Bouaké (Côte d’Ivoire), 8 jan 2017 (AFP) - Le président Alassane Ouattara a
appelé dimanche ses compatriotes à "vaquer à leurs occupations" en Côte
d’Ivoire où des militaires ont mis fin à deux jours de mutineries qui avaient
paralysé Bouaké, deuxième ville du pays.
"Après les événements regrettables de ces derniers jours, la situation est
rentrée dans l’ordre et chacun peut vaquer à ses occupations" a déclaré
dimanche M. Ouattara dans un tweet.
Le calme est revenu à Bouaké, où des tirs sporadiques et d’armes lourdes
avaient résonné au cours des dernières 48 heures, semant la panique parmi les
habitants de cette ancienne capitale de l’ex-rébellion armée. Les soldats
mutins réclamaient le paiement de primes, des augmentations de solde, une
promotion plus rapide entre les grades et des logements.
La situation s’est également normalisée dans le reste du pays après
l’annonce samedi d’un accord avec les soldats mutins, selon des correspondants
de l’AFP et des habitants.
A Bouaké, des militaires patrouillaient dimanche à bord de pick-up sous les
regards parfois hostiles d’habitants, a constaté un journaliste de l’AFP.
"Nous souhaitons que la situation reste en l’état. On ne veut plus de tirs
ici à Bouaké. Si les tirs continuent, je crois que la population va se
révolter", a déclaré à l’AFP Adama Cissé, commerçant à Bouaké, devant sa
boutique.
"Fort heureusement, les tirs ont cessé et ils ont promis qu’ils ne vont
plus tirer pour nous effrayer", a confié Aya Justine Koffi, ménagère à Bouaké,
vêtue d’une longue robe et prête à aller faire ses emplettes car les magasins
ont pu rouvrir.
"On est content du dénouement heureux avec cet accord. Ce qu’on demande au
président, c’est d’être attentif aux conditions de vie des militaires", a
déclaré de son côté sous couvert d’anonymat l’un des meneurs de la révolte qui
avait gagné plusieurs autres villes, dont Abidjan, la métropole économique et
politique.
- ’On ne veut plus de bruits de bottes’ -
Dans une allocution télévisée samedi soir, M. Ouattara avait annoncé son
"accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à
l’amélioration des conditions de vie des soldats".
"Je demande à tous les soldats de regagner leurs casernes pour permettre
l’exécution de ces décisions dans le calme", avait-il ajouté.
A Abidjan, où des tirs avaient été entendus samedi dans une caserne et un
carrefour important bloqué par des militaires, le calme était également revenu
dimanche.
A Man (ouest) et Korhogo (nord), où des soldats étaient également sortis de
leurs casernes, "la vie a repris", ont témoigné des habitants joints au
téléphone.
A Bouaké, le ressentiment de la population est fort contre des militaires
qui ont semé la panique par des tirs à l’arme lourde et des rafales de
Kalachnikov.
"On ne veut plus de cette situation à Bouaké. On est fatigués des
agissements des militaires. Vivement que le président Ouattara trouve une
solution définitive à leurs problèmes", a ainsi lancé Adama Coulibaly, un
enseignant.
"On ne veut plus de bruits de bottes à Bouaké", a réagi Séraphin Kouadio,
un informaticien.
- Manipulation politique ? -
L’accord avait été scellé samedi à Bouaké à l’issue d’une rencontre entre
le ministre de la Défense Alain Richard Donwahi et des soldats réclamant de
meilleures conditions.
Mais énieme rebondissement, juste après l’annonce de cet accord, des
militaires en colère avaient retenu le ministre de la Défense et sa délégation
à la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l’arme
lourde.
Après avoir été retenus plus de deux heures, M. Donwahi et sa délégation
avaient pu partir, et des militaires avaient ensuite levé les barrages
interdisant l’entrée dans Bouaké.
"En ce qui concerne les primes, tous les arriérés seront payés. Il y a
beaucoup de problèmes à régler, nous en sommes tout à fait conscients, nos
hommes aussi. Je peux vous assurer que nous allons tenir nos engagements, mais
eux aussi vont tenir leurs engagements", a affirmé samedi M. Donwahi.
Les revendications des mutins étaient matérielles mais elles marquent le
retour d’un problème récurrent dans un pays sorti en 2011 de dix ans de
rébellion dont Bouaké, 1,5 million d’habitants, fut la capitale.
En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de
Bouaké pour des questions de soldes et s’était étendue à Abidjan et d’autres
villes.
Les troubles de cette semaine interviennent alors que le président doit
annoncer pour ce début janvier la nomination d’un vice-président et d’un
Premier ministre. L’élection du président de l’Assemblée nationale doit
également avoir lieu prochainement.
"Une des questions est de savoir s’il y a une manipulation politique.
Est-ce que d’anciens chefs de guerre sont derrière ça?", s’est interrogé un
observateur questionné par l’AFP.
De leur côté, les soldats mutins rejettent toute récupération politique.
Le président Ouattara "est notre père spirituel, c’est une affaire de
famille. On peut équiper l’armée mais si les hommes qui sont à la tâche ne
sont pas motivés, ça ne servira à rien", a estimé l’un des mutins.
La rébellion du nord qui coupa la Côte d’Ivoire en deux en 2002-2011 était
favorable à M. Ouattara, alors que le sud était tenu par les forces loyales à
l’ex-président Laurent Gbagbo.
bur/ck/sba/lp
appelé dimanche ses compatriotes à "vaquer à leurs occupations" en Côte
d’Ivoire où des militaires ont mis fin à deux jours de mutineries qui avaient
paralysé Bouaké, deuxième ville du pays.
"Après les événements regrettables de ces derniers jours, la situation est
rentrée dans l’ordre et chacun peut vaquer à ses occupations" a déclaré
dimanche M. Ouattara dans un tweet.
Le calme est revenu à Bouaké, où des tirs sporadiques et d’armes lourdes
avaient résonné au cours des dernières 48 heures, semant la panique parmi les
habitants de cette ancienne capitale de l’ex-rébellion armée. Les soldats
mutins réclamaient le paiement de primes, des augmentations de solde, une
promotion plus rapide entre les grades et des logements.
La situation s’est également normalisée dans le reste du pays après
l’annonce samedi d’un accord avec les soldats mutins, selon des correspondants
de l’AFP et des habitants.
A Bouaké, des militaires patrouillaient dimanche à bord de pick-up sous les
regards parfois hostiles d’habitants, a constaté un journaliste de l’AFP.
"Nous souhaitons que la situation reste en l’état. On ne veut plus de tirs
ici à Bouaké. Si les tirs continuent, je crois que la population va se
révolter", a déclaré à l’AFP Adama Cissé, commerçant à Bouaké, devant sa
boutique.
"Fort heureusement, les tirs ont cessé et ils ont promis qu’ils ne vont
plus tirer pour nous effrayer", a confié Aya Justine Koffi, ménagère à Bouaké,
vêtue d’une longue robe et prête à aller faire ses emplettes car les magasins
ont pu rouvrir.
"On est content du dénouement heureux avec cet accord. Ce qu’on demande au
président, c’est d’être attentif aux conditions de vie des militaires", a
déclaré de son côté sous couvert d’anonymat l’un des meneurs de la révolte qui
avait gagné plusieurs autres villes, dont Abidjan, la métropole économique et
politique.
- ’On ne veut plus de bruits de bottes’ -
Dans une allocution télévisée samedi soir, M. Ouattara avait annoncé son
"accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à
l’amélioration des conditions de vie des soldats".
"Je demande à tous les soldats de regagner leurs casernes pour permettre
l’exécution de ces décisions dans le calme", avait-il ajouté.
A Abidjan, où des tirs avaient été entendus samedi dans une caserne et un
carrefour important bloqué par des militaires, le calme était également revenu
dimanche.
A Man (ouest) et Korhogo (nord), où des soldats étaient également sortis de
leurs casernes, "la vie a repris", ont témoigné des habitants joints au
téléphone.
A Bouaké, le ressentiment de la population est fort contre des militaires
qui ont semé la panique par des tirs à l’arme lourde et des rafales de
Kalachnikov.
"On ne veut plus de cette situation à Bouaké. On est fatigués des
agissements des militaires. Vivement que le président Ouattara trouve une
solution définitive à leurs problèmes", a ainsi lancé Adama Coulibaly, un
enseignant.
"On ne veut plus de bruits de bottes à Bouaké", a réagi Séraphin Kouadio,
un informaticien.
- Manipulation politique ? -
L’accord avait été scellé samedi à Bouaké à l’issue d’une rencontre entre
le ministre de la Défense Alain Richard Donwahi et des soldats réclamant de
meilleures conditions.
Mais énieme rebondissement, juste après l’annonce de cet accord, des
militaires en colère avaient retenu le ministre de la Défense et sa délégation
à la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l’arme
lourde.
Après avoir été retenus plus de deux heures, M. Donwahi et sa délégation
avaient pu partir, et des militaires avaient ensuite levé les barrages
interdisant l’entrée dans Bouaké.
"En ce qui concerne les primes, tous les arriérés seront payés. Il y a
beaucoup de problèmes à régler, nous en sommes tout à fait conscients, nos
hommes aussi. Je peux vous assurer que nous allons tenir nos engagements, mais
eux aussi vont tenir leurs engagements", a affirmé samedi M. Donwahi.
Les revendications des mutins étaient matérielles mais elles marquent le
retour d’un problème récurrent dans un pays sorti en 2011 de dix ans de
rébellion dont Bouaké, 1,5 million d’habitants, fut la capitale.
En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de
Bouaké pour des questions de soldes et s’était étendue à Abidjan et d’autres
villes.
Les troubles de cette semaine interviennent alors que le président doit
annoncer pour ce début janvier la nomination d’un vice-président et d’un
Premier ministre. L’élection du président de l’Assemblée nationale doit
également avoir lieu prochainement.
"Une des questions est de savoir s’il y a une manipulation politique.
Est-ce que d’anciens chefs de guerre sont derrière ça?", s’est interrogé un
observateur questionné par l’AFP.
De leur côté, les soldats mutins rejettent toute récupération politique.
Le président Ouattara "est notre père spirituel, c’est une affaire de
famille. On peut équiper l’armée mais si les hommes qui sont à la tâche ne
sont pas motivés, ça ne servira à rien", a estimé l’un des mutins.
La rébellion du nord qui coupa la Côte d’Ivoire en deux en 2002-2011 était
favorable à M. Ouattara, alors que le sud était tenu par les forces loyales à
l’ex-président Laurent Gbagbo.
bur/ck/sba/lp