Songon, 21 juin 2020 (AIP)- Au total 42 marchés sont ouverts dans la commune de Yopougon depuis le début de la crise sanitaire de la COVID-19 et pour permettre aux commerçants de poursuivre leurs activités sans crainte, le conseil municipal avec à sa tête le député-maire Gilbert Kafana Koné ont débarrassé ces espaces de tout ce qui est susceptible de transmettre la maladie.
Pour ce faire, la mairie a initié une opération de désinfection des marchés de la commune, dans le cadre de la lutte contre la maladie à Coronavirus COVID-19.
Cette reprise des activités commerciales était aussi soumise au respect des gestes et mesures barrières mises en place. Si ces conditions étaient relativement appliquées dans les premiers jours de la reprise des activités commerciales, ce n’est pas le cas actuellement, a constaté l’AIP. Plus de dispositif de lavage des mains à l’entrée de certains marchés, pas de port de masque non plus par les commerçants et clients.
Dans plusieurs marchés de la commune de Yopougon, le constat est le même. Des lave-mains sans eau ni savon et envahis par la poussière, d’autres trainent à même le sol. Un tour au marché de Sideci, aux abords du marché et à l’intérieur, l’on constate que le port du masque n’est pas totalement respecté pour des raisons diverses, avouent des usagers interrogés par l’AIP, mercredi.
Un commerçant au marché de la Sideci, Souleymane Ouédraogo, confirme que les gens ont cessé de laver leurs mains parce que des volontaires qui les sensibilisaient à respecter les mesures barrières ne sont plus présents.
« Les gens ont arrêté de laver les mains, nous-mêmes on a su que la maladie est bizarre, on avait des volontaires qui étaient là. Mais comme il n’y a plus de mesure d’accompagnement, les volontaires ont abandonné leurs sensibilisation, alors tout le monde rentre et sort du marché sans se laver les mains », a-t-il dit.
« Nous avons reçu des kits sanitaires de la part du conseil municipal afin de nous aider à freiner la propagation du COVID-19. Mais les gels hydro-alcooliques, le savon et l’eau de javel sont finis », a expliqué Suzanne Kouassi, une vendeuse de pattes de bœuf.
Pour ce qui est du port du masque, d’ailleurs obligatoire, cette mesure n’est pas respectée dans les marchés de Yopougon. Un passage au marché de Siporex a permis de confirmer le non respect de cette mesure barrière. « On a reçu seulement cinq cache-nez de la part du maire, c’est fini, donc on n'a plus de cache-nez. C’est Dieu qui veille sur nous », lance Sita, une vendeuse de tomate, assise en bordure de route du marché de Siporex.
« Vous commencez sérieusement à nous fatiguer avec votre affaire de Coronavirus. Les écoles, maquis, restaurants, églises et mosquées sont ouverts. Donc la maladie à Coronavirus est finie dans notre pays. La levée du couvre-feu égale la fin du Coronavirus », a déclaré Adjoua, une vendeuse de poisson fumé.
Si pour certains le refus de porter un masque facial est lié aux malaises, pour d’autres c’est plutôt l'argent pour s'en procurer qui fait défaut. En effet, Akissi Yao pense qu'un masque coûte trop cher.
« Nous n’avons pas les moyens, le gouvernement nous en avait promis. C’est facile d’en trouver sur le marché mais c’est la poche qui fait la différence. Les prix ne sont certes pas élevés mais ce n’est pas facile quand on pense à la nourriture du quotidien et ce qu’on gagnait, on ne le gagne plus », explique-t-elle.
Dans le même sens, Stéphanie Abbé estime que le gouvernement devrait plutôt distribuer gratuitement ces masques et en grande quantité avant d’exiger quoi que ce soit.
A l’intérieur du marché de Selmer, la majorité des commerçants négligent le port du masque. Une vendeuse d’aubergines, Laure Yéo, déplore la non gratuité des cache-nez. « Les gens ne nous donnent pas gratuitement les cache-nez. Ils viennent nous vendre ça sur le marché », a-t-elle souligné.
Une autre femme, Marie Gnahoua, qui se plaignait de la vente des masques, assise à côté d’une restauratrice, est toute remontée. « On n’a pas l’argent pour manger, vous dites d’acheter cache-nez, moi j’ai trop de problèmes pour payer votre cache-nez là », lance-t-elle.
« Ce virus n'est pas une maladie de Blanc, de Chinois qui ne touche pas les Noirs. C'est un virus, il attaque tout le monde. Il faut donc respecter les mesures barrières. Dites aux autres que ce n'est pas amusement », explique un agent de la police municipale, en patrouille au marché du quartier Académie.
Pourtant, dans le souci de freiner la propagation de la maladie à Coronavirus, les marchés de Yopougon ne sont ouverts qu’aux vendeurs de denrées alimentaires, de produits pour bébé et pour l’entretien. Tous les commerçants ont l’obligation d’avoir du gel hydroalcoolique et de porter un masque de protection. Des seaux doivent être disponibles dans les entrées des marchés pour les usagers. Ceci n’est pas le cas dans les marchés de Yopougon.
Ce qui n'est pas toujours facile, des jeunes continuent se serrer la main et restent des réfractaires, refusant de porter le masque comme plusieurs clients du marché de Sicogi.
« Je ne porte pas de cache-nez. L'Etat de Côte d'Ivoire ne m'en donne pas. Dans certains pays, c'est gratuit. Ce que j'ai pour manger, je ne vais pas prendre pour acheter cache-nez », déplore Ablo, un vendeur d’habits à la criée.
De plus, la distanciation physique d'au moins un mètre est plus difficile à appliquer car les clients se frottent régulièrement dans les marchés. Quant aux vendeurs, ils sont alignés dans des rangées avec leurs marchandises par terre ou sur des tables et communiquent régulièrement pour ne pas se sentir seul quand il n’y a pas de client.
D’autres vendeurs ambulants ont pris également d’assaut les couloirs de distanciation. Le contact avec les acheteurs est permanent dans les marchés. C’est le cas de celui de Kouté, de Sicogi et de Siporex. Là-bas, les dispositifs de lavage des mains ne sont pas visibles.
Chez les passants, les consignes sanitaires semblent parfois difficiles à respecter. Devant un étalage, une dame tente sa chance en choisissant ses tomates. Elle reçoit cette réponse d'une commerçante excédée : « Madame, c'est à vous que je parle. Oui. Reposez ces tomates, ne touchez pas, il y a la COVID-19 ! Ou bien vous les payer».
Plus loin, une vieille dame ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas toucher les poissons pour vérifier s'ils sont frais. Une autre tient à toucher ces bananes mûres pour vérifier leur intégrité. « Les gens ne respectent rien, c'est fou !», souffle une marchande, résignée.
Le non-respect de la distanciation sociale à l'origine de la hausse des contaminations des cas de COVID-19, selon un médecin. Pour éviter la propagation du virus, les agents de la police municipale se rendent régulièrement dans les marchés de la commune de Yopougon pour sensibiliser vendeurs et les clients.
Le nombre de cas confirmés de la pandémie à coronavirus COVID-19 s'établit à 7276 personnes infectées, 2992 guéries et 52 décédées, le samedi 20 juin 2020.
(AIP)
tg/cmas
Pour ce faire, la mairie a initié une opération de désinfection des marchés de la commune, dans le cadre de la lutte contre la maladie à Coronavirus COVID-19.
Cette reprise des activités commerciales était aussi soumise au respect des gestes et mesures barrières mises en place. Si ces conditions étaient relativement appliquées dans les premiers jours de la reprise des activités commerciales, ce n’est pas le cas actuellement, a constaté l’AIP. Plus de dispositif de lavage des mains à l’entrée de certains marchés, pas de port de masque non plus par les commerçants et clients.
Dans plusieurs marchés de la commune de Yopougon, le constat est le même. Des lave-mains sans eau ni savon et envahis par la poussière, d’autres trainent à même le sol. Un tour au marché de Sideci, aux abords du marché et à l’intérieur, l’on constate que le port du masque n’est pas totalement respecté pour des raisons diverses, avouent des usagers interrogés par l’AIP, mercredi.
Un commerçant au marché de la Sideci, Souleymane Ouédraogo, confirme que les gens ont cessé de laver leurs mains parce que des volontaires qui les sensibilisaient à respecter les mesures barrières ne sont plus présents.
« Les gens ont arrêté de laver les mains, nous-mêmes on a su que la maladie est bizarre, on avait des volontaires qui étaient là. Mais comme il n’y a plus de mesure d’accompagnement, les volontaires ont abandonné leurs sensibilisation, alors tout le monde rentre et sort du marché sans se laver les mains », a-t-il dit.
« Nous avons reçu des kits sanitaires de la part du conseil municipal afin de nous aider à freiner la propagation du COVID-19. Mais les gels hydro-alcooliques, le savon et l’eau de javel sont finis », a expliqué Suzanne Kouassi, une vendeuse de pattes de bœuf.
Pour ce qui est du port du masque, d’ailleurs obligatoire, cette mesure n’est pas respectée dans les marchés de Yopougon. Un passage au marché de Siporex a permis de confirmer le non respect de cette mesure barrière. « On a reçu seulement cinq cache-nez de la part du maire, c’est fini, donc on n'a plus de cache-nez. C’est Dieu qui veille sur nous », lance Sita, une vendeuse de tomate, assise en bordure de route du marché de Siporex.
« Vous commencez sérieusement à nous fatiguer avec votre affaire de Coronavirus. Les écoles, maquis, restaurants, églises et mosquées sont ouverts. Donc la maladie à Coronavirus est finie dans notre pays. La levée du couvre-feu égale la fin du Coronavirus », a déclaré Adjoua, une vendeuse de poisson fumé.
Si pour certains le refus de porter un masque facial est lié aux malaises, pour d’autres c’est plutôt l'argent pour s'en procurer qui fait défaut. En effet, Akissi Yao pense qu'un masque coûte trop cher.
« Nous n’avons pas les moyens, le gouvernement nous en avait promis. C’est facile d’en trouver sur le marché mais c’est la poche qui fait la différence. Les prix ne sont certes pas élevés mais ce n’est pas facile quand on pense à la nourriture du quotidien et ce qu’on gagnait, on ne le gagne plus », explique-t-elle.
Dans le même sens, Stéphanie Abbé estime que le gouvernement devrait plutôt distribuer gratuitement ces masques et en grande quantité avant d’exiger quoi que ce soit.
A l’intérieur du marché de Selmer, la majorité des commerçants négligent le port du masque. Une vendeuse d’aubergines, Laure Yéo, déplore la non gratuité des cache-nez. « Les gens ne nous donnent pas gratuitement les cache-nez. Ils viennent nous vendre ça sur le marché », a-t-elle souligné.
Une autre femme, Marie Gnahoua, qui se plaignait de la vente des masques, assise à côté d’une restauratrice, est toute remontée. « On n’a pas l’argent pour manger, vous dites d’acheter cache-nez, moi j’ai trop de problèmes pour payer votre cache-nez là », lance-t-elle.
« Ce virus n'est pas une maladie de Blanc, de Chinois qui ne touche pas les Noirs. C'est un virus, il attaque tout le monde. Il faut donc respecter les mesures barrières. Dites aux autres que ce n'est pas amusement », explique un agent de la police municipale, en patrouille au marché du quartier Académie.
Pourtant, dans le souci de freiner la propagation de la maladie à Coronavirus, les marchés de Yopougon ne sont ouverts qu’aux vendeurs de denrées alimentaires, de produits pour bébé et pour l’entretien. Tous les commerçants ont l’obligation d’avoir du gel hydroalcoolique et de porter un masque de protection. Des seaux doivent être disponibles dans les entrées des marchés pour les usagers. Ceci n’est pas le cas dans les marchés de Yopougon.
Ce qui n'est pas toujours facile, des jeunes continuent se serrer la main et restent des réfractaires, refusant de porter le masque comme plusieurs clients du marché de Sicogi.
« Je ne porte pas de cache-nez. L'Etat de Côte d'Ivoire ne m'en donne pas. Dans certains pays, c'est gratuit. Ce que j'ai pour manger, je ne vais pas prendre pour acheter cache-nez », déplore Ablo, un vendeur d’habits à la criée.
De plus, la distanciation physique d'au moins un mètre est plus difficile à appliquer car les clients se frottent régulièrement dans les marchés. Quant aux vendeurs, ils sont alignés dans des rangées avec leurs marchandises par terre ou sur des tables et communiquent régulièrement pour ne pas se sentir seul quand il n’y a pas de client.
D’autres vendeurs ambulants ont pris également d’assaut les couloirs de distanciation. Le contact avec les acheteurs est permanent dans les marchés. C’est le cas de celui de Kouté, de Sicogi et de Siporex. Là-bas, les dispositifs de lavage des mains ne sont pas visibles.
Chez les passants, les consignes sanitaires semblent parfois difficiles à respecter. Devant un étalage, une dame tente sa chance en choisissant ses tomates. Elle reçoit cette réponse d'une commerçante excédée : « Madame, c'est à vous que je parle. Oui. Reposez ces tomates, ne touchez pas, il y a la COVID-19 ! Ou bien vous les payer».
Plus loin, une vieille dame ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas toucher les poissons pour vérifier s'ils sont frais. Une autre tient à toucher ces bananes mûres pour vérifier leur intégrité. « Les gens ne respectent rien, c'est fou !», souffle une marchande, résignée.
Le non-respect de la distanciation sociale à l'origine de la hausse des contaminations des cas de COVID-19, selon un médecin. Pour éviter la propagation du virus, les agents de la police municipale se rendent régulièrement dans les marchés de la commune de Yopougon pour sensibiliser vendeurs et les clients.
Le nombre de cas confirmés de la pandémie à coronavirus COVID-19 s'établit à 7276 personnes infectées, 2992 guéries et 52 décédées, le samedi 20 juin 2020.
(AIP)
tg/cmas