Abidjan - Une étude réalisée au Bénin indique que l’utilisation des filets pour protéger les cultures maraîchères des ravageurs, augmente la rentabilité et les revenus des maraîchers.
Les béninois ont l’habitude d’utiliser les insecticides pour lutter contre ces ravageurs qui détruisent leur production.Mais les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) qui ont mené cette étude financée par l’Usaid, ont constaté que l’usage croissant et excessif de ces pesticides sur les cultures maraîchères a sélectionné au fil du temps des populations de ravageurs de plus en plus résistantes aux insecticides utilisés.
Cette situation oblige les producteurs à augmenter les doses d’insecticides sans pouvoir obtenir satisfaction au niveau des récoltes qui subissent quand même des pertes.Pour réduire les dégâts causés par les ravageurs, les maraîchers appliquent généralement des insecticides dangereux pour la santé des producteurs et des consommateurs, mais ils peuvent maintenant utiliser les filets pour protéger leurs cultures de choux.
En cherchant à évaluer l’intérêt de cette innovation, les chercheurs ont réalisé une analyse de rentabilité de l’usage des filets par rapport aux insecticides auprès de producteurs de choux. Ils ont sélectionné sept agriculteurs qui ont reçu gratuitement des filets testés sur quelques parcelles ou planches de 12 m².
Ainsi, ils ont pu mesurer les coûts et les dépenses, en mettant un accent particulier sur le rendement, tout en tenant compte de la quantité des produits et de leur aspect visuel qui, avec la taille, dans le cas du chou, influe positivement sur les prix de vente, selon les chercheurs.
Filets anti-insectes
Des analyses, il ressort que l’application de cette méthode des filets anti-insectes augmente doublement la rentabilité et les revenus des maraîchers qui l’utilisent, comparativement à ceux abonnés aux insecticides pour le traitement des cultures.Mieux, cette technique fait baisser les dépenses en insecticides de 68 à 95 %, avec un amortissement de l’achat des filets anti-insectes dès le premier cycle de production, signalent les auteurs de l’étude, publiée au mois de décembre 2015, dans la revue Crop Protection.
Laurent Parrot, chercheur au Cirad, co-auteur de l’étude, a déclaré à SciDev.Net que "les filets ont un ratio coût/bénéfice plus de deux fois supérieur aux pratiques courantes qui consistent à utiliser des insecticides sans supervision. Les marges nettes sont trois fois supérieure, en pépinière et aussi en plein champ."
"Un résultat remarquable est la diminution des pertes à la récolte et l’amélioration de la qualité des cultures : moins d’attaques d’insectes, moins de produits non commercialisables car moins abimés, etc.", renchérit, Faustin Vidogbéna, chercheur à l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) et auteur principal de l’étude.
Réduction des pertes et gaspillages
L’utilisation des filets est une réponse de protection des cultures à l’image des moustiquaires pour l’homme contre les piqûres de l’anophèle. Selon les chercheurs, l’usage des filets n’augmente pas la quantité produite, mais il permet de réduire considérablement les pertes, les gaspillages, les risques d’intoxication et la pollution de l’environnement.
« A semi équivalent, les pertes sont insignifiantes dans un cas (avec filets) et très importantes dans l’autre (sans filets). Nous avons aussi constaté que les filets permettent de contrôler le niveau de la production, et donc les revenus : les variations de la production à cause des attaques intempestives des insectes disparaissent. C’est très important pour un agriculteur de pouvoir maîtriser ses flux de trésorerie", explique Laurent Parrot.
"Les pertes et les gaspillages sont considérablement réduits lorsque les filets sont utilisés. Ce ne sont pas vraiment les économies réalisées sur les insecticides qui jouent, mais bien leur inefficacité qui est mise en évidence", précise pour sa part Faustin Vidogbéna.Selon les chercheurs, la méthode d'utilisation de filets anti-insectes employée en Europe et en Afrique de l’Est, est durable et rentable pour les producteurs.
"Les filets offrent une solution efficace pour répondre aux filières d’exportation soumises à des contraintes de plus en plus sévères en matière de résidus de pesticides dans le cadre des échanges internationaux. Les petits agriculteurs ont enfin la possibilité de maîtriser leur production en la stabilisant grâce à la réduction des pertes et des gaspillage", précise Laurent Parrot.
Tunnel contre pénibilité
Benoît Amoussou, maraîcher et ancien trésorier général du groupement Kponhami, une association de maraîchers de Cotonou a confié à SciDev.Net avoir fait de très bonnes affaires en mettant en pratique cette technique de filets dans ses jardins de deux hectares à Sèmè-Podji, une commune voisine de Cotonou.
"Cette technique nous a permis d’avoir des légumes de qualité et d’une grande beauté. Dans le temps, j’ai très bien vendu mes récoltes. Pendant que je vendais à 15 000 francs CFA la planche, les autres la vendaient à 5000 francs", se souvient-il. Toutefois, précise-t-il, "l'approche est appréciable et rentable pour les productions familiales, mais difficile à pratiquer pour les productions à grande échelle, surtout sans main-d’œuvre."
Bénoît Déguénon, président du groupement Semèvo, qui exploite 400 planches sur le site maraîcher de Cadjèhoun, à Cotonou, soutient de son côté que la technique présente des avantages, mais elle n’est pas aisée d’utilisation en toutes saisons, pour de grandes parcelles et sans moyens pour se procurer régulièrement les filets."J’ai aussi fait l’essai sur quatre planches de choux. Comparativement à l’utilisation de l’insecticide, cette technique requiert du travail, car il faut enlever tous les matins les filets et les replacer tous les soirs. Concrètement, elle n’est pas pratique", regrette-t-il.
Du coup, face à la pénibilité liée à la manipulation des filets, les chercheurs recommandent aux producteurs, le "recours à des tunnels haut (2 m) leur permettant de travailler sous les filets."
(AIP)
amak/kam
Les béninois ont l’habitude d’utiliser les insecticides pour lutter contre ces ravageurs qui détruisent leur production.Mais les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) qui ont mené cette étude financée par l’Usaid, ont constaté que l’usage croissant et excessif de ces pesticides sur les cultures maraîchères a sélectionné au fil du temps des populations de ravageurs de plus en plus résistantes aux insecticides utilisés.
Cette situation oblige les producteurs à augmenter les doses d’insecticides sans pouvoir obtenir satisfaction au niveau des récoltes qui subissent quand même des pertes.Pour réduire les dégâts causés par les ravageurs, les maraîchers appliquent généralement des insecticides dangereux pour la santé des producteurs et des consommateurs, mais ils peuvent maintenant utiliser les filets pour protéger leurs cultures de choux.
En cherchant à évaluer l’intérêt de cette innovation, les chercheurs ont réalisé une analyse de rentabilité de l’usage des filets par rapport aux insecticides auprès de producteurs de choux. Ils ont sélectionné sept agriculteurs qui ont reçu gratuitement des filets testés sur quelques parcelles ou planches de 12 m².
Ainsi, ils ont pu mesurer les coûts et les dépenses, en mettant un accent particulier sur le rendement, tout en tenant compte de la quantité des produits et de leur aspect visuel qui, avec la taille, dans le cas du chou, influe positivement sur les prix de vente, selon les chercheurs.
Filets anti-insectes
Des analyses, il ressort que l’application de cette méthode des filets anti-insectes augmente doublement la rentabilité et les revenus des maraîchers qui l’utilisent, comparativement à ceux abonnés aux insecticides pour le traitement des cultures.Mieux, cette technique fait baisser les dépenses en insecticides de 68 à 95 %, avec un amortissement de l’achat des filets anti-insectes dès le premier cycle de production, signalent les auteurs de l’étude, publiée au mois de décembre 2015, dans la revue Crop Protection.
Laurent Parrot, chercheur au Cirad, co-auteur de l’étude, a déclaré à SciDev.Net que "les filets ont un ratio coût/bénéfice plus de deux fois supérieur aux pratiques courantes qui consistent à utiliser des insecticides sans supervision. Les marges nettes sont trois fois supérieure, en pépinière et aussi en plein champ."
"Un résultat remarquable est la diminution des pertes à la récolte et l’amélioration de la qualité des cultures : moins d’attaques d’insectes, moins de produits non commercialisables car moins abimés, etc.", renchérit, Faustin Vidogbéna, chercheur à l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) et auteur principal de l’étude.
Réduction des pertes et gaspillages
L’utilisation des filets est une réponse de protection des cultures à l’image des moustiquaires pour l’homme contre les piqûres de l’anophèle. Selon les chercheurs, l’usage des filets n’augmente pas la quantité produite, mais il permet de réduire considérablement les pertes, les gaspillages, les risques d’intoxication et la pollution de l’environnement.
« A semi équivalent, les pertes sont insignifiantes dans un cas (avec filets) et très importantes dans l’autre (sans filets). Nous avons aussi constaté que les filets permettent de contrôler le niveau de la production, et donc les revenus : les variations de la production à cause des attaques intempestives des insectes disparaissent. C’est très important pour un agriculteur de pouvoir maîtriser ses flux de trésorerie", explique Laurent Parrot.
"Les pertes et les gaspillages sont considérablement réduits lorsque les filets sont utilisés. Ce ne sont pas vraiment les économies réalisées sur les insecticides qui jouent, mais bien leur inefficacité qui est mise en évidence", précise pour sa part Faustin Vidogbéna.Selon les chercheurs, la méthode d'utilisation de filets anti-insectes employée en Europe et en Afrique de l’Est, est durable et rentable pour les producteurs.
"Les filets offrent une solution efficace pour répondre aux filières d’exportation soumises à des contraintes de plus en plus sévères en matière de résidus de pesticides dans le cadre des échanges internationaux. Les petits agriculteurs ont enfin la possibilité de maîtriser leur production en la stabilisant grâce à la réduction des pertes et des gaspillage", précise Laurent Parrot.
Tunnel contre pénibilité
Benoît Amoussou, maraîcher et ancien trésorier général du groupement Kponhami, une association de maraîchers de Cotonou a confié à SciDev.Net avoir fait de très bonnes affaires en mettant en pratique cette technique de filets dans ses jardins de deux hectares à Sèmè-Podji, une commune voisine de Cotonou.
"Cette technique nous a permis d’avoir des légumes de qualité et d’une grande beauté. Dans le temps, j’ai très bien vendu mes récoltes. Pendant que je vendais à 15 000 francs CFA la planche, les autres la vendaient à 5000 francs", se souvient-il. Toutefois, précise-t-il, "l'approche est appréciable et rentable pour les productions familiales, mais difficile à pratiquer pour les productions à grande échelle, surtout sans main-d’œuvre."
Bénoît Déguénon, président du groupement Semèvo, qui exploite 400 planches sur le site maraîcher de Cadjèhoun, à Cotonou, soutient de son côté que la technique présente des avantages, mais elle n’est pas aisée d’utilisation en toutes saisons, pour de grandes parcelles et sans moyens pour se procurer régulièrement les filets."J’ai aussi fait l’essai sur quatre planches de choux. Comparativement à l’utilisation de l’insecticide, cette technique requiert du travail, car il faut enlever tous les matins les filets et les replacer tous les soirs. Concrètement, elle n’est pas pratique", regrette-t-il.
Du coup, face à la pénibilité liée à la manipulation des filets, les chercheurs recommandent aux producteurs, le "recours à des tunnels haut (2 m) leur permettant de travailler sous les filets."
(AIP)
amak/kam