Après plus de 31 mois d'alerte rouge face au virus Ebola, le gouvernement ivoirien vient de lever toutes les mesures qu'il avait prises à titre préventif. La menace Ebola est donc finie. Denis KAH Zion, maire de ToulépIeu, une localité faisant frontière avec le Liberia et la Guinée où l'épidémie a fait des milliers de morts, dit ici comment sa commune a résisté et a empêché le virus d'arriver en terre ivoirienne.
Monsieur Denis Kah, vous êtes le maire de Toulépleu. Apres 31 mois de mesures restrictives if cause de la maladie à Virus Ebola.
Comment accueillez-vous la fin de "alerte et la levée de ces mesures par le gouvernement?
S'il nous fallait faire un bilan, je dirais simplement: quel calvaire ! Parce qu'en réalité, les populations de Toulépleu ont vécu un calvaire, Celui de vivre au quotidien avec au ventre la peur du virus qui sévissait à, souvent, moins de deux kilomètres, juste de l'autre côté de la frontière. En effet, de par la situation géographique de ma commune.
Toulépleu, de mon département, Toulépleu, voire, de tout l'ouest montagneux de la Côte d'Ivoire, nos populations habitant la région se sentaient très exposées et proches du danger, mais en même temps, elles ne se sentaient pas seules parce que le Gouvernement et le monde entier s'étaient mobilisés pour barrer le chemin au virus mortel.
La maladie à Virus Ébola s'est déclarée en février 2014 en Guinée-Conakry, dans la zone forestière ; au Liberia et en Sierra-Leone, ces pays qui sont voisins à la Côte d'Ivoire et qui donnent directement sur le département de Toulépleu. Le Liberia a une frontière commune avec la Côte d' Ivoire. Nos populations s'interpénètrent, quotidiennement.
Alors, quand la maladie à Virus Ebola s'est déclarée dans ces pays voisins et qu'elle a commencé à faire de nombreuses victimes, le Président de la République SEM Alassane Ouattara, a pris le problème à bras-le-corps et Je gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan a pris des mesures conservatoires.
Quelles sont ces mesures et comment les avez-vous vécues à Toulépleu?
Outre les règles d'hygiène et les indications médicales à suivre, il y avait l'interdiction formelle de consommer de la viande sauvage pour une zone forestière qui ne connait pas l'élevage; l'interdiction de se serrer les mains et de se faire des accolades et plus grave, l'interdiction de traverser les frontières avec ces pays frères el d'assister à l'inhumation de certains parents morts au Liberia. C'était des mesures, certes, douloureuses, mais salvatrices.
Mais toutes les populations les ont suivies à la lettre, puisqu'il était question de la mort à éviter.
Autant dire que la vie s 'arrêtait, du coup, à Toulépleu ?
Cela devrait être le cas si nous n'avions pas pris les devants de l'information et de la sensibilisation de proximité auprès des populations. Vous imaginez, du jour au lendemain, on demande à nos parents de renoncer à toutes leurs habitudes, de renoncer à voir des parents vivant au Liberia et en Guinée, de renoncer à certaines alimentations à base de la viande d'animaux sauvages, de ne plus toucher la main de ses frères, amis et voisins
... Mais, ils l'ont fait dans le strict respect des consignes du Gouvernement. C'est pourquoi, je voudrais encore remercier tout le corps préfectoral avec à sa tête le préfet du département Diarra Karim. Par son dynamisme, par sa présence, il a amené tous les habitants du département à s'approprier les mesures et à les appliquer à la lettre. Nous n'oublierons pas le préfet de région du Cavally, Koné Messemba. A côté du corps préfectoral, tous les chefs de villages, les jeunes et les femmes, il ya les équipes médicales et tous les corps constitués qui ont fait le travail de prévention nuit et jour durant les 31 mois.
Insoutenable situation, donc?
Bien sûr que oui! Dans les premiers jours, tout était quasiment bloqué à Toulépleu. Tous les commerces furent au ralenti. Les marchés de Tiobly et de Toyébly qui accueillaient des centaines de Libériens, chaque semaine, par exemple, ont été carrément fermés. C'était un véritable cauchemar pour chacun de nos parents. Nos parents, exilés au Liberia et en Guinée, qui commençaient à revenir au pays, en Côte d'Ivoire, après avoir entendu l'appel à la réconciliation du président Alassane Ouattara, se sont retrouvés, eux aussi, bloqués.
Voici la sinistrose qui pesait sur Toulépleu.
Mais alors, comment vous ëtes-vous débrouillés pour tenir pendant 2 ans et 7 mois?
Passés la frayeur et le doute, il nous a fallu mettre en place une véritable organisation. Il fallait être pragmatique et surtout, être sur le terrain pour orienter, guider, convaincre, tranquilliser les populations déboussolées, Car, après les mesures gouvernementales, c'était la panique,
Quel genre d'organisation devant une si grande désolation?
Une fois que la nouvelle des mesures restrictives pour stopper la maladie à Virus Ebola est tombée, je vous disais qu'il fallait être pragmatique, disponible et être sur te terrain. Mais, le gros boulot était de porter l'information aux populations reculées, Il fallait de la sensibilisation en permanence sur le terrain. Il fallait être présent physiquement sur le terrain pour rassurer non seulement les populations, mais aussi les fonctionnaires en poste, les partenaires au développement, les organismes humanitaires, les ONG, bref tous ceux qui travaillent à la relance de ta vie dans notre département... C'est vous dire qu'il nous fallait courir plus vite que la rumeur, Heureusement que nous avons la radio de proximité "Paix et Réconciliation" que j'ai créée en août 20t 1 et qui a été le fer de lance de la sensibilisation et de l'information des parents ; Les jeunes, qui animaient cette radio, ont fourni un travail formidable. Matin, midi et tard le soir, la "Radio, paix et réconciliation' relayait les recommandations du gouvernement ivoirien. Il fallait être sur le qui-vive à tout moment.
Aujourd'hui, le résultat est là : aucun mort d'Ebola à déplorer dans le département de Toufépleu, à l'ouest et dans toute fa Côte d'Ivoire.
En ces heures, tout ce que je puis dire est que Toulépleu est passé d'un stade de cauchemar au stade de la délivrance, Oui, une véritable délivrance! Dès que la nouvelle de la levée des mesures restrictives est parvenue aux populations, ce fut une explosion de joie, de joie immense. Le soulagement est total ! C'est pourquoi, je voudrais, au nom de toute la population de Toulepleu, remercier Son Excellence monsieur Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire, et son gouvernement, conduit par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, qui ont mis tout en oeuvre pour que la maladie à virus Ebola, bien que faisant des ravages en dehors de nos frontières, n'atteigne pas la Côte d'Ivoire. Je voudrais dire un merci spécial à ma soeur, Goudou Raymonde-Collie, ministre de la Santé et de l'hygiène publique, pour la fermeté et la diligence avec lesquelles son département a fait face à la menace de l'Ebola, pour son approche humaine dans la conduite de la lutte contre la maladie à Virus Ebola.
Propos recueillis par EDDY PEHE
Monsieur Denis Kah, vous êtes le maire de Toulépleu. Apres 31 mois de mesures restrictives if cause de la maladie à Virus Ebola.
Comment accueillez-vous la fin de "alerte et la levée de ces mesures par le gouvernement?
S'il nous fallait faire un bilan, je dirais simplement: quel calvaire ! Parce qu'en réalité, les populations de Toulépleu ont vécu un calvaire, Celui de vivre au quotidien avec au ventre la peur du virus qui sévissait à, souvent, moins de deux kilomètres, juste de l'autre côté de la frontière. En effet, de par la situation géographique de ma commune.
Toulépleu, de mon département, Toulépleu, voire, de tout l'ouest montagneux de la Côte d'Ivoire, nos populations habitant la région se sentaient très exposées et proches du danger, mais en même temps, elles ne se sentaient pas seules parce que le Gouvernement et le monde entier s'étaient mobilisés pour barrer le chemin au virus mortel.
La maladie à Virus Ébola s'est déclarée en février 2014 en Guinée-Conakry, dans la zone forestière ; au Liberia et en Sierra-Leone, ces pays qui sont voisins à la Côte d'Ivoire et qui donnent directement sur le département de Toulépleu. Le Liberia a une frontière commune avec la Côte d' Ivoire. Nos populations s'interpénètrent, quotidiennement.
Alors, quand la maladie à Virus Ebola s'est déclarée dans ces pays voisins et qu'elle a commencé à faire de nombreuses victimes, le Président de la République SEM Alassane Ouattara, a pris le problème à bras-le-corps et Je gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan a pris des mesures conservatoires.
Quelles sont ces mesures et comment les avez-vous vécues à Toulépleu?
Outre les règles d'hygiène et les indications médicales à suivre, il y avait l'interdiction formelle de consommer de la viande sauvage pour une zone forestière qui ne connait pas l'élevage; l'interdiction de se serrer les mains et de se faire des accolades et plus grave, l'interdiction de traverser les frontières avec ces pays frères el d'assister à l'inhumation de certains parents morts au Liberia. C'était des mesures, certes, douloureuses, mais salvatrices.
Mais toutes les populations les ont suivies à la lettre, puisqu'il était question de la mort à éviter.
Autant dire que la vie s 'arrêtait, du coup, à Toulépleu ?
Cela devrait être le cas si nous n'avions pas pris les devants de l'information et de la sensibilisation de proximité auprès des populations. Vous imaginez, du jour au lendemain, on demande à nos parents de renoncer à toutes leurs habitudes, de renoncer à voir des parents vivant au Liberia et en Guinée, de renoncer à certaines alimentations à base de la viande d'animaux sauvages, de ne plus toucher la main de ses frères, amis et voisins
... Mais, ils l'ont fait dans le strict respect des consignes du Gouvernement. C'est pourquoi, je voudrais encore remercier tout le corps préfectoral avec à sa tête le préfet du département Diarra Karim. Par son dynamisme, par sa présence, il a amené tous les habitants du département à s'approprier les mesures et à les appliquer à la lettre. Nous n'oublierons pas le préfet de région du Cavally, Koné Messemba. A côté du corps préfectoral, tous les chefs de villages, les jeunes et les femmes, il ya les équipes médicales et tous les corps constitués qui ont fait le travail de prévention nuit et jour durant les 31 mois.
Insoutenable situation, donc?
Bien sûr que oui! Dans les premiers jours, tout était quasiment bloqué à Toulépleu. Tous les commerces furent au ralenti. Les marchés de Tiobly et de Toyébly qui accueillaient des centaines de Libériens, chaque semaine, par exemple, ont été carrément fermés. C'était un véritable cauchemar pour chacun de nos parents. Nos parents, exilés au Liberia et en Guinée, qui commençaient à revenir au pays, en Côte d'Ivoire, après avoir entendu l'appel à la réconciliation du président Alassane Ouattara, se sont retrouvés, eux aussi, bloqués.
Voici la sinistrose qui pesait sur Toulépleu.
Mais alors, comment vous ëtes-vous débrouillés pour tenir pendant 2 ans et 7 mois?
Passés la frayeur et le doute, il nous a fallu mettre en place une véritable organisation. Il fallait être pragmatique et surtout, être sur le terrain pour orienter, guider, convaincre, tranquilliser les populations déboussolées, Car, après les mesures gouvernementales, c'était la panique,
Quel genre d'organisation devant une si grande désolation?
Une fois que la nouvelle des mesures restrictives pour stopper la maladie à Virus Ebola est tombée, je vous disais qu'il fallait être pragmatique, disponible et être sur te terrain. Mais, le gros boulot était de porter l'information aux populations reculées, Il fallait de la sensibilisation en permanence sur le terrain. Il fallait être présent physiquement sur le terrain pour rassurer non seulement les populations, mais aussi les fonctionnaires en poste, les partenaires au développement, les organismes humanitaires, les ONG, bref tous ceux qui travaillent à la relance de ta vie dans notre département... C'est vous dire qu'il nous fallait courir plus vite que la rumeur, Heureusement que nous avons la radio de proximité "Paix et Réconciliation" que j'ai créée en août 20t 1 et qui a été le fer de lance de la sensibilisation et de l'information des parents ; Les jeunes, qui animaient cette radio, ont fourni un travail formidable. Matin, midi et tard le soir, la "Radio, paix et réconciliation' relayait les recommandations du gouvernement ivoirien. Il fallait être sur le qui-vive à tout moment.
Aujourd'hui, le résultat est là : aucun mort d'Ebola à déplorer dans le département de Toufépleu, à l'ouest et dans toute fa Côte d'Ivoire.
En ces heures, tout ce que je puis dire est que Toulépleu est passé d'un stade de cauchemar au stade de la délivrance, Oui, une véritable délivrance! Dès que la nouvelle de la levée des mesures restrictives est parvenue aux populations, ce fut une explosion de joie, de joie immense. Le soulagement est total ! C'est pourquoi, je voudrais, au nom de toute la population de Toulepleu, remercier Son Excellence monsieur Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire, et son gouvernement, conduit par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, qui ont mis tout en oeuvre pour que la maladie à virus Ebola, bien que faisant des ravages en dehors de nos frontières, n'atteigne pas la Côte d'Ivoire. Je voudrais dire un merci spécial à ma soeur, Goudou Raymonde-Collie, ministre de la Santé et de l'hygiène publique, pour la fermeté et la diligence avec lesquelles son département a fait face à la menace de l'Ebola, pour son approche humaine dans la conduite de la lutte contre la maladie à Virus Ebola.
Propos recueillis par EDDY PEHE