Abidjan - Selon le premier rapport mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la maladie, 422 millions d’adultes vivent avec le diabète, principalement dans les pays en développement.
A titre de comparaison, ce nombre était de 108 millions en 1980. Autrefois considéré comme maladie des riches, le diabète affecte aujourd’hui en priorité, les pays pauvres. Selon la Fédération internationale du diabète, plus de 14 millions d’Africains sont affectés par la maladie et ce nombre pourrait atteindre 34 millions d’ici à 2040.
De plus, l’Afrique a le plus fort taux (66.7%) de personnes non-diagnostiquées, qui sont de ce fait exposées à un risque plus élevé de développer une forme coûteuse de diabète, avec des conséquences dévastatrices. Le diabète a causé la mort de 321.000 personnes en 2015 et l’Afrique est le continent qui a dépensé le moins l’année dernière en matière de lutte contre la maladie, avec un budget de 3,4 milliards de dollars (environ 2040 milliards de francs CFA).
Selon l’OMS, en 2012, le diabète était à l’origine de 1,5 million de décès à l’échelle mondiale, dont la plupart ont été enregistrés dans les pays en développement. Les plus fortes estimations en termes de pourcentage se retrouvent dans le Pacifique occidental, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale qui à elle seule, a connu une augmentation de 5,9% à 13,7% de la population. Les taux de mortalité liés à l’hyperglycémie chez les adultes ont aussi augmenté à l’échelle mondiale sur la même période, touchant surtout l’Asie du Sud, l’Afrique et la Méditerranée orientale.
Maladie coûteuse
Le rapport de l’OMS note par ailleurs que les complications liées à la maladie entraînent des pertes économiques considérables pour les personnes diabétiques et leur famille, mais également pour les systèmes de santé et les économies de pays aux ressources fragiles, du fait des coûts médicaux directs, de la perte de l’emploi et du salaire.
L’efficacité des politiques nationales de lutte contre le diabète est qualifiée de variable en fonction des revenus des Etats. Le document souligne en outre la difficulté pour certains Etats d’accéder à l’insuline, une molécule fabriquée naturellement dans l’organisme qui sert à réguler la glycémie de l’organisme. Cette hormone coûte cher pour des pays aux ressources limitées. Dans certains pays, elle n’est simplement pas disponible et cette absence entraîne des décès prématurés, écrit encore l’OMS. De manière spécifique, l’Organisation recommande des interventions dans le cadre de politiques et de programmes, afin d’améliorer l’accès équitable à cette ressource.
Plus généralement, les auteurs du rapport préconisent des actions aussi bien au niveau institutionnel que sur le terrain. Ils recommandent notamment d’établir des mécanismes de haut niveau pour veiller à l’engagement politique des Etats et demandent aux ministères de la santé de s’attaquer aux principales lacunes en ce qui concerne la base de connaissances sur le diabète.
Pour ce qui est des mesures concrètes de lutte, l’organisation appelle à privilégier la prévention du surpoids et de l’obésité, avant la naissance et pendant la petite enfance, ainsi que la mise en œuvre de politiques et de programmes pour promouvoir l’allaitement au sein et la consommation d’aliments sains et pour décourager la consommation d’aliments nocifs pour la santé tels que les sodas sucrés.
« Si nous voulons progresser et mettre un terme à la recrudescence du diabète, nous devons repenser notre vie quotidienne afin d’avoir une alimentation saine, d’être actifs et d’éviter la prise de poids excessive », a déclaré Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. « Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les populations puissent faire ces choix sains et que les systèmes de santé soient capables de diagnostiquer et de traiter les personnes diabétiques, y compris dans les milieux les plus pauvres », a-t-elle ajouté.
Renforcer les politiques publiques
L’OMS encourage également la mise en place d’infrastructures sportives, pour inciter la population à pratiquer l’activité physique. Elle estime qu’une « association de politiques fiscales, de législation, des changements dans l’environnement et la sensibilisation aux risques pour la santé fonctionnent le mieux lorsqu’il s’agit de promouvoir une alimentation saine et l’activité physique en quantité nécessaire. »
Pour Abdoulaye Leye, diabétologue au Centre national hospitalier de Pikine, à Dakar, étant donné que les mesures de lutte préconisées contre le diabète ne peuvent exclure une bonne hygiène de vie, l’axe central des politiques publiques devrait porter sur la sensibilisation autour de cette thématique.
« En Occident, quand on aménage des villes, on prévoit des pistes cyclables et des zones réservées aux activités sportives », estime-t-il. « On met également en place une politique susceptible de favoriser la consommation des fruits et légumes, toutes choses qui font défaut dans les pays africains. Chez nous, on a un goût immodéré pour les aliments trop gras, sucrés et on se livre rarement aux activités physiques », ajoute le diabétologue.
Pour Abdoulaye Leye, les politiques publiques sont responsables de cette situation où l’absence d’actions concertées fait le lit du diabète. Citant l’exemple de la publicité, il déplore aussi « une transformation des consciences des individus, avec l’accent qui est mis sur tout ce qui est gras et sucré et crée de ce fait une addiction au sucre, au gras et au sel, favorisant l’obésité, tout en servant de terreau pour le diabète de type II ».
Taxe sur le sucre
« Les produits agroalimentaire mis en exergue à grands renforts de publicité sur les écrans de télévision dans la plupart des pays africains sont à combattre pour éviter le risque de maladies non-transmissibles, qu’il s’agisse de l’hypertension artérielle, des problèmes de lipide ou du diabète. Malheureusement, la publicité non-réglementée joue un rôle néfaste, aussi bien dans les médias que dans les rayons des grandes surfaces », déplore le praticien.
Ailleurs dans le monde, au regard du caractère pressant de l’appel de l’OMS, plusieurs pistes de solution sont envisagées. Ainsi, en Australie et au Royaume-Uni, l’idée de l’instauration d’une taxe sur le sucre commence à faire son chemin.
Le 16 mars dernier, le Trésor britannique a annoncé une taxe sur certains types de boissons sucrées, qui devrait entrer en vigueur en avril 2018. En Australie, le seul contributeur local au rapport de l’OMS, le professeur Stephen Colagiuri, a ainsi déclaré qu’une « taxe sur le sucre ne sera manifestement pas la seule solution au problème. » Toutefois, a-t-il estimé, « il n’y a jamais eu d’intervention de santé publique réussie sans le recours à une certaine forme de législation et de réglementation, laisser ces changements s’opérer sur une base volontaire n’est pas une option viable. »
Il s’agit peut être d’une piste qui pourrait porter des fruits dans les pays africains, sans politique efficace contre le diabète, faute de ressources financières suffisantes.
amak/cmas
A titre de comparaison, ce nombre était de 108 millions en 1980. Autrefois considéré comme maladie des riches, le diabète affecte aujourd’hui en priorité, les pays pauvres. Selon la Fédération internationale du diabète, plus de 14 millions d’Africains sont affectés par la maladie et ce nombre pourrait atteindre 34 millions d’ici à 2040.
De plus, l’Afrique a le plus fort taux (66.7%) de personnes non-diagnostiquées, qui sont de ce fait exposées à un risque plus élevé de développer une forme coûteuse de diabète, avec des conséquences dévastatrices. Le diabète a causé la mort de 321.000 personnes en 2015 et l’Afrique est le continent qui a dépensé le moins l’année dernière en matière de lutte contre la maladie, avec un budget de 3,4 milliards de dollars (environ 2040 milliards de francs CFA).
Selon l’OMS, en 2012, le diabète était à l’origine de 1,5 million de décès à l’échelle mondiale, dont la plupart ont été enregistrés dans les pays en développement. Les plus fortes estimations en termes de pourcentage se retrouvent dans le Pacifique occidental, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale qui à elle seule, a connu une augmentation de 5,9% à 13,7% de la population. Les taux de mortalité liés à l’hyperglycémie chez les adultes ont aussi augmenté à l’échelle mondiale sur la même période, touchant surtout l’Asie du Sud, l’Afrique et la Méditerranée orientale.
Maladie coûteuse
Le rapport de l’OMS note par ailleurs que les complications liées à la maladie entraînent des pertes économiques considérables pour les personnes diabétiques et leur famille, mais également pour les systèmes de santé et les économies de pays aux ressources fragiles, du fait des coûts médicaux directs, de la perte de l’emploi et du salaire.
L’efficacité des politiques nationales de lutte contre le diabète est qualifiée de variable en fonction des revenus des Etats. Le document souligne en outre la difficulté pour certains Etats d’accéder à l’insuline, une molécule fabriquée naturellement dans l’organisme qui sert à réguler la glycémie de l’organisme. Cette hormone coûte cher pour des pays aux ressources limitées. Dans certains pays, elle n’est simplement pas disponible et cette absence entraîne des décès prématurés, écrit encore l’OMS. De manière spécifique, l’Organisation recommande des interventions dans le cadre de politiques et de programmes, afin d’améliorer l’accès équitable à cette ressource.
Plus généralement, les auteurs du rapport préconisent des actions aussi bien au niveau institutionnel que sur le terrain. Ils recommandent notamment d’établir des mécanismes de haut niveau pour veiller à l’engagement politique des Etats et demandent aux ministères de la santé de s’attaquer aux principales lacunes en ce qui concerne la base de connaissances sur le diabète.
Pour ce qui est des mesures concrètes de lutte, l’organisation appelle à privilégier la prévention du surpoids et de l’obésité, avant la naissance et pendant la petite enfance, ainsi que la mise en œuvre de politiques et de programmes pour promouvoir l’allaitement au sein et la consommation d’aliments sains et pour décourager la consommation d’aliments nocifs pour la santé tels que les sodas sucrés.
« Si nous voulons progresser et mettre un terme à la recrudescence du diabète, nous devons repenser notre vie quotidienne afin d’avoir une alimentation saine, d’être actifs et d’éviter la prise de poids excessive », a déclaré Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. « Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les populations puissent faire ces choix sains et que les systèmes de santé soient capables de diagnostiquer et de traiter les personnes diabétiques, y compris dans les milieux les plus pauvres », a-t-elle ajouté.
Renforcer les politiques publiques
L’OMS encourage également la mise en place d’infrastructures sportives, pour inciter la population à pratiquer l’activité physique. Elle estime qu’une « association de politiques fiscales, de législation, des changements dans l’environnement et la sensibilisation aux risques pour la santé fonctionnent le mieux lorsqu’il s’agit de promouvoir une alimentation saine et l’activité physique en quantité nécessaire. »
Pour Abdoulaye Leye, diabétologue au Centre national hospitalier de Pikine, à Dakar, étant donné que les mesures de lutte préconisées contre le diabète ne peuvent exclure une bonne hygiène de vie, l’axe central des politiques publiques devrait porter sur la sensibilisation autour de cette thématique.
« En Occident, quand on aménage des villes, on prévoit des pistes cyclables et des zones réservées aux activités sportives », estime-t-il. « On met également en place une politique susceptible de favoriser la consommation des fruits et légumes, toutes choses qui font défaut dans les pays africains. Chez nous, on a un goût immodéré pour les aliments trop gras, sucrés et on se livre rarement aux activités physiques », ajoute le diabétologue.
Pour Abdoulaye Leye, les politiques publiques sont responsables de cette situation où l’absence d’actions concertées fait le lit du diabète. Citant l’exemple de la publicité, il déplore aussi « une transformation des consciences des individus, avec l’accent qui est mis sur tout ce qui est gras et sucré et crée de ce fait une addiction au sucre, au gras et au sel, favorisant l’obésité, tout en servant de terreau pour le diabète de type II ».
Taxe sur le sucre
« Les produits agroalimentaire mis en exergue à grands renforts de publicité sur les écrans de télévision dans la plupart des pays africains sont à combattre pour éviter le risque de maladies non-transmissibles, qu’il s’agisse de l’hypertension artérielle, des problèmes de lipide ou du diabète. Malheureusement, la publicité non-réglementée joue un rôle néfaste, aussi bien dans les médias que dans les rayons des grandes surfaces », déplore le praticien.
Ailleurs dans le monde, au regard du caractère pressant de l’appel de l’OMS, plusieurs pistes de solution sont envisagées. Ainsi, en Australie et au Royaume-Uni, l’idée de l’instauration d’une taxe sur le sucre commence à faire son chemin.
Le 16 mars dernier, le Trésor britannique a annoncé une taxe sur certains types de boissons sucrées, qui devrait entrer en vigueur en avril 2018. En Australie, le seul contributeur local au rapport de l’OMS, le professeur Stephen Colagiuri, a ainsi déclaré qu’une « taxe sur le sucre ne sera manifestement pas la seule solution au problème. » Toutefois, a-t-il estimé, « il n’y a jamais eu d’intervention de santé publique réussie sans le recours à une certaine forme de législation et de réglementation, laisser ces changements s’opérer sur une base volontaire n’est pas une option viable. »
Il s’agit peut être d’une piste qui pourrait porter des fruits dans les pays africains, sans politique efficace contre le diabète, faute de ressources financières suffisantes.
amak/cmas