Ils ont fait tellement de bruit après l’ordonnance du juge, donnant ainsi l’impression que tous les acteurs impliqués dans cette affaire avaient été blanchis. Mais la réalité apparait de plus en plus au grand jour. Le PDG de CIMFASO, Inoussa Kanazoé, a certes été extirpé du dossier brûlant des fraudes fiscales, qui l’avait fortement éclaboussé en janvier 2017, mais l’affaire tient toujours au cou, la société CIMFASO dont il est le grand patron. Selon l’ordonnance rendue le 20 juillet, il existe des « charges suffisantes » contre la société. Elle est accusée d’ « usage de faux en écriture de commerce et contrebande ». Son Directeur général, Inoussa Kaboré, est aussi dans le pétrin. Et ce n’est pas tout.
La nouvelle est tombée le 20 juillet, brusque et fracassante, comme un orage en pleine saison sèche. Le richissime homme d’affaires INOUSSA KANAZOE, empêtré, depuis début 2017, dans des eaux boueuses « de fraudes fiscales, de blanchiment de capitaux, de faux et d’usage de faux en écriture de commerce, d’utilisation frauduleuse de numéro IFU, d’abus de confiance aggravée, de tromperie du consommateur », l’a échappé bel. Il a bénéficié d’un non-lieu. Cette information a été véhiculée en grande pompe. Avec l’appui de certains OSC un peu trop excités. Mais tout n’a pas été dit. Selon nos sources, quatre personnes (physiques et morales) sont toujours dans les filets de la justice. A commencer par la société CIMFASO. Certes, l’homme d’affaires a été mis hors de cause par le juge, mais cette société dont il est l’Administrateur général est toujours dans le collimateur de la justice. L’ordonnance rendue le 20 juillet indique clairement qu’il existe des « charges suffisantes » pour « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de contrebande ». En avril 2017, lorsque le PDG de la société est auditionné par les gendarmes, il rejette, sur bien des points qui pourraient l’accabler, la patate chaude au Directeur général de CIMFASO, Inoussa Kaboré. Affirmant que c’est ce dernier qui est indiqué pour donner des explications. Mais jusque-là, des zones d’ombre demeurent. C’est le cas, par exemple, de la société CGC appartenant à Inoussa Kanazoé. Le responsable comptable et financier de CIMFASO depuis janvier 2014, affirme que cette société a été initialement créée dans l’objectif d’être une entreprise de BTP. Mais que dans la pratique, il existe un flou artistique. La société n’a jamais existé, dit-il. Donc une sorte de société fictive qui a servi à certaines manœuvres. De nombreuses factures ont été effectuées avec CGC mais en réalité, les paiements ont été faits par CIMFASO. C’est ce qu’affirme le chef comptable et financier de cette société de cimenterie. Mais il n’y a pas que ça. L’agence de dédouanement du Faso (ADEFA Transit SARL), appartenant à la société Kanis de l’homme d’affaires Kanazoé, est égalementment retenue dans le dossier. Elle va devoir s’expliquer, tout comme la société CIMFASO, sur des « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de contrebande ». Le Directeur de ADEFA Transit SARL Hermann Kaboré, et celui de CIMFASO, Inoussa Kaboré, traînent, eux- mêmes, un boulet aux pieds. Le juge a estimé qu’il y avait des charges suffisantes contre eux pour « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de blanchiment de capitaux ». Mais Inoussa Kaboré devra également répondre des faits de « contrebande ». Signe que cette affaire, qui a véritablement éclaté en début 2017, n’a pas encore livré son verdict définitif comme l’ont tenté de faire croire certaines OSC qui ont maladroitement bombé le torse, récemment, dans des shows médiatiques. CIMFASO n’est pas encore sortie du tunnel. Même si le grand patron, comme on l’appelle dans certains milieux, a dû jubiler, fier du non-lieu qui lui a été accordé.
« Faux IFU»
Mais cette décision judiciaire suscite de grandes interrogations. Il nous revient, en effet, que l’un des éléments clés de cette affaire, le Commissaire aux comptes de CIMFASO depuis la création de cette société en 2013, n’a pas été entendu par le juge. C’est pourtant lui qui a découvert, bien avant l’expertise commandée par la Justice, certaines pratiques louches au sein de la société. Son cabinet a effectué plusieurs missions de contrôle de CIMFASO. Pendant de longues années, l’équipe qu’il dirige a passé au crible l’information financière et comptable produite par la société, dressé des conclusions et déterminé les postes comptables sur lesquels des corrections devaient être opérées. Et c’est en fouinant dans les dossiers que le Commissaire aux comptes, expert-comptable de son état, a découvert des choses pas claires. Il a ainsi produit un « rapport spécial sur les conventions réglementées". Ce document, présenté lors de la session ordinaire du Conseil d’administration, les 30 et 31 juillet 2016, révèle certains actes de gestion opaques. Cette réunion, au regard des sujets dérangeants mis au grand jour, était tellement houleuse qu’elle a dû être suspendue, puis reprogrammée en septembre 2016. Et même là, le climat était tendu à propos de certains contrats, passés entre la société et des actionnaires ou administrateurs. Le Commissaire aux comptes, qui a suivi de près les faits qui ont engendré la crise, aurait pu grandement contribuer à la manifestation de la vérité. En avril 2017, lorsqu’il a été entendu par les gendarmes, il a souligné que les points soulevés dans son rapport de gestion avaient été confirmés par l’expert-comptable judiciaire. Mais il n’aura pas l’opportunité d’ouvrir d’autres pages de cette affaire devant le juge chargé du dossier. Ce dernier n’a pas jugé bon de l’écouter. Il a rendu son ordonnance et transmis le dossier au parquet près la Cour d’appel de Ouagadougou.
Et ce n’est pas tout. On se demande si la lumière a été vraiment faite sur l’affaires dite de « faux » numéro IFU. D’ailleurs à ce sujet, nos sources indiquent que le juge a adressé une correspondance à la Douane afin de clarifier la situation. Mais cette dernière n’aurait pas donné de suite. Pourtant, il semble avoir des choses pas claires. Selon des sources douanières qui suivent de près l’évolution du dossier, une sérieuse investigation de la Justice sur cette affaire de "faux IFU» pourrait faire tomber certaines têtes couronnées au sein de ce corps. Le déballage à propos de l’utilisation des IFU "fictifs a commencé dès les premières auditions à la gendarmerie. Ainsi, le transitaire de Kanis International affirme que le Groupe utilise plusieurs codes IFU pour ses déclarations à la Douane. Mais fait important, depuis 2007, date à laquelle il a commencé à y opérer comme transitaire, il n’a jamais croisé personnellement les représentants de certains codes IFU utilisés par la société. Des numéros IFU existeraient ainsi pour des sociétés qui sont, peut-être inexistantes. Mais utilisés par le groupe dirigé par l’homme d’affaires. Et d’ailleurs, à ce sujet, le transitaire affirme qu’il fait les déclarations tout en exécutant les ordres de ses chefs. Mais qui sont ses chefs ? Fait-il allusion au DG de CIMFASO, Inoussa Kaborée ou à l’Administrateur général, Inoussa Kanazoé ? Bien malin qui saura répondre. Et ce n’est pas tout. Curieusement en effet, malgré tous ces éléments et bien d’autres, le chef d’accusation portant sur l’utilisation des "faux IFU» a été battu en brèche par le juge. Lorsque l’affaire a éclaté en 2017, le Procureur avait demandé aux OPJ de faire un travail de vérification. Et bien avant sa conférence de presse, qui a annoncé les différents chefs d’accusation, les acteurs de cette sombre affaire avaient été entendus. Selon des sources proches du dossier, certains avaient formellement reconnu les faits. Et c’est à base de Cela, indique-t-on, que le Procureur a fondé le contenu de sa conférence de presse. Mais aujourd’hui, l’ordonnance du juge tend à faire croire que toutes ces déclarations étaient nulles. On apprend d’ailleurs, si l’on s’en tient au document, que ni CIMFASO, ni aucun de ses membres n’est auteur de faux. Il est désormais question d’« usage de faux ». Mais qui a donc fait les faux pour qu’eux en fassent usage ? Mystère et boule de gomme. Tout s’est pourtant passé dans le Groupe dirigé par le richissime homme d’affaires. D’ailleurs, il nous revient que certains hauts responsables de l’administration judiciaire tiennent des discussions très critiques concernant L’ordonnance du juge. Le dossier pourrait donc connaitre des rebondissements à la Cour d’appel. Affaire à suivre.
Par Hervé D’AFRICK
La nouvelle est tombée le 20 juillet, brusque et fracassante, comme un orage en pleine saison sèche. Le richissime homme d’affaires INOUSSA KANAZOE, empêtré, depuis début 2017, dans des eaux boueuses « de fraudes fiscales, de blanchiment de capitaux, de faux et d’usage de faux en écriture de commerce, d’utilisation frauduleuse de numéro IFU, d’abus de confiance aggravée, de tromperie du consommateur », l’a échappé bel. Il a bénéficié d’un non-lieu. Cette information a été véhiculée en grande pompe. Avec l’appui de certains OSC un peu trop excités. Mais tout n’a pas été dit. Selon nos sources, quatre personnes (physiques et morales) sont toujours dans les filets de la justice. A commencer par la société CIMFASO. Certes, l’homme d’affaires a été mis hors de cause par le juge, mais cette société dont il est l’Administrateur général est toujours dans le collimateur de la justice. L’ordonnance rendue le 20 juillet indique clairement qu’il existe des « charges suffisantes » pour « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de contrebande ». En avril 2017, lorsque le PDG de la société est auditionné par les gendarmes, il rejette, sur bien des points qui pourraient l’accabler, la patate chaude au Directeur général de CIMFASO, Inoussa Kaboré. Affirmant que c’est ce dernier qui est indiqué pour donner des explications. Mais jusque-là, des zones d’ombre demeurent. C’est le cas, par exemple, de la société CGC appartenant à Inoussa Kanazoé. Le responsable comptable et financier de CIMFASO depuis janvier 2014, affirme que cette société a été initialement créée dans l’objectif d’être une entreprise de BTP. Mais que dans la pratique, il existe un flou artistique. La société n’a jamais existé, dit-il. Donc une sorte de société fictive qui a servi à certaines manœuvres. De nombreuses factures ont été effectuées avec CGC mais en réalité, les paiements ont été faits par CIMFASO. C’est ce qu’affirme le chef comptable et financier de cette société de cimenterie. Mais il n’y a pas que ça. L’agence de dédouanement du Faso (ADEFA Transit SARL), appartenant à la société Kanis de l’homme d’affaires Kanazoé, est égalementment retenue dans le dossier. Elle va devoir s’expliquer, tout comme la société CIMFASO, sur des « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de contrebande ». Le Directeur de ADEFA Transit SARL Hermann Kaboré, et celui de CIMFASO, Inoussa Kaboré, traînent, eux- mêmes, un boulet aux pieds. Le juge a estimé qu’il y avait des charges suffisantes contre eux pour « faits d’usage de faux en écriture de commerce et de blanchiment de capitaux ». Mais Inoussa Kaboré devra également répondre des faits de « contrebande ». Signe que cette affaire, qui a véritablement éclaté en début 2017, n’a pas encore livré son verdict définitif comme l’ont tenté de faire croire certaines OSC qui ont maladroitement bombé le torse, récemment, dans des shows médiatiques. CIMFASO n’est pas encore sortie du tunnel. Même si le grand patron, comme on l’appelle dans certains milieux, a dû jubiler, fier du non-lieu qui lui a été accordé.
« Faux IFU»
Mais cette décision judiciaire suscite de grandes interrogations. Il nous revient, en effet, que l’un des éléments clés de cette affaire, le Commissaire aux comptes de CIMFASO depuis la création de cette société en 2013, n’a pas été entendu par le juge. C’est pourtant lui qui a découvert, bien avant l’expertise commandée par la Justice, certaines pratiques louches au sein de la société. Son cabinet a effectué plusieurs missions de contrôle de CIMFASO. Pendant de longues années, l’équipe qu’il dirige a passé au crible l’information financière et comptable produite par la société, dressé des conclusions et déterminé les postes comptables sur lesquels des corrections devaient être opérées. Et c’est en fouinant dans les dossiers que le Commissaire aux comptes, expert-comptable de son état, a découvert des choses pas claires. Il a ainsi produit un « rapport spécial sur les conventions réglementées". Ce document, présenté lors de la session ordinaire du Conseil d’administration, les 30 et 31 juillet 2016, révèle certains actes de gestion opaques. Cette réunion, au regard des sujets dérangeants mis au grand jour, était tellement houleuse qu’elle a dû être suspendue, puis reprogrammée en septembre 2016. Et même là, le climat était tendu à propos de certains contrats, passés entre la société et des actionnaires ou administrateurs. Le Commissaire aux comptes, qui a suivi de près les faits qui ont engendré la crise, aurait pu grandement contribuer à la manifestation de la vérité. En avril 2017, lorsqu’il a été entendu par les gendarmes, il a souligné que les points soulevés dans son rapport de gestion avaient été confirmés par l’expert-comptable judiciaire. Mais il n’aura pas l’opportunité d’ouvrir d’autres pages de cette affaire devant le juge chargé du dossier. Ce dernier n’a pas jugé bon de l’écouter. Il a rendu son ordonnance et transmis le dossier au parquet près la Cour d’appel de Ouagadougou.
Et ce n’est pas tout. On se demande si la lumière a été vraiment faite sur l’affaires dite de « faux » numéro IFU. D’ailleurs à ce sujet, nos sources indiquent que le juge a adressé une correspondance à la Douane afin de clarifier la situation. Mais cette dernière n’aurait pas donné de suite. Pourtant, il semble avoir des choses pas claires. Selon des sources douanières qui suivent de près l’évolution du dossier, une sérieuse investigation de la Justice sur cette affaire de "faux IFU» pourrait faire tomber certaines têtes couronnées au sein de ce corps. Le déballage à propos de l’utilisation des IFU "fictifs a commencé dès les premières auditions à la gendarmerie. Ainsi, le transitaire de Kanis International affirme que le Groupe utilise plusieurs codes IFU pour ses déclarations à la Douane. Mais fait important, depuis 2007, date à laquelle il a commencé à y opérer comme transitaire, il n’a jamais croisé personnellement les représentants de certains codes IFU utilisés par la société. Des numéros IFU existeraient ainsi pour des sociétés qui sont, peut-être inexistantes. Mais utilisés par le groupe dirigé par l’homme d’affaires. Et d’ailleurs, à ce sujet, le transitaire affirme qu’il fait les déclarations tout en exécutant les ordres de ses chefs. Mais qui sont ses chefs ? Fait-il allusion au DG de CIMFASO, Inoussa Kaborée ou à l’Administrateur général, Inoussa Kanazoé ? Bien malin qui saura répondre. Et ce n’est pas tout. Curieusement en effet, malgré tous ces éléments et bien d’autres, le chef d’accusation portant sur l’utilisation des "faux IFU» a été battu en brèche par le juge. Lorsque l’affaire a éclaté en 2017, le Procureur avait demandé aux OPJ de faire un travail de vérification. Et bien avant sa conférence de presse, qui a annoncé les différents chefs d’accusation, les acteurs de cette sombre affaire avaient été entendus. Selon des sources proches du dossier, certains avaient formellement reconnu les faits. Et c’est à base de Cela, indique-t-on, que le Procureur a fondé le contenu de sa conférence de presse. Mais aujourd’hui, l’ordonnance du juge tend à faire croire que toutes ces déclarations étaient nulles. On apprend d’ailleurs, si l’on s’en tient au document, que ni CIMFASO, ni aucun de ses membres n’est auteur de faux. Il est désormais question d’« usage de faux ». Mais qui a donc fait les faux pour qu’eux en fassent usage ? Mystère et boule de gomme. Tout s’est pourtant passé dans le Groupe dirigé par le richissime homme d’affaires. D’ailleurs, il nous revient que certains hauts responsables de l’administration judiciaire tiennent des discussions très critiques concernant L’ordonnance du juge. Le dossier pourrait donc connaitre des rebondissements à la Cour d’appel. Affaire à suivre.
Par Hervé D’AFRICK