A 61 ans, Seka Lazare Adopo s’apprête à regagner son pays, la Côte d’Ivoire, après 41 ans passés aux Etats-Unis. Un retour qui a failli être, à jamais, compromis par le coronavirus. C’est que ce sexagénaire a été foudroyé par le Covid-19 au point de frôler la mort. Pour être passé à deux doigts de la mort, cet Ivoirien de la diaspora mesure mieux la menace que représente ce virus. Aussi ce père de 5 enfants interpelle-t-il ses compatriotes qui dénient l’existence de la maladie ou la tournent en dérision.
« J’ai été comme eux, comme tout Africain, je ne croyais pas que cette maladie existe. Je sortais et voyageais sans protection. Mais j’en ai eu pour mon compte : j’ai été assommé (…) Mes chers frères et sœurs, j’ai vécu la puissance de frappe de cette maladie», commence-t-il par dire. Puis il ajoute, telle une supplication : « Je vous demande pardon de vous protéger, ne serait-ce que porter un masque et pousser toute votre famille à en faire autant chaque fois que vous vous aventurez dehors ».
Des moments pénibles
Cette interpellation de Seka Lazare Adopo devrait suffire à ramener à la raison les incrédules, lui qui a souffert le martyre quand il a été terrassé par le Covid-19. Ne dit-on pas que celui qui a vu la panthère et celui qui en a entendu parler n’ont pas la même manière de courir ? Cet ex-agent de sécurité, lui, a vu la panthère. Son témoignage sur les moments critiques qu’il a vécus quand il a contracté le virus, donne froid dans le dos : « J’avais perdu l’odorat. Je me sentais comme un homme assommé avec du bois. Je ne pouvais pas marcher à l’allure que je voulais, tout était au ralenti chez moi du 28 au 29 mars (2020). Je n’avais aucune envie de me mettre quelque chose sous la dent ni boire. J’étais devenu très faible… ».
Tout avait commencé par une toux insistance entre le 26 et le 27 mars. Ce qui l’a conduit à alerter son médecin, lequel l’a référé à l’hôpital d’Albany dans la métropole de New York où il réside, pour un dépistage. Qui se révèlera positif au Covid-19. « Je me sentais 50% en vie et 50% parti de la terre des hommes », relate-t-il les instants qui ont suivi l’annonce du résultat du dépistage. Hospitalisé dès le 28 mars, il est mis sous le traitement prôné par le célèbre virologue français, Didier Raoult : Azithromycin+ hydroxychloroquine. « Au bout de 5 jours, j’avais perdu beaucoup de poids. Je me sentais très mal dans l’ensemble », rapporte-t-il.
Il est pourtant sorti de l’hôpital une semaine plus tard, après avoir été déclaré guéri. Mais, de retour chez lui, les choses se compliquent pour Seka Lazare Adopo. « Mes poumons étaient infectés et la toux était devenue incessante. Ma poitrine était déchirée par la douleur au point que je m’étouffais quand j’essayais de tousser », décrit-il. Des douleurs, dont la cause sera révélée par une radio : « Le résultat montrait que mes poumons étaient atteints d’une pneumonie. La toux avait pris le dessus au point que je sentais des douleurs dans mes côtes ». Il faut donc le ramener à l’hôpital. D’urgence.
Cette fois, il dit avoir refusé de se voir administrer le traitement qui lui avait été prescrit lors de la première hospitalisation. « J’ai demandé qu’on me vide immédiatement de l’hôpital afin d’aller mourir dans ma maison, en présence de mes enfants », rapporte le sexagénaire. Qui ajoute : « J’avais mal et j’étouffais, à force de parler tout en toussant ». Il dit avoir réagi ainsi parce qu’il trouvait que le traitement administré durant sa première hospitalisation ne convenait pas à son organisme.
Son monde d’après Covid-19
Le voilà donc mis sous un nouveau protocole : un antibiotique dénommé Levofloxacin 750 mg et un médicament contre la toux, le Benzonatate 100 mg. « Je devais prendre l’antibiotique une fois par jour et le médicament de la toux, trois fois par jour. Après seulement cinq jours, j’étais presque devenu un homme nouveau. Dix jours après, je me sentais comme si je n’avais jamais contracté le virus », se réjouit Seka Lazare Adopo, conscient d’avoir frôlé le pire. « A aucun moment pendant mon séjour à deux reprises à l’hôpital, je ne croyais pouvoir m’en sortir vivant », confesse-t-il.
L’infortuné admet que ces moments douloureux qu’il a vécus suite à l’infection au Covid-19 ont changé sa vision du monde.« Ayant vécu cette fâcheuse expérience, ma manière de voir les choses a complètement changé. On peut avoir la plus belle femme, le plus beau mari ou la plus belle voiture qui suscite convoitise, mais notre bien le plus précieux, c’est la santé. On peut s’acheter une Lamborghini Countach aujourd’hui et trépasser l’instant d’après dès qu’on a un souci de santé », se surprend-il à philosopher.
Le coronavirus, cet Américain d’origine ivoirienne en a croisé le chemin dans l’exercice du métier de chauffeur d’Uber. Fonctionnaire à la retraite depuis 2013, cet ex-agent de sécurité avait décidé de rompre avec ses journées ennuyeuses en se faisant engager comme chauffeur dans la startup de transport Uber. « Le 9 mars 2020, je suis allé chercher un ami à l’aéroport JFK à New York City venant de Paris. Le 16 mars, je suis allé à New York pour une promenade avec le jeune frère venu de Paris, sans porter ni gants ni masque. Du 16 au 26 mars, je continuais de déposer des clients avec ma voiture personnelle, sans que ni eux ni moi ne portions de masque. C’est que jusque-là, je me disais que cette affaire de coronavirus était une blague », raconte le sexagénaire. Et ce qui devait arriver, arriva. « J’ai commencé à tousser le 26 et le 27 mars ; une toux sèche qui n’a rien à voir avec une toux de palu », poursuit-il.
Puis les choses se sont enchaînées pour cet ex-employé de l’Etat américain. Il a manqué de peu d’être emporté par le Covid-19 comme des milliers de citoyens de l’Etat de New York, épicentre de la maladie aux Etats-Unis. Aujourd’hui en convalescence, il n’a qu’une envie : rentrer chez lui, en Côte d’Ivoire.
Assane Niada
« J’ai été comme eux, comme tout Africain, je ne croyais pas que cette maladie existe. Je sortais et voyageais sans protection. Mais j’en ai eu pour mon compte : j’ai été assommé (…) Mes chers frères et sœurs, j’ai vécu la puissance de frappe de cette maladie», commence-t-il par dire. Puis il ajoute, telle une supplication : « Je vous demande pardon de vous protéger, ne serait-ce que porter un masque et pousser toute votre famille à en faire autant chaque fois que vous vous aventurez dehors ».
Des moments pénibles
Cette interpellation de Seka Lazare Adopo devrait suffire à ramener à la raison les incrédules, lui qui a souffert le martyre quand il a été terrassé par le Covid-19. Ne dit-on pas que celui qui a vu la panthère et celui qui en a entendu parler n’ont pas la même manière de courir ? Cet ex-agent de sécurité, lui, a vu la panthère. Son témoignage sur les moments critiques qu’il a vécus quand il a contracté le virus, donne froid dans le dos : « J’avais perdu l’odorat. Je me sentais comme un homme assommé avec du bois. Je ne pouvais pas marcher à l’allure que je voulais, tout était au ralenti chez moi du 28 au 29 mars (2020). Je n’avais aucune envie de me mettre quelque chose sous la dent ni boire. J’étais devenu très faible… ».
Tout avait commencé par une toux insistance entre le 26 et le 27 mars. Ce qui l’a conduit à alerter son médecin, lequel l’a référé à l’hôpital d’Albany dans la métropole de New York où il réside, pour un dépistage. Qui se révèlera positif au Covid-19. « Je me sentais 50% en vie et 50% parti de la terre des hommes », relate-t-il les instants qui ont suivi l’annonce du résultat du dépistage. Hospitalisé dès le 28 mars, il est mis sous le traitement prôné par le célèbre virologue français, Didier Raoult : Azithromycin+ hydroxychloroquine. « Au bout de 5 jours, j’avais perdu beaucoup de poids. Je me sentais très mal dans l’ensemble », rapporte-t-il.
Il est pourtant sorti de l’hôpital une semaine plus tard, après avoir été déclaré guéri. Mais, de retour chez lui, les choses se compliquent pour Seka Lazare Adopo. « Mes poumons étaient infectés et la toux était devenue incessante. Ma poitrine était déchirée par la douleur au point que je m’étouffais quand j’essayais de tousser », décrit-il. Des douleurs, dont la cause sera révélée par une radio : « Le résultat montrait que mes poumons étaient atteints d’une pneumonie. La toux avait pris le dessus au point que je sentais des douleurs dans mes côtes ». Il faut donc le ramener à l’hôpital. D’urgence.
Cette fois, il dit avoir refusé de se voir administrer le traitement qui lui avait été prescrit lors de la première hospitalisation. « J’ai demandé qu’on me vide immédiatement de l’hôpital afin d’aller mourir dans ma maison, en présence de mes enfants », rapporte le sexagénaire. Qui ajoute : « J’avais mal et j’étouffais, à force de parler tout en toussant ». Il dit avoir réagi ainsi parce qu’il trouvait que le traitement administré durant sa première hospitalisation ne convenait pas à son organisme.
Son monde d’après Covid-19
Le voilà donc mis sous un nouveau protocole : un antibiotique dénommé Levofloxacin 750 mg et un médicament contre la toux, le Benzonatate 100 mg. « Je devais prendre l’antibiotique une fois par jour et le médicament de la toux, trois fois par jour. Après seulement cinq jours, j’étais presque devenu un homme nouveau. Dix jours après, je me sentais comme si je n’avais jamais contracté le virus », se réjouit Seka Lazare Adopo, conscient d’avoir frôlé le pire. « A aucun moment pendant mon séjour à deux reprises à l’hôpital, je ne croyais pouvoir m’en sortir vivant », confesse-t-il.
L’infortuné admet que ces moments douloureux qu’il a vécus suite à l’infection au Covid-19 ont changé sa vision du monde.« Ayant vécu cette fâcheuse expérience, ma manière de voir les choses a complètement changé. On peut avoir la plus belle femme, le plus beau mari ou la plus belle voiture qui suscite convoitise, mais notre bien le plus précieux, c’est la santé. On peut s’acheter une Lamborghini Countach aujourd’hui et trépasser l’instant d’après dès qu’on a un souci de santé », se surprend-il à philosopher.
Le coronavirus, cet Américain d’origine ivoirienne en a croisé le chemin dans l’exercice du métier de chauffeur d’Uber. Fonctionnaire à la retraite depuis 2013, cet ex-agent de sécurité avait décidé de rompre avec ses journées ennuyeuses en se faisant engager comme chauffeur dans la startup de transport Uber. « Le 9 mars 2020, je suis allé chercher un ami à l’aéroport JFK à New York City venant de Paris. Le 16 mars, je suis allé à New York pour une promenade avec le jeune frère venu de Paris, sans porter ni gants ni masque. Du 16 au 26 mars, je continuais de déposer des clients avec ma voiture personnelle, sans que ni eux ni moi ne portions de masque. C’est que jusque-là, je me disais que cette affaire de coronavirus était une blague », raconte le sexagénaire. Et ce qui devait arriver, arriva. « J’ai commencé à tousser le 26 et le 27 mars ; une toux sèche qui n’a rien à voir avec une toux de palu », poursuit-il.
Puis les choses se sont enchaînées pour cet ex-employé de l’Etat américain. Il a manqué de peu d’être emporté par le Covid-19 comme des milliers de citoyens de l’Etat de New York, épicentre de la maladie aux Etats-Unis. Aujourd’hui en convalescence, il n’a qu’une envie : rentrer chez lui, en Côte d’Ivoire.
Assane Niada