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Société Publié le vendredi 1 avril 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Les Vendredis de Biton: les dirigeants africains face à leur peuple

Les jours et les mois qui ont précédé l’inauguration du monument de la renaissance à Dakar a été une vraie turbulence dans les relations entre le pouvoir et le peuple. Pour nous en Côte d’Ivoire comment ne pas se souvenir des péripéties qui ont émaillé la construction de la Basilique à Yamoussoukro. Plus loin dans les siècles, le château de Versailles en France. Il semble et le constat est net et clair, les peuples désapprouvent toujours les constructions « pharaoniques » de leur souverain. Les intérêts des uns et des autres sont divergents. C’est une observation dans l’histoire. Les Rois et ceux qui dirigent des nations veulent marquer leur passage au pouvoir par la pierre éternelle. Une construction, un bâtiment qui dure dans les siècles. On sait depuis des années que tous les présidents français ont l’obsession de l’écriture. Demeurer dans les esprits comme un Victor Hugo, un Balzac ou même un Guy de Maupassant. Tous ceux qui par leurs écrits continuent au-delà de la mort, de rester dans la conscience de leur peuple et ceux d’ailleurs. Et comme il n’est pas facile de devenir un immortel par la plume, c’est le bâtiment qui fera l’affaire. Rien ne sera aussi cher pour financer les projets du siècle et des siècles. Le Président Wade a réussi son pari. Comment arriver à Dakar et ne pas se précipiter à Ouakam pour visiter ce monument gigantesque ? Gorée c’est fini. L’Afrique ne va plus vivre d’éternels souvenirs sur nos ancêtres partis outre atlantique en esclave. Maintenant il faut lever les yeux au ciel pour regarder l’avenir à partir de ce symbole d’une Afrique debout, d’une jeune africaine qui va venger des siècles d’humiliation et de pleurs. J’aime bien ce monument tout comme la Basilique. Dommage que la renaissance africaine est entachée par des mains coréennes. On aurait voulu que tout soit conçu et construit par des mains africaines. L’Afrique n’est pas encore prête pour son indépendance. On comprend alors aisément les critiques virulentes des peuples qui préfèrent qu’on utilise ces fonds pour les hôpitaux, les malades, les écoles et les paysans. L’Afrique et les africains ont trop de problèmes. C’est la pauvreté. Comme le dit si bien un économiste du tiers monde : « La pauvreté, c’est se battre chaque jour sans pouvoir épargner. » Combien d’Africains ont-ils une épargne ? L’aigreur des populations aura-t-elle une fin ? Dans ce sens, le monument représente une vraie espérance pour l’Afrique et les africains. Le monument de la renaissance, c’est certain, va faire rentrer de l’argent et beaucoup d’argent au Sénégal. Comment faire bénéficier de cette manne financière à une population impatiente. Encore un colloque maitre Wade ! Certaines brillantes intelligentes sauront dire comment faire bénéficier à la population, des retombées du monument de la renaissance. La Basilique de Yamoussokro n’est pas suffisamment exploitée à mon goût. Il y a encore des possibilités de la rendre encore plus rentable. Après les inaugurations de tous les bâtiments qui ont été l’objet de polémiques dans le monde et même de fureur, c’est la fin des clameurs. Plus de plainte. Le peuple est étrange. Les dirigeants doivent le savoir. Ne jamais se détourner de son objectif à cause des critiques. La population va oublier son courroux et se pencher sur son quotidien. La victoire sera toutous dans le camp des dirigeants. Le peuple l’a dit et écrit, de nombreux politiciens, penseurs et philosophes possèdent une capacité d’oubli incroyable. Le dirigeant doit savoir que la critique systématique fait partie du jeu. « Ecoutez-les, mais ne les suivez pas. » Je suis persuadé que les plus grands détracteurs des monuments se précipitent pour aller les regarder, les faire visiter par leurs amis de l’étranger ou leur envoyer des cartes postales. Chacun dans sa vie, aimerait se retrouver à la place du souverain. A savoir marquer son passage sur la terre. Ne pas réussir à le faire, est enrageant. Quoi de plus normal que de se défouler sur le puissant. La joie des petits restera pour tous les siècles que de se « défouler sur les grands ». Il parait que ça porte chance. Toutefois, je pense qu’il est préférable que chacun à sa place, se batte pour accéder au sommet du monument. Il n’y a pas que les souverains, les chefs d’Etats, les scientifiques, les philosophes, les écrivains que les siècles retiennent, mais tous ceux qui ont brillé dans leur domaine. Et cela est à la portée de tous, si on s’acharne au travail en ne s’occupant point de la vie des autres, pour ne pas dire, faire de la « sorcellerie ». Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Isaïe Biton Koulibaly
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