Pourquoi la Banque mondiale soutient la Côte d’Ivoire ?
5 milliards de dollars USD (soit 2, 5 milliards F CFA), sur les 15,4 milliards promis par la communauté internationale le 17 Mai 2016 à l’issue de la première journée du Groupe Consultatif sur la Cote d’ivoire. Tels sont les engagements du Groupe de la Banque mondiale (IDA, IFC, MIGA) pour le financement du second Plan National de Développement (PND) ivoirien couvrant la période 2016-2020. Ces engagements ont été pris au moment où s’amorce une dynamique de coopération entre la Côte d’ivoire et le Groupe de la Banque mondiale au travers d’un nouveau cadre de Partenariat (CPF), qui traduit la confiance dans la trajectoire poursuivie par le pays depuis la fin de la crise post-électorale. Le CPF est en lien direct avec le (PND et part du constat qu’une mutation de notre portefeuille de projets est nécessaire pour que le pays puisse accélérer son mouvement vers l’émergence, telle que souhaitée par les autorités. Ainsi, nous sommes sortis du cycle des projets d’urgence pour des projets multisectoriels, structurants, innovants et alignés sur des objectifs stratégiques :
1- L’accélération de la croissance durable tirée par le secteur privé, avec pour principal objectif, l’amélioration de la productivité dans l’agriculture et les chaînes de valeur dans l’agrobusiness. Au cœur de cet objectif, les agriculteurs et les petits exploitants
2- Bâtir des infrastructures modernes et promouvoir un accès universel et abordable à l’énergie et à l’eau.
3- Renforcer la bonne gouvernance économique et la lutte contre la corruption
4- Bâtir le capital humain pour soutenir le développement économique et la cohésion sociale, à travers notamment une offre améliorée des services de l’éducation, de la protection sociale et la santé.
5- Renforcer le cadre d’Intégration régionale
Le choix de ces piliers n’a pas été fait au hasard. Il est le fruit d’un diagnostic profond et sans complaisance (Lire le rapport diagnostic systématique pays- SCD sur la Côte d’Ivoire) des contraintes qui pèsent sur le développement d’un pays qui alignait les meilleurs taux de croissance dans la sous-région pendant les vingt premières années de son indépendance, avant de commencer une longue et douloureuse chute à partir des années 80 jusqu’à la crise post-électorale d’octobre 2010.
Il faut le dire sans détours, mais avec la conviction que les amis doivent toujours se dire la vérité. La Côte d’Ivoire a certes convaincu ses partenaires sur l’extraordinaire bonne santé économique d’un pays à peine sorti d’une longue crise multiforme : Avec un PIB qui s’accroit autour de 10 par an, ce qui est une des meilleures performances du continent africain où la croissance a chuté à 3 % en 2015 et ne devrait pas dépasser 3,3 % en 2016, la Cote d’Ivoire a retrouvé son souffle.
En revanche, et c’est tout le défi de l’après Paris, les autorités doivent très rapidement se remettre au travail pour parachever le chantier des réformes indispensables à l’émergence du pays en 2020. Au nombre des « réglages » au niveau macro-économique, la question de la croissance qui reste concentrée sur quelques secteurs, pour l’essentiel à forte dimension capitalistique. Nul ne peut contester le fait que cette croissance doit être maintenue car elle est indispensable pour contenir les flux démographiques. Mais il faudrait d’abord la rendre plus inclusive pour ramener le taux de pauvreté à ses plus bas niveaux (46 % en 2014). Ensuite la diversifier car à l’heure actuelle, le cacao représente près de 40 % des exportations de marchandises. Enfin, c’est une croissance qui reste fragile du fait qu’elle soit exposée tant aux chocs internes qu’externes. Autre défi, non des moindres, la lancinante question de l’emploi, et surtout l’emploi de qualité (Lire notre rapport portant sur la situation économique : La force de l’Éléphant : pour que la croissance ivoirienne génère plus d’emplois de qualité), qui traite également du lien intrinsèque entre bonne gouvernance et attractivité économique.
Un des messages clés que nous avons formulés aux autorités ivoiriennes à Paris est le suivant : La Côte d’Ivoire a tous les atouts pour réussir la transformation structurelle de son économie, pourvu qu’elle s’inspire de l’expérience internationale. Comment ? Les pays qui ont réussi leur émergence sont ceux qui sont parvenus à créer des emplois suffisamment rémunérateurs ou productifs pour leur force de travail. La transformation structurelle est la combinaison de gains de productivité dans les activités traditionnelles, en particulier dans l’agriculture ainsi qu’un déplacement de cette même force de travail vers des activités modernes considérées comme plus productives.
Nous avons fait le pari que ce pays constituait un des maillons forts au sein de l’espace CEDEAO et que du point de vue de l’analyse économique, un franc CFA ou un dollars des USA vont rejaillir non pas sur les quelques 23 millions d’ivoiriens, mais bien au-delà. Le nouveau visage de la Cote d’Ivoire est celui de l’avenir, de la jeunesse et des dynamiques femmes du terroir.
Pierre Laporte, Directeur des Operations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, Togo, Benin, Burkina et Guinée.
5 milliards de dollars USD (soit 2, 5 milliards F CFA), sur les 15,4 milliards promis par la communauté internationale le 17 Mai 2016 à l’issue de la première journée du Groupe Consultatif sur la Cote d’ivoire. Tels sont les engagements du Groupe de la Banque mondiale (IDA, IFC, MIGA) pour le financement du second Plan National de Développement (PND) ivoirien couvrant la période 2016-2020. Ces engagements ont été pris au moment où s’amorce une dynamique de coopération entre la Côte d’ivoire et le Groupe de la Banque mondiale au travers d’un nouveau cadre de Partenariat (CPF), qui traduit la confiance dans la trajectoire poursuivie par le pays depuis la fin de la crise post-électorale. Le CPF est en lien direct avec le (PND et part du constat qu’une mutation de notre portefeuille de projets est nécessaire pour que le pays puisse accélérer son mouvement vers l’émergence, telle que souhaitée par les autorités. Ainsi, nous sommes sortis du cycle des projets d’urgence pour des projets multisectoriels, structurants, innovants et alignés sur des objectifs stratégiques :
1- L’accélération de la croissance durable tirée par le secteur privé, avec pour principal objectif, l’amélioration de la productivité dans l’agriculture et les chaînes de valeur dans l’agrobusiness. Au cœur de cet objectif, les agriculteurs et les petits exploitants
2- Bâtir des infrastructures modernes et promouvoir un accès universel et abordable à l’énergie et à l’eau.
3- Renforcer la bonne gouvernance économique et la lutte contre la corruption
4- Bâtir le capital humain pour soutenir le développement économique et la cohésion sociale, à travers notamment une offre améliorée des services de l’éducation, de la protection sociale et la santé.
5- Renforcer le cadre d’Intégration régionale
Le choix de ces piliers n’a pas été fait au hasard. Il est le fruit d’un diagnostic profond et sans complaisance (Lire le rapport diagnostic systématique pays- SCD sur la Côte d’Ivoire) des contraintes qui pèsent sur le développement d’un pays qui alignait les meilleurs taux de croissance dans la sous-région pendant les vingt premières années de son indépendance, avant de commencer une longue et douloureuse chute à partir des années 80 jusqu’à la crise post-électorale d’octobre 2010.
Il faut le dire sans détours, mais avec la conviction que les amis doivent toujours se dire la vérité. La Côte d’Ivoire a certes convaincu ses partenaires sur l’extraordinaire bonne santé économique d’un pays à peine sorti d’une longue crise multiforme : Avec un PIB qui s’accroit autour de 10 par an, ce qui est une des meilleures performances du continent africain où la croissance a chuté à 3 % en 2015 et ne devrait pas dépasser 3,3 % en 2016, la Cote d’Ivoire a retrouvé son souffle.
En revanche, et c’est tout le défi de l’après Paris, les autorités doivent très rapidement se remettre au travail pour parachever le chantier des réformes indispensables à l’émergence du pays en 2020. Au nombre des « réglages » au niveau macro-économique, la question de la croissance qui reste concentrée sur quelques secteurs, pour l’essentiel à forte dimension capitalistique. Nul ne peut contester le fait que cette croissance doit être maintenue car elle est indispensable pour contenir les flux démographiques. Mais il faudrait d’abord la rendre plus inclusive pour ramener le taux de pauvreté à ses plus bas niveaux (46 % en 2014). Ensuite la diversifier car à l’heure actuelle, le cacao représente près de 40 % des exportations de marchandises. Enfin, c’est une croissance qui reste fragile du fait qu’elle soit exposée tant aux chocs internes qu’externes. Autre défi, non des moindres, la lancinante question de l’emploi, et surtout l’emploi de qualité (Lire notre rapport portant sur la situation économique : La force de l’Éléphant : pour que la croissance ivoirienne génère plus d’emplois de qualité), qui traite également du lien intrinsèque entre bonne gouvernance et attractivité économique.
Un des messages clés que nous avons formulés aux autorités ivoiriennes à Paris est le suivant : La Côte d’Ivoire a tous les atouts pour réussir la transformation structurelle de son économie, pourvu qu’elle s’inspire de l’expérience internationale. Comment ? Les pays qui ont réussi leur émergence sont ceux qui sont parvenus à créer des emplois suffisamment rémunérateurs ou productifs pour leur force de travail. La transformation structurelle est la combinaison de gains de productivité dans les activités traditionnelles, en particulier dans l’agriculture ainsi qu’un déplacement de cette même force de travail vers des activités modernes considérées comme plus productives.
Nous avons fait le pari que ce pays constituait un des maillons forts au sein de l’espace CEDEAO et que du point de vue de l’analyse économique, un franc CFA ou un dollars des USA vont rejaillir non pas sur les quelques 23 millions d’ivoiriens, mais bien au-delà. Le nouveau visage de la Cote d’Ivoire est celui de l’avenir, de la jeunesse et des dynamiques femmes du terroir.
Pierre Laporte, Directeur des Operations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, Togo, Benin, Burkina et Guinée.