Ci-dessous le sermon de l’Archevêque d’Abidjan, le Cardinal Jean Pierre Kutwa, à l’occasion de la célébration de la messe de Noël 2019, ce mercredi 25 décembre 2019.
MESSAGE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ, ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA FETE DE NOEL
Abidjan, Mercredi 25 décembre 2019
Chant : A minuit fut fait un réveil ! (Bis) Jamais n’en fut fait de pareil ! (Bis) Au pays de Judée ! Au pays de Judée, Noël ! Au pays de Judée…
Révérends Pères, Révérendes sœurs, Frères et sœurs en Christ,
Il y’a des nuits qui semblent plus longues que d’autres surtout quand la paix a délaissé votre âme et que vous vous posez mille et une questions pour savoir de quoi le lendemain sera fait ! Ce genre de nuits peuplées et remplies d’angoisse, de tristesse et de désolation, qui d’entre nous ne les a pas connues, à l’occasion d’un événement douloureux et malheureux, d’une situation qui nous paraissait sans issue ? Mais être réveillé de nuit, en pareille nuit, être tiré de son sommeil, de ses rêves ou même de ses cauchemars par une bonne nouvelle, l’on a qu’une seule envie : que le jour se lève plus vite que d’habitude pour crier à pleine voix notre joie, joie de la vie qui renaît, joie d’un cœur qui ne se sent plus abandonné, joie d’une espérance nouvelle !
Ce réveil en pleine nuit, c’est celui qui nous a trouvé devant la crèche, cette crèche que notre Saint Père le Pape François décrit de merveilleuse manière ! Dans sa Lettre Apostolique Admirabile Signum, sur la signification et la valeur de la crèche il affirme ceci que ‘‘ la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. […] Elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur.’’ Fin de citation
Ce bonheur, c’est celui d’une aventure merveilleuse, où Dieu se fait l’un de nous pour éclairer nos nuits à nous et nous dire qu’il n’y a pas de quoi désespérer de la vie, si tant est que nous savons mais surtout que nous acceptons d’ouvrir nos cœurs et nos bras pour accueillir cet enfant qui vient à nous pour nous faire participer de sa vie divine. Oui en effet, en cette nuit sainte, l’enfant qui a été donné à Marie et Joseph est maintenant donné au monde afin que le monde puisse l’imiter !
Comme le dit le Pape François, ‘‘représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui.’’ Fin de citation.
1- Célébrer la nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est comprendre et affirmer que la nuit ne l’emportera jamais sur le jour, fut-elle, la plus sombre qui soit!
Frères et sœurs,
Ce que nous célébrons finalement n’est rien d’autre que le mystère de Dieu qui par amour pour nous, a pris chair de notre chair en la Vierge Marie, comme pour nous dire encore une fois qu’il n’y a rien de véritablement humain qui ne trouve écho dans son cœur à Lui et que les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi ses joies et ses espoirs, ses tristesses et ses angoisses car l’Enfant qui est né, le Fils qui nous a été donné et dont l’insigne du pouvoir est sur son épaule, est vraiment le Messie de Dieu, l’espoir de toute notre humanité ! Mais que de chemins parcourus pour y parvenir, depuis l’Annonciation jusqu’à ce jour de Noël !
Hier, la Vierge a dû certainement faire face aux railleries et autres incompréhensions des habitants de son village. En effet, alors qu’elle était promise en mariage à Joseph et avant qu’ils aient habités ensemble, la voilà portant une grossesse ! Nous nous souvenons certainement encore que Joseph, qui était un homme juste, avait projeté de la répudier en secret ! Et comme pour toute grossesse, nul ne sait ce qu’elle a souffert dans l’attente de ce fils premier-né ! Devrais-je revenir sur les conditions difficiles d’hébergement qu’ils ont dû affronter le soir même de la naissance de ce fils ? Qui aurait aimé que son épouse donne naissance à son fils dans les conditions qui ont été les siennes ! Humainement, on peut affirmer que la nuit a été vraiment des plus noires pour elle.
Et pourtant, Dieu a consenti que son Fils vienne à nous dans ces conditions ! Aujourd’hui, célébrer la nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est comprendre et affirmer que la nuit ne l’emportera jamais sur le jour, fut-elle, la plus sombre ! En effet, hier, dans la nuit qui était la leur, même s’il a semblé que Marie et Joseph étaient bien seuls alors qu’ils attendaient la venue au monde du Fils de Dieu, alors aussi qu’il n’y avait plus de place pour eux, ni dans les auberges des riches ni même dans les maisons des pauvres, Dieu en qui ils avaient mis tous leurs espoirs, va nous donner une belle leçon d’espérance et d’humilité !
Comment comprendre aujourd’hui, la naissance du Fils de Dieu, à l’écart, dans une mangeoire pour animaux, avec pour premiers compagnons, des animaux et pour premiers adorateurs, des gens simples, des bergers mais qui ont su entendre et comprendre le message de l’Ange : ‘‘aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David ; vous le trouverez, emmailloté dans une mangeoire… Il est le Messie, le Seigneur !’’ Mais dans cette grisaille, on peut imaginer aussi la joie de Marie de voir se réaliser enfin le projet de Dieu ! On peut également imaginer celle de Joseph, devenu père pour veiller l’Enfant-Dieu !
Saint Joseph aussi joue un rôle très important dans la vie de Jésus et de Marie. Il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille. Quand Dieu l’avertira de la menace d’Hérode, il n’hésitera pas à voyager pour émigrer en Égypte (cf. Mt 2, 13-15). Et ce n’est qu’une fois le danger passé, qu’il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait certainement dans son cœur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique. Quel beau mystère finalement, que celui que nous célébrons en cette nuit !
2- avec le Christ, il n’y a donc plus lieu de désespérer
Frères et sœurs,
Pour qui croit fermement en Dieu, une étoile luit toujours à l’horizon pour lui indiquer le chemin à suivre. Le Pape François ne dit pas autre chose quand, nous invitant à passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux, nous adresse cette invitation : ‘‘pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moment-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent pour répondre aux questions décisives concernant le sens de notre existence : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance.’’
Il n’y a donc plus lieu de désespérer. Aujourd’hui plus qu’hier, j’ai envie de crier à la face du monde : Heureux êtes-vous, bergers, d’avoir été les témoins d’un tel événement ! Heureux êtes-vous, hommes et femmes d’aujourd’hui, vous qui croyez encore que la venue dans notre monde du Fils de Dieu inaugure des lendemains meilleurs ! Heureux serons-nous, ivoiriens et habitants du monde entier, si nous nous savons reconnaître en cet enfant-Dieu, la présence même de Celui qui est capable de nous mener, au propre comme au figuré, vers des lendemains meilleurs, vers les prés d’herbes fraîches !
Oui, en Jésus se trouve la vie, la vraie vie ! Il est la Lumière des hommes, cette Lumière que les ténèbres ne peuvent arrêter ! Celui qui sait puiser profond dans la confiance en sa personne, Dieu son Père Lui donnera la force et les moyens d’affronter les épreuves de la vie. Ainsi, nous sommes invités à comprendre que dans les nuits qui sont les nôtres, nous pouvons déjà être les témoins du bonheur que l’on peut ressentir en contemplant le mystère de Noël !
Aujourd’hui, en nous réunissant en famille, avec nos enfants, nos amis et nos proches, contemplons l’Enfant qui nous est donné et accueillons-Le pour ce qu’Il est vraiment : Emmanuel, Dieu-avec-nous ! Comprenons aussi que désormais, nous ne sommes plus seuls, car en prenant chair de la Vierge Marie, c’est notre humanité qu’il vient diviniser pour nous introduire ainsi dans sa divinité !
3- Aujourd’hui, prenons ensemble l’engagement d’être un peu plus attentifs à ceux que le Seigneur met sur les chemins de nos routes
Frères et sœurs,
Etre introduit dans la divinité de Jésus, appelle à un nouveau style de vie, un nouveau type de comportement ! A la suite du Pape François, nous devons comprendre que ‘‘Dieu se fait homme pour ceux qui ressentent le plus le besoin de son amour et demandent sa proximité. Jésus, « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), est né pauvre, il a mené une vie simple pour nous apprendre à saisir l’essentiel et à en vivre. De la crèche, émerge clairement le message que nous ne pouvons pas nous laisser tromper par la richesse et par tant de propositions éphémères de bonheur. Le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie. En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé.’’
Aujourd’hui, prenons ensemble l’engagement d’être un peu plus attentifs à ceux que le Seigneur met sur les chemins de nos routes ! Engageons-nous à réduire les distances qui nous séparent les uns des autres ! Refusons d’être heureux seuls en faisant en sorte que les couleurs joyeuses de Noël entrent également dans les cœurs de tous ceux qui, ici comme ailleurs, aspirent eux aussi à vivre heureux et à être aimés ! Désormais, parce que le Christ a pris chair de notre chair, œuvrons pour qu’il y ait un peu de divin dans chacune de nos humanités, et partant dans chacune de nos rencontres !
Révérends Pères, Frères et sœurs,
Au commencement était une parole, celle que l’Ange adressa à Marie. De cette adresse, une réponse de foi ferme et audacieuse : ‘‘Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole’’. Ces paroles de la Vierge doivent être pour nous tous aujourd’hui, le témoignage de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu. Avec ce "oui" Marie est devenue la mère du Fils de Dieu qui ne garde pas son Fils seulement pour elle-même, mais demande à chacun d’obéir à sa parole et de la mettre en pratique. Puissions-nous agir ainsi, pour la gloire de Dieu et le salut du monde Lui qui règne, pour les siècles des siècles! AMEN !
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Bonne fête à tous ceux qui se prénomment Noël !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ, Archevêque Métropolitain d’Abidjan
MESSAGE DU CARDINAL JEAN PIERRE KUTWÃ, ARCHEVEQUE D’ABIDJAN A L’OCCASION DE LA FETE DE NOEL
Abidjan, Mercredi 25 décembre 2019
Chant : A minuit fut fait un réveil ! (Bis) Jamais n’en fut fait de pareil ! (Bis) Au pays de Judée ! Au pays de Judée, Noël ! Au pays de Judée…
Révérends Pères, Révérendes sœurs, Frères et sœurs en Christ,
Il y’a des nuits qui semblent plus longues que d’autres surtout quand la paix a délaissé votre âme et que vous vous posez mille et une questions pour savoir de quoi le lendemain sera fait ! Ce genre de nuits peuplées et remplies d’angoisse, de tristesse et de désolation, qui d’entre nous ne les a pas connues, à l’occasion d’un événement douloureux et malheureux, d’une situation qui nous paraissait sans issue ? Mais être réveillé de nuit, en pareille nuit, être tiré de son sommeil, de ses rêves ou même de ses cauchemars par une bonne nouvelle, l’on a qu’une seule envie : que le jour se lève plus vite que d’habitude pour crier à pleine voix notre joie, joie de la vie qui renaît, joie d’un cœur qui ne se sent plus abandonné, joie d’une espérance nouvelle !
Ce réveil en pleine nuit, c’est celui qui nous a trouvé devant la crèche, cette crèche que notre Saint Père le Pape François décrit de merveilleuse manière ! Dans sa Lettre Apostolique Admirabile Signum, sur la signification et la valeur de la crèche il affirme ceci que ‘‘ la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. […] Elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur.’’ Fin de citation
Ce bonheur, c’est celui d’une aventure merveilleuse, où Dieu se fait l’un de nous pour éclairer nos nuits à nous et nous dire qu’il n’y a pas de quoi désespérer de la vie, si tant est que nous savons mais surtout que nous acceptons d’ouvrir nos cœurs et nos bras pour accueillir cet enfant qui vient à nous pour nous faire participer de sa vie divine. Oui en effet, en cette nuit sainte, l’enfant qui a été donné à Marie et Joseph est maintenant donné au monde afin que le monde puisse l’imiter !
Comme le dit le Pape François, ‘‘représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui.’’ Fin de citation.
1- Célébrer la nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est comprendre et affirmer que la nuit ne l’emportera jamais sur le jour, fut-elle, la plus sombre qui soit!
Frères et sœurs,
Ce que nous célébrons finalement n’est rien d’autre que le mystère de Dieu qui par amour pour nous, a pris chair de notre chair en la Vierge Marie, comme pour nous dire encore une fois qu’il n’y a rien de véritablement humain qui ne trouve écho dans son cœur à Lui et que les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi ses joies et ses espoirs, ses tristesses et ses angoisses car l’Enfant qui est né, le Fils qui nous a été donné et dont l’insigne du pouvoir est sur son épaule, est vraiment le Messie de Dieu, l’espoir de toute notre humanité ! Mais que de chemins parcourus pour y parvenir, depuis l’Annonciation jusqu’à ce jour de Noël !
Hier, la Vierge a dû certainement faire face aux railleries et autres incompréhensions des habitants de son village. En effet, alors qu’elle était promise en mariage à Joseph et avant qu’ils aient habités ensemble, la voilà portant une grossesse ! Nous nous souvenons certainement encore que Joseph, qui était un homme juste, avait projeté de la répudier en secret ! Et comme pour toute grossesse, nul ne sait ce qu’elle a souffert dans l’attente de ce fils premier-né ! Devrais-je revenir sur les conditions difficiles d’hébergement qu’ils ont dû affronter le soir même de la naissance de ce fils ? Qui aurait aimé que son épouse donne naissance à son fils dans les conditions qui ont été les siennes ! Humainement, on peut affirmer que la nuit a été vraiment des plus noires pour elle.
Et pourtant, Dieu a consenti que son Fils vienne à nous dans ces conditions ! Aujourd’hui, célébrer la nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est comprendre et affirmer que la nuit ne l’emportera jamais sur le jour, fut-elle, la plus sombre ! En effet, hier, dans la nuit qui était la leur, même s’il a semblé que Marie et Joseph étaient bien seuls alors qu’ils attendaient la venue au monde du Fils de Dieu, alors aussi qu’il n’y avait plus de place pour eux, ni dans les auberges des riches ni même dans les maisons des pauvres, Dieu en qui ils avaient mis tous leurs espoirs, va nous donner une belle leçon d’espérance et d’humilité !
Comment comprendre aujourd’hui, la naissance du Fils de Dieu, à l’écart, dans une mangeoire pour animaux, avec pour premiers compagnons, des animaux et pour premiers adorateurs, des gens simples, des bergers mais qui ont su entendre et comprendre le message de l’Ange : ‘‘aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David ; vous le trouverez, emmailloté dans une mangeoire… Il est le Messie, le Seigneur !’’ Mais dans cette grisaille, on peut imaginer aussi la joie de Marie de voir se réaliser enfin le projet de Dieu ! On peut également imaginer celle de Joseph, devenu père pour veiller l’Enfant-Dieu !
Saint Joseph aussi joue un rôle très important dans la vie de Jésus et de Marie. Il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille. Quand Dieu l’avertira de la menace d’Hérode, il n’hésitera pas à voyager pour émigrer en Égypte (cf. Mt 2, 13-15). Et ce n’est qu’une fois le danger passé, qu’il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait certainement dans son cœur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique. Quel beau mystère finalement, que celui que nous célébrons en cette nuit !
2- avec le Christ, il n’y a donc plus lieu de désespérer
Frères et sœurs,
Pour qui croit fermement en Dieu, une étoile luit toujours à l’horizon pour lui indiquer le chemin à suivre. Le Pape François ne dit pas autre chose quand, nous invitant à passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux, nous adresse cette invitation : ‘‘pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moment-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent pour répondre aux questions décisives concernant le sens de notre existence : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance.’’
Il n’y a donc plus lieu de désespérer. Aujourd’hui plus qu’hier, j’ai envie de crier à la face du monde : Heureux êtes-vous, bergers, d’avoir été les témoins d’un tel événement ! Heureux êtes-vous, hommes et femmes d’aujourd’hui, vous qui croyez encore que la venue dans notre monde du Fils de Dieu inaugure des lendemains meilleurs ! Heureux serons-nous, ivoiriens et habitants du monde entier, si nous nous savons reconnaître en cet enfant-Dieu, la présence même de Celui qui est capable de nous mener, au propre comme au figuré, vers des lendemains meilleurs, vers les prés d’herbes fraîches !
Oui, en Jésus se trouve la vie, la vraie vie ! Il est la Lumière des hommes, cette Lumière que les ténèbres ne peuvent arrêter ! Celui qui sait puiser profond dans la confiance en sa personne, Dieu son Père Lui donnera la force et les moyens d’affronter les épreuves de la vie. Ainsi, nous sommes invités à comprendre que dans les nuits qui sont les nôtres, nous pouvons déjà être les témoins du bonheur que l’on peut ressentir en contemplant le mystère de Noël !
Aujourd’hui, en nous réunissant en famille, avec nos enfants, nos amis et nos proches, contemplons l’Enfant qui nous est donné et accueillons-Le pour ce qu’Il est vraiment : Emmanuel, Dieu-avec-nous ! Comprenons aussi que désormais, nous ne sommes plus seuls, car en prenant chair de la Vierge Marie, c’est notre humanité qu’il vient diviniser pour nous introduire ainsi dans sa divinité !
3- Aujourd’hui, prenons ensemble l’engagement d’être un peu plus attentifs à ceux que le Seigneur met sur les chemins de nos routes
Frères et sœurs,
Etre introduit dans la divinité de Jésus, appelle à un nouveau style de vie, un nouveau type de comportement ! A la suite du Pape François, nous devons comprendre que ‘‘Dieu se fait homme pour ceux qui ressentent le plus le besoin de son amour et demandent sa proximité. Jésus, « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), est né pauvre, il a mené une vie simple pour nous apprendre à saisir l’essentiel et à en vivre. De la crèche, émerge clairement le message que nous ne pouvons pas nous laisser tromper par la richesse et par tant de propositions éphémères de bonheur. Le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie. En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé.’’
Aujourd’hui, prenons ensemble l’engagement d’être un peu plus attentifs à ceux que le Seigneur met sur les chemins de nos routes ! Engageons-nous à réduire les distances qui nous séparent les uns des autres ! Refusons d’être heureux seuls en faisant en sorte que les couleurs joyeuses de Noël entrent également dans les cœurs de tous ceux qui, ici comme ailleurs, aspirent eux aussi à vivre heureux et à être aimés ! Désormais, parce que le Christ a pris chair de notre chair, œuvrons pour qu’il y ait un peu de divin dans chacune de nos humanités, et partant dans chacune de nos rencontres !
Révérends Pères, Frères et sœurs,
Au commencement était une parole, celle que l’Ange adressa à Marie. De cette adresse, une réponse de foi ferme et audacieuse : ‘‘Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole’’. Ces paroles de la Vierge doivent être pour nous tous aujourd’hui, le témoignage de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu. Avec ce "oui" Marie est devenue la mère du Fils de Dieu qui ne garde pas son Fils seulement pour elle-même, mais demande à chacun d’obéir à sa parole et de la mettre en pratique. Puissions-nous agir ainsi, pour la gloire de Dieu et le salut du monde Lui qui règne, pour les siècles des siècles! AMEN !
Joyeux Noël à toutes et à tous !
Bonne fête à tous ceux qui se prénomment Noël !
+ Jean Pierre Cardinal KUTWÃ, Archevêque Métropolitain d’Abidjan