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Société Publié le samedi 7 mai 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Retour à la caserne

J’imagine les commentaires des uns et des autres à la vue du titre chronique. Des commentaires même fallacieux. C’est ainsi l’Afrique, le continent qui est parti de l’oralité à l’image en sautant les siècles de l’imprimerie. Ce fossé sera difficilement rattrapable. Alors, on continuera de réagir avant de comprendre. Dans tous les cas, et c’est ce qui fait la beauté du monde, chacun à une opinion différente de l’autre. Tout ce qui est exigé est de ne pas croire que son chemin est le seul. Tenez, cette semaine, à la paroisse Saint- Ambroise, ma vigne, ma vie, à Angré, ma paroisse, il s’est produit une apparition de Jésus et de Marie. Que de foule pour voir le lieu de l’apparition ! Des personnes côte à côte donnaient des versions différentes et voyaient différemment les images. Cela m’a convaincu, définitivement, que les humains auront toujours des avis différents sur tout. Ceux qui ont créé la démocratie ont vu juste. Mais comme d’habitude, ce qui est universel devient particulier en Afrique. La démocratie en Afrique est calquée sur les chefferies africaines. Du moi seul et pour toujours. Hampaté Ba me disait qu’un vrai africain ne rentre pas directement dans un sujet, il le contourne avant de s’y engouffrer. L’idée de ma caserne me vient de celui du bataillon de Joinville en France. Ceux de ma génération qui aimaient la lecture ont tous connu le magazine : « Salut les Copains. » Ma rubrique préférée était celle consacrée aux vedettes de la chanson qui y passaient leur service militaire. L’année du service militaire de Johnny Halliday a fait battre tous les records de vente. Ce qui me fascinait c’est de voir une si grande vedette, qui reste encore la plus grande star de la France, vivre, au quotidien, avec tous les représentants des petits métiers. L’époque du service militaire en France a été l’une des plus belles de son histoire. Des personnes de conditions différentes se côtoyaient un an durant, s’aimaient et aimaient leur pays. C’était un facteur d’union et de vivre ensemble. En plus, tous apprenaient à se battre, pour venir en cas échéant au secours de la mère patrie en cas de danger ou d’agression. La formation militaire apprenait à pratiquer, au quotidien, et pour longtemps à demeurer dans la pratique de l’exercice physique. Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, beaucoup de Français doivent regretter la fin du service militaire obligatoire. Dans les années 70 à 80, le Bénin a connu son service militaire obligatoire. Dès le baccalauréat acquis, il fallait passer dans un camp militaire pour une formation aux armes avant même de poursuivre ses études ou chercher du travail. C’était le régime militaire et révolutionnaire de Mathieu Kérékou. A l’époque, au cinéma, avant que le film ne commence, tout le monde se levait pour écouter l’hymne national. Sur les murs de Cotonou des tas de slogans révolutionnaires. Le mécontentement grondait dans la population. En regardant les obsèques du Caméléon, à la télévision, je me suis dit que les peuples changent vraiment. Qui aurait cru, en ces années révolutionnaires, que le camarade de la lutte anti-impérialiste deviendrait un jour le héros et le sage du pays ? Le présent permet de mieux apprécier le passé. Si la formation militaire obligatoire continuait, actuellement, quel djihadiste se serait aventuré dans un pays où tout le monde est formé à la prise des armes ? Beaucoup de pays africains, notamment francophones, avaient une formation militaire obligatoire. Je vois encore des amis qui ont été aptes à ces mois obligatoires quittant leur travail pour aller dans une caserne pour plusieurs mois. Mais comme les francophones calquent tout sur Paris, ces pays ne se trouvaient plus à la mode en restant ringard. Aujourd’hui, on voit tout le dégât créé par l’absence de formation militaire obligatoire. Pour un pays africain cela permettait de créer un brassage sans précédent. L’une des grosses plaies et frein au développement de l’Afrique est le tribalisme, le régionalisme. Ce brassage obligatoire de tous les citoyens du pays aux origines différentes était une manière de lutter contre « le séparatisme. » Les pays pour se rassembler et communier dans l’union ont besoin d’une victoire de leur équipe nationale de football. C’est ce jour que tous les fils du pays se reconnaissent comme Un. Or, les jours de brillantes victoires sont rares. Pour combattre le tribalisme, l’un des meilleurs facteurs restent le retour aux casernes. Et pour ne rien gâter ce serait une des meilleures méthodes pour confondre les fondamentalistes en leur donnant une réplique appropriée grâce à une meilleure formation militaire à tous. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

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