Dans le cadre de la lutte antitabac et conformément à la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac, le conseil des ministres a adopté deux décrets de loi. Il s’agit du décret portant des modalités d’application des mises en garde sanitaires, du conditionnement de l’étiquetage et de la commercialisation du tabac et des produits du tabac; et le décret portant l'institution d’un système de suivi, de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac a été adopté. Ces deux décrets interviennent en application de la loi n°2019-676 du 23 juillet 2019 relative à la lutte antitabac conformément à la Convention cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac en abrégé (CCLAT), et des textes subséquents, notamment le protocole pour l’élimination du commerce illicite des produits du tabac, qui recommandent des mesures multisectorielles globales pour réduire la consommation de tous les produits du tabac afin de prévenir l’incidence des maladies et les décès prématurés provoqués par la consommation de tabac et l’exposition à la fumée du tabac. A cet effet, ces mesures introduisent un conditionnement neutre des produits du tabac avec des mises en garde sanitaires couvrant presque la totalité des paquets et instituent un système de contrôle de la chaine logistique de production et de commercialisation. Elles prévoient, en outre, un régime de suivi et de traçabilité des produits du tabac, qui permettra non seulement d’identifier les différents intervenants dans la chaine de production, mais aussi de suivre le circuit parcouru par les produits du tabac fabriqués ou importés en Côte d’Ivoire, de façon à réduire significativement la visibilité et l’attrait des produits du tabac ainsi que leurs effets nocifs sur les populations. Ces deux décrets viennent renforcer la lutte antitabac et prévenir ainsi les risques liés à la consommation du tabac. Il faut noter que les conséquences du tabagisme en Côte d’Ivoire sont importantes. En plus d’être à l’origine de plus de 30 maladies chroniques selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabagisme coûte 28,6 milliards de FCFA par an à l’Etat pour la prise en charge effective des frais médicaux liés au tabagisme. De surcroit, une enquête réalisée en 2005 par le ministère en charge de la santé relève une prévalence tabagique de 13% dans la population en générale, avec une tendance importante chez les jeunes. Une autre étude datant de 2009 révèle un taux de 5,6% et de 23,4% respectivement chez les jeunes filles et les jeunes garçons, scolarisés de 13 à 15 ans. Pour rappel, le 10 octobre 2012, le chef de l’Etat avait pris un décret, le décret n° 2012-980 du 10 octobre 2012 portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun. Cette loi saluée de tous n’a véritablement pas connu de mise en application parce que depuis, dans les lieux publics et transport en commun, il n’est pas exclu de voir des individus avec une mèche de cigarette en bouche, sans être inquiété. La prise de mesure est une chose, mais le respect et l’application est une autre.
JEAN PRISCA