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Politique Publié le mercredi 18 janvier 2017 | Pôle Afrique

Pour un « Grenelle social » en Côte d’Ivoire / Philippe Di Nacera

© Pôle Afrique Par DR
Premier conseil des ministres après la réélection du Président Ouattara
Le chef de l`Etat SEM Alassane Ouattara (photo) a présidé ce mercredi 4 novembre 2015 son premier conseil des ministres après sa réélection à la tête de la magistrature suprême
Le chef de l’Etat a -t-il ouvert une boîte de Pandore en accédant favorablement aux revendications des militaires, ce vendredi? Oui. Avait-il le choix? Non.

Oui, la voie à d’autres revendications sectorielles est désormais ouverte. Elles se font déjà entendre. D’autres catégories de citoyens ivoiriens, corps habillés ou non, bougent aussi. Il n’a échappé à personne que les fonctionnaires, qui avaient lancé une grève de cinq jours en plein remaniement ministériel, ont reconduit leur mouvement pour cinq jours supplémentaires afin d’être certains de mieux se faire entendre. Les écoles sont fermées, les hôpitaux tournent à minima, ainsi que différents services publics. Qui sait si, à l’avenant, diverses catégories d’ivoiriens ne réclameront pas elles aussi ce qu’elles considèrent comme « leur dû »? D’autant que l’opinion publique -il n’y a qu’à voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux, où désormais elle se forme- n’est pas loin de penser que cela serait juste.

Non, pour autant, il n’y avait pas de choix. Il ne fallait pas laisser cette catégorie de militaires, qui s’estiment être en position de créancier vis-à-vis du pouvoir, mettre à exécution la menace précise et pressante, et qui avait connu un début d’exécution. Qu’auraient fait ces mutins si le Président Alassane Ouattara n’avait pas accédé à leurs exigences, même excessives? Eux seuls peuvent le dire. Mais c’est au soulagement, palpable, des ivoiriens que le président s’est rendu à l’évidence : on n’allait pas envoyer la troupe contre ces 8400 revendicateurs armés jusqu’aux dents, donc il fallait accéder à leur demande et tenter de passer à autre chose. Les populations en sont reconnaissantes à Alassane Ouattara. Mais, diffus, plane un sentiment de gêne. Pourquoi eux? Parce qu’ils sont en armes et pas d’autres, habillés en civil, dont les revendications sont toutes aussi légitimes?

Comment en sortir par le haut et, bien sûr, pacifiquement?
Autant le dire, l’idée qui suit coûterait cher à l’Etat si elle était mise en œuvre. Mais ce serait une dépense pensée, voulue et non contrainte, partagée et acceptée par tous, connue, évaluée, planifiée et non erratique. Cette idée, la voici.

Dans un autre contexte, un autre lieu et une autre époque, en mai 1968, en France, une révolte sociale a paralysé le pays, un mois durant, jusqu’à ce que la tension atteigne une forme de dangereux paroxysme. Lorsqu’il n’a plus été possible de faire autrement, le Premier Ministre du Général de Gaulle, Georges Pompidou, réunit secrètement l’ensemble des syndicats et les organisations patronales, au ministère du Travail, rue de Grenelle, à Paris. Les accords qui en sortirent, historiquement connus sous le nom d »Accords de Grenelle », apaisèrent la France pour des décennies. Ils accordaient une augmentation substantielle du « salaire minimum » (35%) et des salaires (plus de 10%), et aménageaient une place pour les syndicats dans les entreprises.

Un « Grenelle » est une méthode plus qu’un vade-mecum ou un mode opératoire. Il s’agirait de convoquer tous les concernés – corps habillés, fonctionnaires, autres catégories – et d’entrer en conclave jusqu’à ce que quelque chose en sorte. Chacun mis devant ses responsabilités, posant des revendications, celles-ci étant évaluées et négociées. Et ce, jusqu’à ce qu’un accord général émerge. Il n’est pas dit que la Côte d’Ivoire, louée pour son sérieux économique depuis cinq ans, pour sa croissance retrouvée, pour sa voix qui porte à nouveau sur la scène internationale, ne trouve un écho favorable parmi ses partenaires mondiaux, institutions et pays, pour l’aider à financer un tel programme que, seule, elle ne pourrait assumer.

A -t-on atteint le point paroxystique suffisant pour entamer une telle démarche? Je le crois.

Philippe Di Nacera
Directeur de la publication
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