Cheick Aïma Ousmane Diakité, le guide de la communauté musulmane en Côte d'Ivoire, a dénoncé mercredi une "bulle foncière et immobilière" due à la spéculation, lors d'une cérémonie de présentation de voeux du nouvel an au chef de l'Etat.
"Nous assistons depuis quelques années à ce que l'on pourrait assimiler à une bulle foncière et immobilière artificiellement créée, déconnectée de la réalité des niveaux de revenus de la majorité de la population active", a déclaré l'Imam Ousmane Diakité, dans un discours.
Selon Cheick Aïma Ousmane Diakité, "la question de l'accession au foncier urbain et à l'habitat devient assez difficile pour les jeunes qui débutent leur carrière". La valeur vénale des logements des terrains a connu ces dernières années un véritable boom.
"S'il est vrai que le secteur de l'immobilier est un indicateur majeur du dynamisme économique d'un pays, cela devrait cependant faire l'objet d'un contrôle plus soutenu et d'une meilleure régulation afin d'éviter toutes les spéculations auxquelles nous assistons", a-t-il dit.
Pour lui, "si nous n'y prenons garde, cela pourrait constituer un problème pour les jeunes et les couches défavorisées qui seraient alors relégués à la périphérie de nos villes, créant ainsi des ghettos que nous ne souhaitons pas".
C'est pourquoi, "nous voulons attirer votre attention sur deux exemples de vécu qui, si nous n'y prenons garde, risqueraient de bémoliser vos efforts d'améliorer les conditions de vie des couches les plus défavorisées", a-t-il lancé à l'endroit du chef de l'Etat, Alassane Ouattara.
D'autre part, le guide religieux a fustigé "la fraude sur les instruments de mesure de commerce", estimant qu'"un regard bienveillant devrait être porté sur le contrôle des instruments de mesure de commerce afin que le consommateur paie le juste prix pour la quantité juste".
Cela, poursuivra-t-il, "contribuera à faire ressentir davantage les effets de la croissance et sa redistribution à l'ensemble des couches sociales de notre pays; et le faisant, nous contribuons tous à lutter contre la vie chère".
"En moyenne, les ménages d’Abidjan consacrent 30% de leur revenu au logement et plus de 75% d’entre eux sont locataires", indique le rapport de la BAD, publié en février 2020, intitulé Diagnostic-pays sur le financement à long terme (LTF) pour la Côte d'Ivoire.
Les prêts au secteur du logement représentent une très faible proportion des prêts bancaires dans le pays. La proportion de prêts au logement, elle, n’a représenté qu’environ 1% de l’ensemble des prêts bancaires entre 2012 et 2016.
Malgré une légère amélioration en 2017 (3,1%) et 2018 (2%), l’encours des prêts au secteur est estimé à seulement 0,2% du PIB, note le rapport qui souligne que les facteurs qui limitent la demande de logement sont "le faible niveau des revenus des ménages".
Le ratio prix/revenu élevé a entraîné une baisse du taux d’accession à la propriété immobilière à Abidjan, passant de 18,8% en 2002 à 13,7% en 2015, mentionne ce Diagnostic-pays sur le financement à long terme (LTF) pour la Côte d'Ivoire.
APA