La Côte d’Ivoire est à l’honneur avec son premier mandat à la présidence de l’Icco. Le nouveau président dévoile les priorités de son mandat, les actions concrètes qu’il entend mener pour améliorer les conditions de vie des producteurs.
La Côte d’Ivoire vient d’être portée, à travers vous, à la tête de cette organisation. Que gagne le pays en tant que premier producteur mondial de cacao avec cette présidence ?
Avec un Ivoirien à la tête du conseil, la Côte d’Ivoire réaffirme son leadership mondial de premier producteur mondial de cacao, parce que le poids de notre pays, en termes de production (40% de l’offre mondiale) est un levier qui permet de se faire entendre par les acteurs de la chaîne de valeur du cacao.
En outre, c’est un hommage rendu au Président Alassane Ouattara qui, grâce à la réforme du secteur café-cacao, a su améliorer les prix payés aux producteurs, et en améliorant aussi la qualité de notre cacao. Et en ma qualité de porte-parole de pays producteurs de l’Icco, c’est aussi l’occasion pour moi de mettre en exergue les préoccupations des pays producteurs sans oublier celles les pays consommateurs.
Quelles seront les priorités de votre présidence à l’Icco ?
Mes priorités sont multiples. Il s’agit pour nous d’œuvrer à l’avènement d’une économie cacaoyère durable à travers les actions suivantes : une durabilité économique, environnementale et sociale de la chaîne de valeur du cacao et l’amélioration des conditions de vie des producteurs. Lors de la session de septembre 2020, nous avons adopté le plan d’action stratégique 2019-2024 qui est un plan très ambitieux puisqu’il parle de l’amélioration du revenu des producteurs et de tous les sujets qui se rapportent à la durabilité de l’économie cacaoyère mondiale.
Nous allons accompagner et encourager le dialogue et la coopération entre tous les acteurs du secteur et de la chaîne de valeur du cacao, faire la promotion de la consommation et de la transformation du cacao à l’origine et dans les pays émergents réactivation du projet relatif à la promotion générique de la consommation du cacao en
Russie.
L’amélioration du cadre de suivi et d’évaluation de l’Agenda global du cacao en utilisant le prix Fob au lieu de mesurer le prix à la production en pourcentage du prix Fob, ainsi que la transparence du marché à terme du cacao. Nous voulons proposer un groupe de travail public/privé sur le cacao et un forum des chefs d’entreprises et dirigeants mondiaux du cacao.
Nous voulons proposer la création d’un groupe de travail sur les prix internationaux regroupant quelques membres de l’Icco et les opérateurs du secteur privé les plus influents. Enfin, en janvier 2021, la commission consultative sur l’économie cacaoyère durable, qui est un organe de l’Icco, va tenir une session extraordinaire en vue d’échanger sur le revenu des producteurs.
Qu’allez-vous faire concrètement pour atteindre cet objectif qui vise à améliorer le revenu des producteurs ?
Comme je l’ai dit tantôt, nous avons des instruments que nous allons utiliser, trois initiatives sur la durabilité sont en cours, la discussion entre l’Union européenne avec le
Ghana et la Côte d’Ivoire sur une production de cacao durable, l’Alliance sur le revenu
vital dans le secteur du cacao (Alico), et une plateforme du cacao africain. L’Icco qui est une organisation composée de producteurs, de consommateurs, de multinationales, du secteur privé, des structures d’encadrement technique de la filière et des Ong, ambitionne de prendre part aux discussions en y apportant leurs expertises et savoir-faire.
L’Icco qui regroupe 51 pays membres (22 pays exportateurs et 29 importateurs de cacao) participe déjà à la prise de certaines initiatives. Il s’agit tout de même de 92% des exportations mondiales et 80% des importations mondiales.
Comment cela devrait se faire, sachant que l’Icco n’intervient pas sur le volet de la commercialisation, c’est-à-dire la fixation des prix sur le marché international et celui payé aux planteurs ?
Toutes ces actions s’inscrivent dans un cadre de négociations. Depuis que les accords sur les produits de base ne contiennent plus le système des quotas et de contingentement, le marché est libre. L’offre et la demande agissent dorénavant comme les fondamentaux sur lesquels les prix sont fixés. A l’Icco, nous croyons au dialogue, au consensus et surtout à la persévérance.
La réalité est que c’est seulement 6 milliards de dollars, sur les 100 milliards soit (55 000 milliards de Fcfa) de la chaîne de valeur du cacao qui reviennent aux producteurs.
Quelles propositions concrètes entendez-vous faire pour accroître la part des pays producteurs?
J’ai indiqué lors de ma conférence de presse que sur 100 milliards de dollars que génère la filière cacaoyère mondiale, la part qui revenait aux producteurs était dérisoire (moins de 6%). Par ailleurs, quand vous revisitez l’historique des prix de 1973 à nos jours, vous remarquerez qu’entre 1973 et 1975, le cacao se vendait entre 6000 dollars (3,3 millions de FCfa) et 8000 dollars (4,4 millions de FCfa) la tonne ; la tonne était à 15000 dollars soit (8,25 millions de FCfa) en 1977 et entre 1980 et 1989 la tonne était entre 4000 (2,2 millions de FCfa ) et 6000 dollars, soit (3,3 millions de Fcfa). Ce sont des faits qui peuvent être vérifiés. Aujourd’hui, nous sommes à 2500 dollars soit 1,375 million de Fcfa la tonne. C’est vrai que l’environnement a changé, mais les pays producteurs pensent que l’on pourrait faire mieux si nous voulons une économie cacaoyère durable, car le producteur est le maillon essentiel de cette chaîne.
Donc, nous souhaitons que tous les acteurs de la chaîne de valeur fassent un effort en vue d’aborder avec courage et bonne foi la question du revenu du producteur qui n’en peut plus et qui voit sa condition de vie se détériorer de jour en jour.
De nombreux acteurs estiment que l’Icco ne défend pas véritablement les intérêts des planteurs. Qu’en pensez-vous?
Le rôle de l’Icco n’est pas de défendre les intérêts des producteurs. L’Accord international de 2010 sur le cacao précise en son article premier relatif à ses objectifs : renforcer le secteur mondial du cacao, favoriser son développement durable et accroître les avantages pour toutes les parties prenantes, et cela à travers un certain nombre d’actions concrètes allant de la promotion de la coopération internationale en passant par la recherche cacaoyère, la promotion de la transparence du marché, la promotion de la consommation du cacao et la disponibilité d’informations sur les instruments et les services financiers. L’Alliance des pays producteurs de cacao (Copal) qui représente 75% de la production mondiale de cacao est seule habilitée à les défendre.
Les producteurs ivoiriens avaient fondé beaucoup d’espoirs quant à l’amélioration de leurs conditions de vie par le transfert du siège social de l’Icco de Londres à Abidjan,
en 2015. Qu’est-ce que l’organisation a réellement apporté aux planteurs du plus grand producteur mondial de cacao ?
La réforme de la filière café-cacao élaborée par SEM Alassane Ouattara et mise en œuvre par le Conseil du café-cacao, sous la supervision du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a permis l’amélioration sensible des revenus des producteurs
(le prix du cacao de 2001 à 2020 est passé de 475 f/kg à 1000f/ kg aujourd’hui), celle de la qualité du cacao à travers le programme 2qc (qualité, quantité, croissance), sans oublier la plateforme de partenariat public/privé qui a permis d’améliorer les conditions de travail des producteurs et de financer des projets relatifs à la durabilité de la cacao-culture en Côte d’Ivoire. Le transfert de l’Icco est la reconnaissance du leadership de notre pays et un succès diplomatique de haute portée, car rarement on délocalise des institutions du Nord vers le Sud.
C’est ici le lieu pour nous, en tant que porte-parole des pays producteurs et en tant que président du Conseil de l’Icco, de manifester notre gratitude à SEM Alassane Ouattara pour tous les efforts déployés par le pays sou son leadership en vue de matérialiser ce transfert, depuis 2015.
Monsieur le Président, que souhaitez-vous qu’on retienne de votre mission à la tête de l’Icco qui dure seulement un an ?
La Côte d’Ivoire est à l’honneur, car à travers ma modeste personne, c’est un Ivoirien que l’on voit d’abord.
J’estime que notre pays, la Côte d’Ivoire, eu égard à son poids et à son rang mondial, doit pouvoir faire bouger les lignes.
J’entends placer mon mandat sous le sceau de la recherche d’un meilleur revenu du producteur qui, malheureusement, est le parent pauvre de la chaîne. Mon souhait est de mettre sur l’agenda global de l’économie cacaoyère mondiale durable la question de l’amélioration des conditions de vie du producteur, sans lequel point de cacao.
En ce qui concerne mon programme de travail, il faut indiquer que l’Accord de 2010 sur le cacao entré en vigueur en 2012 et qui arrive à expiration en 2022 fait l’objet d’un amendement en ce moment sous ma présidence.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR
EMELINE P AMANGOUA
La Côte d’Ivoire vient d’être portée, à travers vous, à la tête de cette organisation. Que gagne le pays en tant que premier producteur mondial de cacao avec cette présidence ?
Avec un Ivoirien à la tête du conseil, la Côte d’Ivoire réaffirme son leadership mondial de premier producteur mondial de cacao, parce que le poids de notre pays, en termes de production (40% de l’offre mondiale) est un levier qui permet de se faire entendre par les acteurs de la chaîne de valeur du cacao.
En outre, c’est un hommage rendu au Président Alassane Ouattara qui, grâce à la réforme du secteur café-cacao, a su améliorer les prix payés aux producteurs, et en améliorant aussi la qualité de notre cacao. Et en ma qualité de porte-parole de pays producteurs de l’Icco, c’est aussi l’occasion pour moi de mettre en exergue les préoccupations des pays producteurs sans oublier celles les pays consommateurs.
Quelles seront les priorités de votre présidence à l’Icco ?
Mes priorités sont multiples. Il s’agit pour nous d’œuvrer à l’avènement d’une économie cacaoyère durable à travers les actions suivantes : une durabilité économique, environnementale et sociale de la chaîne de valeur du cacao et l’amélioration des conditions de vie des producteurs. Lors de la session de septembre 2020, nous avons adopté le plan d’action stratégique 2019-2024 qui est un plan très ambitieux puisqu’il parle de l’amélioration du revenu des producteurs et de tous les sujets qui se rapportent à la durabilité de l’économie cacaoyère mondiale.
Nous allons accompagner et encourager le dialogue et la coopération entre tous les acteurs du secteur et de la chaîne de valeur du cacao, faire la promotion de la consommation et de la transformation du cacao à l’origine et dans les pays émergents réactivation du projet relatif à la promotion générique de la consommation du cacao en
Russie.
L’amélioration du cadre de suivi et d’évaluation de l’Agenda global du cacao en utilisant le prix Fob au lieu de mesurer le prix à la production en pourcentage du prix Fob, ainsi que la transparence du marché à terme du cacao. Nous voulons proposer un groupe de travail public/privé sur le cacao et un forum des chefs d’entreprises et dirigeants mondiaux du cacao.
Nous voulons proposer la création d’un groupe de travail sur les prix internationaux regroupant quelques membres de l’Icco et les opérateurs du secteur privé les plus influents. Enfin, en janvier 2021, la commission consultative sur l’économie cacaoyère durable, qui est un organe de l’Icco, va tenir une session extraordinaire en vue d’échanger sur le revenu des producteurs.
Qu’allez-vous faire concrètement pour atteindre cet objectif qui vise à améliorer le revenu des producteurs ?
Comme je l’ai dit tantôt, nous avons des instruments que nous allons utiliser, trois initiatives sur la durabilité sont en cours, la discussion entre l’Union européenne avec le
Ghana et la Côte d’Ivoire sur une production de cacao durable, l’Alliance sur le revenu
vital dans le secteur du cacao (Alico), et une plateforme du cacao africain. L’Icco qui est une organisation composée de producteurs, de consommateurs, de multinationales, du secteur privé, des structures d’encadrement technique de la filière et des Ong, ambitionne de prendre part aux discussions en y apportant leurs expertises et savoir-faire.
L’Icco qui regroupe 51 pays membres (22 pays exportateurs et 29 importateurs de cacao) participe déjà à la prise de certaines initiatives. Il s’agit tout de même de 92% des exportations mondiales et 80% des importations mondiales.
Comment cela devrait se faire, sachant que l’Icco n’intervient pas sur le volet de la commercialisation, c’est-à-dire la fixation des prix sur le marché international et celui payé aux planteurs ?
Toutes ces actions s’inscrivent dans un cadre de négociations. Depuis que les accords sur les produits de base ne contiennent plus le système des quotas et de contingentement, le marché est libre. L’offre et la demande agissent dorénavant comme les fondamentaux sur lesquels les prix sont fixés. A l’Icco, nous croyons au dialogue, au consensus et surtout à la persévérance.
La réalité est que c’est seulement 6 milliards de dollars, sur les 100 milliards soit (55 000 milliards de Fcfa) de la chaîne de valeur du cacao qui reviennent aux producteurs.
Quelles propositions concrètes entendez-vous faire pour accroître la part des pays producteurs?
J’ai indiqué lors de ma conférence de presse que sur 100 milliards de dollars que génère la filière cacaoyère mondiale, la part qui revenait aux producteurs était dérisoire (moins de 6%). Par ailleurs, quand vous revisitez l’historique des prix de 1973 à nos jours, vous remarquerez qu’entre 1973 et 1975, le cacao se vendait entre 6000 dollars (3,3 millions de FCfa) et 8000 dollars (4,4 millions de FCfa) la tonne ; la tonne était à 15000 dollars soit (8,25 millions de FCfa) en 1977 et entre 1980 et 1989 la tonne était entre 4000 (2,2 millions de FCfa ) et 6000 dollars, soit (3,3 millions de Fcfa). Ce sont des faits qui peuvent être vérifiés. Aujourd’hui, nous sommes à 2500 dollars soit 1,375 million de Fcfa la tonne. C’est vrai que l’environnement a changé, mais les pays producteurs pensent que l’on pourrait faire mieux si nous voulons une économie cacaoyère durable, car le producteur est le maillon essentiel de cette chaîne.
Donc, nous souhaitons que tous les acteurs de la chaîne de valeur fassent un effort en vue d’aborder avec courage et bonne foi la question du revenu du producteur qui n’en peut plus et qui voit sa condition de vie se détériorer de jour en jour.
De nombreux acteurs estiment que l’Icco ne défend pas véritablement les intérêts des planteurs. Qu’en pensez-vous?
Le rôle de l’Icco n’est pas de défendre les intérêts des producteurs. L’Accord international de 2010 sur le cacao précise en son article premier relatif à ses objectifs : renforcer le secteur mondial du cacao, favoriser son développement durable et accroître les avantages pour toutes les parties prenantes, et cela à travers un certain nombre d’actions concrètes allant de la promotion de la coopération internationale en passant par la recherche cacaoyère, la promotion de la transparence du marché, la promotion de la consommation du cacao et la disponibilité d’informations sur les instruments et les services financiers. L’Alliance des pays producteurs de cacao (Copal) qui représente 75% de la production mondiale de cacao est seule habilitée à les défendre.
Les producteurs ivoiriens avaient fondé beaucoup d’espoirs quant à l’amélioration de leurs conditions de vie par le transfert du siège social de l’Icco de Londres à Abidjan,
en 2015. Qu’est-ce que l’organisation a réellement apporté aux planteurs du plus grand producteur mondial de cacao ?
La réforme de la filière café-cacao élaborée par SEM Alassane Ouattara et mise en œuvre par le Conseil du café-cacao, sous la supervision du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a permis l’amélioration sensible des revenus des producteurs
(le prix du cacao de 2001 à 2020 est passé de 475 f/kg à 1000f/ kg aujourd’hui), celle de la qualité du cacao à travers le programme 2qc (qualité, quantité, croissance), sans oublier la plateforme de partenariat public/privé qui a permis d’améliorer les conditions de travail des producteurs et de financer des projets relatifs à la durabilité de la cacao-culture en Côte d’Ivoire. Le transfert de l’Icco est la reconnaissance du leadership de notre pays et un succès diplomatique de haute portée, car rarement on délocalise des institutions du Nord vers le Sud.
C’est ici le lieu pour nous, en tant que porte-parole des pays producteurs et en tant que président du Conseil de l’Icco, de manifester notre gratitude à SEM Alassane Ouattara pour tous les efforts déployés par le pays sou son leadership en vue de matérialiser ce transfert, depuis 2015.
Monsieur le Président, que souhaitez-vous qu’on retienne de votre mission à la tête de l’Icco qui dure seulement un an ?
La Côte d’Ivoire est à l’honneur, car à travers ma modeste personne, c’est un Ivoirien que l’on voit d’abord.
J’estime que notre pays, la Côte d’Ivoire, eu égard à son poids et à son rang mondial, doit pouvoir faire bouger les lignes.
J’entends placer mon mandat sous le sceau de la recherche d’un meilleur revenu du producteur qui, malheureusement, est le parent pauvre de la chaîne. Mon souhait est de mettre sur l’agenda global de l’économie cacaoyère mondiale durable la question de l’amélioration des conditions de vie du producteur, sans lequel point de cacao.
En ce qui concerne mon programme de travail, il faut indiquer que l’Accord de 2010 sur le cacao entré en vigueur en 2012 et qui arrive à expiration en 2022 fait l’objet d’un amendement en ce moment sous ma présidence.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR
EMELINE P AMANGOUA