous avions qualifié à l’époque de « sursaut sur lui-même ». Je voudrais aussi saluer la dextérité avec laquelle le Président Bédié a saisi la proposition de son jeune frère et a donné un corps à cette idée. C’est ainsi que sous la volonté de ces deux présidents des concertations se sont engagées. Par la suite, ils ont décidé de matérialiser leur idée par la signature d’un texte établissant une alliance entre les partis se réclamant de la philosophie du Président Félix Houphouët-Boigny. Mais le texte, vous le savez, précisait l’indépendance et l’autonomie de chaque partie. Il allait même plus loin pour dire qu’au moment des élections, chaque parti présentera son candidat et c’est le candidat le mieux placé qui est soutenu par l’ensemble des autres partis membres de cette alliance. Voilà la philosophie qui sous-tend l’alliance. Beaucoup de personnes réagissent aujourd’hui mais ils ne savent pas de quoi ils parlent puisqu’ils n’étaient pas à l’origine. Ils ne savent pas comment cette idée de RHDP est venue. Il n’a jamais été question que nous retournions au PDCI-RDA ou que chemin faisant un des partis soit absorbé par un autre ou encore qu’un des partis fasse fusion. L’autonomie des partis membres de l’alliance a toujours été le socle de cette alliance avec pour l’élé- ment catalyseur la philosophie de Houphouët-Boigny. LP : Certes, mais les choses peuvent évoluer, d’autant plus que le RHDP s’est avéré par la suite une véritable machine à victoire pour l’alliance. AS : C’est vrai que cette alliance nous a apporté beaucoup de bonheur et de succès. C’était une alliance tactique parce qu’il fallait au jour le jour répondre et déjouer toutes les actions nocives de la Refondation, qui mettait la Côte d’Ivoire dans un état que nous avons tous regretté. C’est vrai que les succès de l’alliance peuvent donner l’idée d’une opposition de nos relations politiques à l’inté- rieur de l’alliance. C’est pour cela d’ailleurs que les présidents ont pensé à un parti unifié et là-dessus la position du RDR est claire. LP : Justement monsieur le ministre, quelle est la position du RDR sur la question ? AS : Cette position, c’est qu’à un moment donné, les enfants d’Houphouët doivent s’asseoir pour discuter, faire évoluer leur position et si possible se retrouver dans un grand parti houphouétiste, puisque que l’alliance a évolué. A preuve, nous sommes partis d’une alliance pour en arriver aujourd’hui à un groupement politique. Maintenant, si nous voulons nous muer en un seul parti politique, c’est possible et ça va dans l’ordre normal des choses. Le RDR l’a décidé lors de son troisième congrès ordinaire. Mais il faut qu’on discute des modalités et des possibilités de mise en œuvre. Parce qu’il s’agit quand même de deux grands partis, le PDCI et le RDR, qui ne peuvent pas se fondre comme ça, comme si rien ne s’était passé et comme si nous n’avions rien à nos actifs. Il s’agit pour nous de gérer l’avenir des gens et là-dessus, au RDR, nous ne faisons pas de sentimentalisme. Tout le monde connait le parcours de notre parti. Tous nos contemporains savent que l’histoire du RDR ne peut pas s’accommoder à une démarche d’une telle importance. Nous, nous avons des responsabilités immenses, historiques et culturelles vis- à-vis de nos militants, de nos morts, de nos jeunes, de nos femmes et de tous ceux qui par leur engagement ont souffert, et Dieu seul sait combien d’hommes et de femmes ont souffert pour leur engagement au RDR. On ne peut pas, comme cela, de façon aussi simpliste, retourner au PDCI. Je ne suis pas en train de polémiquer, mais je dis qu’il n’a jamais été question de réunification du PDCI. C’est un terme qui est intervenu en cours de chemin et que le président Bédié a proposé à son jeune frère dans son intervention à Daoukro. Laquelle intervention était d’ailleurs dans un cadre familial. Mais de là à établir des doctrines, c’est faire fausse route. Le RDR ne retournera nulle part. Le RDR ne retournera pas au PDCI. Ce n’est pas que nous n’aimons pas le PDCI, ce sont nos alliés. Mais la démarche doctrinale et historique de notre parti ne nous permet pas de retourner dans un autre. LP : L’appel de Daoukro repose quand même sur ce qui pourrait paraître comme une logique : si on aime Houphouët, retournons donc dans le parti qu’il a créé. Qu’est-ce que vous en dites ? AS : Etre Houphouétiste, ce n’est pas seulement être au PDCI. Il n’y a pas qu’un seul objet dans l’héritage. Il n’y a pas qu’une paire de chaussures, un chapeau ou une chemise dans l’héritage. Mais il y a le boubou, la ceinture, les lunettes, etc. L’héritage ne peut pas se limiter à un seul objet ou à un seul parti. Il peut être, et c’est le plus important, la pensée et la philosophie du président Houphouët-Boigny. Laquelle philosophie lui a permis de diriger et de rassembler ce pays pendant plus de 30 ans, avec près de 60 ethnies. L’héritage peut être dans la recherche effrénée de cet homme pour la paix, dans sa passion pour l’unité nationale, son amour pour le dialogue, pour la concertation, son pacifisme face à tous les dangers qui ont guetté ce pays. Il nous semble, nous, au RDR, que c’est cela le vrai héritage de Félix Houphouët-Boigny. Son héritage, ce n’est pas seulement le PDCI. Ce qui nous intéresse dans cet héritage, c’est la pensée de l’homme, ses actions, son rêve pour la Côte d’Ivoire. Tout ce qui a permis à ce pays d’être ce qu’il est, un pays où il fait bon vivre et où les Ivoiriens ont appris à vivre ensemble. Dans tous les cas, tous ceux qui étaient au PDCI et qui en sont partis, ont certainement leurs raisons. On ne se renie pas à ce stade de responsabilité et le RDR ne va pas se renier. LP : Vous avez dit plus haut, monsieur le ministre, que l’autonomie et l’indépendance des partis est l’esprit qui sous-tend le RHDP et le bureau politique du RDR a dit oui au parti unifié, mais dans le strict respect des courants, sans domination et sans reniement. Percevez-vous dans cet appel une idée de domination ou de suprématie d’un parti sur l’autre ? AS : Nous ne voulons pas entrer dans les interprétations polémiques. Vous savez, nous tenons à nos relations avec nos amis du PDCI, parce que cette alliance a permis de donner la paix à la Côte d’Ivoire, d’être à nouveau sur le chemin du développement et de retrouver son repositionnement international dans le concert des nations. LP : Le débat porte aussi sur l’appellation de ce parti unifié. Le bureau politique n’en a pas fait cas. Quelle est la position de votre parti sur la question ? Autrement dit, quelle pourrait être l’appellation du parti unifié ? AS : Pour nous, c’est un débat ouvert. Le RDR, je le répète, n’est pas du tout contre le parti unifié. Mais ce que nous refusons et que nous n’accepterons jamais, c’est l’idée de parti réunifié. Il faut que nos alliées et nos frères composent avec cela. En le faisant, nous ne trahissons ni le président Bédié ni nos autres alliées. Parce que nous n’avons jamais, à aucun moment de notre marche dans l’alliance, fait savoir que nous retournerions dans un autre parti de l’alliance. Pour répondre à votre question, le RDR a été créé à un moment où la Côte d’Ivoire était pris en otage par les extrêmes. En 1993-1994, deux partis étaient face à face, c’était le FPI et le PDCI. Aucun de ces partis ne voulait faire de concession l’un vers l’autre. C’est ce qui a amené feu Djéni Kobenan à approcher certains d’entre nous pour dire : «faisons attention, le président Félix Houphouët-Boigny a pris de l’âge, si nous, la nouvelle génération, n’inventons pas une autre voie pour notre pays, nous allons droit dans le mur ». Parce que toute société où il n’y a pas la recherche du compromis est une société vouée à sa perte. Et à cette époque, le FPI et le PDCI étaient vraiment aux extrêmes. C’est ainsi que nous avons décidé de créer une formation politique et nous avions convenu de le situer au centre. C’est pour cela que le RDR est un parti centriste. L’histoire de notre parti ne nous commande même pas de faire autre chose que ce que nous sommes en train de faire. Nous avons donc décidé de créer un parti pour le mettre au centre de l’échiquier politique. A la création de ce parti, nous avions dit que le socle de notre formation devrait tourner autour de idée force : la recherche du compromis pour le consensus. LP : Que contenait cette idée forte? AS : L’idée est que nous devions accepter d’aller au compromis politique mais pas à la compromission. Nous devions accepter, dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, de perdre certaines de nos souverainetés pour gagner autre chose. Chacun devrait y laisser du sien. C’est cela le compromis. Pour le consensus, nous devrions convaincre la majorité de nos militants pour qu’ils acceptent ce compromis. Voilà la philosophie qui a animé et qui continue d’animer le RDR. Le parcours du RDR a été fait d’acceptation et de compromis. L’histoire de notre parti montre que le RDR est un parti qui recherche le compromis autour du consensus. Si nous devrions regarder en arrière, vous comprendrez que le RDR ne s’allierait à personne. C’est pour cela que pendant les deux dernières élections, notre parti a été le seul parti de l’alliance à avoir positionné des candidats des autres formations politiques de l’alliance pour diriger les listes dans les régions où nous sommes majoritaires. C’est cela le compromis. Et c’est cela aussi la construction de l’alliance. Mieux, c’était certainement les premiers pas de la construction d’un parti unifié. Prenez les présidents de certains conseils régionaux. Voyez leur appartenance politique et prenez la cartographie politique des régions qu’ils dirigent, vous verrez que ce sont des régions où nous sommes politiquement majoritaires. C’est cela aussi le RDR. Pour vous dire que nous n’avons pas de fixation sur les noms. Si demain, la direction des 5 partis du RHDP convenait qu’il faut appeler ce nouveau parti, le RHDP, je peux vous dire que ce serait une avancée pour le RDR. Mais nous ne pouvons pas accepter le nom PDCI parce que le RDR, dans la mémoire de nos militants, c’est un symbole, c’est une histoire. C’est d’ailleurs valable pour le PDCI où certains n’accepteraient pas d’être au RDR. LP : Mais le président Bédié avait proposé le PDCI-RDR… AS : Ce n’est pas ce qu’on nous propose INTERVIEW/ AMADOU SOUMAHORO : “Le RDR ne se reniera jamais” Le secrétaire général par intérim du RDR a fini par mettre les pieds dans le plat du débat sur le parti unifié qui fait en ce moment rage au sein de l’alliance du RHDP. Dans l’interview qu’il nous accorde ici, Amadou Soumahoro, dans une démarche pédagogique, explique pourquoi son parti, le RDR, ne peut pas accepter l’appel du Président Bédié aux autres membres du RHDP de se fondre dans le PDCI-RDA. LP : Monsieur le secrétaire général par intérim, nous avons appris qu’il y aurait eu deux clans qui étaient opposés lors du bureau politique. De quoi s’agissait-il ? AS : Il n’y avait pas deux clans. Il y avait qu’un seul dans la mesure où les militants du RDR regardent dans la même direction. Dans leur totale majorité, ils étaient en phase avec les décisions arrêtées par le Bureau politique. Et je voudrais profiter pour rendre un grand hommage au président Henri Konan Bédié, parce qu’on ne nous aura jamais dans le champ de l’ingratitude. Nous serons toujours reconnaissants au président du présidium du RHDP Henri Konan Bédié et au PDCI pour leur contribution dans la construction de la paix dans l’alliance. Nous ne serons jamais ingrats vis-à-vis du président Bédié pour son soutien constant au président Alassane Ouattara. Dans l’esprit du militant lambda du RDR, la question du retour au PDCI n’a rien à avoir avec le respect et la reconnaissance que nous avons envers le pré- sident Henri Konan Bédié. C’est une position de principe, que les gens ne pensent pas un seul instant que c’est une réaction épidermique que nous avons eue. Le RDR est un esprit. LP : Monsieur le ministre, qu’estce que vous préconisez concrètement pour la mise en place du parti unifié? AS : C’est ce que nous proposons, c’est ce que le bureau politique a dit. L’instance suprême de mon parti a préconisé la mise en place d’un comité au sein du RHDP pour qu’on discute des modalités et des conditions de la mise en œuvre du parti unifié. Nous voulons être clairs et précis. Le RDR n’est pas contre le parti unifié. Nous l’avons même adopté lors de notre troisième congrès ordinaire par une motion. Nous sommes conséquents envers nous-mêmes. Le RDR est prêt pour la discussion sur le parti unifié. Le Président a pris cet engagement. Et notre mission à nous, c’est de donner les armes au président Alassane Ouattara, chaque fois qu’il prend un engagement, pour qu’il puisse l’accomplir. Il a pris l’engagement car il avait la vision de construire un grand parti unifié et non un parti réunifié. Je crois qu’il y a une nuance nette à faire. Dans l’esprit du pré- sident, pour construire le parti unifié, il faut un cadre de discussion entre les 5 partis du RHDP afin de voir dans quelle mesure il est possible de mettre en place ce grand rassemblement, qui aura pour socle de vie, l’houphouétisme. LP : Monsieur le ministre, l’actualité, c’est aussi la procédure judiciaire, notamment le mandat d’amener contre le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Le Bureau politique en a parlé. Mais nous n’avons pas eu de déclaration de soutien du RDR à son militant. Comment expliquez-vous cette attitude ? AS : Tout simplement, il fallait laisser les choses se faire. Il ne fallait pas gêner le chef de l’Etat dans ses démarches. LP : De quelles démarches s’agissait-il ? AS : Les démarches qui ont permis de trouver une solution heureuse à cette affaire. N’oubliez pas que moi, particuliè- rement, j’ai l’avantage d’écouter et de voir le chef de l’Etat au travail tous les matins. Quand le problème est venu, le président s’en est saisi. Et croyez-moi, ce n’était pas aussi facile. Des déclarations de soutiens intempestives allaient gêner la diplomatie discrète du chef de l’Etat. N’oubliez pas que c’est le RDR qui a la majorité à l’Assemblée nationale. Vous avez vu que nous avons tout de suite manifesté notre soutien au président de l’Assemblée nationale et notre félicitation au chef de l’Etat. Ce n’est pas que nous n’avons pas été choqués. Nous avons été outrés face à cette situation. Mais fallait-il réagir de façon émotionnelle ? Pensiez-vous que c’est cette réaction qui résoudrait ce problème ? Je ne crois pas. Le Président de l’Assemblée nationale a été soutenu par le Bureau politique du RDR, instance le plus élevé dans notre parti. LP : Qu’en est-il de l’affaire des écoutes téléphoniques ? AS : A ce sujet, vous savez qu’il y a eu assez de polémiques. Il est dit par certains que c’est un montage. Pour d’autres, que cela s’est réellement passé. Nous étions donc dans un débat. Mais sachez qu’aujourd’hui il y a des imitateurs de voix impressionnants. Je vois par exemple celui qui imite le Premier ministre Daniel Duncan. Si vous l’écoutez, sans le voir, vous penserez qu’il s’agit effectivement du Premier ministre Duncan qui parle. Le débat est à ce niveau. Au moment venu, le RDR réagira. LP : Monsieur le ministre, nous allons parler de la vie de votre parti politique, le RDR. Après la présidentielle du 25 octobre 2015, qui s’est soldée par la victoire du président Alassane Ouattara, comment se porte aujourd’hui la case verte ? AS : La case se porte très bien. Elle se porte à merveille et vous le voyez, nous allons de victoire en victoire. Le baromètre d’un parti politique, c’est le résultat des grandes élections. Même notre action dans l’alliance du RHDP a fini par rassurer nos amis. Rassurés, ils se sont rassemblés autour de notre leader. Le RDR est un parti responsable et fort. C’est lorsque le RDR est face à des défis qu’il devient encore plus fort. Parce que nous savons ce que nous voulons. Et croyez-moi, à toutes les étapes de notre combat, nous savions où nous allions. Et vous remarquerez que nous avons été toujours sereins et que nous avons toujours gagné. Cet autre combat, nous le gagnerons, parce que c’est la voie de la sagesse. LP : Justement parlant des défis, vous avez récemment décidé de la redynamisation des structures de base. Est-ce à dire que le RDR se prépare pour les prochaines élections de 2016 ? AS : Nous nous préparons pour toutes les élections. Qu’il s’agisse de celles de 2016, 2017, 2020… nous nous préparons pour toutes les élections à venir. La vocation d’un parti, c’est de participer aux élections. On crée un parti pour prendre le pouvoir et comme le pouvoir ne peut se prendre par les armes, il faut passer donc par les élections qui sont les règles démocratiques de prise de pouvoir. Or la démocratie, c’est la voie du peuple souverain. Il faut aller toujours à la conquête de ce peuple. C’est pour cela que le Bureau politique a donné mandat à la direction du parti de reprendre la redynamisation des sections et de poursuivre l’implantation du parti ainsi que le renforcement de nos structures d’encadrement. LP : La question qui se pose est de savoir si le RDR va reconduire le même schéma les élections locales de 2012 et de 2013, c’est- à-dire aller dans le bloc du RHDP? AS : Absolument, nous sommes dans le schéma du RHDP. Tant que les choses n’ont pas changé, nous serons dans ce schéma. Mais le RDR n’a jamais proclamé sa dissolution au RHDP. Nous sommes encrés dans le RHDP tels que les pères fondateurs l’ont voulu, tels que les textes de 2005 le disent, tels que les derniers textes du groupement politique que nous constituons en ce moment, le commande. Nous sommes au RHDP et nous travaillons dans cet esprit jusqu’à ce qu’il y ait des faits nouveaux qui nous amènent à nous comporter autrement. LP : Monsieur le secrétaire géné- ral par intérim, comment le RDR compte-t-il canaliser les candidatures indépendantes en son sein quand on sait que dans des localités, il y a plusieurs intentions de candidatures des cadres du RDR? AS : C’est une question de stratégie. Nous y travaillons. Au moment venu, vous serez informés. Nous trouverons au moment opportun une formule pour atténuer ces problèmes de candidatures indépendantes. La faiblesse de la législation électorale dans notre pays, c’est le fait que les candidatures indépendantes ne sont pas interdites. C’est aussi le fait que le nomadisme politique n’est pas interdit contrairement à d’autres Etats où quand vous appartenez à un parti, vous ne pouvez pas quitter ce parti pour aller dans un autre parti. Il en est de même pour les groupes parlementaires. Nous n’avons pas encore cette législation. La nôtre est très libérable. C’est ce qui autorise cette gymnastique. Ces candidatures indépendances sont le signe notoire de l’indiscipline des militants. Une fois parvenus aux élections, nous sommes obligés de l’accepter parce qu’en réalité, rien ne nous interdit d’empêcher ces candidatures. Or un grand parti comme le RDR, qui regorge de compétences, qui ont des ambitions pour leur région, leur ville, leur pays, qui veulent apporter quelque chose et se mettre à la disposition du développement de leur région, au moment des élections est obligé de faire le choix au profit d’un candidat. Il va de soi que les arbitrages ne peuvent pas être faciles. Nous pensons que les prochaines élections nous permettrons de limiter cette indiscipline. LP : Pour finir, quel message avez-vous, monsieur le ministre, pour rassurer vos militants sur le débat du parti unifié ou du retour du RDR au PDCI ? AS : Les militants du RDR sont sereins. Au RDR, c’est la base que nous écoutons avant de prendre les décisions. Il s’agit de nos femmes, de nos jeunes, de nos sections, de nos comités de base, nos commissaires politiques et nos secrétaires départementaux. Quand un problème comme celui-ci survient, nous descendons vers la base pour être à son écoute. Et ce que dit la base, c’est ce que nous remontons au Bureau politique. Je puis vous dire qu’aujourd’hui, le militant du RDR est un militant apaisé, parce que rassuré qu’il ne se reniera pas, rassuré qu’il ne disparaitra pas et qu’on respectera son identité.
RÉALITÉ PAR KE ET FT
Le Patriote : Monsieur le ministre, votre formation politique, le RDR, a tenu mardi dernier, une réunion politique au cours de laquelle elle a donné sa position sur l’appel du Président Bédié. A en croire le communiqué final qui a sanctionné cette réunion, le RDR ne retournera pas au PDCI. Qu’est-ce qui explique cette décision ? Amadou Soumahoro : Je voudrais vous remercier de me donner l’occasion d’apporter des précisions sur la démarche du Bureau politique. Il n’a jamais été question d’un accord tacite, encore moins écrit d’un retour du RDR au PDCI, et vice versa. Lorsque pendant près de dix ans, la Côte d’Ivoire était en crise, une crise entretenue par la refondation, les Présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, tous deux héritiers du Président Félix Houphouët-Boigny, ont estimé qu’il fallait, face à l’histoire, prendre des initiatives très fortes. Je me rappelle que c’est à Accra, quand nous étions allés pour les négociations, que le président Ouattara a approché son aîné, pour lui dire : «Monsieur le président Bédié, vous êtes notre aîné. Il est temps que vous nous rassembliez, nous les enfants d’Houphouët, pour qu’ensemble nous puissions sortir le pays de cette crise. » Voilà d’où tout est parti. Je saisis donc cette occasion pour rendre un hommage au président Alassane Ouattara pour cette initiative, que nous avions qualifié à l’époque de « sursaut sur lui-même ». Je voudrais aussi saluer la dextérité avec laquelle le Président Bédié a saisi la proposition de son jeune frère et a donné un corps à cette idée. C’est ainsi que sous la volonté de ces deux présidents des concertations se sont engagées. Par la suite, ils ont décidé de matérialiser leur idée par la signature d’un texte établissant une alliance entre les partis se réclamant de la philosophie du Président Félix Houphouët-Boigny. Mais le texte, vous le savez, précisait l’indépendance et l’autonomie de chaque partie. Il allait même plus loin pour dire qu’au moment des élections, chaque parti présentera son candidat et c’est le candidat le mieux placé qui est soutenu par l’ensemble des autres partis membres de cette alliance. Voilà la philosophie qui sous-tend l’alliance. Beaucoup de personnes réagissent aujourd’hui mais ils ne savent pas de quoi ils parlent puisqu’ils n’étaient pas à l’origine. Ils ne savent pas comment cette idée de RHDP est venue. Il n’a jamais été question que nous retournions au PDCI-RDA ou que chemin faisant un des partis soit absorbé par un autre ou encore qu’un des partis fasse fusion. L’autonomie des partis membres de l’alliance a toujours été le socle de cette alliance avec pour l’élé- ment catalyseur la philosophie de Houphouët-Boigny. LP : Certes, mais les choses peuvent évoluer, d’autant plus que le RHDP s’est avéré par la suite une véritable machine à victoire pour l’alliance. AS : C’est vrai que cette alliance nous a apporté beaucoup de bonheur et de succès. C’était une alliance tactique parce qu’il fallait au jour le jour répondre et déjouer toutes les actions nocives de la Refondation, qui mettait la Côte d’Ivoire dans un état que nous avons tous regretté. C’est vrai que les succès de l’alliance peuvent donner l’idée d’une opposition de nos relations politiques à l’inté- rieur de l’alliance. C’est pour cela d’ailleurs que les présidents ont pensé à un parti unifié et là-dessus la position du RDR est claire. LP : Justement monsieur le ministre, quelle est la position du RDR sur la question ? AS : Cette position, c’est qu’à un moment donné, les enfants d’Houphouët doivent s’asseoir pour discuter, faire évoluer leur position et si possible se retrouver dans un grand parti houphouétiste, puisque que l’alliance a évolué. A preuve, nous sommes partis d’une alliance pour en arriver aujourd’hui à un groupement politique. Maintenant, si nous voulons nous muer en un seul parti politique, c’est possible et ça va dans l’ordre normal des choses. Le RDR l’a décidé lors de son troisième congrès ordinaire. Mais il faut qu’on discute des modalités et des possibilités de mise en œuvre. Parce qu’il s’agit quand même de deux grands partis, le PDCI et le RDR, qui ne peuvent pas se fondre comme ça, comme si rien ne s’était passé et comme si nous n’avions rien à nos actifs. Il s’agit pour nous de gérer l’avenir des gens et là-dessus, au RDR, nous ne faisons pas de sentimentalisme. Tout le monde connait le parcours de notre parti. Tous nos contemporains savent que l’histoire du RDR ne peut pas s’accommoder à une démarche d’une telle importance. Nous, nous avons des responsabilités immenses, historiques et culturelles vis- à-vis de nos militants, de nos morts, de nos jeunes, de nos femmes et de tous ceux qui par leur engagement ont souffert, et Dieu seul sait combien d’hommes et de femmes ont souffert pour leur engagement au RDR. On ne peut pas, comme cela, de façon aussi simpliste, retourner au PDCI. Je ne suis pas en train de polémiquer, mais je dis qu’il n’a jamais été question de réunification du PDCI. C’est un terme qui est intervenu en cours de chemin et que le président Bédié a proposé à son jeune frère dans son intervention à Daoukro. Laquelle intervention était d’ailleurs dans un cadre familial. Mais de là à établir des doctrines, c’est faire fausse route. Le RDR ne retournera nulle part. Le RDR ne retournera pas au PDCI. Ce n’est pas que nous n’aimons pas le PDCI, ce sont nos alliés. Mais la démarche doctrinale et historique de notre parti ne nous permet pas de retourner dans un autre. LP : L’appel de Daoukro repose quand même sur ce qui pourrait paraître comme une logique : si on aime Houphouët, retournons donc dans le parti qu’il a créé. Qu’est-ce que vous en dites ? AS : Etre Houphouétiste, ce n’est pas seulement être au PDCI. Il n’y a pas qu’un seul objet dans l’héritage. Il n’y a pas qu’une paire de chaussures, un chapeau ou une chemise dans l’héritage. Mais il y a le boubou, la ceinture, les lunettes, etc. L’héritage ne peut pas se limiter à un seul objet ou à un seul parti. Il peut être, et c’est le plus important, la pensée et la philosophie du président Houphouët-Boigny. Laquelle philosophie lui a permis de diriger et de rassembler ce pays pendant plus de 30 ans, avec près de 60 ethnies. L’héritage peut être dans la recherche effrénée de cet homme pour la paix, dans sa passion pour l’unité nationale, son amour pour le dialogue, pour la concertation, son pacifisme face à tous les dangers qui ont guetté ce pays. Il nous semble, nous, au RDR, que c’est cela le vrai héritage de Félix Houphouët-Boigny. Son héritage, ce n’est pas seulement le PDCI. Ce qui nous intéresse dans cet héritage, c’est la pensée de l’homme, ses actions, son rêve pour la Côte d’Ivoire. Tout ce qui a permis à ce pays d’être ce qu’il est, un pays où il fait bon vivre et où les Ivoiriens ont appris à vivre ensemble. Dans tous les cas, tous ceux qui étaient au PDCI et qui en sont partis, ont certainement leurs raisons. On ne se renie pas à ce stade de responsabilité et le RDR ne va pas se renier. LP : Vous avez dit plus haut, monsieur le ministre, que l’autonomie et l’indépendance des partis est l’esprit qui sous-tend le RHDP et le bureau politique du RDR a dit oui au parti unifié, mais dans le strict respect des courants, sans domination et sans reniement. Percevez-vous dans cet appel une idée de domination ou de suprématie d’un parti sur l’autre ? AS : Nous ne voulons pas entrer dans les interprétations polémiques. Vous savez, nous tenons à nos relations avec nos amis du PDCI, parce que cette alliance a permis de donner la paix à la Côte d’Ivoire, d’être à nouveau sur le chemin du développement et de retrouver son repositionnement international dans le concert des nations. LP : Le débat porte aussi sur l’appellation de ce parti unifié. Le bureau politique n’en a pas fait cas. Quelle est la position de votre parti sur la question ? Autrement dit, quelle pourrait être l’appellation du parti unifié ? AS : Pour nous, c’est un débat ouvert. Le RDR, je le répète, n’est pas du tout contre le parti unifié. Mais ce que nous refusons et que nous n’accepterons jamais, c’est l’idée de parti réunifié. Il faut que nos alliées et nos frères composent avec cela. En le faisant, nous ne trahissons ni le président Bédié ni nos autres alliées. Parce que nous n’avons jamais, à aucun moment de notre marche dans l’alliance, fait savoir que nous retournerions dans un autre parti de l’alliance. Pour répondre à votre question, le RDR a été créé à un moment où la Côte d’Ivoire était pris en otage par les extrêmes. En 1993-1994, deux partis étaient face à face, c’était le FPI et le PDCI. Aucun de ces partis ne voulait faire de concession l’un vers l’autre. C’est ce qui a amené feu Djéni Kobenan à approcher certains d’entre nous pour dire : «faisons attention, le président Félix Houphouët-Boigny a pris de l’âge, si nous, la nouvelle génération, n’inventons pas une autre voie pour notre pays, nous allons droit dans le mur ». Parce que toute société où il n’y a pas la recherche du compromis est une société vouée à sa perte. Et à cette époque, le FPI et le PDCI étaient vraiment aux extrêmes. C’est ainsi que nous avons décidé de créer une formation politique et nous avions convenu de le situer au centre. C’est pour cela que le RDR est un parti centriste. L’histoire de notre parti ne nous commande même pas de faire autre chose que ce que nous sommes en train de faire. Nous avons donc décidé de créer un parti pour le mettre au centre de l’échiquier politique. A la création de ce parti, nous avions dit que le socle de notre formation devrait tourner autour de idée force : la recherche du compromis pour le consensus. LP : Que contenait cette idée forte? AS : L’idée est que nous devions accepter d’aller au compromis politique mais pas à la compromission. Nous devions accepter, dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, de perdre certaines de nos souverainetés pour gagner autre chose. Chacun devrait y laisser du sien. C’est cela le compromis. Pour le consensus, nous devrions convaincre la majorité de nos militants pour qu’ils acceptent ce compromis. Voilà la philosophie qui a animé et qui continue d’animer le RDR. Le parcours du RDR a été fait d’acceptation et de compromis. L’histoire de notre parti montre que le RDR est un parti qui recherche le compromis autour du consensus. Si nous devrions regarder en arrière, vous comprendrez que le RDR ne s’allierait à personne. C’est pour cela que pendant les deux dernières élections, notre parti a été le seul parti de l’alliance à avoir positionné des candidats des autres formations politiques de l’alliance pour diriger les listes dans les régions où nous sommes majoritaires. C’est cela le compromis. Et c’est cela aussi la construction de l’alliance. Mieux, c’était certainement les premiers pas de la construction d’un parti unifié. Prenez les présidents de certains conseils régionaux. Voyez leur appartenance politique et prenez la cartographie politique des régions qu’ils dirigent, vous verrez que ce sont des régions où nous sommes politiquement majoritaires. C’est cela aussi le RDR. Pour vous dire que nous n’avons pas de fixation sur les noms. Si demain, la direction des 5 partis du RHDP convenait qu’il faut appeler ce nouveau parti, le RHDP, je peux vous dire que ce serait une avancée pour le RDR. Mais nous ne pouvons pas accepter le nom PDCI parce que le RDR, dans la mémoire de nos militants, c’est un symbole, c’est une histoire. C’est d’ailleurs valable pour le PDCI où certains n’accepteraient pas d’être au RDR. LP : Mais le président Bédié avait proposé le PDCI-RDR… AS : Ce n’est pas ce qu’on nous propose INTERVIEW/ AMADOU SOUMAHORO : “Le RDR ne se reniera jamais” Le secrétaire général par intérim du RDR a fini par mettre les pieds dans le plat du débat sur le parti unifié qui fait en ce moment rage au sein de l’alliance du RHDP. Dans l’interview qu’il nous accorde ici, Amadou Soumahoro, dans une démarche pédagogique, explique pourquoi son parti, le RDR, ne peut pas accepter l’appel du Président Bédié aux autres membres du RHDP de se fondre dans le PDCI-RDA. LP : Monsieur le secrétaire général par intérim, nous avons appris qu’il y aurait eu deux clans qui étaient opposés lors du bureau politique. De quoi s’agissait-il ? AS : Il n’y avait pas deux clans. Il y avait qu’un seul dans la mesure où les militants du RDR regardent dans la même direction. Dans leur totale majorité, ils étaient en phase avec les décisions arrêtées par le Bureau politique. Et je voudrais profiter pour rendre un grand hommage au président Henri Konan Bédié, parce qu’on ne nous aura jamais dans le champ de l’ingratitude. Nous serons toujours reconnaissants au président du présidium du RHDP Henri Konan Bédié et au PDCI pour leur contribution dans la construction de la paix dans l’alliance. Nous ne serons jamais ingrats vis-à-vis du président Bédié pour son soutien constant au président Alassane Ouattara. Dans l’esprit du militant lambda du RDR, la question du retour au PDCI n’a rien à avoir avec le respect et la reconnaissance que nous avons envers le pré- sident Henri Konan Bédié. C’est une position de principe, que les gens ne pensent pas un seul instant que c’est une réaction épidermique que nous avons eue. Le RDR est un esprit. LP : Monsieur le ministre, qu’estce que vous préconisez concrètement pour la mise en place du parti unifié? AS : C’est ce que nous proposons, c’est ce que le bureau politique a dit. L’instance suprême de mon parti a préconisé la mise en place d’un comité au sein du RHDP pour qu’on discute des modalités et des conditions de la mise en œuvre du parti unifié. Nous voulons être clairs et précis. Le RDR n’est pas contre le parti unifié. Nous l’avons même adopté lors de notre troisième congrès ordinaire par une motion. Nous sommes conséquents envers nous-mêmes. Le RDR est prêt pour la discussion sur le parti unifié. Le Président a pris cet engagement. Et notre mission à nous, c’est de donner les armes au président Alassane Ouattara, chaque fois qu’il prend un engagement, pour qu’il puisse l’accomplir. Il a pris l’engagement car il avait la vision de construire un grand parti unifié et non un parti réunifié. Je crois qu’il y a une nuance nette à faire. Dans l’esprit du pré- sident, pour construire le parti unifié, il faut un cadre de discussion entre les 5 partis du RHDP afin de voir dans quelle mesure il est possible de mettre en place ce grand rassemblement, qui aura pour socle de vie, l’houphouétisme. LP : Monsieur le ministre, l’actualité, c’est aussi la procédure judiciaire, notamment le mandat d’amener contre le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Le Bureau politique en a parlé. Mais nous n’avons pas eu de déclaration de soutien du RDR à son militant. Comment expliquez-vous cette attitude ? AS : Tout simplement, il fallait laisser les choses se faire. Il ne fallait pas gêner le chef de l’Etat dans ses démarches. LP : De quelles démarches s’agissait-il ? AS : Les démarches qui ont permis de trouver une solution heureuse à cette affaire. N’oubliez pas que moi, particuliè- rement, j’ai l’avantage d’écouter et de voir le chef de l’Etat au travail tous les matins. Quand le problème est venu, le président s’en est saisi. Et croyez-moi, ce n’était pas aussi facile. Des déclarations de soutiens intempestives allaient gêner la diplomatie discrète du chef de l’Etat. N’oubliez pas que c’est le RDR qui a la majorité à l’Assemblée nationale. Vous avez vu que nous avons tout de suite manifesté notre soutien au président de l’Assemblée nationale et notre félicitation au chef de l’Etat. Ce n’est pas que nous n’avons pas été choqués. Nous avons été outrés face à cette situation. Mais fallait-il réagir de façon émotionnelle ? Pensiez-vous que c’est cette réaction qui résoudrait ce problème ? Je ne crois pas. Le Président de l’Assemblée nationale a été soutenu par le Bureau politique du RDR, instance le plus élevé dans notre parti. LP : Qu’en est-il de l’affaire des écoutes téléphoniques ? AS : A ce sujet, vous savez qu’il y a eu assez de polémiques. Il est dit par certains que c’est un montage. Pour d’autres, que cela s’est réellement passé. Nous étions donc dans un débat. Mais sachez qu’aujourd’hui il y a des imitateurs de voix impressionnants. Je vois par exemple celui qui imite le Premier ministre Daniel Duncan. Si vous l’écoutez, sans le voir, vous penserez qu’il s’agit effectivement du Premier ministre Duncan qui parle. Le débat est à ce niveau. Au moment venu, le RDR réagira. LP : Monsieur le ministre, nous allons parler de la vie de votre parti politique, le RDR. Après la présidentielle du 25 octobre 2015, qui s’est soldée par la victoire du président Alassane Ouattara, comment se porte aujourd’hui la case verte ? AS : La case se porte très bien. Elle se porte à merveille et vous le voyez, nous allons de victoire en victoire. Le baromètre d’un parti politique, c’est le résultat des grandes élections. Même notre action dans l’alliance du RHDP a fini par rassurer nos amis. Rassurés, ils se sont rassemblés autour de notre leader. Le RDR est un parti responsable et fort. C’est lorsque le RDR est face à des défis qu’il devient encore plus fort. Parce que nous savons ce que nous voulons. Et croyez-moi, à toutes les étapes de notre combat, nous savions où nous allions. Et vous remarquerez que nous avons été toujours sereins et que nous avons toujours gagné. Cet autre combat, nous le gagnerons, parce que c’est la voie de la sagesse. LP : Justement parlant des défis, vous avez récemment décidé de la redynamisation des structures de base. Est-ce à dire que le RDR se prépare pour les prochaines élections de 2016 ? AS : Nous nous préparons pour toutes les élections. Qu’il s’agisse de celles de 2016, 2017, 2020… nous nous préparons pour toutes les élections à venir. La vocation d’un parti, c’est de participer aux élections. On crée un parti pour prendre le pouvoir et comme le pouvoir ne peut se prendre par les armes, il faut passer donc par les élections qui sont les règles démocratiques de prise de pouvoir. Or la démocratie, c’est la voie du peuple souverain. Il faut aller toujours à la conquête de ce peuple. C’est pour cela que le Bureau politique a donné mandat à la direction du parti de reprendre la redynamisation des sections et de poursuivre l’implantation du parti ainsi que le renforcement de nos structures d’encadrement. LP : La question qui se pose est de savoir si le RDR va reconduire le même schéma les élections locales de 2012 et de 2013, c’est- à-dire aller dans le bloc du RHDP? AS : Absolument, nous sommes dans le schéma du RHDP. Tant que les choses n’ont pas changé, nous serons dans ce schéma. Mais le RDR n’a jamais proclamé sa dissolution au RHDP. Nous sommes encrés dans le RHDP tels que les pères fondateurs l’ont voulu, tels que les textes de 2005 le disent, tels que les derniers textes du groupement politique que nous constituons en ce moment, le commande. Nous sommes au RHDP et nous travaillons dans cet esprit jusqu’à ce qu’il y ait des faits nouveaux qui nous amènent à nous comporter autrement. LP : Monsieur le secrétaire géné- ral par intérim, comment le RDR compte-t-il canaliser les candidatures indépendantes en son sein quand on sait que dans des localités, il y a plusieurs intentions de candidatures des cadres du RDR? AS : C’est une question de stratégie. Nous y travaillons. Au moment venu, vous serez informés. Nous trouverons au moment opportun une formule pour atténuer ces problèmes de candidatures indépendantes. La faiblesse de la législation électorale dans notre pays, c’est le fait que les candidatures indépendantes ne sont pas interdites. C’est aussi le fait que le nomadisme politique n’est pas interdit contrairement à d’autres Etats où quand vous appartenez à un parti, vous ne pouvez pas quitter ce parti pour aller dans un autre parti. Il en est de même pour les groupes parlementaires. Nous n’avons pas encore cette législation. La nôtre est très libérable. C’est ce qui autorise cette gymnastique. Ces candidatures indépendances sont le signe notoire de l’indiscipline des militants. Une fois parvenus aux élections, nous sommes obligés de l’accepter parce qu’en réalité, rien ne nous interdit d’empêcher ces candidatures. Or un grand parti comme le RDR, qui regorge de compétences, qui ont des ambitions pour leur région, leur ville, leur pays, qui veulent apporter quelque chose et se mettre à la disposition du développement de leur région, au moment des élections est obligé de faire le choix au profit d’un candidat. Il va de soi que les arbitrages ne peuvent pas être faciles. Nous pensons que les prochaines élections nous permettrons de limiter cette indiscipline. LP : Pour finir, quel message avez-vous, monsieur le ministre, pour rassurer vos militants sur le débat du parti unifié ou du retour du RDR au PDCI ? AS : Les militants du RDR sont sereins. Au RDR, c’est la base que nous écoutons avant de prendre les décisions. Il s’agit de nos femmes, de nos jeunes, de nos sections, de nos comités de base, nos commissaires politiques et nos secrétaires départementaux. Quand un problème comme celui-ci survient, nous descendons vers la base pour être à son écoute. Et ce que dit la base, c’est ce que nous remontons au Bureau politique. Je puis vous dire qu’aujourd’hui, le militant du RDR est un militant apaisé, parce que rassuré qu’il ne se reniera pas, rassuré qu’il ne disparaitra pas et qu’on respectera son identité.
RÉALITÉ PAR KE ET FT