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NTIC Publié le mercredi 7 juillet 2021 | Le Nouveau Réveil

Développement et mission des radios de proximité / Eric Gohou, président de l’URPCI : « Il faut repenser le cadre économique des radios de proximité »

Elu président de l’Union des radios de proximité de Côte d’Ivoire (Urpci), Eric Gohou affiche déjà ses ambitions. Dans cette interview, il revient sur les problèmes qui minent ce secteur, donne sa recette pour son développement et l’amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes et personnel des radios de proximité.

Nouvellement élu président de l’Union des radios de proximité de Côte d’Ivoire (Urpci), Eric Gohou a-t-il réalisé son rêve ?

Oui. Mais en dehors de ce rêve et des sentiments de joie, de fierté c’est également un sentiment qui appelle à la responsabilité. Quand le destin d’une association comme l’Urpci est confiée à une personne, je pense que c’est le poids de la responsabilité qui l’engage. Mais il y a aussi le poids de la responsabilité que j’assume.



Qu’est-ce qui a fait la différence sur les autres candidats ?

Les camarades sont bien placés pour vous le dire. J’étais le 2ème vice-président de l’Union. En tant que tel, j’ai assumé beaucoup de tâches. J’ai tissé des relations au sein de l’Union et derrière tout cela, j’ai une vision que je voudrais partager. En un mot comme en mille, les amis ont compris et accepté mon programme. Ils se sont mis avec moi pour m’accompagner mais surtout travailler dans l’intérêt de l’Urpci.



Dans l’intérêt également des radios de proximité. Est-ce que vous pouvez nous donner la définition d’une radio de proximité ?

Comme son nom l’indique, c’est une radio proche des populations. Une radio qui vit dans une localité et connait les réalités de cette localité.



Vous en avez combien en Côte d’Ivoire ?

Nous avons 174 radios de proximité. C’est le chiffre officiel au niveau de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca). Il y en a plus que ça. On peut dire 200 radios de proximité.



Vous parlez de chiffre officiel, y a-t-il encore des radios de proximité qui exercent dans la clandestinité ?

Les autres radios de proximité n’ont pas de fréquences légales.



Les radios de proximité sont des radios proches des populations selon votre définition. Quel rôle principal ces radios jouent auprès des populations ?

Ce sont des radios qui accompagnent le développement, qui deviennent acteurs du développement. Aujourd’hui certaines personnes veulent mener des actions mais elles n’arrivent pas souvent à faire passer leurs messages auprès des populations. Et je pense que la radio locale pourra être un vecteur de transmission de ces messages, un vecteur pour faire passer les messages, pour faire comprendre les messages qui viennent du gouvernement, des autorités, des Organisations non gouvernementales (Ong) et d’autres personnes de la localités. Ces radios doivent pouvoir porter ces plus-values.



Dans l’accomplissement de cette mission, quels sont les différents vecteurs que vous utilisez pour véhiculer vos messages ?

Nos émissions sont à la fois en français et en langue locale. Et c’est un avantage parce que dans nos localités, l’analphabétisme a un taux très élevé en Côte d’Ivoire. C’est sur ce point que nous faisons la différence.



En général ce sont les maires, les présidents des Conseils régionaux qui créent les radios de proximité. En dehors de ces personnalités, qui peut créer une radio de proximité ?

A ce niveau, il y a du travail à faire. Beaucoup de personnes créent des radios mais finalement elles ne jouent pas le rôle pour lequel elles sont créées. Il y a un travail à faire et c’est l’une des missions que nous nous sommes assignés. C’est de faire en sorte qu’au niveau de l’Union des villes et communes (Uvicoci), on puisse avoir une rencontre avec le président pour expliquer le bien-fondé, l’importance d’une radio dans une localité. Ce sera un bon point pour nous mais pour les autorités également. Par le passé, un individu pouvait créer une radio de proximité. Mais avec la loi de 2017, il faut se constituer en Ong, donc en association pour pouvoir avoir une fréquence. Une collectivité peut aussi faire la demande de fréquence au niveau de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) et l’obtenir si les conditions sont remplies.



Une fois que la demande est obtenue, sur le terrain, y a-t-il des difficultés auxquelles les radios de proximité sont confrontées ?

Au niveau du personnel déjà, vous savez que les jeunes gens qui travaillent dans ces radios n’ont pas forcement la formation requise d’animateur, de journaliste. Au niveau de la gestion même de la radio, ce n’est pas toujours des personnes outillées à gérer des structures qui arrivent dans les radios de proximité. S’agissant du matériel, la qualité ne suit pas toujours. Donc on a comme problème, la formation, les hommes et le matériel.



Votre mission, c’est d’accompagner l’Etat. Que gagnez-vous retour ? Est-ce que l’Etat vous aide à satisfaire ces difficultés ?

Oui , l’Etat nous aide. Depuis de nombres années, grâce au Fonds de soutien de développement de la presse (Fsdp) qui est une structure étatique, ce Fonds appuie les radios de proximité en matériel, en formation et fait en sorte que l’environnement des radios de proximité soit quelque peu viable.



Vous avez dit que l’une de vos missions, c’est d’accompagner l’Etat dans son rôle de développement. Qu’est-ce que vous faites exactement ?

Je prends un exemple simple. Quand l’Etat lance une campagne de vaccination, il faut faire passer le message au niveau de la population. Ce n’est pas toujours évident que la population comprenne le bien-fondé de cette campagne. Nous donnons donc la possibilité à nos animateurs, à nos journalistes de recevoir les responsables de la santé pour venir sur les antennes et expliquer les avantages de cette opération pour les populations. C’est une contribution qu’on apporte. Ce sont donc ces genres de messages que nous véhiculons pour aider l’Etat, notre premier partenaire, à atteindre ses objectifs. Quand il y a eu Ebola, les radios de proximité ont été mises à contribution. Elles ont fait passer les messages et le résultat, on le connait. Ebola n’est pas passé par la Côte d’Ivoire et c’est aussi grâce aux radios de proximité. Aujourd’hui, avec la Covid-19, nous faisons le même travail de sensibilisation.



Voulez-vous dire que les radios de proximité sont incontournables au regard de leur position auprès des populations ?

On peut le dire ainsi. Oui, les radios de proximité sont incontournables car elles ont une mission de paix et de développement. Mais mieux, nos radios ont une diffusion plus large parce que les messages sont aussi bien en langue locale qu’en français. Elles touchent un plus grand nombre d’auditeurs et vont au plus profond du pays.



Votre mission change-t-elle en période ?

En période électorale, la Haca nous donne des instructions, les charges qui ne nous permettent pas de faire la campagne de tel ou tel candidat. Pour me répéter, les instructions sont données par la Haca et jusqu’aujourd’hui, les choses se sont bien passées. Notre mission ne change pas mais elle est orientée en fonction du contexte. C’est une période très sensible donc nous restons prudents.



Dans l’ensemble, les radios de proximité sont-elles soumises à des restrictions ?

Il faut savoir que nous sommes des radios privées non commerciales. A l’origine, quand on crée une association, ce n’est pas pour faire des affaires ou du commerce. Mais notre cahier des charges nous permet de faire de la publicité à hauteur de 25% du chiffre d’affaires. C’est déjà quelque chose de très important qu’il faut signaler. Sinon il n’y a pas véritablement de restriction. La seule, c’est que certaines radios, dans des zones, n’arrivent pas à avoir des campagnes publicitaires, c’est ce qui freine quelquefois leur développement.



Entre les radios nationales et les radios de proximité, quelles sont vos relations ? Est-ce que vous êtes des concurrents?

On ne joue pas forcement dans le même championnat. Nos radions sont différentes des radios nationales. Et notre avantage est que nous émettons là où les radios nationales ne sont pas écoutées. Radio Côte d’Ivoire ne couvre pas toute l’étendue du territoire national. Dans certaines régions, ce sont les radios de proximité qui sont le relais de radio Côte d’Ivoire. Il y a une relation de complémentarité entre les Radios de proximité et les radios nationales Donc on va dire pas concurrence mais complémentarité.



Revenons à votre élection pour nous intéresser à votre programme d’activités. Quelles seront vos priorités ?

Notre programme est basé sur cinq (05) axes. A savoir : Le fonctionnement, la formation, la coopération, la solidarité et la mobilisation des ressources. Pour la coopération, il s’agit d’établir des relations avec des faitières de la sous-région pour voir ce qu’ils font en matière de radio de proximité. Parce qu’il y a des pays où la radio de proximité se porte bien. Alors nous allons nous servir de ces exemples pour développer davantage nos radios.



Est-ce vrai que les radios de proximité de Côte d’Ivoire sont moins développées par rapport à celles des autres pays ?

En termes d’organisation pour ce qu’on a vu dans des pays comme le Sénégal et ailleurs, ce sont vraiment les communautés qui portent les radios, elles sont prêtes à se cotiser, se rassembler autour des radios de proximité, ce n’est pas encore véritablement le cas de la Côte d’Ivoire. Ce sont des exemples qui peuvent nous aider à faire en sorte que nos radios soient portées par les communautés. Et également mobiliser des ressources pour permettre aux radios de proximité de pouvoir se prendre en charge, parce que ce n’est pas toujours évident. Le point le plus important de notre mandat, c’est que nous voulons doter l’Union de biens propres à nous. Nous voulons avoir notre patrimoine. Dans cette optique, nous avons opté pour l’achat d’un terrain de 5000 m2 à Yamoussoukro pour bâtir ce qu’on va appeler, dans quelques années, la Maison de la radio.



Mais pourquoi à Yamoussoukro ?

A Yamoussoukro parce que c’est le Centre de la Côte d’Ivoire pour permettre à tout le monde d’y arriver facilement. Il y aura un Centre de formation, une radio communautaire, un réceptif hôtelier pour faciliter le séjour de nos membres. C’est le projet que nous portons. L’achat du terrain est un acquis.



Il y a aussi les conditions de vie et de travail des journalistes. Avez-vous pensé à cela ?

Il faut repenser le cadre économique des radios de proximité. C’est-à-dire faire en sorte que ce ne soit pas les communiqués et les spots à diffuser qui vont faire vivre la radio mais qu’autour de la radio se développent des activités pour lui permettre de se prendre en charge et prendre également en charge le personnel. Faire en sorte que les structures décentralisées de l’Etat à savoir les mairies, les Conseils régionaux apportent des subventions aux radios qui sont dans les différentes villes parce qu’elles contribuent au développement de ces localités.



Un partenariat gagnant-gagnant, vous voulez dire ?

C’est important. Les autorités décentralisées œuvrent pour le développement des populations, les radios de proximité concourent à ce développement. On peut s’entraider pour faire avancer les choses. Je voudrais donc rassurer nos amis que nous sommes à la tâche. Cela fait exactement six (06) mois que nous sommes-là. Je pense qu’au bout de trois (03) ans, nous allons apporter quelque chose de positif à notre Union. Nous avons beaucoup de partenaires qui nous appuient dans nos missions parce que conscients de notre rôle de développement et de paix.

Interview réalisée par DJE KM
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