Un nouveau rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire s’intéresse au développement du marché financier ivoirien.
La majorité des Ivoiriens ne font pas confiance aux banques locales, privilégiant le mobile money pour effectuer leurs paiements et transferts d’argent.
Le système financier ivoirien octroie proportionnellement trois à quatre fois moins de crédits que les pays à revenu intermédiaire sur le continent africain.
En Côte d’Ivoire, seul un épargnant sur huit choisit de placer ses économies dans une banque ou un établissement financier, ce qui représente un taux presque deux fois inférieur à celui observé sur le continent et presque trois fois au-dessous de la moyenne dans les pays à bas revenus. C’est à croire que les Ivoiriens préfèrent garder leur argent sous le matelas, ou alors pour les plus aisés, investir dans l’immobilier ou des comptes à l’étranger. Un manque à gagner pour un pays qui ambitionne, depuis le retour de la paix en 2012, de se hisser au rang des pays émergents à l’horizon 2020.
Pourquoi les Ivoiriens tournent-ils le dos aux banques locales ? Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé La course vers l’émergence : pourquoi la Côte d’Ivoire doit ajuster son système financier, l’explication est à la fois historique et pratique. « La réticence des Ivoiriens s’explique en partie par la crise politique qui a rompu les liens de confiance entre les épargnants et leurs banques. Elle provient aussi de la défaillance historique de plusieurs banques publiques qui sont susceptibles d’être fermées, restructurées ou privatisées », estime Jacques Morisset, économiste en chef à la Banque mondiale et auteur du rapport.
Cette réticence peut aussi s’expliquer par le fait que les par les épargnants ivoiriens ont tendance à privilégier les placements qui leur offrent de meilleurs rendements. Dans les conditions actuelles, il y a peu d’incitation à ouvrir et à gérer un compte bancaire pour de nombreuses raisons : frais de transport pour se rendre à une banque, temps perdu devant le guichet et coûts excessifs des transactions bancaires. Par ailleurs, la détention d’un compte bancaire n’est pas une garantie pour obtenir un crédit, car les banques ivoiriennes privilégient les grandes entreprises, l’achat de titres de l’État ou la constitution de réserves de liquidités.
« Quand je veux emprunter de l’argent à la banque, on me demande de faire un dépôt à hauteur de la garantie bancaire que je souhaite avoir. Si je l’avais, je n’aurais pas besoin d’une banque », martèle Hassan Coulibaly Amara, grossiste en riz basé à Abidjan.
De plus en plus, les épargnants ivoiriens délaissent les banques pour se tourner vers les opérateurs de téléphonie mobile. En 2014, les détenteurs de compte d’argent mobile (24 %) ont dépassé ceux de comptes bancaires (15 %). En fait, le ratio d’adultes avec un compte mobile en Côte d’Ivoire est le cinquième au monde derrière le Kenya (58 %), la Somalie (37 %), l’Ouganda (35 %) et la Tanzanie (32 %). Moins de cinq ans après son arrivée en Côte d’Ivoire, le mobile money s’impose donc comme l’un des moyens de transactions financières les plus utilisés par la population. L’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) estime que sur les 24 millions d’abonnés au réseau de téléphonie mobile enregistrés en juin 2015, 7,2 millions ont des comptes de mobile money. Au cours du premier semestre 2015, les recettes sur les retraits, les transferts et les paiements de factures ont atteint 17 milliards FCFA, soit environ 28 millions de dollars.
Le rapport de la Banque mondiale note que si ces comptes mobiles facilitent les paiements et les transferts d’argent, ils ne permettent pas l’octroi de crédit, une des fonctions principales d’un système financier. D’où l’appel aux dirigeants ivoiriens d’adopter deux orientations pour inverser la tendance et renforcer l’intermédiation financière en Côte d’Ivoire.
La première serait d’encourager les banques, y compris les établissements de micro-crédits, à se rapprocher de leur clientèle à travers des innovations et des partenariats pour réduire leurs coûts de transaction. La deuxième orientation serait de favoriser l’essor des institutions financières autres que les banques commerciales. Par exemple, les opérateurs de téléphonie mobile pourraient octroyer des crédits comme au Kenya, où l’opérateur Safaricom a introduit en 2013 un service de crédits en partenariat avec une banque (M-Shwari). Celui-ci compte aujourd’hui plus de 10 millions de clients. Le rapport préconise également d’accorder l’autorisation aux établissements de microfinance d’émettre des cartes de débit et de crédit bancaires.
Un renforcement du système financier est indispensable si la Côte d’Ivoire veut poursuivre la voie de l’émergence. Avec une amélioration de son indice de développement financier à hauteur de celui observé au Cap-Vert ou en Namibie, sa croissance économique pourrait s’accroître de 2,4 %. S’il atteignait celui de l’Afrique du Sud, sa croissance pourrait augmenter de plus de 5 %.
La majorité des Ivoiriens ne font pas confiance aux banques locales, privilégiant le mobile money pour effectuer leurs paiements et transferts d’argent.
Le système financier ivoirien octroie proportionnellement trois à quatre fois moins de crédits que les pays à revenu intermédiaire sur le continent africain.
En Côte d’Ivoire, seul un épargnant sur huit choisit de placer ses économies dans une banque ou un établissement financier, ce qui représente un taux presque deux fois inférieur à celui observé sur le continent et presque trois fois au-dessous de la moyenne dans les pays à bas revenus. C’est à croire que les Ivoiriens préfèrent garder leur argent sous le matelas, ou alors pour les plus aisés, investir dans l’immobilier ou des comptes à l’étranger. Un manque à gagner pour un pays qui ambitionne, depuis le retour de la paix en 2012, de se hisser au rang des pays émergents à l’horizon 2020.
Pourquoi les Ivoiriens tournent-ils le dos aux banques locales ? Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé La course vers l’émergence : pourquoi la Côte d’Ivoire doit ajuster son système financier, l’explication est à la fois historique et pratique. « La réticence des Ivoiriens s’explique en partie par la crise politique qui a rompu les liens de confiance entre les épargnants et leurs banques. Elle provient aussi de la défaillance historique de plusieurs banques publiques qui sont susceptibles d’être fermées, restructurées ou privatisées », estime Jacques Morisset, économiste en chef à la Banque mondiale et auteur du rapport.
Cette réticence peut aussi s’expliquer par le fait que les par les épargnants ivoiriens ont tendance à privilégier les placements qui leur offrent de meilleurs rendements. Dans les conditions actuelles, il y a peu d’incitation à ouvrir et à gérer un compte bancaire pour de nombreuses raisons : frais de transport pour se rendre à une banque, temps perdu devant le guichet et coûts excessifs des transactions bancaires. Par ailleurs, la détention d’un compte bancaire n’est pas une garantie pour obtenir un crédit, car les banques ivoiriennes privilégient les grandes entreprises, l’achat de titres de l’État ou la constitution de réserves de liquidités.
« Quand je veux emprunter de l’argent à la banque, on me demande de faire un dépôt à hauteur de la garantie bancaire que je souhaite avoir. Si je l’avais, je n’aurais pas besoin d’une banque », martèle Hassan Coulibaly Amara, grossiste en riz basé à Abidjan.
De plus en plus, les épargnants ivoiriens délaissent les banques pour se tourner vers les opérateurs de téléphonie mobile. En 2014, les détenteurs de compte d’argent mobile (24 %) ont dépassé ceux de comptes bancaires (15 %). En fait, le ratio d’adultes avec un compte mobile en Côte d’Ivoire est le cinquième au monde derrière le Kenya (58 %), la Somalie (37 %), l’Ouganda (35 %) et la Tanzanie (32 %). Moins de cinq ans après son arrivée en Côte d’Ivoire, le mobile money s’impose donc comme l’un des moyens de transactions financières les plus utilisés par la population. L’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) estime que sur les 24 millions d’abonnés au réseau de téléphonie mobile enregistrés en juin 2015, 7,2 millions ont des comptes de mobile money. Au cours du premier semestre 2015, les recettes sur les retraits, les transferts et les paiements de factures ont atteint 17 milliards FCFA, soit environ 28 millions de dollars.
Le rapport de la Banque mondiale note que si ces comptes mobiles facilitent les paiements et les transferts d’argent, ils ne permettent pas l’octroi de crédit, une des fonctions principales d’un système financier. D’où l’appel aux dirigeants ivoiriens d’adopter deux orientations pour inverser la tendance et renforcer l’intermédiation financière en Côte d’Ivoire.
La première serait d’encourager les banques, y compris les établissements de micro-crédits, à se rapprocher de leur clientèle à travers des innovations et des partenariats pour réduire leurs coûts de transaction. La deuxième orientation serait de favoriser l’essor des institutions financières autres que les banques commerciales. Par exemple, les opérateurs de téléphonie mobile pourraient octroyer des crédits comme au Kenya, où l’opérateur Safaricom a introduit en 2013 un service de crédits en partenariat avec une banque (M-Shwari). Celui-ci compte aujourd’hui plus de 10 millions de clients. Le rapport préconise également d’accorder l’autorisation aux établissements de microfinance d’émettre des cartes de débit et de crédit bancaires.
Un renforcement du système financier est indispensable si la Côte d’Ivoire veut poursuivre la voie de l’émergence. Avec une amélioration de son indice de développement financier à hauteur de celui observé au Cap-Vert ou en Namibie, sa croissance économique pourrait s’accroître de 2,4 %. S’il atteignait celui de l’Afrique du Sud, sa croissance pourrait augmenter de plus de 5 %.