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Société Publié le jeudi 1 février 2018 | Treichville Notre Cité

Enquête express : Insalubrité, mauvaises canalisations au Quartier Biafra

Mairie, Sodeci, Populations, à qui la faute ?
Riche de 49 quartiers, Treichville, communément appelé la Cité n’zassa a su faire du brassage des peuples et du vivre ensemble une identité singulière. L’un des quartiers qui fait de Treichville une terre hospitalière est sans contexte le quartier Biafra. En effet le quartier Biafra tire son nomde la guerre du Biafra ou guerre civile du Nigeria. Félix Houphouët-Boigny, Président de la Côte d’Ivoire, sensible au sort de tous ses Nigérians en détresse, décide d’accueillir en 1970, une grande population du Biafra. Naturellement, c’est la Cité cosmopolite, Treichville qui a accueilli cette forte population. C’est ainsi que va naître le quartier Biafra, rebaptisé quartier Yobou Lambert. A l’image de toute la commune, toutes les communautés (Nigériane, Guinéenne, Malienne, Nigérienne) y vivent en bonne intelligence avec leurs hôtes ivoiriens. Nous l’avons visité.
Biafra au rythme du quotidien
Le mardi 16 janvier 2017, les populations du quartier Biafra vaquent paisiblement à leurs occupations pratiquement à tous les avaloirs dudit quartier. Les caniveaux, pour ce qu’il en reste, sont tous remplis d’ordures, d’eaux usées, boueuses et nauséeuses. Le raccordement à l'évacuation pour rejeter les eaux usées n’est plus fonctionnel. Ce qui fait que l’eau remplit les cours et les résidents sont obligés d’improviser des barrages(des morceaux de bois superposés sur des briques) devant leurs cours pour ne pas marcher dans les eaux usées. Même constatatation au niveau de l’avenue 5 rue 35. Les eaux usées sortent constamment des égouts et leur odeur pestilentielle indispose tant bien les commerçants que les riverains. Du coup la prolifération des moustiques, mouches et rongeurs, tels que les rats et les souris, n’étonne personne. Mais à qui la faute ? Mieux, qui de la Mairie ou de la Sodeci est responsable de cette situation ? Qu’en est-il pour les habitants ?
Les populations accusent
Pour le président du Comité de gestion, Diarrassouba Yaya, la Sodeci ne joue pas franc jeu. « Nous l’avons toujours affirmé, notre problème c’est la Sodeci. La Société d’eau doit faire son travail. Cela revient à curer l’eau. L’un des grands problèmes dans notre quartier est la disparition des tampons sur les regards de canalisation, surtout que le quartier n’est pas bitumé. Ce qui provoque naturellement l’ensablement des canaux de canalisationquand il pleut et l’engloutissement des ordures ménagères. Mais quand les agents de la Sodeci viennent, ils ne tirent que l’eau usée, laissant les déchets. Selon leurs dires, les regards souterrains sont à six (6) mètres de profondeur, et qu’ils ne peuvent pas descendre leur matériel jusqu’à cette profondeur pour faire un travail efficient. Nous, à notre niveau, nous appelons les ‘’cadors’’ pour qu’ils fassent ce travail. Alors que bien souvent, les moyens nous font défaut. Nous appelons en aide la Mairie. Nous savons que ce n’est pas de leur ressort, mais nous souhaitons que le Maire s’implique personnellement ». Dans le même élan, dame Cissé, riveraine à Yobou Lambert a tenu à faire des précisions à l’encontre de la Sodeci. « Nous savons que le problème est complexe, parce que nous avons des installations vétustes, mais nous demandons simplement une certaine célérité et une efficacité dans le travail par la Sodeci. Nous ne pouvons pas comprendre qu’à chaque fois que les agents de la Sodeci viennent pour déboucher les égouts, ils s’empressent de repartir. Souvent ils nous disent sèchement qu’à Biafra, on ne leur donne pas de l’argent.Quand on leur demande des explications, ils nous rétorquent qu’ils ont été appelés par des ministres, des gens qui sont plus importants que nous. On demande au Ministre d’appeler directement les autorités administratives de la Sodeci pour qu’ils agissent directement ». Président des Haoussa, Abbas crie son ras-le-bol. « Aujourd’hui, au quartier Biafra, on ne peut plus s’asseoir pour prendre du vent. Devant les portes, il y’a du ‘’bodji’’ (eau de caca), quand on marche dans nos rues ‘’bodji’’. Tout t’est ‘’bodji’’ à Biafra. Peut-être qu’au lieu du quartier Biafra, ça sera quartier ‘’bodji’’. Vraiment que le Maire Amichia nous viennent en aide ».

La Sodeci, la Mairie et l’Imam donnent leur version.
Outre les réactions des populations, des personnes ressources ont bien voulu situer tout le monde sur les responsabilités. La première est l’Imam de Biafra. « Je suis arrivé au quartier Biafra en 1972. Il n’y avait pas de bitume. Je me rappelle que les tuyaux de canalisation ont été posés par les Chinois. A l’époque, nous n’étions pas aussi nombreux qu’aujourd’hui. Les installations nous permettaient de vivre sans soucis », a déclaré Waguézeid. A ses yeux, les habitants ont une part de responsabilité. « Nos populations sont également responsables. Bien souvent quand on débouche les caniveaux ou les avaloirs, on aperçoit des pneus, des habits, des chaussures, des seaux… Nous sommes, donc, coupables », a-t-il poursuivi. Avant de proposer des solutions en ces termes : « Quand nous avons commencé à avoir des problèmes de canalisation, suis allé voir Moussa Dys de son vivant, qui m’a dit que cette tâche est dévolue à la Sodeci et non à la mairie. Mais, quand le problème s’est posée à la mosquée, nous avons sollicité le Maire, et sa réaction a été immédiate. Jusqu’à ce jour nous n’avons plus ce problème. A la Sodeci, je demande de trouver une solution au calvaire des populations. Quand on se promène dans la commune, on rencontre plusieurs trous béants. Je pense que nous allons faire du porte à porte pour sensibiliser nos populations. A cet effet, dans nos prêches du vendredi, nous livrerons les messages de salubrité et du bon geste. Aujourd’hui, je puis vous assurer que dans le quartier Biafra, les jeunes se sont résolument tournés vers la droiture. C’est vrai qu’il y a des brebis galeuses, mais la grande majorité distingue le bien du mal. Et je leur dit à chaque fois, que si le quartier est propre, les premiers bénéficiaires, c’est nous ». A la suite de l’Imam, Sanogo Lacina, sous-directeur de la Direction Technique de la mairie, du service voirie, réseau, hygiène et environnement a donné des clarifications techniques édifiantes. « Le système d’assainissement existant au quartier Biafra est un réseau qui ne reçoit que les eaux usées et pas d’eau pluviale. Au début, il existait un système qui permettait d’assurer l’auto curage. C’était des canalisations de diamètre de 250 millimètres et qui aboutissaient à la station de l’avenue 1. L’un des problèmes a été les pannes fréquentes de cette station. Il faut dire que cette maintenance est assurée par la Sodeci. L’autre problème est l’ensablement de ces canalisations qui réduit le diamètre. Il y a aussi la mauvaise utilisation de ces réseaux d’assainissement par les populations elles-mêmes, parce qu’on y retrouve beaucoup de déchets solides, les mortiers, les pilons, les vêtements… Le dernier problème est le manque d’eau dans ces canalisations pour assurer l’auto curage. Quand on va faire ses besoins, il faut y aller avec beaucoup d’eau. Sans cela, les défécations s’amassent au fur et à mesure. Devenues résistantes elles bouchent les tuyaux ».
Les populations, causes ptrincipales
A la question : « entre la Mairie et la Sodeci qui doit faire le travail ?» Il a répondu. « Comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises, surtout au quartier Yobou Lambert, par des projections avec la Sodeci, dans le cadre du projet de la banque mondial à l’endroit des populations, toutes les canalisations souterraines sont du ressort de la Sodeci, à travers le contrat de réaffermage qui existe entre l’Etat de Côte d’Ivoire et la Sodeci. Donc la Sodeci est le seul responsable de ce qui se passe actuellement. Tous les jours nous recensons les problèmes de toute la Commune que nous transmettons à la Sodeci. Et au cours de nos réunions mensuels que nous tenions sur le contrat de réaffermage qui se tiennent dans les locaux de l’Onad, et ou les mairies sont conviés, nous, en tant que mairie de Treichville nous exposons toujours le problème du quartier Biafra. La mairie est une courroie de transmission entre les populations et la Sodeci. Le mercredi 18 janvier 2018, l’Onad est venu inspecter le quartier Biafra pour voir dans quelle mesure elle peut apporter une solution adéquate au problème ». La dernière personne ressource a été le responsable de la Sodeci de Treichville. « Le quartier Biafra est doté d’un seul réseau, celui des eaux usées, qui ne prend pas en compte les eaux pluviales. La pente de terrain de Biafra est tellement bonne que lorsque les ouvrages ont été réalisés, les techniciens ont estimé, que les eaux de pluies pouvaient rejoindre la lagune qui est tout près. Ainsi, les eaux de pluies retournent à la lagune et les eaux usées aux canalisations. Mais aujourd’hui, il s’est trouvé des personnes, qui ont jugé bon de retirer les tampons de certains avaloirs. Et vous le savez, Biafra n’est pas bitumé. Quand l’eau de pluie entre la dedans, elle entre avec le sable, les ordures les chaussures, parce que l’eau de pluie ramasse tout sur son passage. En 2006, grâce au concours de la mairie, des travaux ont été réalisés. On a estimé qu’il y avait des défaillances au niveau des canaux. Alors que non, on a plutôt constaté qu’il en était rien. C’était plutôt la boue qui empêchait l’évacuation des eaux. Et c’est cela l’un des problèmes. Quand les gens vont aux toilettes, ils utilisent une petite quantité d’eau. Alors que ce qui sort du corps est de la boue. Quand ça s’empile, cela est comparable à du ciment. Ce qui bouche la canalisation. A tel enseigne que lors de notre dernier passage, la tête de notre matériel de pression n’a pu ressorti de la canalisation. Nous avons eu plusieurs rencontres, et à chaque fois, je dis que toutes les eaux, surtout pour la lessive doivent être déversées dans le WC. Les eaux pour les assiettes et autres, il faut les verser sur le sol.Je le dis et je le répète, tous les tuyaux conçus par nos services à Biafra ne recueillent que les eaux usées. Nous sensibilisons à chaque fois, et nous allons continuer de le faire, mais très chères populations, vous devez faire votre part. Egalement, nous couvrons les zones de Marcory, Koumassi et Treichville. Je puis vous assurer que parmi toutes ses zones, Treichville, sinon le quartier Biafra est le lieu où nous intervenons le plus » a expliqué Séry. Disons tout simplement : Biafra : quel casse pied !
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Mauryth GBANE
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