Depuis jeudi dernier, quelques averses et une pluie éparse se sont succédées à Bouaké, redonnant un peu d’espoir aux populations de cette deuxième ville du pays, secouée par une longue et dure sécheresse, due, selon des experts, au changement climatique et à l’action de l’homme sur l’environnement.
Si les pluviomètres n’ont pas encore enregistré de fortes précipitions à l’égal de la capitale économique Abidjan, dans le Sud ivoirien, il reste cependant à noter que le ciel est redevenu subitement clément à Bouaké.
D’abord jeudi, puis samedi et dimanche matin, la pluie a effectivement signé son retour dans le ciel de la ville cosmopolite où le sol était devenu aride du fait de la longue sécheresse qui sévit depuis 2016 dans cette partie du pays. Cela fait donc trois années successives que les premiers signes de la sécheresse se sont déclarés à Bouaké, dans une indifférence générale.
Il a fallu l’affaire de la pénurie d’eau potable début 2018 pour que la conscience collective se rendre effectivement compte qu’il y a problème.
Déjà en 2016, des producteurs locaux de légumes interrogés plusieurs fois par APA avaient appuyé sur la sonnette d’alarme en reliant la flambée des prix des denrées alimentaires à la forte baisse de la pluviométrie.
A ce propos, s’expliquant en avril 2017 devant des leaders de la société civile de Bouaké, sur la mauvaise qualité de l’eau potable servie dans les robinets, le chef de l’usine de production d’eau potable de Bouaké- Loka, Samson Kouakou avait signalé que plus de la moitié de la réserve d’eau de la Loka, le principal barrage qui fournit 70% d’eau potable à la ville de Bouaké et à ses environs (Sakassou, Languibonou et Diabo) avait tari du fait de la grande sécheresse qui sévit dans le Centre-Nord ivoirien depuis 2016.
Pour M. Kouakou, un aussi bas niveau d’eau (4 mètres restants sur 10 m de profondeur en 2017) n’avait jamais été constaté depuis la date de création de ce barrage en 1964.
En fin d’année 2017, la mairie de Bouaké en collaboration avec l’Union européenne (UE) avait procédé au lancement du projet Bouaké Ville verte-Coopération décentralisée (BOVIVE-CD), en vue de consolider les acquis de cette deuxième ville ivoirienne pour en faire d’ici 2019 un membre leader et actif d’un réseau d’échanges réciproques de villes sur la lutte contre le changement climatique.
« La ville de Bouaké qui est située dans une zone de transition entre la zone équatoriale humide du Sud et la zone soudanienne sèche du Nord verra dans les années à venir ces écosystèmes perturbés du fait même du changement climatique avec une sahélisation de la région », faisait observer les termes de références de ce projet.
En termes de captation des Gaz à effet de serre (GES), cette ville du Centre-Nord ivoirien dispose de peu d’espaces verts (environ 2% de sa superficie urbanisée) du fait d’une déforestation abusive pour le bois d’œuvre et pour le charbon de bois lors de la crise militaro-politique (2002-2010), relevait ensuite ce document.
En dépit de tous ces signes annonciateurs, aucune initiative louable n’a levé le drapeau rouge pour lancer le sursaut national. Depuis le début de l’année, une pénurie d’eau potable est constatée à Bouaké. La Loka qui ne retenait que 4 mètres d’eau dans sa digue en 2017 s’est progressivement vidée de sa réserve à cause du changement climatique et de l’action de l’homme sur l’environnement, ont fini par reconnaitre les autorités locales.
Depuis le mois de mai, les autorités gouvernementales s’attèlent quant à elles à trouver des solutions à court et à long terme à cette problématique qui impacte près d’un million et demi de personnes. Outre ces efforts de construction de nouvelles infrastructures, la part du divin dans la résolution de ce problème n’est pas non plus négliger.
Jeudi, à l’occasion de la célébration de la fête de Ramadan à la grande mosquée de Bouaké, le maire de la commune Nicolas Youssouf Djibo avait exhorté la communauté musulmane à poursuivre les prières jusqu’au rétablissement de l’eau potable dans les robinets de cette région du Centre-Nord ivoirien.
Cette observation n’est pas restée lettre morte. A l’initiative des sections régionales de l’Association des musulmans sunnites de Côte d’Ivoire (AMSCI) et du Conseil des imams sunnites (CODIS), une prière spéciale a été organisée, ce dimanche, dans cinq mosquées sunnites de la ville en vue d’implorer la clémence du très haut pour le retour de la pluie.
Il s’agit, selon le secrétaire général de l’AMSCI Bouaké, Lamine Bamba « de la salatoul Istisqua qui sera faite conformément à la tradition du messager de l’islam ».
Dans la même veine, une lecture coranique collective était également prévue ce même dimanche à la grande mosquée de Bouaké sous les auspices de l’imam central, Badajawari Touré.
Partageant un point de vue scientifique et beaucoup plus global sur la question du changement climatique, le professeur Grégoire Traoré, spécialiste en étique et biotique de l’environnement et enseignant-chercheur à l’université Alassane Ouattara avait soutenu lors d’une conférence publique qu’il a animée en décembre 2017 à Bouaké que la saison des pluies s’est « raccourcie de 10 à 30 jours », selon les régions de Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire à partir des données du Programme national de changement climatique on note que la température globale de l’atmosphère est passée de 25,5⁰ à 26,9⁰de 1961 à 2010, soit une augmentation de 1,4⁰ en 50 ans, avait-il souligné, démontrant à travers ces données que « la saison des pluies s’est raccourcie en moyenne de 10 à 30 jours selon les régions », du pays.
Pour l’expert en environnement, les conséquences du réchauffement climatique sur les activités humaines sont d’ordre multiple. Il s’agit entre autres de la dégradation de la biodiversité, de la hausse du niveau des eaux due à la dilation des océans, de la désertification, de la diminution des territoires habitables ainsi que de la baisse des activités agricoles et économiques et de la recrudescence de certaines maladies.
Par conséquent, avait-il notifié « il s’agit donc aujourd’hui de mettre en place un développement qui tient compte des capacités des ressources naturelles ».
Sur la question de la lutte contre le changement climatique, M. Traoré est resté ferme et catégorique. « Pour lutter contre les causes du changement climatique il faut une gouvernance efficace qui favorise la paix et la sécurité moyennant des transformations radicales » car « on ne peut pas gérer la question de l’environnement avec une certaine légèreté, il y a des phases de sensibilisation mais il y a aussi des phases de répressions à mener », avait-il conclu.
CK/ls/APA
Si les pluviomètres n’ont pas encore enregistré de fortes précipitions à l’égal de la capitale économique Abidjan, dans le Sud ivoirien, il reste cependant à noter que le ciel est redevenu subitement clément à Bouaké.
D’abord jeudi, puis samedi et dimanche matin, la pluie a effectivement signé son retour dans le ciel de la ville cosmopolite où le sol était devenu aride du fait de la longue sécheresse qui sévit depuis 2016 dans cette partie du pays. Cela fait donc trois années successives que les premiers signes de la sécheresse se sont déclarés à Bouaké, dans une indifférence générale.
Il a fallu l’affaire de la pénurie d’eau potable début 2018 pour que la conscience collective se rendre effectivement compte qu’il y a problème.
Déjà en 2016, des producteurs locaux de légumes interrogés plusieurs fois par APA avaient appuyé sur la sonnette d’alarme en reliant la flambée des prix des denrées alimentaires à la forte baisse de la pluviométrie.
A ce propos, s’expliquant en avril 2017 devant des leaders de la société civile de Bouaké, sur la mauvaise qualité de l’eau potable servie dans les robinets, le chef de l’usine de production d’eau potable de Bouaké- Loka, Samson Kouakou avait signalé que plus de la moitié de la réserve d’eau de la Loka, le principal barrage qui fournit 70% d’eau potable à la ville de Bouaké et à ses environs (Sakassou, Languibonou et Diabo) avait tari du fait de la grande sécheresse qui sévit dans le Centre-Nord ivoirien depuis 2016.
Pour M. Kouakou, un aussi bas niveau d’eau (4 mètres restants sur 10 m de profondeur en 2017) n’avait jamais été constaté depuis la date de création de ce barrage en 1964.
En fin d’année 2017, la mairie de Bouaké en collaboration avec l’Union européenne (UE) avait procédé au lancement du projet Bouaké Ville verte-Coopération décentralisée (BOVIVE-CD), en vue de consolider les acquis de cette deuxième ville ivoirienne pour en faire d’ici 2019 un membre leader et actif d’un réseau d’échanges réciproques de villes sur la lutte contre le changement climatique.
« La ville de Bouaké qui est située dans une zone de transition entre la zone équatoriale humide du Sud et la zone soudanienne sèche du Nord verra dans les années à venir ces écosystèmes perturbés du fait même du changement climatique avec une sahélisation de la région », faisait observer les termes de références de ce projet.
En termes de captation des Gaz à effet de serre (GES), cette ville du Centre-Nord ivoirien dispose de peu d’espaces verts (environ 2% de sa superficie urbanisée) du fait d’une déforestation abusive pour le bois d’œuvre et pour le charbon de bois lors de la crise militaro-politique (2002-2010), relevait ensuite ce document.
En dépit de tous ces signes annonciateurs, aucune initiative louable n’a levé le drapeau rouge pour lancer le sursaut national. Depuis le début de l’année, une pénurie d’eau potable est constatée à Bouaké. La Loka qui ne retenait que 4 mètres d’eau dans sa digue en 2017 s’est progressivement vidée de sa réserve à cause du changement climatique et de l’action de l’homme sur l’environnement, ont fini par reconnaitre les autorités locales.
Depuis le mois de mai, les autorités gouvernementales s’attèlent quant à elles à trouver des solutions à court et à long terme à cette problématique qui impacte près d’un million et demi de personnes. Outre ces efforts de construction de nouvelles infrastructures, la part du divin dans la résolution de ce problème n’est pas non plus négliger.
Jeudi, à l’occasion de la célébration de la fête de Ramadan à la grande mosquée de Bouaké, le maire de la commune Nicolas Youssouf Djibo avait exhorté la communauté musulmane à poursuivre les prières jusqu’au rétablissement de l’eau potable dans les robinets de cette région du Centre-Nord ivoirien.
Cette observation n’est pas restée lettre morte. A l’initiative des sections régionales de l’Association des musulmans sunnites de Côte d’Ivoire (AMSCI) et du Conseil des imams sunnites (CODIS), une prière spéciale a été organisée, ce dimanche, dans cinq mosquées sunnites de la ville en vue d’implorer la clémence du très haut pour le retour de la pluie.
Il s’agit, selon le secrétaire général de l’AMSCI Bouaké, Lamine Bamba « de la salatoul Istisqua qui sera faite conformément à la tradition du messager de l’islam ».
Dans la même veine, une lecture coranique collective était également prévue ce même dimanche à la grande mosquée de Bouaké sous les auspices de l’imam central, Badajawari Touré.
Partageant un point de vue scientifique et beaucoup plus global sur la question du changement climatique, le professeur Grégoire Traoré, spécialiste en étique et biotique de l’environnement et enseignant-chercheur à l’université Alassane Ouattara avait soutenu lors d’une conférence publique qu’il a animée en décembre 2017 à Bouaké que la saison des pluies s’est « raccourcie de 10 à 30 jours », selon les régions de Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire à partir des données du Programme national de changement climatique on note que la température globale de l’atmosphère est passée de 25,5⁰ à 26,9⁰de 1961 à 2010, soit une augmentation de 1,4⁰ en 50 ans, avait-il souligné, démontrant à travers ces données que « la saison des pluies s’est raccourcie en moyenne de 10 à 30 jours selon les régions », du pays.
Pour l’expert en environnement, les conséquences du réchauffement climatique sur les activités humaines sont d’ordre multiple. Il s’agit entre autres de la dégradation de la biodiversité, de la hausse du niveau des eaux due à la dilation des océans, de la désertification, de la diminution des territoires habitables ainsi que de la baisse des activités agricoles et économiques et de la recrudescence de certaines maladies.
Par conséquent, avait-il notifié « il s’agit donc aujourd’hui de mettre en place un développement qui tient compte des capacités des ressources naturelles ».
Sur la question de la lutte contre le changement climatique, M. Traoré est resté ferme et catégorique. « Pour lutter contre les causes du changement climatique il faut une gouvernance efficace qui favorise la paix et la sécurité moyennant des transformations radicales » car « on ne peut pas gérer la question de l’environnement avec une certaine légèreté, il y a des phases de sensibilisation mais il y a aussi des phases de répressions à mener », avait-il conclu.
CK/ls/APA