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Afrique Publié le mardi 20 novembre 2018 | Banque Mondiale

Les mariages d’enfants font perdre des milliards de dollars à l’Afrique (Rapport)

Les mariages d’enfants font perdre des milliards de dollars à l’Afrique (Rapport)
© Banque Mondiale Par David Zamblé
Campagne de vaccination contre la Fièvre Typhoïde dans le Hambol: étape de Fronan et de Kanawolo
Samedi 23 Août 2014. Fronan et Kanawolo. La Fondation Children Of Africa vaccine 1.200 enfants de 3 à 15 ans et des jeunes femmes contre la Fièvre Typhoïde
La pratique du mariage d’enfants coûtera des dizaines de milliards de dollars aux pays africains, indique un nouveau rapport de la Banque mondiale publié à l’occasion du deuxième Sommet de la Commission de l’Union africaine pour mettre fin au mariage précoce qui se tiendra cette semaine au Ghana.

Intitulé Éduquer les filles et mettre fin au mariage d’enfants : une priorité pour l'Afrique, le rapport souligne que plus de trois millions de filles (soit un tiers) se marient encore avant leur 18ème anniversaire en Afrique subsaharienne. Il s’agit du continent où la prévalence de mariage d’enfants est la plus élevée, surtout chez les filles. Or, les filles qui se marient avant 18 ans sont beaucoup plus susceptibles d'abandonner leurs études et ont un niveau d’instruction plus faible que celles qui se marient plus tard. Elles ont également plus de chance de tomber enceinte et d'avoir des enfants très tôt, mettant ainsi en danger leur santé ainsi que l'éducation et la santé de leurs enfants.

Alors que de nombreux pays africains ont atteint la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire, le rapport note que les filles sont à la traîne par rapport aux garçons au niveau secondaire. En Afrique subsaharienne, sept filles sur 10 achèvent leurs études primaires, mais seulement quatre filles sur 10 achèvent le premier cycle du secondaire.

En moyenne, les femmes qui ont fait des études secondaires ont plus de chance de travailler et gagnent deux fois plus que celles qui n'ont pas fait d'études. Après avoir analysé 12 pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb, qui abritent la moitié de la population du continent africain, le rapport estime que le mariage d’enfants représente un manque à gagner de 63 milliards de dollars en matière de revenus et de capital humain suite à son impact négatif sur l’éducation des filles.

« L'enseignement primaire pour les filles n'est tout simplement pas suffisant. Les filles retirent le plus de bénéfices de l'éducation lorsqu'elles sont capables de terminer leurs études secondaires », explique Quentin Wodon, économiste principal à la Banque mondiale et auteur principal du rapport. « Malheureusement, très souvent elles ne restent pas à l'école si elles se marient tôt. »

Le mariage d’enfants entraîne également des taux de fécondité élevés et une croissance démographique plus forte, note le rapport. Si l’on mettait un terme aujourd’hui à cette pratique, la croissance démographique diminuerait. Cela entraînerait une amélioration des niveaux de vie, en particulier pour les plus pauvres.

Le rapport confirme que l'un des meilleurs moyens d'éviter le mariage d’enfants est de scolariser le plus longtemps possible les filles. Chaque année d'études secondaires réduit d’au moins cinq points de pourcentage le risque de se marier avant l'âge de 18 ans.

Le rapport décrit également l’impact du mariage d’enfants et de l’éducation des filles sur une quarantaine d’autres indicateurs. Par exemple, le mariage d’enfants augmente le risque de violences conjugales et réduit la capacité des femmes à prendre des décisions au sein du ménage. Le mariage précoce affecte également la santé des enfants de jeunes mères, notamment avec des risques plus élevés de mortalité et de retard de croissance (malnutrition) chez les enfants de moins de cinq ans.

L’éducation des filles et la promotion de l’égalité entre les sexes font partie d’un effort global de la Banque mondiale qui comprend des financements et des travaux analytiques visant à maintenir les filles à l’école, éviter le mariage d’enfants, améliorer l’accès aux services de santé reproductive et renforcer les compétences et débouchés professionnels des femmes.
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