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Politique Publié le mercredi 18 janvier 2017 | Partis Politiques

Mutineries au sein de l’armée et grève de l’intersyndicale de la fonction publique: Réaction du Front Populaire Ivoirien (FPI)

© Partis Politiques Par D. A
Politique/ Conférence de presse du Président AFFI N`Guessan
Mercredi 18 janvier 2017. Le président du Front Populaire Ivoirien, Pascal Affi N’Guessan a animé un point de presse, au siège du parti, pour se prononcer sur l’actualité relative à la grogne des militaires ivoiriens et la grève des fonctionnaires et agents de l’Etat qui paralysent le pays.
- Mesdames et Messieurs les journalistes,
- Chers amis de la presse nationale et internationale,
- Camarades militantes et militants,

Alors que je m’étais proposé de m’adresser aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens, ainsi qu’aux amis de la Côte d’Ivoire, le samedi 28 janvier 2017 à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux du parti, l’actualité politique et sociale m’oblige à tenir ce point de presse pour me prononcer au nom du FPI, sur les graves évènements que vit le pays depuis le début de l’année.

Auparavant, je voudrais exprimer le vif souhait que cette année soit pour la presse nationale et internationale une année de paix, de liberté et de sécurité, une bonne et heureuse année.

Malheureusement, pour notre pays la Côte d’Ivoire l’année 2017 commence mal.

Dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 janvier 2017, une mutinerie a éclaté à l’Etat-Major de la 3ème Région militaire de Bouaké. Elle était dirigée par un groupe de militaires, ex-combattants des ex-Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) intégrés à l’armée nationale dans le cadre du DDR et RSS après la prise du pouvoir par Alassane Dramane Ouattara.

Les militaires réclament :

Le paiement de primes dites prime « ECOMOG » d’un montant de 5 000 000 F CFA pour chaque militaire promises par Alassane Ouattara lors de la crise post-électorale de 2011 ;
augmentation de salaires ;
une villa pour chacun des militaires ;
obtention de grades ;
réduction du nombre d’années pour passer d’un grade à un autre ;
obtention de grades ;
amélioration des conditions de vies des militaires par la construction de nouvelles casernes.
Ces militaires ont attaqué les commissariats de police de Sokoura, Dar-es-Salam, se sont emparé de kalachnikovs et ont saccagé la préfecture de police de Bouaké. Ils ont assiégé ensuite les deux corridors des axes Bouaké-Abidjan et Bouaké-Katiola bloquant la circulation.

Dans la journée du vendredi 6 janvier 2017, le mouvement touche la ville de Daloa qui abrite la 2ème Région militaire. Des coups de feu éclatent au 2ème bataillon d’infanterie sis au quartier Orly 2. Les militaires arrachent des voitures des particuliers et des véhicules de Services publics. La panique gagne la ville. Les commerces ferment et les populations se barricadent.

Du vendredi 6 au samedi 7 janvier 2017, la mutinerie se propage aux principales villes du pays abritant des casernes militaires : Korhogo, Daoukro, Odienné, Man, Abidjan, Bondoukou, Duékoué, Bangolo, Guiglo, Tabou, Taï, Yamoussoukro, Touba, etc..

Les militaires encagoulés attaquent des commissariats de police emportant des armes ; des barrages sont érigés sur les artères des villes, des patrouilles mobiles à travers les rues tirent des coups de feu en l’air et provoquent la panique au sein de la population civile. Conséquences : les écoles, les marchés et les magasins ferment. La circulation est bloquée et la population se terre chez elle. A Abidjan, les mutins occupent (10 H) l’Etat-Major et le Ministère de la défense.

Le samedi 7 janvier 2017, le ministre de la Défense et le Colonel Ouattara Issiaka dit Wattao sont envoyés en mission à Bouaké pour y désamorcer la mutinerie.

Dans un premier temps, les émissaires du gouvernement refusent d’accéder aux revendications des mutins. Ils sont violemment malmenés et séquestrés. Ils ne seront libérés que tard dans la nuit après que le Chef de l’Etat lui-même aura confirmé l’accord du gouvernement de satisfaire toutes leurs revendications.

Le mardi 10 janvier 2017, le ministre de la défense porte l’information à la connaissance de tous les militaires au cours d’une rencontre à Akouédo.

Le mercredi 11 janvier 2017, comme réponse administrative à cette situation humiliante pour le gouvernement, un nouveau Chef d’Etat-Major, un nouveau Commandant Supérieur de la gendarmerie et un nouveau Directeur Général de la Police nationale sont nommés.

Le vendredi 13 janvier 2017, le Ministre de la défense est à nouveau envoyé en mission à Bouaké, en compagnie de nouveau CEMA. Ils sont porteurs d’une proposition du Chef de l’Etat de payer deux (2) millions F CFA à chaque mutin en deux temps. La question des maisons serait examinée ultérieurement. Les mutins entrent dans une colère noire. Ils l’expriment par des tirs nourris à l’intérieur de la résidence du Préfet. Les journalistes présents sont sommés de quitter les lieux. La délégation ministérielle est une nouvelle fois séquestrée et malmenée.

Après de longues négociations, les deux parties s’accordent sur la somme de douze (12) millions F CFA à payer à chaque mutin, soit deux (2) millions et dix (10) millions pour la villa. Rendez-vous est pris pour l’exécution de l’accord le lundi 16 janvier 2017. L’opinion nationale et internationale qui avait suivi les péripéties de cette affaire avec beaucoup d’attention et d’appréhension est à la fois rassurée et écœurée par la posture humiliante adoptée par le gouvernement. Elle était curieuse de savoir si cet engagement serait respecté ou pas.

Le lundi 16 janvier 2017 aux environs de 17 H les médias internationaux confirment que le paiement est effectif. Des virements bancaires ont été effectués au profit des mutins.

Comme il fallait s’y attendre, la décision de satisfaire les revendications des ex-combattants des Forces Nouvelles déclenche la réaction des autres entités de l’armée, notamment des ex-Forces de Défense et de Sécurité (ex-FDS). Ceux-ci refusent l’attitude discriminatoire du gouvernement et demandent un traitement équitable de tous les militaires.

Dans la nuit du lundi au mardi, le camp commando d’Abobo annonce les couleurs par des tirs nourris.

Toute la journée du mardi, la réaction s’étend aux autres villes du pays : Bouaké, Yamoussoukro, Man, Daloa, Bouaflé, Dimbokro, Bongouanou, M’Batto, Azaguié, Danané, Bangolo, etc.

Ce mercredi 18 janvier 2017, ce sont le port d’Abidjan et la SIR qui sont passés sous le contrôle des FDS. L’activité économique est paralysée sur l’ensemble du territoire national. Plusieurs dizaines de camions de cacao et de café sont bloqués aux ports d’Abidjan et de San Pedro.

A ce jour on déplore quatre (4) morts selon le gouvernement, dont deux (2) militaires de l’EFA de Yamoussoukro (Zambakro) tués dans un accrochage avec la garde Républicaine.

Le Front Populaire Ivoirien (FPI) présente aux familles de ces soldats ses sincères condoléances les plus attristées et à toutes les victimes de ces graves évènements sa compassion.

Dans un certain nombre de localités, la tension monte entre ex-combattants des ex-FAFN et ex-FDS. Les Ivoiriens retiennent leur souffle.

Pendant que le gouvernement se débattait pour trouver une issue aux revendications des militaires, ce sont les fonctionnaires ivoiriens réunis au sein de l’Intersyndicale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (IF-CI) qui déclenchent un mouvement de grève de cinq jours du lundi 9 au vendredi 13 janvier 2017. Le mercredi 07 décembre 2016 un préavis d’arrêt de travail avait été adressé au gouvernement à la suite de l’échec des négociations qui avaient suivi la grève dite ‘’d’avertissement’’ de 3 jours de novembre 2016 (08 au 10 novembre).

Rappelons que le 5 mai 2016, j’ai animé ici même une conférence de presse sur la situation socio-politique nationale pour évoquer avec vous la grogne et les tensions sociales qui avaient atteint des niveaux alarmants dans de nombreux domaines : Enseignement Supérieur, Education nationale, Défense et Sécurité, cherté de la vie, Santé publique, Fonction Publique, Cohésion sociale, etc. et pour analyser avec vous les réponses que le Chef de l’Etat avait apporté aux cahiers de revendications des Centrales Syndicales le 1er mai 2016. Neuf (9) mois après, force est de constater qu’aucune solution n’a été apportée aux nombreuses revendications qui avaient portées à l’époque sur :

Les revenus et les pouvoirs d’achat des travailleurs ;
La sécurité des personnes et des biens ;
La liberté syndicale ;
De nombreuses revendications du code du travail et la question du nouveau statut général de la fonction publique ;
La valorisation du genre ;
Le traitement du secteur informel ;
La question du dialogue politique et de la réconciliation nationale.
A l’occasion du présent mouvement de grève, les revendications des 62 syndicats membres de l’IF-CI ont porté sur quatre (4) points :

Le retrait des dispositions antisociales de l’ordonnance n° 2012-303 du 04 avril 2012 portant organisation des régimes de pensions gérées par la Caisse Générale de Retraite des Agents de l’Etat (CGRAE).
Le paiement effectif et immédiat du stock des arriérés de salaires des fonctionnaires dus au titre du déblocage et de la revalorisation des salaires de 2009, et d’un montant de 243 milliards FCFA ;
L’intégration à la fonction publique des agents journaliers du secteur public de la Santé (garçon et fille de salle) ;
L’arrêt des violations des libertés Syndicales.
A ces revendications s’ajoutent celles spécifiques au MIDD et à la FESCI.

Le MIDD demande :

La revalorisation de la prime annuelle de direction ;
Son association aux réflexions sur les questions liées au programme de l’Ecole gratuite et obligatoire (Infrastructures, qualité des enseignements, conditions de vie et de travail des Instituteurs) ;
La disparition de la catégorie des Instituteurs dits Adjoints et l’instauration d’une catégorie unique d’instituteurs ;
La réinstauration des précomptes pour faciliter le projet immobilier des Instituteurs (MIDD).
Quant à la FESCI, elle menace de lancer un nouveau mouvement de grève si deux (2) revendications majeures ne sont pas satisfaites, à savoir :

L’attribution des bourses 2015-2016 ;
l’arrêt des inscriptions en ligne tant que les rapports sur les litiges opposant les étudiants aux universités ne sont pas rendus publics et que ce contentieux n’ait pas été vidé.
D’autres revendications ont été évoquées par le Secrétaire Général de la FESCI au cours de son point de presse du 5 janvier 2017 :

La programmation des soutenances du Brevet de Techniciens Supérieurs (BTS) ;
La fin des frais de soutenance ;
L’équipement des laboratoires des universités Lorougnon Guédé de Daloa, Nangui-Abrogoua, Paleforo Gon Coulibaly de Korhogo et Alassane Ouattara de Bouaké ;
L’arrêt du paiement de la somme de 5000 F CFA par étudiant concerné par la 2ème phase de l’orientation des nouveaux bacheliers ;
L’ouverture de la résidence Mermoz-Cocody ;
L’homologation des frais d’inscription dans les Grandes Ecoles ;
La couverture Wifi des universités nationales en vue de la mise en œuvre du projet d’université virtuelle.
Le mouvement de grève de l’IF-CI a été largement suivi (80 à 90%). 100% dans le secteur Education/formation. Durant la semaine des services entiers sont restés fermés et les activités administratives ont été paralysées. L’impact sur l’économie nationale est indéniable.

A la forte mobilisation des syndicats et à l’adhésion de la quasi-totalité des fonctionnaires au mot d’ordre de grève, le gouvernement a répondu par des actes d’intimidation et de répression. L’IF-CI a donc décidé de reconduire purement et simplement son mot d’ordre pour cinq autres jours à compter du lundi 16 janvier 2017, sans service minimum.

De graves perturbations ont été enregistrées ce lundi. La grève a entrainé des violences à Abidjan et dans plusieurs localités du pays, causées par des élèves réclamant le retour en classe de leurs enseignants, pendant que les élèves étaient délogés, des établissements scolaires partout dans le pays. Malgré l’intervention musclée des éléments de l’ONUCI, élèves, enseignants et personnels administratifs du collège Jean-Mermoz ont été délogés sans ménagement.

Sous la pression d’une horde d’élèves, la Tour D de la cité Administrative abritant le Ministère de l’Education Nationale a été fermée. Le mardi 17 janvier 2017, tous les services de l’Administration étaient déserts.

Avant d’être militaire et sociale, cette énième crise est d’abord politique. Elle n’est que la réplique de la grave crise sociopolitique que traverse le pays depuis plus d’une dizaine d’années.

Au moment où l’Organisation des Nations-Unis plie bagages, estimant avoir terminé sa mission, ces évènements viennent nous démontrer qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur la voie de la paix et de la stabilité. La Côte d’Ivoire est toujours en crise. Le message que ces évènements véhiculent est clair : ce régime souffre d’un déficit chronique et grave de légitimité. D’où les actes de défiances à travers les grèves incessantes accompagnées d’actes de violences, les attaques contre les symboles de l’Etat, la désaffection des populations vis-à-vis de la politique et des processus électoraux, son impuissance à apporter une réponse politique, éthique et républicaine aux chantages de ceux qui l’ont accompagné au pouvoir par le moyen des armes, l’enlisement du pays dans la crise et l’aggravation de la situation.

Cette situation témoigne aussi que le régime d’Alassane Ouattara vit dans l’illusion et sur le faux. Mais cette situation s’explique.

Elle trouve son explication dans l’obstination de Monsieur Alassane Ouattara à refuser d’emprunter la seule voie de rédemption pour notre pays, la voie que je lui propose avec insistance depuis 2013, celle dans laquelle l’invite la Communauté Internationale à travers les multiples Résolutions des Nations-Unies, celle qu’attendent avec impatience nos compatriotes, la voie de la réconciliation nationale et d’une paix durable en Côte d’Ivoire.

Alassane Ouattara a échoué. Il a échoué à réconcilier les Ivoiriens. Il a échoué à promouvoir une justice indépendante, impartiale et crédible. Il a échoué à bâtir une armée républicaine, à garantir la stabilité du pays et à assurer la sécurité des personnes et des biens.

Il a échoué à conduire une saine gestion des deniers publics et à préserver le pays de la corruption, du népotisme et du clientélisme. Il a échoué à restaurer l’image et le prestige de la Côte d’Ivoire. Il a divisé les Ivoiriens. Il a divisé le pays. Il vient de faire exploser l’Armée.

Ses choix stratégiques dictés par le ressentiment et la soif de vengeance ont conduit le pays dans l’impasse. Il faut en sortir. C’est lui-même qui disait en octobre 2010, à l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle : « quand on est incapable de gérer le pays on quitte le pouvoir ; quand on a échoué dans les grandes démocraties, on quitte le pouvoir ; quand on a été incapable de ramener la paix à son pays, on quitte le pouvoir ». Je l’invite à tirer les conséquences de sa propre logique.

En tout état de cause, la gravité de la situation actuelle, le risque d’implosion que court le pays, et l’urgence d’y trouver une solution définitive et durable exigent la mobilisation et l’implication de toutes les forces vives de la nation.

C’est pourquoi j’appelle solennellement à réunir sans délai toutes les forces vives de la nation en vue de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de transition. La mission de ce gouvernement sera :

De conclure une trêve avec toutes les organisations politiques, militaires, syndicales et sociales impliquées dans la crise et d’engager les négociations en vue de la résolution durable des problèmes auxquels les populations ivoiriennes sont confrontées;
d’assainir l’environnement, et de normaliser la vie politique et sociale à travers la libéralisation de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;
d’organiser le retour de tous les exilés et déplacés de guerre, le dégel total des comptes bancaires et des avoirs de toutes les personnes concernées par ces mesures ;
d’organiser les Etats Généraux de la Républiques (EGR) pour fonder la réconciliation nationale, proposer des réparations sans discriminations pour toutes les victimes des graves évènements que le pays a connu ces quinze (15) dernières années, ainsi que tous moyens pouvant contribuer à guérir des traumatismes subis ;
de procéder à la re-écriture de la Constitution ;
d’adopter les reformes législatives nécessaires à la consolidation de l’Etat de droit ; de la cohésion sociale, des libertés et de la démocratie ;
de reformer le système de Sécurité nationale (RSS) ;
Etc…
J’invite les Nations-Unies, l’Union Africaine, toutes les Organisations sous-régionales ainsi que tous les pays amis que la situation de crise endémique en Côte d’Ivoire préoccupe, qui se sont mobilisées depuis de nombreuses années afin que ce pays ne sombre pas, à s’impliquer pour contraindre monsieur Alassane Ouattara à la libération de la Côte d’Ivoire et à la réconciliation nationale.

Ivoiriennes, Ivoiriens, le pays nous appelle. Le destin de notre pays est en jeu. Levons-nous et mobilisons-nous pour les futures batailles auxquelles la paix, l’unité, la stabilité et la prospérité de notre pays nous invite.

Je vous remercie

Pascal AFFI N’Guessan

Député et Président du FPI.
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