Le ministre de l’Économie et des Finances explique la décision du gouvernement dans l’affaire dite de l’Agrobusiness et rassure les populations sur le souci du Chef de l’État d’œuvrer pour leur bien-être
L’actualité est dominée par l’Affaire dite de « l’Agro-business ».
Quel est le regard du ministre de l’économie et des Finances sur ce phénomène ?
En ma qualité de ministre de l’économie et des Finances, je ne peux qu’être triste de savoir qu’une activité de ce genre se mène dans notre pays parce qu’elle n’honore ni l’économie ni la Côte d’Ivoire. En ce sens qu’elle ne repose pas sur un modèle économique sain, solide, viable et avéré. plus grave, cette activité s’exerçait au mépris des règles communautaires de l’Uemoa et de la réglementation en vigueur en Côte d’Ivoire.
Nulle part au monde, on n’a vu un investissement produire
six fois le montant du capital investi en six mois. Ce qui reviendrait à un gain de six millions de FCfa pour un million investi en six mois et neuf millions après neuf mois. Lorsque ce modèle est vendu à la population et que, de bonne foi, celle-ci s’engage, je ne peux qu’en être triste et souhaiter qu’on en sorte très rapidement.
Pourquoi l’état s’est-il autosaisi d’une affaire opposant des privés alors qu’aucune plainte n’a été enregistrée de la part des souscripteurs ?
L’état est dans son rôle, celui de surveiller toutes les activités qui se mènent sur le territoire national afin de se rassurer qu’il s’agit d’activités crédibles et conformes aux dispositions légales et règlementaires.
Je précise que toute activité d’une entreprise doit s’exercer par rapport à l’objet social de cette entreprise.
Ainsi, si vous voulez être un commerçant, vous devez décliner l’objet social et détenir un registre de commerce. tant que vous exercez dans ce cadre, il n’y a aucun problème. En revanche, si vous menez une autre activité que celle qui a été déclarée, cela intéresse l’Etat qui est obligé d’intervenir pour vous recadrer.
Voilà donc de jeunes Ivoiriens qui ont décidé de créer des activités appelées agrobusiness; quoique sa définition
reste imprécise et problématique. La vocation première était la création de « plantations clés en main » ; ce qui est une bonne chose en soi puisque les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays ont eu à faire la promotion des programmes de plantations clef en main. Dans ce cadre, certains de nos compatriotes ont pu bénéficier de plantations d’hévéas et de palmier à huile. Mais cela suppose un contrat entre le promoteur et l’acquéreur et à la fin, vous devenez propriétaire de la plantation et donc en charge de son exploitation.
En théorie c’est sur la base de ce schéma économique que nos compatriotes se sont massivement engagés mais à la fin, ils n’ont pas de plantation ; ils ne percevaient que des revenus appelés retour sur investissement (Rsi).
Mais le retour sur investissement est-il pérenne ?
En outre, le Rsi d’aujourd’hui n’est pas forcément celui de demain.
pourquoi l’intérêt pour les plantations clef en main ?
tout simplement parce que c’est une activité pérenne, vous l’exploitez et vous en tirez des revenus pendant longtemps. Et c’est une activité noble. or ici, il s’agit d’une plantation virtuelle, d’un retour sur un investissement qui n’est pas réel, avéré, c’est-à-dire une activité virtuelle. Cela ne doit vraiment pas nous encourager à laisser perdurer ce genre de comportement.
Pourquoi est-ce seulement maintenant que l’état réagit alors que des entreprises existent depuis 2008 ?
Effectivement, les deux premières entreprises ont été créées en 2008 et 2009 avec pour objet la création de plantations clés en main. Ce qui n’est pas une première en la matière et surtout que nous sommes un pays agricole et que l’état, par le passé, a eu à réaliser des programmes de plantations clef en main.
seulement ’à partir de 2015, il y a eu une déviation d’activité.
Le premier constat fait par l’état, c’est la prolifération de 2015 à 2016 d’entreprises dites d’Agro-business parce que les promoteurs se sont rendus compte que la population avait mordu à l’appât. Vu l’importance des capitaux générés,
ces promoteurs ont créé des entreprises satellite pour diluer les capitaux. Donc du coup, de deux entreprises, on se retrouve à 28 entreprises pour environ 36 000 souscripteurs ç fin 2016. Et comme je le disais tantôt,
le rôle du gouvernement, c’est de veiller à ce que toutes les activités se mènent dans la légalité. Et à travers les différents systèmes, l’état a été informé et donc cherché à comprendre. C’est ainsi qu’il a mis en place un groupe de travail depuis juin juillet 2016 pour regarder la légalité et la crédibilité des opérations. Notamment les entrées et sorties de fonds. Il en a déduit quelques mois après qu’il fallait agir car ce qui se faisait n’était pas bon pour l’image du pays et parce que le modèle économique ne reposait sur aucun fondement correct, légal, fiable ; c’était tout juste du virtuel. tant qu’on reçoit payement, on estime que c’est bon mais quand ça s’arrête, on dit qu’il y a problème. L’état a donc mis en place un groupe de travail qui a rendu compte au gouvernement ;lequel a examiné la question en Conseil des ministres et a recommandé la prudence à la population.
Il a aussi pris des mesures conservatoires, notamment le gel des comptes des entreprises d’agro-business le temps d’y voir clair. Il a été demandé à la police économique et au procureur de mener des enquêtes. Le résultat a montré qu’il fallait faire quelque chose pour éviter le pire demain.
Aujourd’hui, on nous parle de 66 milliards de FCfa de capitaux investis. Imaginez ce qui se serait produit si nous avions laissé cette activité prospérer ; les montants investis allaient être beaucoup plus colossaux et il aurait été reproché au gouvernement de n’avoir rien fait si d’aventure, les souscripteurs n’étaient pas remboursés.
L’état a estimé que cette activité ne pouvait pas prospérer,
il a donc mis le holà. Rappelez-vous qu’il y a eu par le passé des maisons de placement d’argent, des souscripteurs ont été payés au départ mais après tout s’est effondré et les promoteurs ont fui. Résultat, les souscripteurs ont tout perdu ; et leur mise et leur retour sur investissement. Cette fois-ci, le président de la République nous a instruit de faire en sorte que la population qui a souscrit de bonne foi rentre en possession des fonds investis et que soit mis un terme à la prolifération de ce genre d’activité.
Le Comité de veille est chargé de rembourser le capital investi mais pas le retour sur investissement. Même là, il n’est pas évident que le montant trouvé sur les comptes (24 milliards) suffise à satisfaire tous les souscripteurs.
Qu’en sera-t-il de ceux qui ne seront pas pris en compte ?
Il ne faut pas préjuger de ce qui adviendra. Au moment où le Groupe de travail avait déposé ses conclusions, le montant était de 22 milliards de FCfa. Après la mise en place du Comité de veille, deux milliards supplémentaires ont été trouvés. Les recherches se poursuivent.
pour revenir à votre question, dans un premier temps, il faut rembourser le capital investi.
Le retour sur investissement doit se payer sur la base d’activités réalisées ; or il n’y en a pas. par conséquent, le président de la République a décidé que le remboursement
se fasse à concurrence des ressources trouvées dans les comptes. Maintenant, les promoteurs ont affirmé disposer d’actifs, ce que nous voulons bien croire. si tel est le cas, les produits des cessions de ces actifs seront utilisés pour des paiements complémentaires si d’aventure les fonds trouvés ne suffisaient pas.
Certains souscripteurs sont détenteurs de reçus de versement de fonds à la banque mais pas de contrat parce que n’ayant pas encore été signé au moment de la suspension des opérations par le gouvernement. Ce qui rendra donc difficile la présentation de l’ensemble des documents exigés à l’enrôlement pour le remboursement.
Le gouvernement fait confiance au Comité de veille composé de représentants du ministère de l’Intérieur, de la Justice, des Finances, de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, de la Bceao. Je pense qu’avec toutes ces expertises, il n’y aura pas de problème sans solution. En toute chose, il faut savoir raison garder, être
patient et observer. Le Comité observera, nous présentera ses propositions et nous aviserons.
L’autre reproche qui est fait aux promoteurs d’entreprises,
c’est de procéder à appel public à l’épargne comme le ferait
le Trésor public. Au point que les banques sont accusées
de « comploter ». Il ne saurait y avoir de conflit entre les banques et des institutions informelles. Le rôle des banques est très clair.
Ces structures ont commencé à faire l’appel public à l’épargne, c’est-à-dire prendre l’agent avec des citoyens pour le multiplier et le leur rendre. Or il est bon de savoir que ce genre d’activités est réglementé et la réglementation est communautaire.
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la réglementation stipule que quiconque veut lever des capitaux par appel public à l’épargne et avec
pour cible une population de plus de 100 personnes n’ayant aucun lien, obligation est faite de recourir au Conseil régional de l’épargne public et des marchés financiers pour avoir un agrément.
Vous devez être autorisé, or cela n’a pas été le cas, donc c’est une activité illégale.
Je rappelle que même l’État, à travers le Trésor public, fait des levées de fonds sur le marché. À chaque levée, le Trésor demande un agrément auprès du régulateur. Lequel exige trois conditions avant de donner l’agrément : l’assurance ou la garantie de remboursement, le taux d’intérêt et la maturité. En d’autres termes, la maturité et le taux d’intérêt sont connus d’avance. Pour la sécurité, il est exigé un compte séquestre (ou de garantie) sur la vie de l’emprunt et ouvert à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao)que l’État alimente chaque mois de sorte qu’à terme, les souscripteurs soient remboursés. Et voilà que les promoteurs parlent de concurrence des banques, qui plus est, hébergent leurs comptes. C’est incompréhensible!
Tous les pays au monde sont régis par des lois dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
Et cette loi nous impose que tout mouvement inhabituel sur un compte soit porté à la connaissance de l’État. Une structure existe à cet effet et qui veille et reçoit les informations des banques, la Cellule nationale de traitement de l’information financière (Centif). Aujourd’hui, en Europe et même en Côte d’Ivoire, il est impossible de verser certains montants de l’ordre de deux millions de FCfa sur des comptes. Dans le cas contraire, il faut une justification.
Les banques ont leur mission, celle de faire de la banque ; mais les promoteurs d’agro-business ne faisaient pas de la banque, ils faisaient plutôt de l’usure. Certains promoteurs sont incarcérés et leurs collègues demandent leur libération pour faciliter le remboursement des fonds des souscripteurs sur la base de leurs actifs.
Qu’en dites-vous ?
S’il s’agit de faire face à la demande des souscripteurs, je pense qu’il y a assez de personnes en liberté pour le faire. Une action de ce genre n’est rien d’autre qu’une infraction à la loi. Puisque nul n’est censé ignorer la loi, ils ne peuvent que la subir en cas d’infraction. Sur la question, il revient au procureur de décider. C’est justement la raison pour laquelle nous demandons aux souscripteurs de se rendre dans toutes les agences du Trésor aussi bien dans les dix communes d’Abidjan que de l’intérieur du pays pour s’inscrire. De venir faire la preuve de leurs créances sur la société et se faire rembourser. L’État a mis en place des structures dans ce sens. Pas besoin de les libérer pour que les remboursements se fassent. Qui enfreint à la loi doit se soumettre à la rigueur de la loi, donc laissons la justice faire son travail.
Le dialogue avec les prometeurs est-il rompu avec le lancement du processus pour le remboursement ?
L’État est très organisé. Tout a commencé avec le Groupe de travail comprenant toutes les compétences et qui a produit son rapport. Ensuite, le Comité de veille a travaillé en liaisons avec les promoteurs et les représentants des souscripteurs. Personnellement, j’ai reçu des représentants des souscripteurs pour leur expliquer le bien-fondé de la décision du gouvernement.
Qui est d’arrêter cette activité qui n’a pas un caractère légal, qui n’honore ni le pays ni le souscripteur.
Lorsque vous accomplissez un acte et que vous êtes interpellé parce que non conforme à la loi, la sagesse et la raison commandent que vous puissiez vous arrêter et chercher à en sortir. En conséquence, le dialogue avec les souscripteurs se poursuit. Après le premier jour, 5000 souscripteurs ont été enrôlés, 8000, le deuxième jour. C’est dire qu’ils ont bien compris la décision du gouvernement.
Que retenir de l’affaire de l’agro-business ?
Ce n’est pas l’activité qui est en cause, mais la manière de la conduire. Quand vous voulez mener une activité, vous la déclarez, l’administration vous délivre un registre de commerce et vous êtes reconnu comme tel. Si chemin faisant, vous voulez changer, vous revenez vers la structure compétente pour obtenir l’autorisation en fonction de la nouvelle activité.
Je répète que ce phénomène ne fait pas honneur à la Côte d’Ivoire. Je considère que nos compatriotes ont souscrit de bonne foi et c’est pour cela que le Président de la République a ordonné le remboursement du capital. Si d’aventure cette activité devait prospérer, il faut qu’elle soit conforme à la réglementation.
Et le souci premier du Chef de l’État, c’est le bien-être de la population. En la matière, le gouvernement a posé beaucoup d’actes. Notamment le doublement du Smig des travailleurs qui était de 35 000 FCfa par le passé.
Au niveau des agriculteurs, les prix des produits agricoles ont été améliorés par la volonté du Président de la République.
Avec 60% du prix international rétrocédé aux producteurs, aussi bien dans la culture du cacao, du café que de l’anacarde.
Quand la population a un bon revenu, le gouvernement sait qu’il travaille. Par conséquent, les souscripteurs doivent comprendre le bien-fondé de la vision du gouvernement. Cela suppose que toutes les activités entreprises au plan national ne doivent pas être entachées par quelque irrégularité que ce soit. Le gouvernement a décidé, il n’est plus question que le phénomène de l’agrobusiness revienne.
Nous invitons les souscripteurs à aller s’inscrire pour entrer en possession de leurs fonds.
Je voudrais aussi préciser que le Comité de veille n’a donné mandat à personne pour faire des inscriptions à domicile et emmener les listes. Les inscriptions ne se font pas uniquement au Plateau mais dans les dix communes d’Abidjan. Tout le monde doit se déplacer dans les services du Trésor, d’où la vigilance à observer par tous...
L’actualité est dominée par l’Affaire dite de « l’Agro-business ».
Quel est le regard du ministre de l’économie et des Finances sur ce phénomène ?
En ma qualité de ministre de l’économie et des Finances, je ne peux qu’être triste de savoir qu’une activité de ce genre se mène dans notre pays parce qu’elle n’honore ni l’économie ni la Côte d’Ivoire. En ce sens qu’elle ne repose pas sur un modèle économique sain, solide, viable et avéré. plus grave, cette activité s’exerçait au mépris des règles communautaires de l’Uemoa et de la réglementation en vigueur en Côte d’Ivoire.
Nulle part au monde, on n’a vu un investissement produire
six fois le montant du capital investi en six mois. Ce qui reviendrait à un gain de six millions de FCfa pour un million investi en six mois et neuf millions après neuf mois. Lorsque ce modèle est vendu à la population et que, de bonne foi, celle-ci s’engage, je ne peux qu’en être triste et souhaiter qu’on en sorte très rapidement.
Pourquoi l’état s’est-il autosaisi d’une affaire opposant des privés alors qu’aucune plainte n’a été enregistrée de la part des souscripteurs ?
L’état est dans son rôle, celui de surveiller toutes les activités qui se mènent sur le territoire national afin de se rassurer qu’il s’agit d’activités crédibles et conformes aux dispositions légales et règlementaires.
Je précise que toute activité d’une entreprise doit s’exercer par rapport à l’objet social de cette entreprise.
Ainsi, si vous voulez être un commerçant, vous devez décliner l’objet social et détenir un registre de commerce. tant que vous exercez dans ce cadre, il n’y a aucun problème. En revanche, si vous menez une autre activité que celle qui a été déclarée, cela intéresse l’Etat qui est obligé d’intervenir pour vous recadrer.
Voilà donc de jeunes Ivoiriens qui ont décidé de créer des activités appelées agrobusiness; quoique sa définition
reste imprécise et problématique. La vocation première était la création de « plantations clés en main » ; ce qui est une bonne chose en soi puisque les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays ont eu à faire la promotion des programmes de plantations clef en main. Dans ce cadre, certains de nos compatriotes ont pu bénéficier de plantations d’hévéas et de palmier à huile. Mais cela suppose un contrat entre le promoteur et l’acquéreur et à la fin, vous devenez propriétaire de la plantation et donc en charge de son exploitation.
En théorie c’est sur la base de ce schéma économique que nos compatriotes se sont massivement engagés mais à la fin, ils n’ont pas de plantation ; ils ne percevaient que des revenus appelés retour sur investissement (Rsi).
Mais le retour sur investissement est-il pérenne ?
En outre, le Rsi d’aujourd’hui n’est pas forcément celui de demain.
pourquoi l’intérêt pour les plantations clef en main ?
tout simplement parce que c’est une activité pérenne, vous l’exploitez et vous en tirez des revenus pendant longtemps. Et c’est une activité noble. or ici, il s’agit d’une plantation virtuelle, d’un retour sur un investissement qui n’est pas réel, avéré, c’est-à-dire une activité virtuelle. Cela ne doit vraiment pas nous encourager à laisser perdurer ce genre de comportement.
Pourquoi est-ce seulement maintenant que l’état réagit alors que des entreprises existent depuis 2008 ?
Effectivement, les deux premières entreprises ont été créées en 2008 et 2009 avec pour objet la création de plantations clés en main. Ce qui n’est pas une première en la matière et surtout que nous sommes un pays agricole et que l’état, par le passé, a eu à réaliser des programmes de plantations clef en main.
seulement ’à partir de 2015, il y a eu une déviation d’activité.
Le premier constat fait par l’état, c’est la prolifération de 2015 à 2016 d’entreprises dites d’Agro-business parce que les promoteurs se sont rendus compte que la population avait mordu à l’appât. Vu l’importance des capitaux générés,
ces promoteurs ont créé des entreprises satellite pour diluer les capitaux. Donc du coup, de deux entreprises, on se retrouve à 28 entreprises pour environ 36 000 souscripteurs ç fin 2016. Et comme je le disais tantôt,
le rôle du gouvernement, c’est de veiller à ce que toutes les activités se mènent dans la légalité. Et à travers les différents systèmes, l’état a été informé et donc cherché à comprendre. C’est ainsi qu’il a mis en place un groupe de travail depuis juin juillet 2016 pour regarder la légalité et la crédibilité des opérations. Notamment les entrées et sorties de fonds. Il en a déduit quelques mois après qu’il fallait agir car ce qui se faisait n’était pas bon pour l’image du pays et parce que le modèle économique ne reposait sur aucun fondement correct, légal, fiable ; c’était tout juste du virtuel. tant qu’on reçoit payement, on estime que c’est bon mais quand ça s’arrête, on dit qu’il y a problème. L’état a donc mis en place un groupe de travail qui a rendu compte au gouvernement ;lequel a examiné la question en Conseil des ministres et a recommandé la prudence à la population.
Il a aussi pris des mesures conservatoires, notamment le gel des comptes des entreprises d’agro-business le temps d’y voir clair. Il a été demandé à la police économique et au procureur de mener des enquêtes. Le résultat a montré qu’il fallait faire quelque chose pour éviter le pire demain.
Aujourd’hui, on nous parle de 66 milliards de FCfa de capitaux investis. Imaginez ce qui se serait produit si nous avions laissé cette activité prospérer ; les montants investis allaient être beaucoup plus colossaux et il aurait été reproché au gouvernement de n’avoir rien fait si d’aventure, les souscripteurs n’étaient pas remboursés.
L’état a estimé que cette activité ne pouvait pas prospérer,
il a donc mis le holà. Rappelez-vous qu’il y a eu par le passé des maisons de placement d’argent, des souscripteurs ont été payés au départ mais après tout s’est effondré et les promoteurs ont fui. Résultat, les souscripteurs ont tout perdu ; et leur mise et leur retour sur investissement. Cette fois-ci, le président de la République nous a instruit de faire en sorte que la population qui a souscrit de bonne foi rentre en possession des fonds investis et que soit mis un terme à la prolifération de ce genre d’activité.
Le Comité de veille est chargé de rembourser le capital investi mais pas le retour sur investissement. Même là, il n’est pas évident que le montant trouvé sur les comptes (24 milliards) suffise à satisfaire tous les souscripteurs.
Qu’en sera-t-il de ceux qui ne seront pas pris en compte ?
Il ne faut pas préjuger de ce qui adviendra. Au moment où le Groupe de travail avait déposé ses conclusions, le montant était de 22 milliards de FCfa. Après la mise en place du Comité de veille, deux milliards supplémentaires ont été trouvés. Les recherches se poursuivent.
pour revenir à votre question, dans un premier temps, il faut rembourser le capital investi.
Le retour sur investissement doit se payer sur la base d’activités réalisées ; or il n’y en a pas. par conséquent, le président de la République a décidé que le remboursement
se fasse à concurrence des ressources trouvées dans les comptes. Maintenant, les promoteurs ont affirmé disposer d’actifs, ce que nous voulons bien croire. si tel est le cas, les produits des cessions de ces actifs seront utilisés pour des paiements complémentaires si d’aventure les fonds trouvés ne suffisaient pas.
Certains souscripteurs sont détenteurs de reçus de versement de fonds à la banque mais pas de contrat parce que n’ayant pas encore été signé au moment de la suspension des opérations par le gouvernement. Ce qui rendra donc difficile la présentation de l’ensemble des documents exigés à l’enrôlement pour le remboursement.
Le gouvernement fait confiance au Comité de veille composé de représentants du ministère de l’Intérieur, de la Justice, des Finances, de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, de la Bceao. Je pense qu’avec toutes ces expertises, il n’y aura pas de problème sans solution. En toute chose, il faut savoir raison garder, être
patient et observer. Le Comité observera, nous présentera ses propositions et nous aviserons.
L’autre reproche qui est fait aux promoteurs d’entreprises,
c’est de procéder à appel public à l’épargne comme le ferait
le Trésor public. Au point que les banques sont accusées
de « comploter ». Il ne saurait y avoir de conflit entre les banques et des institutions informelles. Le rôle des banques est très clair.
Ces structures ont commencé à faire l’appel public à l’épargne, c’est-à-dire prendre l’agent avec des citoyens pour le multiplier et le leur rendre. Or il est bon de savoir que ce genre d’activités est réglementé et la réglementation est communautaire.
Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la réglementation stipule que quiconque veut lever des capitaux par appel public à l’épargne et avec
pour cible une population de plus de 100 personnes n’ayant aucun lien, obligation est faite de recourir au Conseil régional de l’épargne public et des marchés financiers pour avoir un agrément.
Vous devez être autorisé, or cela n’a pas été le cas, donc c’est une activité illégale.
Je rappelle que même l’État, à travers le Trésor public, fait des levées de fonds sur le marché. À chaque levée, le Trésor demande un agrément auprès du régulateur. Lequel exige trois conditions avant de donner l’agrément : l’assurance ou la garantie de remboursement, le taux d’intérêt et la maturité. En d’autres termes, la maturité et le taux d’intérêt sont connus d’avance. Pour la sécurité, il est exigé un compte séquestre (ou de garantie) sur la vie de l’emprunt et ouvert à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao)que l’État alimente chaque mois de sorte qu’à terme, les souscripteurs soient remboursés. Et voilà que les promoteurs parlent de concurrence des banques, qui plus est, hébergent leurs comptes. C’est incompréhensible!
Tous les pays au monde sont régis par des lois dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
Et cette loi nous impose que tout mouvement inhabituel sur un compte soit porté à la connaissance de l’État. Une structure existe à cet effet et qui veille et reçoit les informations des banques, la Cellule nationale de traitement de l’information financière (Centif). Aujourd’hui, en Europe et même en Côte d’Ivoire, il est impossible de verser certains montants de l’ordre de deux millions de FCfa sur des comptes. Dans le cas contraire, il faut une justification.
Les banques ont leur mission, celle de faire de la banque ; mais les promoteurs d’agro-business ne faisaient pas de la banque, ils faisaient plutôt de l’usure. Certains promoteurs sont incarcérés et leurs collègues demandent leur libération pour faciliter le remboursement des fonds des souscripteurs sur la base de leurs actifs.
Qu’en dites-vous ?
S’il s’agit de faire face à la demande des souscripteurs, je pense qu’il y a assez de personnes en liberté pour le faire. Une action de ce genre n’est rien d’autre qu’une infraction à la loi. Puisque nul n’est censé ignorer la loi, ils ne peuvent que la subir en cas d’infraction. Sur la question, il revient au procureur de décider. C’est justement la raison pour laquelle nous demandons aux souscripteurs de se rendre dans toutes les agences du Trésor aussi bien dans les dix communes d’Abidjan que de l’intérieur du pays pour s’inscrire. De venir faire la preuve de leurs créances sur la société et se faire rembourser. L’État a mis en place des structures dans ce sens. Pas besoin de les libérer pour que les remboursements se fassent. Qui enfreint à la loi doit se soumettre à la rigueur de la loi, donc laissons la justice faire son travail.
Le dialogue avec les prometeurs est-il rompu avec le lancement du processus pour le remboursement ?
L’État est très organisé. Tout a commencé avec le Groupe de travail comprenant toutes les compétences et qui a produit son rapport. Ensuite, le Comité de veille a travaillé en liaisons avec les promoteurs et les représentants des souscripteurs. Personnellement, j’ai reçu des représentants des souscripteurs pour leur expliquer le bien-fondé de la décision du gouvernement.
Qui est d’arrêter cette activité qui n’a pas un caractère légal, qui n’honore ni le pays ni le souscripteur.
Lorsque vous accomplissez un acte et que vous êtes interpellé parce que non conforme à la loi, la sagesse et la raison commandent que vous puissiez vous arrêter et chercher à en sortir. En conséquence, le dialogue avec les souscripteurs se poursuit. Après le premier jour, 5000 souscripteurs ont été enrôlés, 8000, le deuxième jour. C’est dire qu’ils ont bien compris la décision du gouvernement.
Que retenir de l’affaire de l’agro-business ?
Ce n’est pas l’activité qui est en cause, mais la manière de la conduire. Quand vous voulez mener une activité, vous la déclarez, l’administration vous délivre un registre de commerce et vous êtes reconnu comme tel. Si chemin faisant, vous voulez changer, vous revenez vers la structure compétente pour obtenir l’autorisation en fonction de la nouvelle activité.
Je répète que ce phénomène ne fait pas honneur à la Côte d’Ivoire. Je considère que nos compatriotes ont souscrit de bonne foi et c’est pour cela que le Président de la République a ordonné le remboursement du capital. Si d’aventure cette activité devait prospérer, il faut qu’elle soit conforme à la réglementation.
Et le souci premier du Chef de l’État, c’est le bien-être de la population. En la matière, le gouvernement a posé beaucoup d’actes. Notamment le doublement du Smig des travailleurs qui était de 35 000 FCfa par le passé.
Au niveau des agriculteurs, les prix des produits agricoles ont été améliorés par la volonté du Président de la République.
Avec 60% du prix international rétrocédé aux producteurs, aussi bien dans la culture du cacao, du café que de l’anacarde.
Quand la population a un bon revenu, le gouvernement sait qu’il travaille. Par conséquent, les souscripteurs doivent comprendre le bien-fondé de la vision du gouvernement. Cela suppose que toutes les activités entreprises au plan national ne doivent pas être entachées par quelque irrégularité que ce soit. Le gouvernement a décidé, il n’est plus question que le phénomène de l’agrobusiness revienne.
Nous invitons les souscripteurs à aller s’inscrire pour entrer en possession de leurs fonds.
Je voudrais aussi préciser que le Comité de veille n’a donné mandat à personne pour faire des inscriptions à domicile et emmener les listes. Les inscriptions ne se font pas uniquement au Plateau mais dans les dix communes d’Abidjan. Tout le monde doit se déplacer dans les services du Trésor, d’où la vigilance à observer par tous...