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Société Publié le samedi 7 juillet 2018 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : élèves et étudiants au travail

Le phénomène a commencé dans les années 70 et 80 avant de connaitre une accélération dans les années 2000. Aujourd’hui, c’est incontournable. Un grand pourcentage s’y adonne. Entre temps les difficultés de la vie se sont accrues au niveau des parents.

Ce qu’ils pouvaient faire, il y a sept ans, huit ans ou dix ans ils ne peuvent plus le faire. Une année scolaire devient la croix et la bannière. Au collège, au lycée, dans les grandes écoles, l’enfant doit aller en payant son transport, prendre le petit déjeuner et le déjeuner. Et pour ceux qui aiment ou qui ont pitié doivent demander des revenus supplémentaires à leurs parents dont bon nombre ne peuvent plus. Ils sont nombreux ces élèves et étudiants qui ont abandonné les cours en pleine année scolaire. Très nombreux. J’en connais beaucoup. Des élèves ont compris que l’heure était arrivée de porter secours aux parents en les soulageant de certains frais scolaires pour ne pas être eux-mêmes les premiers perdants. Le slogan devint : « Le loyer et l’électricité aux parents, tout le reste aux enfants. » Pour préparer leur pécule de la rentrée scolaire, ils vont chercher du travail pour les grandes vacances. Quatre mois ou cinq mois. La différence se situe dans le choix des emplois à trouver et à offrir. Avant, tous partaient vers des emplois de bureau. Introuvables et difficiles à se faire recruter sans un appui fort et puissant. Avec l’expérience, les jeunes ont compris qu’il n’y a pas de sots métiers mais des sots gens. Ils vont proposer eux-mêmes et développer des propositions d’emplois à la portée de tout le monde et propres en plus. De nombreuses boutiques et magasins se verront proposer la vente de certains de leurs produits de manière ambulante.

Ce seront des tricots, des produits de beauté et de maquillage. Des entreprises donneront une petite somme journalière et surtout des ristournes sur chaque article vendu. J’ai connu de jeunes élèves qui ont économisé beaucoup d’argent et sont devenus de futurs hommes d’affaires. J’apprécie surtout les jeunes filles qui s’inscrivent dans une agence de placement de personnes de maisons. Ainsi de nombreuses collégiennes, lycéennes et étudiantes sont des servantes dans de nombreux foyers. Elles gagnent bien leur vie. J’en ai déjà recruté pour les vacances. Elles ne dépensent pratiquement rien et font de bonnes épargnes.

Ceux ou celles qui se montrent travailleurs, obéissants se font une deuxième famille pour la vie. Des personnes qui pourront les prendre en charge certains mois sans rien fournir comme activité. Tous ces petits métiers gagnent davantage que ceux qui ont choisi le prestige. Ces derniers s’habillent bien pour sortir de la maison et perdent tout dans le transport comme la nourriture comme s’ils étaient de retour sur les bancs de l’école. J’apprécie fortement un genre d’élèves extraordinaires. Ils viennent des quartiers précaires ou populaires. Toute la journée, ils parcourent les quartiers résidentiels, moyens, où les enfants ont tout et sont paresseux, pour proposer leurs services. Ils peuvent demander à couper les herbes, balayer la cour, repasser des habits, couper des arbres, prendre des paniers du marché pour la maison et je ne sais quoi d’autres. Ils sont les plus grands gagnants à l’ouverture des classes. Ils gagneront plus que ce qu’on n’imagine pas qu’ils peuvent obtenir. Des filles de tout niveau vont au marché ou se promènent de maison à maison pour tresser ou coiffer. Certaines du salon de leurs parents un endroit pour coiffer. Elles gagnent bien leur vie. Des sportifs doués dans des clubs de quartiers pour jouer en tant que mercenaires. Ces petits métiers sont nombreux. Chaque groupe de jeunes, par âge, par quartier doit se réunir et déterminer ensemble ce qu’ils doit faire et prendre en charge leur année scolaire. Une possibilité à leur portée et soulager leurs parents. Ainsi va l’Afrique. À la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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