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Société Publié le mardi 15 juin 2021 | Le Nouveau Réveil

Denis Kah Zion président-fondateur de "Le Nouveau Réveil" : « Depuis 20 ans, je subis beaucoup de pression mais je résiste" »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Denis KAH ZION,Membre du Secrétariat Exécutif, Coordonnateur PDCI-RDA, zone Ouest montagneux
"Le Nouveau Réveil" fête ses 20 ans d’existence. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Avant tout propos, je rends gloire au Seigneur qui a permis que nous atteignions cet âge de 20 ans, chose exceptionnelle dans le milieu de la presse ivoirienne (seuls 3 ou 4 journaux peuvent revendiquer aujourd’hui 20 ans d’existence continue en Côte d’Ivoire). Je voudrais, ensuite, exprimer ma reconnaissance au peuple ivoirien, aux lecteurs qui ont cru en nous et avec qui nous avons établi de solides relations de confiance. Mes vifs et filiaux remerciements à l’endroit du Président Henri Konan Bédié qui a été et est encore notre socle, au PDCI-RDA à qui nous sommes adossés et qui nous le rend bien. J’exprime ma fierté à l’endroit de mes frères et sœurs collaborateurs qui se sont engagés à mes côtés pour donner corps à ce rêve qui dure depuis 20 ans. Nous sommes désormais une belle et grande famille ceinte par un même destin et motivée par un même objectif.


Pourquoi avoir créé "Le Nouveau Réveil" ?

Ce sera long à expliquer, vu le contexte dans lequel nous avons lancé "Le Nouveau Réveil". Retenez simplement que "Le Nouveau Réveil" a été créé sur les cendres de Le Réveil Hebdo qui était l’un des journaux dirigés par mon patron Yao Noël avant le coup d’Etat de décembre 1999. Le Président Bédié qui a été renversé par les armes est parti en exil, ses collaborateurs (dont Yao Noël) sont partis en exil. Dans la clandestinité forcée, le PDCI-RDA n’avait plus accès aux médias de service public et les millions de militants ne savaient plus où s’informer, puisque tout ce qui était alors écrit par les journaux, dans l’euphorie, était pour vilipendait le PDCI-RDA et le président Bédié. C’est donc pour combler ce vide que j’ai réuni autour de moi mes frères (Gustave N’Guessan, Soro Doh Siélé, Marcel Bénié, Eddy Péhé, Patrice Yao, Adjemien Kobenan, Akwaba Saint Clair) pour relancer "Le Réveil Hebdo". D’abord c’était en bi-hebdo, puis en tri-hebdo. Ce journal était alors le seul canal par lequel le Président Bédié, de l’exil et tous les militants du PDCI-RDA traqués s’exprimaient. En mai 2001, le tire Le "Réveil Hebdo" nous a été retiré et nous avons lancé "Le Nouveau Réveil", un quotidien, en vue de poursuivre le combat de l’information vraie pour la restauration de l’image du PDCI-RDA et du Président Bédié. Dans ce saut dans l’inconnu, nous avons été accompagnés par des cadres militants du PDCI-RDA, dont Dr Lénissongui Coulibaly, feu le député Sékou Sangaré, Gnamien Yao, Yao Charlot, Kouassi Yao et surtout Mme Ndioré Adèle qui nous a d’ailleurs donné 900.000 FCFA, somme qui nous aura permis de tirer les trois premiers numéros de "Le Nouveau Réveil". Le premier numéro de "Le Nouveau Réveil" est sorti le 14 juin 2001, grâce à la bonne compréhension de feu Nady Rayes ex-PDG du groupe Olympe, notre imprimeur. Et depuis, nous sommes sur le marché des journaux sans discontinuer.


Une belle histoire avec des hauts et des bas, on suppose ?

En effet, le parcours n’a pas été un long fleuve calme. Il a été semé d’embûches que nous avons dû surmonter. D’abord en interne au PDCI-RDA : les antagonismes et autres luttes de positionnements à la tête du parti nous ont valu d’être combattus par des gens pour qui à cause de notre position auprès du président Bédié, "Le Nouveau Réveil" devait être réduit au silence, s’ils veulent prendre les rênes du parti à la place du président Bédié. Le Congrès d’avril 2002 qui a confirmé le président Bédié à la tête du PDCI-RDA a été des plus âpres et "Le Nouveau Réveil", dans le collimateur des anti-Bédié. Création de nouveaux titres pour nous éteindre, peaux de bananes pour empêcher l’assise de notre quotidien, tout y est passé. Ensuite, à l’extérieur du PDCI-RDA, soit sur le plan politique national : Notre quotidien, du fait qu’il véhicule tous les messages et opinions du PDCI-RDA, qu’il traque et met à nu les manigances politiques contre le parti de M. Bédié, qu’il dénonce la gouvernance qui dérape…, était vu comme un empêcheur de broyer le PDCI, un empêcheur de tourner en rond. Et donc il fallait aussi le réduire au silence. Là aussi, toutes les tentatives (intimidations, procès, traques des responsables et journalistes, tentatives d’enlèvement, tentatives d’achat…) y sont passées. Moi-même et certains de mes collaborateurs, très souvent menacés dans notre intégrité physique, nous avons dû abandonner nos domiciles par moments pour nous mettre à l’abri pendant des semaines. Par deux fois, notre siège (à Adjamé puis aux 2 Plateaux) a subi des attaques par des jeunes poussés dans le dos, qui ont saccagé tout le matériel de travail et le mobilier… Mais nous avons tenu bon. Je voudrais en féliciter mes collaborateurs qui, jusqu’à présent, n’ont écouté que leur conscience et leur conviction et ont tenu face à toutes les menaces, toutes les intimidations et tous les marchandages.


Des moments qui vous ont marqués ?

Il y a eu des moments que nous ne pouvons oublier dans ce parcours de 20 ans. Des moments de peine. Nous avons perdu des collaborateurs, décédés dans la fleur de l’âge : Léontine Konan (photographe), Guy Célestin (coursier), Liah Ignace (journaliste), Marc Koffi (journaliste). Nous prions toujours pour le repos de leurs âmes. Nous avons dû entrer en clandestinité en 2004 quand notre siège a été attaqué et que des menaces de tout genre pleuvaient sur nous. Pendant des semaines ou des mois, nos journaux étaient déchirés sur le marché. Nous avons dû arrêter de paraître dès le 25 mars 2011 du fait de la guerre imminente et qui pouvait être une aubaine pour ceux qui voulaient en finir avec nous. Nous sommes privés de publicité institutionnelle, nous sommes chassés des reportages présidentiels ou ministériels parce que nous sommes "Le Nouveau Réveil". Nous avons été obligés de raser les murs parce que des gens voulaient en finir avec nous. Personnellement, je subis depuis la création de ce journal de fortes pressions. Tous les jours presque. Avant et après le bouclage du journal. Des menaces de mort quelquefois. …. Bref, nous venons de loin. Cependant, nous avons aussi connu des moments de joie : Le retour d’exil du président Bédié le 15 octobre 2001 qui démontrait que nous n’avions pas tort ; la célébration du 7ème anniversaire de "Le Nouveau Réveil" au Palais de la Culture qui a réuni tout le gotha du PDCI-RDA et des Ivoiriens épris d’informations vraies ; la présence de "Le Nouveau Réveil" à tous les rendez-vous de la Paix, d’Accra à Linas Marcoussis et Kléber en passant par Prétoria, New-York où nous étions personnellement ; les différents prix décernés par le Conseil National de la Presse (CNP) qui reconnait notre sérieux dans le travail ; la bonne position dans le top 5 des journaux les plus vendus et les plus lus en Côte d’Ivoire depuis plus de 15 ans… Ces moments sont pour nous comme des jauges qui affichent notre performance. "Le Nouveau Réveil" est à fois bien aimé et mal aimé, mais c’est cela la marque des grands journaux. Faiseurs de rois mais tous les jours combattus par certains rois une fois dans leur fauteuil. Ma plus grande satisfaction 20 ans après : "Le Nouveau Réveil" est aujourd’hui un véritable label


"Le Nouveau Réveil" aujourd’hui et demain ?

Depuis 20 ans, nous sommes sur le marché, de façon continue. Aujourd’hui, "Le Nouveau Réveil" fait partie des journaux qui comptent en Côte d’Ivoire et en Afrique, et nous mettrons tout en œuvre pour garder le cap et nous imposer comme le meilleur à tous égards. Nous avons toujours défendu, dans ce pays, la cause des faibles ; la cause du bas peuple ; la cause des opprimés. Nous nous sommes imposés d’être la voix des sans voix, et nous pensons le faire bien. Jamais nous n’avons été corrompus, mais toujours respectueux de notre ligne. Sous le général Robert Guei et sous le président Laurent Gbagbo (tous deux de la même région que moi, j’aurais pu basculer pour mon bien-être personnel. Mais je ne l’ai pas fait. Disons que j’ai refusé de le faire sous le président Alassane Ouattara. Après le Bureau Politique d’avril 2018, on a parlé du retrait du PDCI-RDA du RHDP, j’aurais pu aller à la soupe comme beaucoup d’amis l’ont fait, mais j’ai accepté de sacrifier mon poste de PCA à la Poste de Côte d’Ivoire pour rester aux côtés du président Bédié et du PDCI-RDA. Gardant ainsi intacte la ligne éditoriale de "Le Nouveau Réveil". Et pour longtemps encore, nous lutterons à préserver cette ligne qui sied tant aux Ivoiriens. Demain, nous offrirons un "Nouveau Réveil" amélioré tant dans son design que dans son contenu pour être plus que jamais le journal de choix des Ivoiriens.

Interview réalisée par E.P
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