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Politique Publié le samedi 31 mars 2018 | Abidjan.net

Crise PDCI-RDR/ Abdoulaye Racine M’Bengue : ‘’La Démocratie exige une attitude responsable, un comportement mesuré et des paroles parfaitement retenues’’

© Abidjan.net Par DR
Abdoulaye Racine M’Bengue, Secrétaire exécutif du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) chargé des nouvelles adhésions
Dans un entretien dont Abidjan.net a reçu copie, Abdoulaye Racine M’Bengue, Secrétaire exécutif du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) chargé des nouvelles adhésions revient sur la crise qui secoue l’Alliance PDCI- RDR (Rassemblement des Républicains), et propose ses solutions. Il évoque la nécessité de prendre en compte les préoccupations du ‘’tiers de la population ivoirienne qui se sent exclu de beaucoup de choses’’. (Ci-dessous l’entretien)

Quel commentaire faites-vous de toutes ces sorties opposées des cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) à celles de cadres du Rassemblement des Républicains (Rdr) ?

Je pense que cela fait partie de l’animation de la vie politique. Il faut qu’après bientôt 30 ans de multipartisme décrété sous le président Alassane Ouattara, à l’époque Premier ministre, lorsque feu Félix Houphouët-Boigny était encore de ce monde, il soit bon que l’on constate notre maturité dans la gestion de nos divergences sous la présidence du président Ouattara, le président de la République. C’est cela la démocratie. Mais cette démocratie exige une attitude responsable, un comportement mesuré et des paroles parfaitement retenues. On a droit chacun à son opinion et il faut savoir respecter les opinions des autres. Cela fait partie de l’animation politique. Il faut donc donner sens à tout ce vécu, donner du sens à notre évolution démocratique, donner du sens à notre maturité pour que ce cadre multipartiste lancé par le président Houphouët-Boigny (après de vifs combats de Laurent Gbagbo), en 1990, se consolide.

La crise entre les deux grands partis du Rhdp à savoir le Rassemblement des Républicains (Rdr) et le Pdci a atteint un seuil critique. Le Secrétaire exécutif que vous êtes ne pense-t-il pas que le Pdci qui est un parti de paix doit jouer son rôle de parti pacifique?

Le Pdci, à chaque fois qu’il a été impliqué dans le processus politique en Côte d’Ivoire, a fait montre d’une grande détermination pour sauvegarder tous les fondamentaux de la paix dans notre pays qu’il a su lui-même bâtir pendant près d’une cinquantaine d’années qu’il a eues à gérer la Côte d’Ivoire. En notre humble conscience, nous pensons que le Pdci tient, mène, déroule et fait tout pour maintenir les fondamentaux de paix en Côte d’Ivoire.


Cela peut-il justifier les sorties des cadres du Pdci?

Je ne suis pas surpris que le président Bédié permette que des militants puissent avoir leur propre opinion mais cela ne l’empêche pas d’avoir un cap. Ce cap-là, il en reste déterminé et il vient de nous donner sa détermination constante à passer et continuer dans l’évolution de son chemin. Le président Bédié a un cap. C’est un choix qui lui appartient. Le Rdr a un cap, c’est un choix qui lui appartient. Après les plateformes existent pour que nous puissions discuter valablement, vaillamment, justement dans un creuset toujours pacifique de façon responsable pour que des décisions durables et pérennes pour la Côte d’Ivoire soient prises. En tout cas c’est en mon sens ce que je perçois.

Dans le cas d’espèce, ne pensez-vous pas que l’alternance tant recherché pourrait être retrouvé en 2025 pour une question de paix ?

Je ne perçois pas le sous-jacent que vous voulez relever. Mais c’est justement l’animation dynamique, apaisée et la vivacité effective de notre démocratie qui pourrait demander cette alternance.


A tous les prix ?

Ce serait une question de pragmatisme, de mesure et de sagesse.

Et si votre allié d’hier, si vous me permettez l’expression, n’en veut pas ?

C’est vous qui parlez d’allié d’hier. Le Rdr est notre allié. Point. Comme la langue et les dents, il peut arriver des moments où nous avons des divergences, mais soyez sûr d’une chose c’est qu’on finira par trouver nos points de convergence.


Avant ou après 2020 ?

Nécessairement avant 2020 parce que nous irons ensemble aux élections de 2020.

Vous confirmez donc qu’on pourrait avoir un parti unifié avant 2020…

Ce débat ne relève pas des collaborateurs que nous sommes. Vous savez, on se trouve quelque part dans la vallée. Nous sommes entre deux éminentes personnalités qui tiennent quand même un rôle déterminant dans l’avenir de notre pays. Ils sauront faire montre de grande capacité de responsabilité, de grand esprit houphouétiste pour que dans une logique de surpassement et de dépassement, seul l’intérêt de la Côte d’Ivoire prévale et que des décisions convenables et durables soient prises pour chacun des Ivoiriens que nous sommes. A ce niveau, je n’ai aucun doute et je ne me pose aucune question. Voilà ma détermination. Je reste donc serein face à toute cette vivacité démocratique fusse-t-elle tumultueuse.

Ne pensez-vous pas que l’honneur devrait revenir au président Bédié d’éviter une nouvelle crise à la Côte d’Ivoire au regard des violences verbales observées déjà sur le terrain ?

C’est déjà beaucoup d’honneur de dire que c’est le président Bédié seul sur qui pèse la paix en Côte d’Ivoire. On est tous chacun concerné à son niveau pour ce qui est d’éviter à la Côte d’Ivoire une nouvelle crise. Pour ce qui est du rôle du président Bédié, au risque de me répéter, depuis les accords de Linas Marcoussis où il a été impliqué dans les échanges, les rencontres et tout ce qui pouvait permettre à la Côte d’Ivoire d’éviter des crises, il a été présent. Il a fait sa part. Il a été jusqu’à prendre des décisions à contre-courant, contre son propre système politique justement pour préserver la paix mais aussi donner des chances nouvelles à la Côte d’Ivoire de pouvoir se restaurer d’un point de vue économique, social et politique. Il lui appartient à un moment donné de savoir en faire l’évaluation et de décider du maintien ou alors de l’évolution de ses positions.


L’ex-chef d’État Laurent Gbagbo avait prévenu quant à la nécessité de dialoguer fortement pour atteindre une cohésion sociale. Qu’en pensez-vous ?

C’est le président Félix Houphouët-Boigny qui a dit que le dialogue est l’arme des forts et a fait de la paix sa seconde religion.


Comment entrevoyez-vous l’élection générale de 2020 ?

Malgré tout ce qu’on pourrait entendre, voir, lire, je sais pouvoir faire confiance à deux hommes de grande valeur et de grande responsabilité. Je pense donc que le sens de la responsabilité, du patriotisme vrai, de la préoccupation de l’avenir, est nécessairement partagé par l’un et l’autre. Mais vous ne pouvez pas les empêcher aussi de laisser libre cours au jeu de la démocratie, le débat démocratique à l’aune de leurs partis respectifs, parce que la démocratie c’est à tous les niveaux. En général, la grande capacité des dirigeants, c’est de pouvoir gérer toutes les velléités démocratiques au sein de sa propre équipe. Il est donc normal et légitime que nous puissions assister à tout ce que nous voyons. L’essentiel est que cela puisse faire avancer les choses et que le moment venu, les plateformes de réflexion puissent se mettre en place. Le Pdci et le Rdr ont encore montré l’exemple en mettant en place un Comité de Haut niveau de réflexion, un Directoire au niveau du Rhdp et chacun des partis a un état-major qui travaille justement sur les réalités des uns et des autres. À ce niveau, nous disposons de pas mal d’outils qui devraient nous permettre d’éviter les crises que nous avons connues ces dernières années. J’ai foi en 2020, j’ai foi au président Alassane Ouattara et j’ai surtout foi à la sagesse du président Bédié qui a le devoir de ramener la paix en Côte d’Ivoire et le président Ouattara devra lui être solidaire pour honorer feu Félix Houphouët-Boigny.


La Côte d’Ivoire a-t-elle des chances de s’éviter de nouvelles crises répétées et connues comme celles que nous avons vécues de 2002 à 2011 au vu des tensions constatées çà et là ?

Comme je l’ai dit la sagesse et la responsabilité partagées de nos leaders à savoir le président Alassane Ouattara et son aîné Henri Konan Bédié qui demeurent malgré tout, le point focal auprès de qui tout le monde se rapproche pour échanger sur l’avenir de notre pays sont un gage pour nous éviter ces crises que nous avons vécues. Vous parlez de crise depuis 2002 mais en réalité la crise a démarré depuis 1999. Donc depuis 1999 nous avons connu bien des crises qui ont abouti à cette crise majeure de 2002, ensuite 2004 mais plus fortement encore 2010. Oui nous allons éviter cela parce que l’Ivoirien ne veut plus le revivre. Je pense que nous sommes assez vaccinés pour que les états d’esprit comprennent et dialoguent. Il est donc inutile de s’échauffer, car de toutes les façons, il va falloir se refroidir. Tous les Ivoiriens doivent faire leurs les paroles de notre hymne national. "Pays d’espérance et d’hospitalité", c’est vrai. Nous avons, tous Ivoiriens, des cœurs remplis de vaillance. La puissance n’est rien sans le contrôle. Il faudra donc contenir cette vaillance avec beaucoup de responsabilité pour relever notre dignité. Mais notre dignité ne doit pas être liée au matériel mais aux fondamentaux c’est-à-dire à la morale. Il y a beaucoup de choses à faire. Les enjeux ne sont pas seulement une simple question de Bédié ou de Ouattara mais de que veut-on être comme Ivoirien demain. Il faut pouvoir donner des signaux positifs de stabilité comme la Côte d’Ivoire le fît jadis. Mais c’est la responsabilité de chaque Ivoirien d’abord. Fiers Ivoiriens, le pays nous appelle mais c’est maintenant que le pays nous appelle. Parce que nous avons promis l’espérance à l’humanité mais cette espérance que nous voulons donner à l’humanité, il va falloir que nous la vivions nous-mêmes d’abord. Croyons en l’espérance de la paix parce que nous avons promis de forger unis dans une foi nouvelle mais la foi nouvelle c’est toujours la foi nourrie en l’Homme, en Dieu qu’il faille renouveler à chaque fois que nous avons l’occasion de la renouveler. Les élections de 2020 seront encore un moyen pour nous de renouveler notre foi en l’avenir, notre foi dans notre engagement à l’espérance. Les enjeux sont énormes. Développement économique d’accord mais stabilité et paix d’abord.

Que pensez-vous que les Ivoiriens attendent du Pdci ?

Les Ivoiriens attendent du Pdci qu’il s’assume, qu’il rassemble, qu’il fasse pour chaque Ivoirien le combat qui permettra de vivre encore la devise. Il faut qu’on soit uni. Il faut rechercher l’union. Les Ivoiriens attendent du Pdci qu’il fasse le lit de la discipline parce que si vous regardez la Côte d’Ivoire dans un miroir, il y a de quoi avoir de grosses craintes. Non pas à cause des présidents Bédié et Alassane ni encore du Pdci ou du Rdr mais parce que nous avons une jeunesse qui pèse plus de 60% de la population. Cette jeunesse est encore sur les bancs de l’éducation et elle décide de quand elle veut prendre ses vacances et aller à l’école. On tombe dans la tyrannie de Platon. Qui est capable de se transcender pour penser à la génération future qui est le gage de l’existence de la Côte d’Ivoire de demain ? Voici le vrai enjeu.

Que diriez-vous au fondateur de la Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët-Boigny, s’il était encore de ce monde ?

Je lui dirai de nous rassembler comme il savait le faire au cours de ces fameuses journées de dialogue national où chaque citoyen passait au palais présidentiel pour dire ce qu’il avait sur le cœur aux dirigeants. C’était de grands moments de purge. Je demanderai à notre Houphouët-Boigny d’inspirer chaque Ivoirien dans son esprit naturel de paix à pouvoir contribuer valablement au retour de la paix parce que chacun dans son comportement de tous les jours doit prendre la mesure de ce qu’un acte malencontreusement posé un jour multiplié par 24 millions que nous sommes, peut nous envoyer vers une bombe qui pourrait exploser. « La paix, ce n’est pas un mot mais un comportement ». C’est pourquoi je demanderai à Houphouët-Boigny de là où il nous regarde de nous apaiser les esprits, l’âme et de nous inspirer la paix.

Comment retrouver la Côte d’Ivoire que le président Houphouët-Boigny a rêvé ?

Il y a au moins un tiers de la population ivoirienne qui se sent exclu de beaucoup de choses. C’est quand même prépondérant. Il est important de faire en sorte que la Côte d’Ivoire devienne inclusive et que tous nous puissions être en paix et épanouis parce qu’aujourd’hui une bonne frange de la population se sent brimée non pas physiquement, ni juridiquement encore moins politiquement, mais moralement.



De quelle population s’agit-il ?

De tous ceux qui sont, par exemple, les fervents supporters de l’ancien président Laurent Gbagbo. Si vous leur demandez ils vous diront qu’ils vivent une injustice. Mais après il y a des priorités. Et on se consacre aux priorités mais à un moment donné il va falloir regarder ces questions en face. Il faut permettre aux enfants de la Côte d’Ivoire de se retrouver, de se rassembler et réécrire notre cohésion nationale. Je veux compter sur le président de la République Ouattara et son aîné Henri Konan pour y arriver durablement.



Propos recueillis par Elisée B.
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