Dans le lot des 54 Etats membres de l’UA (Union Africaine), 38 sont des pays côtiers et plus de 90% des exportations et importations sur le continent noir s’opèrent via la mer. Des chiffres qui suffisent à eux seuls à inciter les Africains à repenser leur approche de l’économie via les océans, communément appelée «économie bleue».
La lutte contre la pêche illicite se présente comme l’un des principaux défis que doivent relever les Etats africains pour restructurer leur économie bleue. Des côtes de la Mauritanie à celles de l’Angola, «les prises illégales de pêche représenteraient 1/5ème des 5,2 millions de tonnes de prises annuelles, soit plus d’un million de tonnes pour une perte estimée dans une fourchette allant de 600 millions à 1 milliard de dollars», alertent des statistiques officielles de l’UA sur le sujet. «La pêche a pris part considérable dans l’économie des pays d’Afrique ces dernières années, et satisfaire les besoins en pêche est intimement connecté aux ODD (Objectifs de développement durable). La gestion de la ressource nécessite ainsi une coordination entre les Etats (…) Il faut de la volonté politique pour avancer sur tous ces sujets», constate M. Tidjani (en charge de l’Afrique à la FAO).
«Près de 4 millions de navires (y compris des pirates) opèrent à l’heure actuelle dans le monde; Egypte, Maroc, Nigeria, Ghana, Afrique du Sud sont les principaux Etats exploitant la ressource halieutique sur le continent noir», détaille M. Tidjani. «La pêche contribue jusqu’à 30% à la formation du PIB de certains pays africains», complète et fait remarquer sur le sujet Christian Domtani Ali (Directeur des Pêches et de l’Aquaculture au ministère togolais de l’Agriculture). Argument massue de plus militant en faveur de la matérialisation d’un constat: «Un consensus autour de la gestion des ressources halieutiques dans le monde est incontournable de nos jours», plaide Karmenu Vella (Commissaire de l’UE pour l’environnement, les affaires maritimes et la pêche au sein de la Direction générale pour l’environnement de l’UE).
D’aucuns, sur le sujet, sont même pour une accélération d’une prompte réaction des Républiques d’Afrique sur ce phénomène illicite. C’est le cas de Victor H. Kargbo (Chef du Comité maritime uni au sein du ministère des Pêches et des Ressources maritimes de la Sierra Léone): «Il faut passer à l’action pour des urgences alimentaires, financières et de survie de nos populations ; nous avons assez fait de discours (…) Même dépourvus de ressources matérielles et techniques, l’Afrique ne doit plus croiser les bras devant la pêche illicite dans ses eaux».
Arguments en faveur d’une rapide unité d’action
Combattre la pêche illicite en Afrique commande de s’attaquer à certains points-clés : «Il faut arriver à pêcher pour vendre, obtenir des revenus, organiser sainement la commercialisation des produits de pêche (…) Il faut pour ce faire élaborer un dispositif législatif complémentaire sur le sujet, en mettant en place une harmonisation de la gestion des ressources halieutiques (…) On aura besoin dans ce sens d’une maîtrise des activités des Ports et sur les côtes d’Afrique, et de mettre en place des outils juridiques pour une réglementation fiable, solide et harmonisée du secteur», conjecture Henri Poisson, Administrateur principal, spécialiste de la Pêche et de la formation aux affaires maritimes en France.
«Les maux tournant autour du phénomène de la pêche illicite sont sensiblement les mêmes en Afrique; il ne serait pas superfétatoire d’explorer des solutions digitales ou satellitaires de contrôle de nos océans», suggère pour sa part Nancy Karigithu (Directrice générale de l’Autorité maritime kenyane). «Fonder des espoirs sur l’économie bleue en Afrique commande aussi de préserver ses propres ressources, de déterminer des responsabilités claires pour déclencher des sanctions pénales (…) Il est nécessaire de formuler des sanctions réellement dissuasives et à la hauteur du préjudice essuyé par les Etats dans le cadre de ces infractions maritimes», insiste de son côté Benoît Le Goaziou (avocat indépendant spécialiste des affaires en mer en France).
Toutefois, il s’avère important d’«avoir sous la main des mécanismes novateurs de financement de la lutte contre la pêche illicite en Afrique, parce que des engagements ont déjà été pris dans ce sens à l’égard de l’Afrique ces derniers mois», renforce Samba Tounkara (chargé de Programme à la BAD, Banque africaine de développement). Une somme de défis et d’urgences qui renvoie à une exhortation récurrente dans les interventions des experts maritimes réunis à Lomé du 10 au 15 octobre 2016, dans le cadre du 1er Sommet panafricain sur l’avenir des mers en Afrique: l’unité d’action ! Avec au passage cette remarque à l’intention des décideurs contemporains d’Afrique: «Les Africains doivent commencer à compter sur eux-mêmes pour faire face, d’un point de vue financier, aux défis de la lutte contre la pêche illicite», suggère Cyrille Serge Guemo Atonfack, marin de formation et expert en sécurité maritime pour la marine nationale camerounaise.
Edem GADEGBEKU
La lutte contre la pêche illicite se présente comme l’un des principaux défis que doivent relever les Etats africains pour restructurer leur économie bleue. Des côtes de la Mauritanie à celles de l’Angola, «les prises illégales de pêche représenteraient 1/5ème des 5,2 millions de tonnes de prises annuelles, soit plus d’un million de tonnes pour une perte estimée dans une fourchette allant de 600 millions à 1 milliard de dollars», alertent des statistiques officielles de l’UA sur le sujet. «La pêche a pris part considérable dans l’économie des pays d’Afrique ces dernières années, et satisfaire les besoins en pêche est intimement connecté aux ODD (Objectifs de développement durable). La gestion de la ressource nécessite ainsi une coordination entre les Etats (…) Il faut de la volonté politique pour avancer sur tous ces sujets», constate M. Tidjani (en charge de l’Afrique à la FAO).
«Près de 4 millions de navires (y compris des pirates) opèrent à l’heure actuelle dans le monde; Egypte, Maroc, Nigeria, Ghana, Afrique du Sud sont les principaux Etats exploitant la ressource halieutique sur le continent noir», détaille M. Tidjani. «La pêche contribue jusqu’à 30% à la formation du PIB de certains pays africains», complète et fait remarquer sur le sujet Christian Domtani Ali (Directeur des Pêches et de l’Aquaculture au ministère togolais de l’Agriculture). Argument massue de plus militant en faveur de la matérialisation d’un constat: «Un consensus autour de la gestion des ressources halieutiques dans le monde est incontournable de nos jours», plaide Karmenu Vella (Commissaire de l’UE pour l’environnement, les affaires maritimes et la pêche au sein de la Direction générale pour l’environnement de l’UE).
D’aucuns, sur le sujet, sont même pour une accélération d’une prompte réaction des Républiques d’Afrique sur ce phénomène illicite. C’est le cas de Victor H. Kargbo (Chef du Comité maritime uni au sein du ministère des Pêches et des Ressources maritimes de la Sierra Léone): «Il faut passer à l’action pour des urgences alimentaires, financières et de survie de nos populations ; nous avons assez fait de discours (…) Même dépourvus de ressources matérielles et techniques, l’Afrique ne doit plus croiser les bras devant la pêche illicite dans ses eaux».
Arguments en faveur d’une rapide unité d’action
Combattre la pêche illicite en Afrique commande de s’attaquer à certains points-clés : «Il faut arriver à pêcher pour vendre, obtenir des revenus, organiser sainement la commercialisation des produits de pêche (…) Il faut pour ce faire élaborer un dispositif législatif complémentaire sur le sujet, en mettant en place une harmonisation de la gestion des ressources halieutiques (…) On aura besoin dans ce sens d’une maîtrise des activités des Ports et sur les côtes d’Afrique, et de mettre en place des outils juridiques pour une réglementation fiable, solide et harmonisée du secteur», conjecture Henri Poisson, Administrateur principal, spécialiste de la Pêche et de la formation aux affaires maritimes en France.
«Les maux tournant autour du phénomène de la pêche illicite sont sensiblement les mêmes en Afrique; il ne serait pas superfétatoire d’explorer des solutions digitales ou satellitaires de contrôle de nos océans», suggère pour sa part Nancy Karigithu (Directrice générale de l’Autorité maritime kenyane). «Fonder des espoirs sur l’économie bleue en Afrique commande aussi de préserver ses propres ressources, de déterminer des responsabilités claires pour déclencher des sanctions pénales (…) Il est nécessaire de formuler des sanctions réellement dissuasives et à la hauteur du préjudice essuyé par les Etats dans le cadre de ces infractions maritimes», insiste de son côté Benoît Le Goaziou (avocat indépendant spécialiste des affaires en mer en France).
Toutefois, il s’avère important d’«avoir sous la main des mécanismes novateurs de financement de la lutte contre la pêche illicite en Afrique, parce que des engagements ont déjà été pris dans ce sens à l’égard de l’Afrique ces derniers mois», renforce Samba Tounkara (chargé de Programme à la BAD, Banque africaine de développement). Une somme de défis et d’urgences qui renvoie à une exhortation récurrente dans les interventions des experts maritimes réunis à Lomé du 10 au 15 octobre 2016, dans le cadre du 1er Sommet panafricain sur l’avenir des mers en Afrique: l’unité d’action ! Avec au passage cette remarque à l’intention des décideurs contemporains d’Afrique: «Les Africains doivent commencer à compter sur eux-mêmes pour faire face, d’un point de vue financier, aux défis de la lutte contre la pêche illicite», suggère Cyrille Serge Guemo Atonfack, marin de formation et expert en sécurité maritime pour la marine nationale camerounaise.
Edem GADEGBEKU