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Politique Publié le mardi 25 avril 2017 | Pôle Afrique

Succession d’Alassane Ouattara en 2020- PDCI-RDA, la sortie du gouvernement est-elle possible ?

Les divergences de points de vue sur la succession d’Alassane Ouattara en 2020 continue de faire couler encre et salive au sein du RHDP, l’alliance au pouvoir en Côte d’Ivoire. Principalement au PDCI-RDA qui semble ne plus s’accommoder des actions de son allié le RDR.

« RDR : Provocation ou défiance au PDCI-RDA ? », lit-on ce mardi 25 avril 2017 à la manchette du confrère ‘’Le Nouveau Réveil’’, organe de presse proche du parti d’Henri Konan Bédié. Ou encore « Le PDCI-RDA attend l’ouverture des hostilités », « Que peut-on demander au PDCI ? », « Le RDR rend-il service au Président Ouattara ? » et « Qui sera le vrai perdant ? » sont des morceaux choisis par le confrère pour rappeler au RDR la menace qui se profile à l’horizon pour ce parti et son président.

Articles de presse commandités par les responsables du vieux parti ? Non tient à clarifier d’entrée Djénébou Zongo, directrice de la Communication du PDCI-RDA. « Les écrits n’engagent que ‘’Le Nouveau Réveil ‘’ », soutient-elle à Politikafrique.info qui l’a jointe. Le député de Daoukro Olivier Akoto va dans le même sens. Pour lui, il faut ramener le débat au président du PDCI son parti. « Sur cette question, il revient au président Henri Konan Bédié de se prononcer ».

Henri Konan Bédié, après l’intermède de l’exil politique, suite au coup d’Etat du 24 décembre 1999, a vu couler toutes les couleurs d’eau et a appris à mieux apprécier la vérité des foules et laudateurs des ors de la République. Depuis, il a soutenu son « jeune frère » Alassane Ouattara avec qui il a réussi de belles prouesses pour son parti, ragaillardi et financièrement plus stable qu’après le coup d’Etat et la période Guéï-Gbagbo. Alassane Ouattara lui a concédé la Primature, l’Inspection Générale d’Etat, des ministères, des directions générales, des conseils d’administration et depuis peu, la vice-présidence.

Mais, en toute légitimité, le parti de Bédié aspire à revenir au pouvoir d’Etat. Son allié entend aussi de façon normale pour un parti politique, demeurer au pouvoir. Alors, la question qui faciliterait le débat politique et mettrait à l’aise les deux partis qui ont pris leurs chefs dans les tenailles n’est-il pas la sortie du PDCI du gouvernement de son allié pour mieux se consacrer aux préparatifs de son retour au pouvoir ? Le PDCI pourrait-il attaquer le bilan de gestion de son allié en 2020 devant les ivoiriens ?

Mamadou Traoré ne fait pas dans la dentelle et assène ses vérités, invitant le PDCI à faire prévaloir sa « dignité pour sortir du gouvernement ». « Je crois que si le PDCI a une petite dignité, il devrait se retirer du gouvernement pour préparer son avènement au pouvoir. Quand on n’est pas d’accord par rapport à un fonctionnement, on ne s’en fait pas complice. En 2002, avant la rébellion, le RDR a claqué la porte au gouvernement de Laurent Gbagbo lorsqu’il n’était pas d’accord avec certaines actions du FPI. En 2004, les Forces Nouvelles ont claqué la porte au gouvernement lorsqu’elles n’étaient pas d’accord sur certaines pratiques du Fpi. L’actuel candidat au 2eme tour de la présidentielle en France, Emmanuel Macron est sorti du gouvernement pour préparer sa campagne. Pour une fois dans sa vie, que le PDCI ait le courage de sortir du gouvernement pour exprimer son mécontentement ».

Clément Séka, responsable départemental RDR d’Adzopé estime lui que, « le PDCI menace ». « Ils font fausse route car c’est la volonté de deux hommes d’État que sont les présidents Ouattara et son aîné Bédié qui font que nous les militants du RDR nous sommes un peu raisonnables sinon quand effectivement on ne se sent plus dans un mariage, on demande le divorce pour se préparer à un nouveau mariage ou rester célibataire. Personnellement, je n’ai jamais cru en cette alliance qui a fait plus de bien aux cadres et militants PDCI qu’à ceux de notre propre parti, le RDR. Je veux pour exemple les nominations dans l’administration et pleins d’autres choses qui vaillent la peine d’être sues. Quand la direction du RDR propose des nominations au président et que cela n’aboutit pas, si vous passez par le président du PDCI, le prochain conseil de ministres qui suivra votre visite à Bédié vous êtes nommés. Juste pour vous dire que le PDCI a intérêt à mettre bal à terre car 2020 est encore loin. Dans le cas contraire, que la direction dise à ses ministres de faire comme Emmanuel Macron en démissionnant de notre gouvernement pour préparer l’affront électoral des présidentielles de 2020. C’est cela avoir la poigne et le courage politique. Dans le cas contraire, ils donneront raison à Éric Patron qui a chanté je cite ‘’tu n’aimes pas mais tu es dedans quand même’’. Que la sagesse habite les dirigeants du PDCI. Cela sera mieux pour eux », a-t-il soutenu.

Pourquoi cette grogne, s’interroge Serges Kakou Sanogo, pro-Ouattara. « Le PDCI est associé à la gestion des affaires de l’Etat et cela au plus haut niveau. Ils sont au niveau de tous les leviers importants du pouvoir. Je ne vois pas en quoi cette grogne se justifie. Rien n’est encore défini pour 2020. Qu’est ce qui se cache derrière cette grogne et par rapport à quoi. Quand on ne se sent pas dans un système c’est tout à fait normal qu’on prenne des décisions courageuses » indique ce jeune leader d’opinion proche du parti au pouvoir.

Pour sa part, le jeune président de l’union des coopératives de l’Ouest, Roland Marcel Angahi ne passe pas par quatre chemins pour asséner ses vérités. « L’Alliance entre le PDCI et le RDR est circonstancielle. Elle répondait au désir des deux partis politiques de bouter les refondateurs du pouvoir. Aujourd’hui c’est chose faite, et le FPI est dans une déliquescence sans précédent. Les 10 ans de pouvoir du RDR nous ont montré la conception de la gouvernance de notre allié ainsi que les limites de l’Alliance RHDP. Le PDCI a consenti à mon sens trop de sacrifices. On ne crée pas un parti politique pour des postes dans un gouvernement. Le PDCI qui est, toute modestie mise à part, le plus grand parti de ce pays sur tous les plans ne saurait s’accommoder indéfiniment de menu fretin dans un gouvernement. L’heure a sonné pour la reconquête du pouvoir et des postes ne devraient être un boulet au pied du parti de »l’éléphant blanc dans une carte de Côte d’Ivoire verte. Si la présence du PDCI dans le gouvernement doit entraver le combat pour 2020 alors, que le PDCI sorte immédiatement de ce gouvernement. Pour mémoire, le PDCI a perdu le pouvoir le 24 décembre 1999 mais n’en est pas mort. Sa présence actuelle ou non dans le gouvernement GON COULIBALY n’est pas en soi le débat. Le seul débat qui vaille c’est la capacité d’un parti politique à ramener la paix perdue en 1999 en Eburnie. N’allez surtout pas demander lequel des partis politiques ivoiriens en est capable car, à l’exception du PDCI-RDA, tous s’y sont essayés depuis le fameux coup d’État dit salvateur par les uns », recadre ce jeune cadre proche du parti de Bédié.

« Le PDCI est déjà au pouvoir »

Pour se faire une idée de la portée de la menace potentielle du PDCI, Geoffroy-Julien Kouao décrypte à froid cette relation au sein des « deux poids lourds du RHDP ». Il estime que « la vie politique est faite de stratégies. Un parti politique agit par objectif. Quel est ici l’objectif du PDCI, conquérir le pouvoir d’Etat et l’exercer, or il est déjà au pouvoir. Si cette prise de pouvoir s’est faite avec le RDR, il faut juguler les contradictions internes car, ni le RDR ni le PDCI ne peut seul remporter une victoire. Les variables politiques changent, il faut faire attention. Au regard des réalités sociologiques, aucun de ces mastodontes du RHDP ne peut conquérir et gagner seul le pouvoir d’Etat » assure le juriste-politiste, enseignant de Droit à l’université du Maghreb à Abidjan.

Officiellement, le RDR joue la carte de l’apaisement. « Le PDCI ne s’est pas mis officiellement en situation de grogne contre son principal allié le RDR. Tout ce qui se dit ne sont que des émotions. Le président Bédié n’a rien dit qui prouve que le PDCI est en grogne contre le RDR. Donc tout le reste n’est que spéculation ».

Le RDR lui, se prépare pour ses pré-congrès du 27 au 30 avril sur toute l’étendue du territoire national. Un rendez-vous en vue du congrès de ce parti miné de l’intérieur par le syndrome de l’opposition. On arrive au pouvoir, on oublie les militants. Toutefois, les dirigeants du RDR ne désespèrent pas et annoncent une « union sacrée » au sortir de ces pré-congrès.

Richard Yasseu
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