Elle n’est pas différente d’une maison ordinaire. Elle nécessite trois étapes. La première consiste à établir un plan, à chercher le financement et à le construire. Mais, la dernière étape se révèle la plus difficile. L’entretien. C’est le piège dans lequel tombe beaucoup de personnes qui construisent une maison, l’achètent, la prennent en sous-location ou la louent tout simplement. L’après construction, l’habitation, ou l’héritage peut devenir des murs infranchissables et même faire crouler l’édifice. La Côte d’Ivoire se trouve, aujourd’hui, à la première étape après avoir établi un plan. Un plan qui doit nous conduire à l’émergence. La rencontre, cette semaine, du pays avec les bailleurs de fonds ont donné des résultats spectaculaires. La fierté doit pouvoir se lire sur tous les visages. Le pays a, enfin, les moyens de sa politique. La Côte d’Ivoire vient de prendre résolument le chemin des pays des tigres asiatiques. Quand on a de l’argent et même un peu plus pour construire son immeuble on peut applaudir. L’immeuble sera absolument sorti des terres. Tous les pays émergeants ont bénéficié de fonds importants de la part des institutions financières, internationales, des partenaires publics et privés. Tout comme un fonctionnaire international qui prend un crédit ou une avance pour s’installer. On doit parler de pays émergent, désormais, en parlant de la Côte d’Ivoire. Déjà et depuis, en écoutant les citoyens de plusieurs pays africains ou en les lisant, le pays d’Alassane Ouattara c’est le modèle à imiter surtout quand il s’agit de l’eau et de l’électricité, des routes. Difficile de trouver des emplacements pour construire des infrastructures industrielles tant les investisseurs se déversent chaque jour sur les bords de la lagune Ebrié. Cela ne saurait surprendre ou étonner ceux qui ont suivi le débat télévisé entre le candidat Laurent Ggabgo et le candidat Alassane Ouattara. Tout le schéma d’une Côte d’Ivoire était déjà dressé. Quand Alassane a dit, dans le débat, qu’il était à la table des chefs d’Etat pour préparer les réunions du G7 on a compris qu’on aura un homme providentiel en cas de succès. Ce qu’on oublie et dont on ne parle pas suffisamment c’est le parcours du descendant direct de Sékou Ouattara, l’empereur de Kong. Les années où il passa au Fonds monétaire international, surtout en tant que directeur général adjoint, chargé de superviser une centaine de pays dans le monde le prédestinait à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Disons que le développement de ce petit pays ne pouvait qu’être un jeu d’enfant pour lui. Comment avec les sous acquis pour l’émergence ne pas me rappeler les propos d’un modeste jeune homme, au pouvoir de clairvoyant, qui annonçait de nombreuses années, auparavant, que c’est ce fils de Kong qui va rebâtir la Côte d’Ivoire. On peut l’affirmer sans douter un seul instant que la Côte d’Ivoire est à quelques mois de l’émergence avec toutes les structures de développement qui permettront à chacun et à tous de s’épanouir et de doubler ses revenus. La réunion de Paris ne se fait pas en deux jours comme certains le pensent. Il se prépare sur plusieurs mois. Paris n’est que la conclusion d’une longue étape. La politique est une longue étape plus souterraine que visuelle que les non-initiés croient découvrir au journal télévisé. Il reste à passer maintenant à l’étape la plus difficile. Sortir de l’infrastructure et passer à l’esprit pour être au niveau des pays émergents de l’Asie comme Singapour. Tout le monde sait que l’Afrique en général et la Côte d’Ivoire, en particulier, ont un problème de mentalité qui retarde, freine et détruit toutes leurs aptitudes au développement. Tout comme cette réunion réussie de Paris, il faut vite organiser une réunion d’Abidjan. Cette fois-ci avec les forces vives de la nation, pas sur deux jours, mais deux mois pour savoir comment mettre fin aux plaies qui minent le pays. Pas besoin de diagnostiquer les maux. On les connaît par cœur. La corruption qui freine l’émergence ne peut être combattue par des textes mais que par pousser les gens à vivre modestement et humblement. Cela est-il encore possible ? On a vu au Burkina Faso des capitaines, qu’une tenue a été imposée aux fonctionnaires pour couper en eux toute racine d’envie des autres afin de faire mieux qu’eux les autres. On a vu comment cela a été un échec cuisant. Et aussi comment mettre fin au tribalisme, au régionalisme, la première plaie du pays que les discours officiels évitent de citer. Le refus de le citer ne fait que rendre difficile l’entretien de l’immeuble. Comment pousser l’Ivoirien à se détourner d’un travail de fonctionnaire ou de salarié est un grand défi. S’il faut envoyer des demandes d’emploi, croiser les bras pour que le miel tombe dans la bouche on ne sera pas encore sorti de l’auberge comme c’est le cas encore en Afrique du Sud, pays industrialisé, développé et émergent où la moitié de la jeunesse croupit encore dans le chômage. Comment arriver à changer la structure de l’école connue comme la fabricante de ce chômage ? Est-il encore possible de faire le cheminement des Etats-Unis d’Amérique en commençant par l’agriculture, la terre, la voie incontournable. Pour ma part, je suis déjà content et heureux que mon pays dispose et disposera de tout ce qu’il faut pour le rendre émergent. Quant à émerger les mentalités, c’est une autre affaire. L’affaire des politiciens. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Editorial Publié le samedi 21 mai 2016 | L’intelligent d’Abidjan