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Politique Publié le vendredi 3 mars 2017 | Partis Politiques

Maurice Kakou Guikahué, CSE du Pdci-Rda: «Que les militants du Nord arrêtent de pleurnicher…Ce n’est pas le parti unifié qui a fait gagner Ouattara»

© Partis Politiques Par DR
Pr Maurice Kakou Guikahué, président de la Société ivoirienne de cardiologie
Après la réunion du Secrétariat exécutif, jeudi 2 mars, Pr Maurice Kakou Guikahué, Chef du Secrétariat Exécutif (CSE) du PDCI-RDA, nous a accordé un entretien.

Monsieur le secrétaire exécutif en chef, quels sont les sujets qui ont meublé la réunion que vous venez de présider ?
Nous avons eu la 82ème réunion du Secrétariat exécutif et nous avons discuté de 2 points majeurs. D’abord, les préparatifs du 2ème Séminaire du Secrétariat exécutif et la commémoration des 71 ans du Pdci-Rda. En ce qui concerne le Séminaire, vous avez remarqué que depuis un certain temps, nous avons commencé les consultations en les démarrant par les délégués qui sont les représentants du président sur le terrain. Et après ce cycle, nous avons pensé qu’il fallait continuer les concertations. Donc, demain vendredi (Ndlr : aujourd’hui) et le samedi (Ndlr : demain), nous recevons successivement les bureaux des Ufpdci et des Jpdci et la semaine prochaine, avec un grand programme, nous allons recevoir, successivement, les vice-présidents. Nous allons discuter avec les inspecteurs, avec le bureau du Conseil de discipline, nous allons aussi recevoir les coordonnateurs du Grand Conseil régional. Après ce sera au tour des élus, du Groupe parlementaire du Pdci, les maires Pdci et les présidents de Conseils, les gouverneurs et vice-gouverneurs Pdci et enfin, les conseillers économiques et sociaux militants du Pdci-Rda pour faire un peu le point de tout ça. Mais avant, nous allons faire une sortie. Nous aurons trois missions. Il y a une mission que moi-même, je conduis qui va aller sur le terrain pour écouter les militants de base. Donc, nous irons à Bongouanou, à M’bahiakro, à Kouassi-Kouassikro, à Diabo, à Toumodi, à Dimbokro et à Cocody. Et il y a une autre mission conduite par le secrétaire exécutif, Racine M’bengue, qui va se rendre à Tiassalé, à Gagnoa, à Vavoua et à Guiglo. Enfin, la troisième mission qui est conduite par Mme N’dioré Adèle va se rendre à Guitry, à Lauzoua, à Béttié et à Akoupé. Si vous avez remarqué, toutes ces zones et bien d’autres que nous avons choisies sont des zones où les délégués départementaux avaient été candidats choisis par la base et où on a perdu les élections. Parce que souvent, on a tendance à faire croire qu’on a perdu les élections parce que la direction n’a pas suivi le choix des bases. Voici des cas où c’est la base même qui a choisi les délégués pour être candidats et ces délégués ont été battus. Donc, nous allons prendre ces cas-là pour avoir les échos du terrain, pour faire une synthèse de tout. Mais si on ne reçoit que les responsables pour discuter avec eux, on n’aura pas eu les militants de base. Donc, nous pensons que ces délégations que nous venons de citer vont représenter vraiment l’échantillon représentatif de la base et après cela maintenant, nous allons fixer la date du Séminaire. Mais le Séminaire se tiendra avant le 71ème anniversaire du parti qui est le 9 avril 2017. Donc avant le 9 avril 2017, nous allons tenir le Séminaire. Nous allons faire des communiqués pour que les différents groupes voient les séquences de passage.

Quelle nouvelle orientation va donc prendre ce séminaire ?
C’est toujours le Séminaire du Secrétariat exécutif pour faire une analyse de la situation du parti aujourd’hui, son fonctionnement, tous les griefs, les dysfonctionnements, tout cela sera pris en compte. Et nous allons faire la synthèse de tout cela que nous allons adresser au président du parti pour qu’il puisse prendre les décisions idoines pour redresser les choses. Donc, c’est toujours un Séminaire du Secrétariat exécutif mais qui prendra en compte les observations de tous les groupes que nous allons rencontrer.

Vous avez élargi l’éventail des consultations, est-ce à dire que les premiers consultés que sont les délégués ont attiré votre attention sur des questions critiques ?
En fait, les consultations, ça a toujours été notre décision parce que nous n’avons pas voulu aller à ce Séminaire en vase clos. Nos premiers responsables sur le terrain, ce sont les délégués. Donc, c’était tout à fait normal que nous consultions les délégués. Mais à l’analyse de ce que nous avons entendu avec les délégués, il nous a semblé bon d’élargir parce qu’il y a certaines choses que nous savons, mais que les délégués n’ont pas abordées. Donc, il faut aller plus loin. Parce que les gens ont tendance à penser que nous sommes à Abidjan, alors que nous sommes sur le terrain. Nous sommes des gens de terrain, puisque moi-même, j’ai été candidat, donc, je sais ce qui se passe sur le terrain. J’ai été délégué depuis 1995, je suis donc un ancien délégué, membre du Secrétariat général et maintenant secrétaire exécutif. On ne peut donc dire que je ne suis pas sur le terrain. C’est l’impression que ça a donné. Donc, nous on s’est dit qu’il fallait aller au-delà des délégués parce qu’il n’y a pas eu satisfaction totale, sur ce qu’on attendait. Car il y a des choses qu’on sait et qui n’ont pas été dites par les délégués. On veut donc consulter d’autres personnes.

Monsieur le ministre, beaucoup de délégués ont parlé de Pdci affaibli, de Pdci qui n’écoute pas la base, de Pdci qui a oublié le Nord… Qu’est-ce que ça vous dit, toutes ces critiques-là ?
C’est normal, ce sont des cris du cœur. Ce sont des impressions. Mais, il nous appartient de rassurer les gens. On dit que le Nord a été oublié, je m’inscris en faux. Toutes les fonctions dans un pays ne se résument pas en ministre. Il y a plusieurs fonctions, il y a des députés, des ministres, des directeurs etc. Donc, ce n’est pas parce que vous n’avez pas un ministre qu’on vous a oubliés. Le Nord n’a pas été oublié. Bien sûr, au Nord, il n’y a pas eu de ministre, mais dans l’ancienne législature. Je vais vous dire quelque chose que les gens oublient souvent. Le Pdci avait gagné 77 postes et avec le retour des indépendants, nous étions 90. Le Nord n’avait que 2 élus : Silué Kagnon et Ouassénan Koné. Mais que s’est-il passé ? Le président Bédié a décidé que Silué Kagnon soit vice-président du Pdci sur les 4 postes de vice-présidents qu’on a donnés au Pdci à l’Assemblée nationale et il a demandé que le Groupe parlementaire soit dirigé par Ouassénan. Donc, une zone qui a deux députés sur 90, est-ce qu’on peut dire qu’on l’a oubliée ? Sinon on aurait fait la loi du grand nombre, en disant que comme la zone du Centre a 30 députés, on lui donne le groupe parlementaire. Ce n’est pas ce qui a été fait. Il n’y avait que 2 élus. Un a été vice-président, l’autre était président du Groupe parlementaire. Donc, le Pdci n’a jamais oublié le Nord.

Ils parlent également de visites des responsables du parti ?
On va au Nord. Moi, j’ai fait 2 visites. Je suis allé à l’occasion de l’Appel de Daoukro. J’ai tourné dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. Au moment où je devais aller à Touba et à Odienné, les gens du Nord ont dit qu’ils préfèrent s’organiser à Katiola. Vous m’avez vu à Katiola. Après, ils ont dit pourquoi le secrétaire exécutif n’est pas arrivé chez nous. Ensuite lors de l’installation des Grands conseils régionaux, je suis allé jusqu’ à Touba. Ceux d’Odienné ont dit qu’ils n’étaient pas prêts. Je suis allé jusqu’ à Bondoukou. Je suis un passe-partout. Vous voyez donc que ce n’est pas aussi exact que cela. On n’a oublié personne.

Monsieur le ministre, qu’est-ce que vous faites donc pour redynamiser le parti au Nord ?
Le parti n’a pas eu d’élus là-bas. Ce qui arrive aujourd’hui, ce n’est pas la première fois. Moi, je viens d’une zone où quand le Pdci était tout puissant, nous on n’avait rien. Mais est-ce qu’on a dit que le Pdci n’existait pas ? On n’a jamais pleurniché pour dire que le Pdci n’existait pas. A part le Gouvernement d’union après Marcoussis, tous les autres Gouvernements que le président Gbagbo a nommés, il avait fait savoir que pour nommer quelqu’un à Gagnoa, c’est lui-même qu’il nomme. Il n’y a eu aucun ministre. Est-ce pour autant que nous, nous avons pleuré tous les matins ? Mais aujourd’hui, la situation a changé, c’est eux qui connaissent la situation que moi j’ai connue, hier. C’est ce que je leur dis toujours. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas de ministre qu’il n’y a pas de Pdci dans la zone. Il y a 28 ministres, il y a 31 régions. Il ya 5 régions qui n’ont pas eu de ministres. Donc, le Pdci n’a pas dit qu’on ne va pas au Nord. On a des présidents de Comité de base, des secrétaires de Section au Nord, on a des délégués au Nord. Alors comment on peut dire qu’on a oublié le Nord ? On a des difficultés avec le Nord. Mais on travaille. Hier, c’était nous, aujourd’hui, c’est de l’autre côté, après ça va aller quelque part, il n’y a jamais de bastion définitif d’un parti politique. Il faut travailler.

Vous avez élargi l’éventail des consultations sans inscrire les secrétaires de section ?
Les secrétaires de section, je les ai consultés à travers l’échantillon des zones où je me rends et dans les autres zones où nous avons initié des missions. Ça fait 15 délégations que nous allons visiter et dans toutes ces délégations, on aura des réunions avec les secrétaires de section. Et comme il y a des zones de l’Ouest, de l’Est, du Centre, donc ça va nous faire un peu la synthèse de ce que les secrétaires vont dire. Et après le séminaire, il peut y avoir des conclaves.

Comment va se dérouler la commémoration des 71 ans du Pdci-Rda ?
On ne fera pas le faste des 70 ans. Cette fois-ci, ça sera à minima. Le 9 avril est un dimanche. Nous allons fêter sous 2 formes.
D’abord, il y aura des décorations. Donc, bientôt le Conseil de discipline va travailler avec les délégués. Ce n’est pas une pléthore, mais on a dit que chaque année, on décore des militants les plus méritants et c’est une habitude maintenant. Les militants seront décorés dans leur base. Ensuite, on va organiser une grande conférence à Abidjan avec un thème que nous allons soumettre au président du parti. Et quand il va le valider, nous allons vous le publier.

Monsieur le ministre, est-ce que le Rhdp fait toujours rêver ?
Ces derniers temps, je ne comprends pas la presse. La presse est trop sur le Rhdp. Le Rhdp se porte bien. Vraiment, moi, je ne vois pas…Parce que le Rhdp a toujours gagné les combats. En 2015, on a gagné l’élection présidentielle. En 2016, on a gagné le référendum. Les législatives, même s’il y a eu débats, on a eu 167 élus sur 255. On ne peut pas avoir un parlement à 255 sièges et 255 élus Rhdp, ce n’est pas bon en démocratie. Donc, c’est bien que d’autres aient gagné aussi. Donc le Rhdp, pour le moment, gagne. Je ne comprends pas cette fébrilité de parler du Rhdp. On a parlé du parti unifié, mais c’est en avançant. Sinon, le Rhdp originel, c’était le regroupement des partis houphouétistes pour voter ensemble. C’était une alliance et on a dit qu’aux élections présidentielles, il y a 2 tours. Chacun présente son candidat au début et après, on se rabat sur le candidat le mieux placé des partis. Voici ce qui a été décidé. C’est ce qu’on a appliqué en 2010 pour élire le président Ouattara, mais chemin faisant, on a vu que le président Ouattara faisait du bon travail. Donc, le président Bédié a dit mais pourquoi, aller faire un premier tour d’abord et puis faire un second tour ensuite ? Alors que celui que nous avons voté et qui veut se représenter avec un programme qui tient la route, pourquoi ne pas le soutenir. En alliance, c’était difficile qu’il devienne le candidat du Rhdp. On a franchi un palier en créant un groupement politique. On connait un peu le cheminement, mais les gens oublient ça souvent. On est passé de simple alliance à un groupement politique. Maintenant le groupement politique a eu un candidat unique, le président Ouattara. Et on l’a voté et on a gagné. Donc, le Rhdp fait rêver. Ensuite, le président a dit qu’il voulait faire une révision de la Constitution. On s’est mobilisés et la nouvelle Constitution est passée. Après, on est allés aux législatives. Là, il s’agissait des ambitions des cadres. Nous étions 5 partis. Il ya eu des divergences, il y a 2 qui nous ont quittés en disant qu’ils ne pouvaient pas sacrifier leurs cadres, ils ne veulent pas aller en Rhdp. Nous au Pdci, on a dit qu’on va sacrifier nos cadres, idem pour le Mfa et le Rdr. Ça n’a pas été respecté comme il se doit, parce qu’il y a des zones où des Rdr ont combattu des Pdci, des Mfa et des Pdci ont combattu aussi des Rdr. Ne nous voilons pas la face. Mais on a eu la majorité des députés au parlement, donc, le Rhdp tient la route. Maintenant, on dit qu’on va au parti unifié, parce que vous qui écrivez tous les jours. Je le dis tous les jours à mes militants, c’est en mathématiques que 4 et 4 font 8. En politique, ce n’est pas vrai. En politique 4 et 4 peuvent toujours te donner 0. Comme 4 et 4 peuvent te donner 100. Parce que c’est la gestion des êtres animés, qui pensent, qui réfléchissent, qui ne sont pas des objets. Je ne suis pas secrétaire exécutif pour gérer des objets, le président Bédié n’a pas des objets devant lui. Il y a des personnes pensantes, réfléchies, qui ont des opinions, il faut en tenir compte. Le président Houphouët disait : « il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Alors, nous maintenons la vitesse, mais, il ne faut pas se précipiter. Et puis si on dit on fait fi de tout : le président Bédié, Guikahué, parce que la Direction du parti dit : on fait parti unifié. Si la base du Pdci ne suit pas, on a servi à quoi ? A rien du tout. On n’a pas draîné le Pdci. Donc, laissez le temps aux partis politiques pour drainer les partis politiques. Donc le parti unifié n’est pas oublié, on va par étape. Aujourd’hui, on est dans un groupement. Des gens disent, il faut un parti unifié pour aller aux élections mais on n’a pas eu besoin de parti unifié pour élire le président Ouattara. C’est le groupement qui a élu le président Ouattara. Donc le groupement peut, demain, élire quelqu’un d’autre. Pour moi, au moment où on est en groupement, ce qu’on peut dire, c’est de dire : les gens du Rhdp asseyez-vous, videz tous les petits problèmes. C'est-à-dire, les Coordinations départementales et sous-préfectorales qu’on a mises en place ne fonctionnent pas encore à 100%. Il y a des zones où les militants vous disent que là-bas, il n’y a pas de Rhdp, c’est vrai, c’est faux, mais c’est petit-à-petit. Donc, il faut construire par la base. Vous voyez en Europe, les gens sont allés vite. Aujourd’hui, il ya des remises en cause. Allons donc pas à pas. Moi je crois au Rhdp. Et je dis toujours et je veux que vous l’écriviez, aucun militant et aucun cadre du Pdci, du Rdr, de l’Udpci, de l’Upci ne peut me faire de leçon concernant le Rhdp. C'est-à-dire que je suis le militant le plus engagé du Rhdp. Moi quand je dis quelque chose, j’y crois. Aujourd’hui, il y a des gens qui crient Rhdp, mais si vous voyez dans leurs veines, ils sont contre le Rhdp.

Votre message donc aux militants ?
Le Rhdp, c’est une structure bonne avec laquelle on évolue, qui nous a déjà donné de bons résultats et qui nous donnera de bons résultats. Et le fait qu’on soit en groupement politique, c’est irréversible. Donc, essayons ce que peut nous apporter le groupement politique et améliorons le fonctionnement du Rhdp. Et puis un matin, on va se réveiller et on sera un parti unifié. Mais pour cela quand on marche ensemble. Est-ce qu’aujourd’hui, on marche ensemble ? Est-ce que nos militants de base sentent ça ? Car, c’est eux qu’on gère. Les gens disent que Guikahué est trop Pdci, mais c’est mon rôle, et si jamais on a un Pdci faible au Rhdp, je n’aurais pas rendu service au Rhdp. Donc, comment je vais tout faire pour drainer ma foule pour un Rhdp fort, vers un parti unifié demain, c’est cette stratégie que j’ai. Donc, journalistes, laisse-nous travailler. Le Rhdp vit bien.

Et ces militants qui ne sont plus très chauds pour le Rhdp ?
On va les réchauffer.
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