Apparue il y a deux ans en Guinée avant de s’étendre aux pays voisins et même dans certains pays de la sous-région Ouest-africaine, la Maladie à virus Ebola (Mve), est sur le point d’être totalement vaincue. Un grand soulagement pour les populations directement concernées, pour la société scientifique et le monde entier au regard du nombre de victimes et du traumatisme que cette maladie a provoqués, du fait de sa vitesse de propagation et son taux élevé de létalité. Pour marquer cette victoire importante, la Guinée a organisé le 30 décembre 2015 une fête officielle en présence du Président Alpha Condé, au cours de laquelle les spectateurs n’ont pas arrêté de crier « bye, bye Ebola. » Pourtant, peut-on partager béatement cet optimisme populaire ?
Premièrement, l’apparition de la Mve, jusqu’alors inconnue en Afrique de l’ouest, a été un véritable défi de communication. Tant toutes sortes de rumeurs, des plus folles au plus invraisemblables, étaient véhiculées au sein des populations. En guinée par exemple, cela donnait l’impression d’un véritable méli-mélo qui menaçait à terme les fondements du vivre-ensemble. En témoigne le massacre par des villageois d’officiels, qu’ils considéraient comme des vecteurs de la Mve, alors que ceux-ci venaient à eux pour une séance de sensibilisation.
Aussi, retient-on qu’au-delà de la communication de masse, celle plus véhiculaire à travers les communautés, associations et regroupements corporatifs a montré une plus grande efficacité pour ce type d’objectif. Car, elle offre l’avantage de toucher « humainement » les cibles et surtout de « parler par la bouche » de personnes en qui les populations ont confiance. Ces réseaux devraient être toujours sollicités et mis en alerte, afin de renforcer la prévention ou de réagir à temps réel pour contenir toute nouvelle résurgence de la Mve.
Deuxièmement, la Mve a mis en exergue, une fois de plus, que la santé figure au tableau des priorités des besoins humains. A preuve, la Mve a obligé à fermer les écoles, les marchés, les stades, les réunions publiques etc. dans le but de contenir la dynamique de sa propagation. Bref, la vie s’est arrêtée dans de nombreux pays. Pour ce faire, la Mve a aussi montré l’importance d’avoir des centres de santé de proximité dans toutes les zones rurales ainsi qu’un personnel médical consciencieux et bien formé. En outre, elle a permis de comprendre la nécessité pour nos pays d’investir dans la recherche médicale afin de combler nos besoins en soins curatifs et préventifs. A travers le succès des mesures prises pour combattre la Mve, on a pu comprendre celle-ci, comme toutes les autres maladies, n’est pas une fatalité. Comme l’intériorisait la conscience populaire. Aussi, est-il urgent que nos gouvernants investissent massivement dans la santé à travers les infrastructures, la formation du personnel, les campagnes de prévention et la recherche.
Troisièmement, à l’instar des leçons d’hygiène tirées par les pays dits développés, au début du siècle dernier des maladies comme la peste, la Mve a permis à nos populations d’intérioriser certains reflexes d’hygiène comme le lavage systématique des mains après des contacts. Ou encore, la dangerosité liée à la consommation de la viande de brousse. Or, le plus grave danger qui menace l’Homme est l’oubli, dès que l’on s’installe dans la normalité. Aussi, ces acquis doivent-ils être renforcés à travers, une sensibilisation sans relâche dans les médias, les panneaux publics, les affiches dans les services publics et privés et surtout à l’école.
Quatrièmement, le combat contre la Mve fut une occasion de comprendre que la paix n’est pas seulement liée à une absence de crépitement des armes. Mais est avant tout liée à une absence de peur. Car, quand les populations ont peur, la vie s’arrête. Une des grandes leçons tirée de cette situation est donc la gestion de la peur par les masses populaires. Avec la question essentielle suivante : comment transcender une menace pour en faire une opportunité ?
En effet, passés les premiers moments de doute, les populations ont compris que pour faire face à cette maladie qui menaçait à terme leur existence, il fallait surtout l’union et la solidarité de tous, sans exception. D’où l’importance de toujours préserver la cohésion sociale, donc la paix. Qui demeure la force essentielle de tout pays qui aspire à un mieux-être socio-économique.
Cinquièmement, se pose la question de la solidarité internationale. Sans celle-ci, les pays touchés par la Mve auraient eu énormément de difficultés à endiguer cette maladie. Le premier réflexe de barricade des pays africains à l’endroit des ressortissants des pays touchés a failli être désastreux pour ceux-ci. Heureusement que l’esprit de solidarité a vite pris le pas sur celui de l’enfermement. Quand un pays est confronté à quelques difficultés, il est nécessaire que la solidarité internationale soit réelle et effective. Surtout, le cas échéant, en ce qui concerne les échanges d’informations et d’expériences entre les sociétés savantes en charge de cette infection.
C’est pourquoi, sur cette question, on est fortement en attente de la mise en place et l’opérationnalisation des centres régionaux de recherches, de production de médicaments et de vaccins pour une meilleure prise en charge de cette pandémie dans le futur. Pour ce faire, l’action coordonnée de la CEDEAO et de l’UA en collaboration avec les partenaires internationaux et l’appui technique de l’OMS seraient d’une grande utilité.
Nurudine Oyewole
Premièrement, l’apparition de la Mve, jusqu’alors inconnue en Afrique de l’ouest, a été un véritable défi de communication. Tant toutes sortes de rumeurs, des plus folles au plus invraisemblables, étaient véhiculées au sein des populations. En guinée par exemple, cela donnait l’impression d’un véritable méli-mélo qui menaçait à terme les fondements du vivre-ensemble. En témoigne le massacre par des villageois d’officiels, qu’ils considéraient comme des vecteurs de la Mve, alors que ceux-ci venaient à eux pour une séance de sensibilisation.
Aussi, retient-on qu’au-delà de la communication de masse, celle plus véhiculaire à travers les communautés, associations et regroupements corporatifs a montré une plus grande efficacité pour ce type d’objectif. Car, elle offre l’avantage de toucher « humainement » les cibles et surtout de « parler par la bouche » de personnes en qui les populations ont confiance. Ces réseaux devraient être toujours sollicités et mis en alerte, afin de renforcer la prévention ou de réagir à temps réel pour contenir toute nouvelle résurgence de la Mve.
Deuxièmement, la Mve a mis en exergue, une fois de plus, que la santé figure au tableau des priorités des besoins humains. A preuve, la Mve a obligé à fermer les écoles, les marchés, les stades, les réunions publiques etc. dans le but de contenir la dynamique de sa propagation. Bref, la vie s’est arrêtée dans de nombreux pays. Pour ce faire, la Mve a aussi montré l’importance d’avoir des centres de santé de proximité dans toutes les zones rurales ainsi qu’un personnel médical consciencieux et bien formé. En outre, elle a permis de comprendre la nécessité pour nos pays d’investir dans la recherche médicale afin de combler nos besoins en soins curatifs et préventifs. A travers le succès des mesures prises pour combattre la Mve, on a pu comprendre celle-ci, comme toutes les autres maladies, n’est pas une fatalité. Comme l’intériorisait la conscience populaire. Aussi, est-il urgent que nos gouvernants investissent massivement dans la santé à travers les infrastructures, la formation du personnel, les campagnes de prévention et la recherche.
Troisièmement, à l’instar des leçons d’hygiène tirées par les pays dits développés, au début du siècle dernier des maladies comme la peste, la Mve a permis à nos populations d’intérioriser certains reflexes d’hygiène comme le lavage systématique des mains après des contacts. Ou encore, la dangerosité liée à la consommation de la viande de brousse. Or, le plus grave danger qui menace l’Homme est l’oubli, dès que l’on s’installe dans la normalité. Aussi, ces acquis doivent-ils être renforcés à travers, une sensibilisation sans relâche dans les médias, les panneaux publics, les affiches dans les services publics et privés et surtout à l’école.
Quatrièmement, le combat contre la Mve fut une occasion de comprendre que la paix n’est pas seulement liée à une absence de crépitement des armes. Mais est avant tout liée à une absence de peur. Car, quand les populations ont peur, la vie s’arrête. Une des grandes leçons tirée de cette situation est donc la gestion de la peur par les masses populaires. Avec la question essentielle suivante : comment transcender une menace pour en faire une opportunité ?
En effet, passés les premiers moments de doute, les populations ont compris que pour faire face à cette maladie qui menaçait à terme leur existence, il fallait surtout l’union et la solidarité de tous, sans exception. D’où l’importance de toujours préserver la cohésion sociale, donc la paix. Qui demeure la force essentielle de tout pays qui aspire à un mieux-être socio-économique.
Cinquièmement, se pose la question de la solidarité internationale. Sans celle-ci, les pays touchés par la Mve auraient eu énormément de difficultés à endiguer cette maladie. Le premier réflexe de barricade des pays africains à l’endroit des ressortissants des pays touchés a failli être désastreux pour ceux-ci. Heureusement que l’esprit de solidarité a vite pris le pas sur celui de l’enfermement. Quand un pays est confronté à quelques difficultés, il est nécessaire que la solidarité internationale soit réelle et effective. Surtout, le cas échéant, en ce qui concerne les échanges d’informations et d’expériences entre les sociétés savantes en charge de cette infection.
C’est pourquoi, sur cette question, on est fortement en attente de la mise en place et l’opérationnalisation des centres régionaux de recherches, de production de médicaments et de vaccins pour une meilleure prise en charge de cette pandémie dans le futur. Pour ce faire, l’action coordonnée de la CEDEAO et de l’UA en collaboration avec les partenaires internationaux et l’appui technique de l’OMS seraient d’une grande utilité.
Nurudine Oyewole