Odienné, Depuis la ville d’Odienné, dans l’extrême Nord-Ouest ivoirien où elle vit et travaille depuis plus de quatre ans, dame Béatrice N’da Akissi Amani Koménan, se révèle comme un modèle de femme entreprenante, au service du bien-être collectif, partant du noyau familial, avec au cœur le souci de l’aide à l’encadrement de la petite enfance.
Elle a fait de la tranche d’âge, dont la préoccupation d’un développement harmonieux guide spécifiquement son action, dans la capitale du Kabadougou, son champ d’engagement. Apporter sa contribution dans la bataille pour le relèvement du niveau des jeunes écoliers, à partir d’un bon préapprentissage, dans une zone classée, à ce jour, parmi les scores les plus bas, en la matière.
Un engagement matérialisé par une école maternelle, avec une section garderie qu’elle tient depuis la rentrée 2018-2019. En tant qu’espace d’éveil, avec tout ce que cela renferme, notamment stimulation de l’intelligence, les premiers pas, l’apprentissage du langage (l’indispensable français) et de la propreté, notamment. Puis de préapprentissage, « de qualité », à la disposition des populations locales et de leur progéniture.
Une école maternelle privée, qui de par ses prestations, se démarque sur le plateau d’Odienné, à en croire la promotrice. Un cadre pensé, d’emblée, pour venir en aide à de jeunes couples modernes, avec les deux conjoints actifs, et souvent confrontés à des difficultés quant à la garde, aux heures de travail, de leurs jeunes enfants. Surtout dans une ville où trouver une aide de maison est une gageure.
Encore que quand même disponible, les compétences d’une aide ne vont pas au-delà de la surveillance classique (laver, habiller, nourrir, sortir éventuellement les enfants), estime dame Amani Koménan. Le risque par ailleurs, étant pour le petit enfant de traîner un retard dans les diverses dimensions de son développement. Sans omettre les autres risques quant à sa sécurité, à sa santé. Egalement la possibilité pour le jeune enfant d’adopter les manies mauvaises d’une nounou peu vertueuse.
Des parents, seuls, avec un ou plusieurs jeunes enfants, constituaient également, initialement, la cible de son projet, prioritairement parmi les fonctionnaires ou autres travailleurs du privé, en poste dans la ville, dont le nombre va croissant chaque année.
A la réalisation, le concept toutefois a séduit au niveau local, se réjouit-elle. Et même dans des milieux d’ordinaire peu informés et donc pas toujours soucieux des dimensions d’éveil et de préapprentissage de leurs jeunes enfants, dans un cadre approprié, en tant qu’indispensable pour leur développement et une meilleure évolution, au niveau de leur scolarité notamment.
« Aujourd’hui, il y a des vendeuses qui nous confient leurs enfants qu’elles ne traînent plus au marché. Aussi des agriculteurs, des propriétaires de petits commerces », se félicite l’éducatrice. Tout en se remémorant les premiers pas, difficiles, de sa garderie de cinq pensionnaires au départ, aujourd’hui une école maternelle et primaire accueillant 60 enfants
Au quartier Résidentiel d'Odienné où elle est installée, l’on n’éprouve aucune peine à retrouver l’école de Mme Amani Koménan. Dans le dos du bureau local des Douanes, sur le côté droit, en sortant de la ville à destination de Boundiali, une clôture peinte en bleu.
Des chiffres et des lettres, tracés dans une variété de couleurs, et des dessins aussi, renseignent aisément sur l’activité auquel est dédié le bâtiment à l’intérieur. Une villa servant initialement d’habitation et transformée en école pour les besoins de la cause, avec l’assentiment du propriétaire.
« Centre polyvalent : Groupe scolaire Amani d’Odienné », finit d’éclairer un écriteau. Il est plus de 10 H, mercredi 3 mars 2021, quand la responsable des lieux, un petit bout de femme, fort aimable, à la chevelure couleur cendre soigneusement taillé, reçoit le journaliste de l'AIP.
L’histoire de sa maternelle rend compte de son caractère déterminé dans la poursuite de ses objectifs. Et de femme engagée à apporter une plus-value, dans son espace de vie.
L’idée d’une garderie, elle l’avait conçue depuis Abidjan et devait la mettre en œuvre initialement, dans cette ville. Un projet monté à la faveur d’un programme en matière d’entrepreneuriat, financé par l’Union européenne. Ce qui a nécessité de sa part de suivre une formation en matière de prise en charge de la petite enfance, sanctionnée par une attestation en 2015.
L’obtention, en 2016, d’un poste de directeur des études dans un établissement secondaire privé, à Odienné, met le projet en berne jusqu’à sa réactivation en 2018 par la force des choses.
« Le besoin était énorme. Et déjà dans le collège où j’étais, j’ai initié une maternelle. Pour la phase pilote, nous avons eu 10 enfants. La qualité de la formation qu’on y dispensait a suscité de l’engouement auprès de nombreux parents. La demande s’est accrue surtout au niveau des enfants de moins de deux ans. J’avais de la peine mais on ne pouvait pas les prendre. Jusqu’à ce que mon contrat prenne fin et que je sois convaincue d’ouvrir une garderie en 2018 », se souvient Mme Amani Koménan.
Décidée à repartir à Abidjan, des amis dont des autorités de la ville ayant eu connaissance de ses aptitudes dans le domaine de la prise en charge de la petite enfance, vont la persuader de rester.
« Une de ces autorités m’a apportée un appui en me fournissant de la peinture et du ciment pour ériger une clôture autour du local qui était mon lieu d’habitation depuis mon arrivée à Odienné. Avec mes économies, j’ai acquis quelques équipements et je me suis lancée », a-t-elle continué de conter, se remémorant les doutes des premiers instants.
« Le premier jour, j’étais assise seule, à attendre un parent. Je n’ai vu personne jusqu’au soir. Le doute s’est installé. Comment j’allais honorer le loyer, payer les factures ? J’avais épuisé mes économies et toutes les portes auxquelles j’ai frappé sont restées fermées. J’ai appelé mon époux pour lui dire, je rentre à Abidjan. Il m’a dit non assieds-toi, les parents vont venir. Il m’a encouragée à garder la foi », se souvient-elle.
Et comme un signe du destin, la première personne à franchir sa clôture va être un paysan, illettré, une dizaine de jours après l’ouverture de la garderie, le 20 août 2018. « Il m’a dit : c’est bien madame. Je veux que ma fille aille à l’école et ce genre d’école, c’est ce que je veux. L’enfant est toujours inscrit chez moi aujourd’hui », poursuit-elle.
Au total, cinq enfants de moins de deux ans vont constituer les premiers pensionnaires de la garderie Amani. Un effectif qui va passer à une trentaine, puis à une quarantaine pour atteindre 60 aujourd’hui, avec six élèves au CP1. Des enfants, encadrés par quatre femmes à qui la fondatrice s’évertue à transmette ce qu’elle a appris.
La satisfaction des parents, au regard de l’évolution et des acquis de leurs enfants, a permis d’avoir aujourd’hui les trois niveaux de la maternelle et une première classe de CP1.
« Ils refusent à la fin de chaque cycle, d’envoyer leurs enfants ailleurs. Pour le CP1, les parents m’ont pratiquement forcé la main. Ils ont rassemblé l’argent et ensemble sont venus, ont posé la somme sur la table, insistant sur le fait qu’ils ne comptaient pas aller dans une autre école. J’ai aménagé une des chambres de la villa. Et je donne les enseignements moi-même », a confié dame Koménan.
La promotrice de maternelle ambitionne de créer, à Odienné, un grand centre éducatif, capable d’offrir davantage de services. « Aujourd’hui, nous ne pouvons accueillir les enfants que dans la journée et pour un temps. Avec ce centre, un parent dans le besoin pourra nous laisser son enfant et aller en mission par exemple pour plusieurs jours sans s’inquiéter », indique-t-elle.
Au regard de l’évolution de son école, elle a exprimé le besoin d’une espace plus grand, pour ses enfants, pour lequel elle sollicite un appui des autorités locales.
Par ailleurs, celle-ci dit bénéficier de l’encadrement technique de responsables éducatifs locaux pour une amélioration des prestations de son école, au bénéfice de ses jeunes pensionnaires.
(AIP)
kg/cmas
Elle a fait de la tranche d’âge, dont la préoccupation d’un développement harmonieux guide spécifiquement son action, dans la capitale du Kabadougou, son champ d’engagement. Apporter sa contribution dans la bataille pour le relèvement du niveau des jeunes écoliers, à partir d’un bon préapprentissage, dans une zone classée, à ce jour, parmi les scores les plus bas, en la matière.
Un engagement matérialisé par une école maternelle, avec une section garderie qu’elle tient depuis la rentrée 2018-2019. En tant qu’espace d’éveil, avec tout ce que cela renferme, notamment stimulation de l’intelligence, les premiers pas, l’apprentissage du langage (l’indispensable français) et de la propreté, notamment. Puis de préapprentissage, « de qualité », à la disposition des populations locales et de leur progéniture.
Une école maternelle privée, qui de par ses prestations, se démarque sur le plateau d’Odienné, à en croire la promotrice. Un cadre pensé, d’emblée, pour venir en aide à de jeunes couples modernes, avec les deux conjoints actifs, et souvent confrontés à des difficultés quant à la garde, aux heures de travail, de leurs jeunes enfants. Surtout dans une ville où trouver une aide de maison est une gageure.
Encore que quand même disponible, les compétences d’une aide ne vont pas au-delà de la surveillance classique (laver, habiller, nourrir, sortir éventuellement les enfants), estime dame Amani Koménan. Le risque par ailleurs, étant pour le petit enfant de traîner un retard dans les diverses dimensions de son développement. Sans omettre les autres risques quant à sa sécurité, à sa santé. Egalement la possibilité pour le jeune enfant d’adopter les manies mauvaises d’une nounou peu vertueuse.
Des parents, seuls, avec un ou plusieurs jeunes enfants, constituaient également, initialement, la cible de son projet, prioritairement parmi les fonctionnaires ou autres travailleurs du privé, en poste dans la ville, dont le nombre va croissant chaque année.
A la réalisation, le concept toutefois a séduit au niveau local, se réjouit-elle. Et même dans des milieux d’ordinaire peu informés et donc pas toujours soucieux des dimensions d’éveil et de préapprentissage de leurs jeunes enfants, dans un cadre approprié, en tant qu’indispensable pour leur développement et une meilleure évolution, au niveau de leur scolarité notamment.
« Aujourd’hui, il y a des vendeuses qui nous confient leurs enfants qu’elles ne traînent plus au marché. Aussi des agriculteurs, des propriétaires de petits commerces », se félicite l’éducatrice. Tout en se remémorant les premiers pas, difficiles, de sa garderie de cinq pensionnaires au départ, aujourd’hui une école maternelle et primaire accueillant 60 enfants
Au quartier Résidentiel d'Odienné où elle est installée, l’on n’éprouve aucune peine à retrouver l’école de Mme Amani Koménan. Dans le dos du bureau local des Douanes, sur le côté droit, en sortant de la ville à destination de Boundiali, une clôture peinte en bleu.
Des chiffres et des lettres, tracés dans une variété de couleurs, et des dessins aussi, renseignent aisément sur l’activité auquel est dédié le bâtiment à l’intérieur. Une villa servant initialement d’habitation et transformée en école pour les besoins de la cause, avec l’assentiment du propriétaire.
« Centre polyvalent : Groupe scolaire Amani d’Odienné », finit d’éclairer un écriteau. Il est plus de 10 H, mercredi 3 mars 2021, quand la responsable des lieux, un petit bout de femme, fort aimable, à la chevelure couleur cendre soigneusement taillé, reçoit le journaliste de l'AIP.
L’histoire de sa maternelle rend compte de son caractère déterminé dans la poursuite de ses objectifs. Et de femme engagée à apporter une plus-value, dans son espace de vie.
L’idée d’une garderie, elle l’avait conçue depuis Abidjan et devait la mettre en œuvre initialement, dans cette ville. Un projet monté à la faveur d’un programme en matière d’entrepreneuriat, financé par l’Union européenne. Ce qui a nécessité de sa part de suivre une formation en matière de prise en charge de la petite enfance, sanctionnée par une attestation en 2015.
L’obtention, en 2016, d’un poste de directeur des études dans un établissement secondaire privé, à Odienné, met le projet en berne jusqu’à sa réactivation en 2018 par la force des choses.
« Le besoin était énorme. Et déjà dans le collège où j’étais, j’ai initié une maternelle. Pour la phase pilote, nous avons eu 10 enfants. La qualité de la formation qu’on y dispensait a suscité de l’engouement auprès de nombreux parents. La demande s’est accrue surtout au niveau des enfants de moins de deux ans. J’avais de la peine mais on ne pouvait pas les prendre. Jusqu’à ce que mon contrat prenne fin et que je sois convaincue d’ouvrir une garderie en 2018 », se souvient Mme Amani Koménan.
Décidée à repartir à Abidjan, des amis dont des autorités de la ville ayant eu connaissance de ses aptitudes dans le domaine de la prise en charge de la petite enfance, vont la persuader de rester.
« Une de ces autorités m’a apportée un appui en me fournissant de la peinture et du ciment pour ériger une clôture autour du local qui était mon lieu d’habitation depuis mon arrivée à Odienné. Avec mes économies, j’ai acquis quelques équipements et je me suis lancée », a-t-elle continué de conter, se remémorant les doutes des premiers instants.
« Le premier jour, j’étais assise seule, à attendre un parent. Je n’ai vu personne jusqu’au soir. Le doute s’est installé. Comment j’allais honorer le loyer, payer les factures ? J’avais épuisé mes économies et toutes les portes auxquelles j’ai frappé sont restées fermées. J’ai appelé mon époux pour lui dire, je rentre à Abidjan. Il m’a dit non assieds-toi, les parents vont venir. Il m’a encouragée à garder la foi », se souvient-elle.
Et comme un signe du destin, la première personne à franchir sa clôture va être un paysan, illettré, une dizaine de jours après l’ouverture de la garderie, le 20 août 2018. « Il m’a dit : c’est bien madame. Je veux que ma fille aille à l’école et ce genre d’école, c’est ce que je veux. L’enfant est toujours inscrit chez moi aujourd’hui », poursuit-elle.
Au total, cinq enfants de moins de deux ans vont constituer les premiers pensionnaires de la garderie Amani. Un effectif qui va passer à une trentaine, puis à une quarantaine pour atteindre 60 aujourd’hui, avec six élèves au CP1. Des enfants, encadrés par quatre femmes à qui la fondatrice s’évertue à transmette ce qu’elle a appris.
La satisfaction des parents, au regard de l’évolution et des acquis de leurs enfants, a permis d’avoir aujourd’hui les trois niveaux de la maternelle et une première classe de CP1.
« Ils refusent à la fin de chaque cycle, d’envoyer leurs enfants ailleurs. Pour le CP1, les parents m’ont pratiquement forcé la main. Ils ont rassemblé l’argent et ensemble sont venus, ont posé la somme sur la table, insistant sur le fait qu’ils ne comptaient pas aller dans une autre école. J’ai aménagé une des chambres de la villa. Et je donne les enseignements moi-même », a confié dame Koménan.
La promotrice de maternelle ambitionne de créer, à Odienné, un grand centre éducatif, capable d’offrir davantage de services. « Aujourd’hui, nous ne pouvons accueillir les enfants que dans la journée et pour un temps. Avec ce centre, un parent dans le besoin pourra nous laisser son enfant et aller en mission par exemple pour plusieurs jours sans s’inquiéter », indique-t-elle.
Au regard de l’évolution de son école, elle a exprimé le besoin d’une espace plus grand, pour ses enfants, pour lequel elle sollicite un appui des autorités locales.
Par ailleurs, celle-ci dit bénéficier de l’encadrement technique de responsables éducatifs locaux pour une amélioration des prestations de son école, au bénéfice de ses jeunes pensionnaires.
(AIP)
kg/cmas